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de la chambre désirait le premier mode d'administration, se fondant sur la plus grande régularité du système, et sur l'intérêt bien entendu de l'État et de la couronne. D'autre part, on trouvait injuste d'ôter au roi l'administration de domaines dont il percevait les revenus. La question se réduisait à celle-ci : allouerait-on annuellement au roi un million de florins en argent, ou bien 600,000 florins en argent, 100,000 florins en produits de domaines? A l'appui de ce dernier mode, on citait l'exemple de la France impériale: Napoléon, par le décret du 1er mars 1808, sauvegarda la splendeur qui convient à la dignité du trône » en assurant au chef de l'État la possession de revenus indépendants de la couronne. Les intérêts d'un prince qui a de nombreux domaines, sont d'ailleurs plus étroitement liés aux intérêts du pays, et bien que la division du sol soit désirable en général, il faut avoir soin de garder quelques grands propriétaires; une saine économie l'exige. Toutes ces considérations firent hésiter la chambre, et le projet du ministère serait l'objet, selon toute apparence, d'une vive discussion. Déjà deux dispositions importantes et contraires au cabinet avaient été introduites dans ce projet l'une, proposée par M. Van Zuylen, interdisait la perception de dimes au profit des domaines royaux sur les terres défrichées après la promulgation de la loi; l'autre, présentée par M. Thorbeeke, imposait à l'administration des domaines l'obligation d'en faire connaître le provient dans son rapport annuel. 31 voix contre 30 avaient fait passer la première proposition; 35 contre 25 adoptèrent la seconde.

Dans les derniers jours de septembre eut lieu une autre crise ministérielle, produite par la même cause qui avait déjà causé la retraite de M. Wichers. L'avant-dernière session s'était terminée par quelques débats assez vifs sur le renouvellement du contrat entre l'État et la Société de commerce, débats dans lesquels l'avantage était resté au ministère. Dans le cours de la nouvelle session, la situation n'avait pas tardé à s'aggraver pour le cabinet. Le discours du trône, bien qu'offrant un tableau satisfaisant de l'état des finances, avait paru généralement pâle au point de vue politique. Aussi la discussion de l'adresse s'était-elle terminée par un échec grave pour le ministère, auquel on reprochait d'a

voir laissé à l'état de théorie les principes cousacrés par la nouvelle Constitution, et de manquer de l'énergie nécessaire pour asseoir sur cette base les lois organiques attendues par le pays. Déjà affaibli par la retraite de deux membres, M. Wichers, ministre de la Justice, et M. le vice-amiral Ryck, ministre de la Marine, placé, d'ailleurs, entre la nécessité de se dissoudre ou de dissoudre les chambres, le cabinet offrit sa démission au roi. Cette démission fut acceptée, seulement, le roi chargea MM. Lightenvelt, ministre des Affaires étrangères, et Dunker Curtius, de l'aider de leurs conseils pendant la durée de la crise. MM. Lightenvelt et Dunker Curtius s'adressèrent à deux des membres les plus influents du Parlement, MM. Thorbeeke et Storm. Dans un paragraphe de l'adresse, en réponse au discours du trône, la seconde chambre exprima son désir très-vif de voir se rétablir promptement l'accord entre le Parlement et les conseillers de la couronne. En présence de ces dispositions nettement exprimées, l'avénement d'un nouveau ministère ne pouvait se faire longtemps attendre. Il est juste de reconnaître que le cabinet démissionnaire léguait à ses successeurs les finances du pays dans un état florissant. Même après l'annonce de la retraite du cabinet, M. ministre des Finances Van Bosse dut, en vertu de la Constitution, présenter le budget de 1850. M. Van Bosse fit ressortir l'heureux privilége de la Néerlande, qui, préservée du fléau des agitations intérieures, avait pu travailler paisiblement au maintien de sa prospérité matérielle. Le budget des dépenses qu'il proposait pour l'exercice 1849-50, était de 69,996,411 florins; celui des recettes, de 71,194,969 florius. Il y aurait donc un excédant de 1,200,000 florins. Restait à combler le déficit du service de 1849; restait aussi à établir une nouvelle assiette d'impôts pour satisfaire à des vœux dont l'opposition s'est faite depuis longtemps l'orgare. L'attention des Hollandais fut appelée par un brillant succès militaire sur les colonies, et surtout sur celle de Bali. Une expédition, composée de sept à huit mille hommes, dont deux mille Européens, sous le commandement du général Michiels, remporta, vers le milieu du mois d'avril, une victoire complète sur les révoltés de l'intérieur; les troupes néerlandaises s'emparèrent, le 16 avril, de Djaga-Raga, résidence fortifiée du prince révolté de

Beliling. Le 7, le prince de Karang-Assem et le chef de Beliling, après avoir demandé une entrevue au commandant en chef des troupes néerlandaises, s'étaient présentés aux avant-postes, escortés de huit à dix mille hommes. On les avait reçus avec les précautions nécessaires à peu de distance du camp. Les princes offraient de se soumettre, pourvu que les intentions du Gouvernement, au sujet de Bali, leur fussent communiquées. Ils demandaient aussi que le prince de Beliling pùt être reçu le lendemain comme ils l'avaient été eux-mêmes : mais le commandant néerlandais, familiarisé avec les ruses des souverains indigènes, refusa d'arrêter la marche de son armée vers Djaga-Raga. Il avait donc été convenu que la nouvelle entrevue aurait lieu sur la route de Djaga-Raga, à Sangsit-Dalam.

