Événements politiques. - Le prince Gortchakoff reçoit la sommation formelle d'Omer-Pacha d'avoir à évacuer le territoire turc. Un délai de quinze jours était accordé par le généralissime turc. Omer-Pacha établit son quartier général à Schumla, la clef des Balkans, qui possède un château fort, un camp retranché et des fortifications sérieuses. Schumla est à neuf journées de Constantinople. L'armée turque réunie au camp de Schumla est de trente-deux mille hommes. Le 8 octobre, elle eut connaissance du hattischérif qui dénonçait l'état de guerre. Omer-Pacha trompe les prévisions de l'ennemi, et fait passer le fleuve, près de Widdin, à douze mille hommes commandés par Ismaïl-Pacha; il s'y établit fortement. - Un autre corps de cinq mille hommes occupe la rive gauche et l'excellente position du bâtiment de la Quarantaine. COMBAT D'OLTENITZA. Huit mille Turcs sont attaqués par les Russes, au nombre de douze mille hommes, sous les ordres du général Dannenberg, qui est contraint à la retraite, avec une perte de plus de douze cents hommes. - Les hostilités commençaient à la même heure en Asie. L'armée turque s'y composait de trente-six mille hommes, avec quatre-vingt-dix bouches à feu, sous les ordres de Sélim-Pacha, et de cinquante-cinq mille hommes, avec cent vingt-cinq canons, sous les ordres d'Abdi-Pacha. Les troupes irrégulières sont comprises dans ce nombre. Ces forces, mal organisées, étaient distribuées en six camps, ayant pour point principal de ralliement Erzeroum, tandis que le reste était réparti à Bayazid,à Kars, à Batoum. C'est pourtant sur ce point que fut remportée la première victoire. Dans la nuit du 27 au 28 octobre, les Turcs attaquèrent à l'improviste le fort russe de Saint-Nicolas et s'en emparèrent. Les Russes y perdirent plus de mille hommes. Quelques jours après, ils tentèrent de le reprendre; ils furent repoussés avec perte, et un de leurs bateaux à vapeur fut coulé bas, chargé de troupes. Ce bâtiment était le Foudroyant, celui-là même qui avait apporté à Constantinople le prince Menchikoff et son ultimatum. - Omer-Pacha continue d'avoir des succès; il prend pied sur le territoire valaque, et à Oltenitza il ne se trouve qu'à deux étapes de Bucharest. L'opinion européenne, tout à l'heure si prévenue contre sa valeur militaire, va aussitôt jusqu'à l'exagération contraire; mais le muchir (maréchal) ne veut engager d'affaire sérieuse qu'à coup sûr et derrière de bons retranchements. Omer-Pacha fait entourer Kalafat, petite ville de trois à quatre mille habitants, placée presque en face de Widdin, d'un retranchement d'environ six mille pas d'étendue et terminé par un fort à chaque extrémité. Ces retranchements, rendus formidables, sont reliés à Widdin par un pont de bateaux. Treize mille baïonnettes, trois régiments de cavalerie régulière, un régiment de cavalerie irrégulière, quarante-huit pièces de position, quatorze pièces de campagne les défendront. Les Turcs comptaient déjà, tant sur la ligne du Danube que dans les places fortes en arrière, près de cent vingt mille hommes. Les Russes n'ont encore réuni que cinquante mille hommes. Cependant les représentants des quatre grandes puissances avaient pris l'initiative |