19. Siècle. Dates. Événements politiques. RÉPUBLIQUE FRANÇAISE 1848 (24 février) (25 février) D ANS la proclamation que nous avons citée, le Gouvernement provisoire déclarait qu'il voulait la république, sauf ratification du peuple, qui serait immédiatement consulté. Nonobstant la réserve contenue dans ce document, et après l'adhésion qu'il avait provoquée en faveur du nouveau gouvernement, une seconde déclaration survint pour proclamer l'abolition de la royauté et l'établissement définitif de la république. Les hommes d'expérience politique virent là une singulière méfiance de la volonté nationale. - Le ministère, nommé d'urgence, est ainsi composé le citoyen Dupont de l'Eure, président du conseil ; de Lamartine, affaires étrangères; Ledru-Rollin, intérieur; Crémieux, justice; Goudchaux, finances; Bedeau, guerre; Marie, commerce; Bethmont, travaux publics; Arago, marine; Carnot, instruction publique. Sont nommés, en outre : Les citoyens Courtais, au commandement de la garde nationale; Guinard, chargé de l'organisation des volontaires soldés; Bastide, chargé de réorganiser l'artillerie de la garde nationale; Garnier-Pagès, maire de Paris; Guinard et Recurt, adjoints; Marrast, secrétaire du gouvernement. Le général Cavaignac est nommé gouverneur général de l'Algérie. MM. Marrast, Louis Blanc et Martin, dit Albert, d'abord secrétaires du gouvernement, en avaient été nommés membres. MM. Caussidière et Sobrier prennent possession, sans mandat préalable, de la préfecture de police; M. Étienne Arago, de l'hôtel des postes; et M. Flocon, des télégraphes. La masse de terribles auxiliaires que toute insurrection recrute dans les basfonds de la société s'était portée sur la banlieue et s'était mise à piller et à incendier. Alors commença la guerre contre l'industrie. Il fallut s'armer pour défendre les presses mécaniques et les chemins de fer. - - Évasion des prisonniers de Melun. Graves désordres qu'ils commettent. Li propriété magnifique de M. de Rothschild, près de Suresnes, est brûlée et dévastée. -La république est proclamée à Lyon, à huit heures du soir, aux flambeaux. A minuit, des torches incendiaires mettaient le feu aux providences de la CroixRousse, de Fourvières, du faubourg de Vaise, etc. L'incendie des métiers dura trois heures. Le château de Neuilly est livré aux flammes et au pillage. Le pont d'Asnières SITUATION DES FINANCES AU 24 Février 1848. - Le capital de la dette publique s'élevait à 8,095,041,371 fr. L'encaisse du trésor montait à 192,488,982 fr. 94 c. BELGIQUE. 1848 (26-27 février). les premiers symptômes de l'effervescence excitée en Belgique par la révolution de février, le roi Léopold déclare que ce n'est pas Sur l'emprunt de 250 millions de novembre 1847, par ambition personnelle qu'il a accepté la — (25 février). Décret déliant de leurs serments tous les fonctionnaires civils et militaires. -Décret qui réorganise les gardes nationales dissoutes par le précédent gouvernement. -Décret qui garantit du travail à tous, et donne aux soldats des barricades le million à échoir de la liste civile. Ce décret fut rédigé sous la dictée d'un nommé Salles, ouvrier tourneur en bois, qui avait pénétré dans l'Hôtel de Ville à la tête d'une bande armée et en enfonçant les portes. Le gouvernement provisoire dut céder à la violence morale. Pendant le court instant de la délibération, des clameurs épouvantables se faisaient entendre sur la place de l'Hôtel-de-Ville, pour appuyer les injonctions du délégué. Malgré la pluie qui tombait à flots, un peuple immense avait bivouaqué sur le pavé. Des groupes armés se faisaient remarquer. Ils avaient fait partie d'une colonne qui revenait de Vincennes, où elle avait été s'assurer de la forteresse. De ces groupes partaient ces cris furieux : « Le drapeau rouge! le drapeau rouge! » M. de Lamartine leur opposa un refus énergique : « Citoyens ! s'écria-t-il, pour ma part, le drapeau rouge, je ne l'adopterai jamais, et je vais vous dire dans un seul mot pourquoi je m'y oppose de toute la force de mon patriotisme; c'est que le drapeau tricolore a fait le royauté qu'il n'avait pas recherchée. Si sa personne devait être un obstacle au bonheur de son peuple, il est prêt à déposer la couronne. Le conseil des ministres répond que le pays n'éprouve pas le besoin de la forme républicaine; qu'aucun changement ne semble réclamé par l'opinion publique. Cependant, la société démocratique de Bruxelles se réunit ; quelques rassemblements ont lieu; mais des arrestations sont faites et le bon sens public fait lui-même justice de ces menées. Plusieurs réformes sont accomplies, et d'autres sont promises par le ministère. · La Hollande (26 février). PAYS-BAS. reçoit aussi le contre-coup de la révolution de février. Pour elle, la nouvelle situation est l'occasion d'importantes réformes. Guillaume II s'empresse de renvoyer son cabinet, devenu impopulaire, et de promettre des modifications à la loi fondamentale du pays, conformes aux vœux exprimés depuis deux ans dans les états généraux. — (27 février). La révolution de février a son contre-coup à Leipzig, à Francfort, à Bade. Partout les gouvernements sont contraints de faire des concessions. (28 février). Les anarchistes allemands se rassemblent à Manheim, et exigent, dans une pétition, l'armement immédiat du peuple, la liberté illimitée de la presse et la convocation instantanée d'un parlement allemand. C'est de Bade que vient le signal du désordre. Insurrection du duché de Bade. parlement de Francfort venait de promulguer la constitution qui décernait la couronne au roi de Prusse; celui-ci l'ayant refusée, un grand mouvement démocratique se manifesta dans toute l'Allemagne du centre. Le roi de Saxe fut chassé de ses États; la république proclamée à Dresde en même temps qu'à Bade. Un gouvernement provisoire, formé à Rastadt, fut reconnu à Carls |