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CHAPITRE II.

ALLEMAGNE.

(PREMIÈRE PARTIE.)

AUTRICHE. Situation générale; guerre de Hongrie, entrée en campagne, situation des divers corps d'armée; premier engagement sur la Leitha, défaite de Georgey à Pabrendorf, lenteur des mouvements autrichiens, Georgey gagne la route de Raab; occupation de Presbourg; mouvement général sur Raab; retraite de Georgey sur Ofen, son arrière-garde battue à Babolna; Perczell cherche à opérer sa jonction avec Georgey, il est battu à Moor; hésitation du prince de Windischgraetz, jonction opérée entre Perczell et Georgey; plan des Hongrois, la ligne de la Theiss choisie pour base, Georgey masque ce plan par une pointe sur la Haute-Hongrie, tentatives en Gallicie; Perczell passe la Theiss à Szolnok, le gouvernement insurrectionnel évacue Pesth; inaction du prince de Windischgraetz, seul Schlick bat la campagne, il défait Messaros à Kaschau, retraite générale des Hongrois, prise d'Eszek, Altarad débloqué, prise de Keskemet, de Leopoldstadt, Schlick à Tokay; Kossuth à Debreczin, mensonges emphatiques, réorganisation serieuse, espérances de l'insurrection en Transylvanie, les généraux polonais, intrusion d'une idée nouvelle, l'armée maggyaro-slave; Dembinski derrière la Theiss, création d'une armée régulière; Schlick chasse Klapka de Tokay, mal soutenu il retourne à Kaschau, Georgey opère sa jonction avec l'armée de la Theiss; Bem en Transylvanie, attaque d'Hermanstadt, intervention russe, Puchner ne soutient pas les Russes, retraite de ces derniers, l'intervention repoussée à Vienne, Bem prend Hermanstadt et Kronstadt, il organise la terreur en Transylvanie, questions de nationalité distincte, dissentiment entre Jellachich et le prince de Windischgraetz; l'armée hongroise est organisée, Georgey froissé par Dembinski, rivalité militaire, plans différents, Schlick échappe à Georgey, reprise de Kaschau par les Hongrois, bataille de Kapolna, défaite des Hongrois, conduite de Georgey; le prince de Windischgraetz ne profite pas de la victoire; prise de Szolnok par Damjanich, absence d'unité dans le commandement des Hongrois, Vetter remplace Dembinski, mouvement apparent de Georgey sur Pesth, son but caché est Komorn, retraite de l'armée impériale sous Pesth, Aulich l'amuse pendant que Georgey prend Waitzen, résolutions tardives du prince, Georgey gagne Komorn, Perczel bat Thodorovich, Bem maître de la Transylvanie; rappel

du prince de Windischgraetz, le général Welden le remplace; fautes commises, charte d'Olmütz, les héteurs de la constituante, dissolution de la Diète, concessions à l'esprit de nationalité, résignation à l'intervention russe; fautes du gouvernement insurrectionnel, plans absurdes, les sympathies anglaises; retraite de l'armée impériale sur Presbourg; marche de Georgey vers Komorn, défaite du général Götz, défaite de Wohlgemüth, de la division Csorich, Guyon se jette dans Komorn, Georgey débloque cette place; siége de Bude, prise du château, mort héroïque d'Hentzi, temps perdu par Georgey, propagande polonaise, décret de déchéance, mécontentements dans l'armée ; reconstitution de l'armée impériale, entrée des Russes, reprise de l'offensive dans le sud, nomination de Haynau au commandement en chef; attaque générale, Georgey chassé de Pered, prise de Raab, retraite des Hongrois sur Acs, Georgey resserré sur Komorn, destitution de Georgey, Messaros et Dembinski, Pesth abandonné par le gouvernement, retraite à Szegedin, Georgey enfermé s'échappe, reprise de la ligne de la Theiss par les Austro-Russes, coup de main de Klapka sur Raab, le cercle se resserre autour de l'insurrection, occupation de Szegedin, Dembinski battu à Szoreg, retraite en désordre; la Diète à Arad, proclamation tardive d'égalité, le prince Paskewitsch à Grosswardein, Temeswar débloqué, Dembinski rejeté sur Arad, Georgey battu par Schlick, enfermé par plusieurs corps d'armée, il se rend aux Russes à Vilagos en qualité de dictateur militaire; défaite et fuite de Bem, reddition successive des corps d'armée maggyars; fuite des insurgés en Turquie; reddition de Peterwardein et de Komorn, fin de la guerre; résultats de la victoire, pertes de l'Autriche, rigueurs nécessaires, part prise à l'insurrection par la Pologne, attitude de la Russie; difficultés futures, reconstitution nécessaire de l'Autriche, état grave des finances.