Le 8, une colonne d'infanterie, précédée d'artillerie, se rendait à Sangsit-Dalam et occupait ce poste; les soldats indigènes s'étaient retirés, les habitants avaient reçu les troupes amicalement. Toutefois, l'entrevue définitive n'eut lieu que le 11, et on s'entendit sur les conditions suivantes :

Les radjahs, ou princes de Beliling et de Karang-Assem, déclareraient se rendre à la merci du gouvernement néerlandais et reconnaître le gouverneur général de Batavia pour leur suzerain; ils enverraient sous peu de jours une députation pour implorer leur pardon; les deux princes se rendraient le 13, auprès du commandant en chef hollandais, et on commencerait immédiatement à démolir les fortifications de Djaga-Raga, afin d'y opérer une ouverture assez large pour que le gros des troupes pût y entrer le 15, jour fixé pour l'érection du drapeau néerlandais sur la forteresse balinaise.

Tout semblait jusqu'à ce moment faire prévoir une issue pacifique. Cependant quelques officiers supérieurs furent envoyés le 13, pour reconnaître où en était la démolition convenue des lignes et redoutes ennemies. Ces officiers cherchèrent en vain quelque trace des travaux de démolition qu'on avait promis de commencer. Aussi le commandant néerlandais renvoya-t-il, le 14, les mêmes officiers pour déclarer catégoriquement aux Balinais qu'il voulait une soumission nette et franche, et qu'il avait chargé les officiers d'indiquer les points où préalablement une

brèche devait être pratiquée. Cette fois, la réponse des Balinais ne laissa plus de doute sur leurs intentions; ils demandaient une nouvelle entrevue. Il était clair dès lors qu'ils ne voulaient que gagner du temps, et les Néerlandais se mirent en devoir d'agir. Les fortifications de Djaga-Raga, construites sur une hauteur, étaient protégées de deux côtés par des ravins et par deux fleuves rapides. Dans la matinée du 15, une reconnaissance fut tentée sur la rive gauche d'un de ces fleuves, qui coule à l'ouest de la forteresse, par le 7 bataillon d'infanterie; le commandant en chef, avec deux autres bataillons, les 13e et 15, marchait en même temps au front des fortifications ennemies. Bientôt on ouvrit sur tous les points un feu soutenu, auquel la garnison de Djaga-Raga répondit vivement, sans parvenir à entraver les opérations accomplies par les Néerlandais avec un sang-froid et un courage remarquables. Vers six heures du soir, les Balinais firent une tentative de sortie qui fut énergiquement repoussée. A la nuit tombante, on suspendit les hostilités; les troupes bivouaquèrent dans leurs positions. Le résultat de cette première journée était considérable. Les Néerlandais s'étaient rendus maîtres de plusieurs redoutes, et on pouvait espérer pour le lendemain une victoire complète.

Cet espoir ne fut pas trompé, et avant le jour le combat se termina en peu d'instants par la déroute des Balinais, que la colonne du lieutenant-colonel Van Swieten avait vigoureusement attaqués. Les princes rebelles prenaient la fuite dans la direction de Karang-Assem, et, au lever du soleil, le drapeau néerlandais flottait sur les remparts de Djaga-Raga. On put regarder cette victoire comme décisive; la domination hollandaise à Bali était désormais à l'abri de toute atteinte sérieuse. Les Néerlandais avaient fait admirer, dans cette courte campagne, leur courage autant que leur persévérance. Ce triomphe avait été acheté, il est vrai, par d'assez grandes pertes on comptait, de leur côté, 58 morts et 175 blessés; mais la prise de Djaga-Raga affermissait les bases de leur puissance coloniale, et ajoutait une belle page de plus à leur histoire militaire.

Les résultats de la victoire de Djaga-Raga furent considérables. Après la prise de cette ville, la population de Beliling se soumit

au pouvoir néerlandais, chassa les princes récalcitrants, et se mit provisoirement sous la conduite d'un administrateur choisi par elle. Le pays de Djembrana, situé à l'extrémité occidentale de Bali, vis-à-vis la côte de Java, se soumit également et demanda un nouveau prince. Le prince de Banglie, un des chefs dépouillés par le souverain de Beliling, fut remis en possession de son domaine. Plusieurs villages du pays de Karang-Assem reconnurent également ce nouveau souverain, tandis que le chef rebelle de Karang-Assem succombait, assailli par ses propres sujets. Quant au prince de Beliling, il s'enfuit dans les montagnes avec son premier ministre ou Goesti Djilantieh, principal instigateur de la guerre. Partout les populations se soumirent, et le reste de la campagne du général Michiels ne fut qu'une marche victorieuse.

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