Slike stranica
PDF
ePub

19° Siècle.

Dates, 1855

Événements politiques.

inutile durent plus d'une heure, et les renforts n'arrivent pas. Enfin, la colonne anglaise, hachée, écrasée, bat en retraite après des efforts héroïques, mais isolés.

Cependant, à la gauche, au signal convenu, les colonnes de la division Levaillant, commandées par les généraux Couston et Trochu, se sont précipitées tête baissée sur le flanc gauche. Malgré une grêle de balles et de projectiles, la vigueur des Français triomphe d'abord de la résistance de l'ennemi, et ils pénètrent dans les deux ouvrages. Mais les Russes, repliés derrière des traverses successives, tiennent ferme partout. Une fusillade meurtrière part de toutes les crêtes; des pièces démasquées et des canons de campagne, amenés sur plusieurs points, vomissent la mitraille et déciment l'assaillant. Les généraux Couston et Trochu sont blessés; les généraux Rivet et Breton sont tués; plusieurs fougasses jouent et produisent un moment d'hésitation; enfin, un retour offensif fait par plusieurs colonnes russes, force les Français à abandonner les ouvrages enlevés.

Au petit Redan, des masses russes, soutenues par l'artillerie de campagne, sont parvenues également à reprendre le terrain conquis et à faire abandonner à l'assaillant la seconde enceinte; mais les premières colonnes d'attaque, soutenues par la garde impériale, restent inébranlables derrière le talus extérieur de la première enceinte.

Le jour va tomber, Malakoff reste aux Français : ils peuvent y défier tous les efforts de l'ennemi. C'est assez, car le général Niel l'a bien vu, c'est la clef de Sébastopol. Le général Pélissier arrête le général de Salles qui va tenter un nouvel assaut du bastion central avec la division d'Autemarre.

Arrêtons-nous un instant devant ce résultat décisif. Il a coûté bien cher, des régiments entiers ont, pour ainsi dire, disparu; les généraux de Saint-Pol et de Marolles sont morts; les généraux Mellinet, de Pontevès, Bourbaki ont été blessés. Mais la nuit vient, les vainqueurs, solidement établis dans Malakoff, vont montrer aux assiégés que toute défense est inutile. Des hauteurs de la position conquise, l'artillerie va foudroyer à gauche le petit Redan, à droite le grand Redan, en arrière les batteries des casernes et des docks. Le faubourg de Karabelnaïa n'est plus tenable. Sébastopol est perdu pour la Russie.

Que dire des mille incidents terribles de cet assaut sans exemple? Que dire du courage ou plutôt de l'esprit sublime de sacrifice qui poussait tant d'officiers, tant de soldats à une mort glorieuse, mais presque certaine ? Tous avaient fait leur devoir, mais à quel prix? Du côté des Français, 5 généraux tués, 4 blessés et 6 contusionnés; 24 officiers supérieurs tués, 20 blessés et 2 disparus; 116 officiers subalternes tués, 224 blessés, 8 disparus; et 1,489 sous-officiers et soldats tués, 4,259 blessés et 1,400 disparus; au total, 7,551.

La garde impériale, digne de sa sœur aînée, a eu au feu 5,700 combattants, elle compte environ 500 tués et 2,000 blessés.

Du côté des Anglais, le nombre total des morts, des blessés et des manquants à l'appel fut de 2,447.

Nous n'avons pas la prétention de raconter tous les actes héroïques de cette immortelle journée. Nous allons en rapporter quelques-uns seulement.

Pendant que nos troupes restaient, pour un moment, maîtresses de la courtine du Carénage, il se produisit un fait inouï dans les annales de la guerre : douze pièces

Religion, Législation, Statistique.

Synchronismes, etc.

ments de guerre des puissances étrangères d'entrer dans les détroits des Dardanelles et du Bosphore, et que, tant que la Porte se trouvera en paix, Sa Majesté n'admettra aucun bâtiment de guerre étranger dans lesdits détroits.

Et Leurs Majestés l'empereur des Français, l'empereur d'Autriche, la reine du royaume-uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, le roi de Prusse, l'empereur de toutes les Russies et le roi de Sardaigne, de l'autre part, s'engagent à respecter cette détermination du Sultan et à se conformer au principe ci-dessus énoncé.

ART. II. Le Sultan se réserve, comme par le passé, de délivrer des firmans de passage aux bâtiments légers sous pavillon de guerre, lesquels seront employés, comme il est d'usage, au service des légations des puissances amies.