De tous les États européens, c'est l'Autriche qui, au commencement de l'année, avait les plus grands embarras à combattre : menacée par la Prusse de perdre son influence séculaire sur l'Allemagne (voyez le chapitre suivant); ruinée par la guerre civile qui changeait en déserts ses plus fertiles contrées; pressentant le renouvellement imminent de la guerre en Italie, l'Autriche cependant ne perdait pas courage.

Quelques semaines après la prise de Vienne, le prince de Windischgraetz partit à la tête de l'armée considérable avec laquelle il allait poursuivre dans son foyer l'insurrection hongroise. Avec des finances épuisées, la ruineuse et difficile guerre d'Italie interrompue par une trève qui allait bientôt expirer, ce n'était pas trop de cinquante jours pour organiser une armée d'invasion de 120,000 hommes. Le 9 décembre 1848, le prince entra en campagne. Il avait sous ses ordres immédiats 50,000 hommes et

200 pièces de canon; le général comte Schlick s'avançait des frontières de Pologne; le général comte Nugent allait opérer au nord de la Drave avec 16,000 hommes; les Serbes occupaient le banat de Temeswar, et des bandes de paysans slaves s'organisaient sous la conduite du pasteur Hurban. Le général Puchner défendait avec 8,000 hommes la Transylvanie; 8,000 hommes étaient enfermés dans les forteresses d'Arad et de Temeswar. A ces forces immenses, les Hongrois n'avaient encore à opposer que 30,000 hommes réunis sous les ordres du général Georgey, et, sur la Drave, 12,000 sous les ordres du général Perczel. Au général Schlick, dans le Nord; aux Serbes, dans le Sud, ne pouvaient être opposées que des milices de levée récente, mal organisées, mal armées. Le succès rapide des armes impériales ne semblait pas devoir être mis en doute.

Le 16 décembre eut lieu un premier engagement sur les bords de la Leitha. Georgey bordait cette rivière avec 30,000 hommes éparpillés sur une ligne beaucoup trop étendue, appuyant sa droite au Danube, sa gauche au lac de Neusiedl et occupant Presbourg, Kitsee, Neudorf et Pahrendorf. Il s'agissait de profiter de cette faute et de couper les Hongrois de leur ligne de retraite. Le général comte Wrbna devait passer la March, s'avancer sur la rive gauche du Danube et de là sur Presbourg; le ban Jellachich devait attaquer les Hongrois sur la frontière, depuis Presbourg jusqu'au lac de Neusiedl. Les Hongrois furent chassés de Pahrendorf après un combat assez vif: le ban avait prévu la direction que prendrait leur retraite pour gagner la route de Raab: une partie de ses forces la coupait dans cette direction. Bientôt tous les corps hongrois se retirèrent sur la rive droite du Danube : le ban, qui leur fermait à Casimir la route de Raab, allait les écraser à Altenbourg lorsqu'il reçut du quartier général l'ordre de s'arrêter. Le corps du général Wrbna n'était pas encore arrivé devant Presbourg. Georgey, profitant de ces lenteurs, put faire gagner à ses troupes la route de Raab. Le 18 seulement Presbourg fut occupé par les forces impériales.

Le 26 commença un mouvement général offensif sur les positions de Raab. Le plan en avait été tracé par le ban Jellachich. Le prince de Windischgraetz devait marcher sur la route directe par

Hochstrass contre le front des Hongrois le corps du ban devait les tourner par le Sud et les rejeter sur un autre corps s'avançant par Dunaszeg et Vamos. Ainsi Georgey se trouverait pris entre trois corps d'armée et séparé des renforts que Perczel lui amenait du Sud. Mais l'état affreux des chemins et quelque hésitation parmi les troupes du prince permirent à Georgey de défiler par la route d'Ofen, sur la rive droite du Petit-Danube. Malgré cette faute nouvelle, Georgey, vivement poursuivi par le ban, renonça à défendre Raab et se retira par la route de Pesth, laissant 700 prisonniers entre les mains du général Ottinger, dont la cavalerie culbuta son arrière-garde à Babolna (28 décembre).

Le renfort amené à Georgey par Perczell avait dû rétrograder jusqu'à Moor: c'est là que le général hongrois attendait avec 10,000 hommes et 24 pièces de canon une occasion pour opérer sa jonction avec Georgey. Mais Perczell connaissait mal les forces ennemies et leur chiffre véritable. Le 30 décembre, le ban fond sur lui avec deux brigades seulement, le bat, lui fait 2,000 prisonniers et le rejette sur Sthuhlweissenbourg. Georgey, apprenant la défaite de Perczel, renonça à livrer bataille à Ofen. Le prince de Windischgraetz ne profita pas mieux du succès de Moor qu'il ne l'avait fait des marches habiles de Jellachich. Le ban comprenait qu'il lui fallait marcher en avant sur Lovas-Bereny pour interdire à Perczel la route d'Ofen: mais le second corps n'était encore, le 30, qu'à Acs, près de Komorn. Il fallut rester à Moor. Les lenteurs du prince paralysèrent jusqu'au 3 janvier l'activité de Jellachich, et Perczell put réunir ses troupes à celles de Georgey. Les deux généraux hongrois se disposérent à gagner l'autre bord du Danube.

Les défaites de Pahrendorf, de Babolna, de Moor avaient clairement démontré aux Hongrois leur infériorité en nombre et en discipline. Ils comprirent qu'il fallait gagner du temps, et pour augmenter et pour organiser l'armée insurrectionnelle. Ils convinrent donc d'évacuer Ofen et Pesth, d'abandonner le Banat et toute cette ligne qui s'étend entre la rive droite du Danube et la rive gauche de la Theiss, jusqu'à la Maros et à Thérésiopol. Dans ce système, la ligne de la Theiss devenait la frontière nouvelle de

l'insurrection. Il fallait à tout prix la défendre, pendant que, derrière cette ligne, le Gouvernement insurrectionnel développerait et disciplinerait ses moyens d'action. Georgey se chargea de masquer ce plan par une pointe habilement dirigée sur le nord par Waitzen. Sous ses ordres, 18,000 hommes devaient se jeter sur la Haute-Hongrie, attirant à leur suite les troupes impériales dans les montagnes. A la faveur de ce mouvement, Perczel gagnait Szolnok, sur la Theiss, et y passait le fleuve. A la pointe tentée par Georgey vers le nord correspondaient de secrètes menées pour insurger la Gallicie. Le prince polonais Wovonetzki, Motoschitzki et Thunes, l'un des chefs de l'insurrection viennoise, rattachaient ainsi la guerre de Hongrie aux espérances de la démagogie européenne et aux vues particulières des réfugiés de Pologne.

Ce plan réussit. Le 1er janvier 1849, la diète et le Gouvernement révolutionnaire quittèrent Pesth que le prince de Windischgraetz occupa le 5. Pour gagner du temps, on avait imaginé un semblant de pourparlers et, le 3, le comte Louis Batthyanyi, le comte Georges Maïlath, l'archevêque Sonovicks et M. Deak étaient venus porter des propositions de paix. Les députés hon-grois ne furent pas reçus : le prince refusa de traiter avec des rebelles.

Une fois à Pesth, l'armée impériale y languit dans une inexplicable inaction. D'immenses magasins d'approvisionnements étaient tombés aux mains des Autrichiens. Il semblait que la guerre vigoureusement menée dût être bientôt finie. Mais le prince parut croire qu'il suffisait de décrets pour pacifier le pays. On mettait hors la loi le Gouvernement révolutionnaire, et on plaçait sous le séquestre les biens des chefs insurgés au lieu de marcher sur l'insurrection. Seul, le feld-maréchal Schlick poursuivait les succès des Impériaux d'une manière plus utile. Le 3 janvier, près de Kaschau, il battait Messaros, ministre de la guerre du Gouvernement de Debreczin. Les paysans slaves, levés contre leur gré pour le compte de l'insurrection, se joi gnaient au feld-maréchal et, plaçant ainsi Messaros entre deux feux, le forçaient à évacuer Kaschau.

Cette retraite sans combat de Presbourg sur Pesth, de Pesth sur

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