ART. III. La même exception s'applique aux bâtiments légers sous pavillon de guerre, que chacune des puissances contractantes est autorisée à faire stationner aux embouchures du Danube, pour assurer l'exécution des règlements relatifs à la liberté du fleuve, et dont le nombre ne devra pas excéder deux pour chaque puissance.

ART. IV. La présente convention, annexée au traité général, signé à Paris en ce jour, sera ratifiée, et les ratifications en seront échangées dans l'espace de quatre semaines, ou plus tôt, si faire se peut.

En foi de quoi, les plénipotentiaires respectifs l'ont signée et y ont apposé le sceau de leurs

armes.

» Le but principal de l'Empereur a été de trouver un moyen de créer des navires moins coûteux, d'une construction plus facile et plus prompte que les vaisseaux, tirant moins d'eau, par conséquent pouvant approcher davantage des côtes; montés par un faible équipage, par conséquent exposant moins d'existences, et recouverts d'une armure de fer, afin que les boulets creux tirés par les canons Paixhans vinssent s'y briser comme du verre. L'objet primitif a donc été non pas de rendre un bâtiment complétement invulnérable, mais d'annuler les effets de l'invention du général Paixhans.

>> Fort de cette idée, l'Empereur ordonna des expériences qui furent exécutées sous ses yeux au polygone de Vincennes. Des panneaux construits en bois, représentant une petite étendue de la muraille d'un vaisseau, reçurent des armures de dispositions et d'épaisseurs diverses; des bouches à feu de fort calibre furent établies à petite distance, et leur ir permit de déterminer les dimensions et la nature de l'armure, qui, sans charger le bâtiment d'un poids par trop lourd, suffirait à protéger la muraille en brisant ou repoussant les projectiles creux. L'épreuve montra que l'armure faisait plus encore, car elle résista à des boulets pleins plus nombreux que ceux qui pourraient l'atteindre sur un même point dans une lutte très-prolongée.

>> Cet élément déterminé, l'Empereur mit à l'étude un projet de bâtiment spécial d'après le programme qui suit : un seul étage de canons, peu de tirant d'eau, peu de hauteur audessus de la flottaison, protection efficace contre tous les projectiles, boulets pleins,

Fait à Paris, le trentième jour du mois de mars de l'an mil huit cent cinquante-six. (Mêmes signatures qu'au bas du traité prin- boulets creux, boulets rouges et bombes. Les cipal.)

DEUXIÈME ANNEXE.

Au nom de Dieu tout-puissant. Sa Majesté l'empereur de toutes les Russies et Sa Majesté Impériale le Sultan, prenant en considération le principe de la neutralisation de la mer Noire établi par les préliminaires consignés au protocole no 1, signé à Paris, le 25 février de la présente année, et voulant, en conséquence, régler d'un com

qualités nautiques durent être hardiment sacrifiées à l'objet qu'on se proposait, et l'Empereur donna à ce nouvel engin de guerre le nom de batterie flottante, pour bien indiquer que ce n'est pas un navire fait comme un autre, pour poursuivre ou éviter l'ennemi,

mais une véritable batterie de siége pouvant lutter énergiquement et longtemps contre des fortifications regardées par l'ennemi comme inattaquables par mer.

» Le corps de nos ingénieurs de construc

[blocks in formation]

Événements politiques.

attelées accoururent se mettre en batterie à demi-portée du canon de la place pour soutenir l'assaut. C'était la première fois qu'une artillerie de campagne luttait contre les énormes calibres d'une artillerie de rempart. Canons, hommes et chevaux furent broyés en partie dans cette lutte héroïque et inégale.

Dans Malakoff, l'intrépidité des vainqueurs avait affronté un ennemi plus terrible cent fois que les Russes eux-mêmes :

Prévoyant le cas où l'assiégeant parviendrait à se loger dans l'ouvrage, les Russes avaient établi une communication électrique entre le grand magasin à poudre de Malakoff, qui contenait d'immenses approvisionnements, et l'intérieur de la ville. Le fil fut reconnu et coupé à temps. Mais déjà quelques explosions partielles avaient accrédité parmi les soldats le bruit que Malakoff entier était miné et qu'on allait sauter. Il se passa alors un fait héroïque, exécuté avec une simplicité admirable : comme le bruit prenait à chaque instant plus de consistance, les généraux, les officiers supérieurs et les officiers qui se trouvaient en dehors de l'enceinte accoururent et vinrent se placer au centre de l'ouvrage, afin de donner l'exemple et de montrer l'importance qu'il y avait de rester à tout prix dans cette position décisive pour le succès de l'opération générale.

En somme, c'est la position la plus importante qui avait le moins coûté. Les Russes ne furent pourtant pas surpris à Malakoff, comme ont l'a prétendu plus tard. Le prince Gortschakoff, il l'avoue dans son rapport, avait eu avis que l'assaillant se rassemblait dans ses tranchées avancées faisant face à Malakoff, et il avait eu le temps d'ordonner au lieutenant-général Chrouleff d'y porter la 9° division, qui formait la réserve de ce bastion.

Pendant qu'on faisait, dans Malakoff et dans la partie de la courtine restée au pouvoir des Français, toutes les dispositions propres à résister, au besoin, à une attaque nocturne, et qu'on se préparait à faire évacuer le lendemain à l'assiégé le petit Redan du Carénage, la Maison-en-Croix et toute cette portion de ses défenses, le général en chef russe, désespérant de reprendre Malakoff, s'arrêtait à un grand parti il évacuait la ville.

Déjà, vers la fin du jour, le général en chef des troupes françaises, avait eu le pressentiment de cette issue. Il avait vu de longues files de troupes et de bagages se presser sur le pont, en se rendant sur la rive nord. A trois heures du matin, le général de Martinprey, chef d'état-major général, qui suivait avec sa lunette, les mouvements de la rade, s'assura que les Russes évacuaient et qu'ils passaient le pont en foule. Quelques coups de canon, tirés par les batteries de la seconde ligne semblaient démentir cette fuite, mais ils n'avaient d'autre but que de cacher le mouvement des Russes.

Bientôt il ne fut plus possible de s'y tromper. D'épouvantables détonations éclataient sur tous les points des défenses de la ville et de la rade. Ce n'étaient plus ces explosions de quelques dépôts de poudre ou de munitions que l'incendie atteignait, comme cela arrivait depuis quarante-huit heures : c'étaient de grands ouvrages qui sautaient. Le général Pélissier aurait voulu pousser en avant, gagner le pont et fermer la retraite à l'ennemi; mais les explosions qui se multipliaient auraient détruit ses troupes en détail. Il fallut rester en position et attendre que le jour se fît sur cette scène de désolation.

Religion, Législation, Statistique.

Synchronismes, etc.

mun accord le nombre et la forme des bâtiments légers qu'elles se sont réservé d'entretenir dans la mer Noire pour le service de leurs côtes, ont résolu de signer, dans ce but, une convention spéciale, et

ont nommé à cet effet :

(Suivent les noms et les titres des plénipotentiaires de Russie et de Turquie.)

Lesquels, après avoir échangé leurs pouvoirs, trouvés en bonne et due forme, sont convenus des articles suivants :

ARTICLE PREMIER. Les hautes parties contractantes s'engagent mutuellement à n'avoir dans la mer Noire d'autres bâtiments de guerre que ceux dont le nombre, la force et les dimensions sont stipulés ci-après.

ART. II. Les hautes parties contractantes se réservent d'entretenir chacune, dans cette mer, six bâtiments à vapeur de cinquante mètres de longueur à la flottaison, d'un tonnage de huit cents tonneaux au maximum, et quatre bâtiments légers à vapeur ou à voiles, d'un tonnage qui ne dépassera pas deux cents tonneaux chacun.

ART. III. La présente convention, annexée au traité général signé à Paris en ce jour, sera ratifiée, et les ratifications en seront échangées dans l'espace de quatre semaines, ou plus tôt, si faire se peut. En foi de quoi, les plénipotentiaires respectifs l'ont signée et y ont apposé le sceau de leurs armes. Fait à Paris, le trentième jour du mois de mars de l'an mil huit cent cinquante-six.

(Suivent les signatures des plénipotentiaires de Russie et de Turquie.)

TROISIÈME ANNEXE.

Au nom de Dieu tout-puissant.

Sa Majesté l'empereur des Français, Sa Majesté la reine du royaume-uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, et Sa Majesté l'empereur de toutes les Russies, voulant étendre à la mer Baltique l'accord si heureusement établi entre elles en Orient, et consolider par là les bienfaits de la paix générale, ont résolu de conclure une convention, et nommé à cet effet :

(Suivent les noms et les titres des plénipotentiaires de France, d'Angleterre et de Russie.)

tions navales fournit des hommes capables de comprendre ce projet, qui fut promptement arrêté. La batterie flottante ne dut recevoir qu'une mâture disposée pour être enlevée entièrement avant d'entrer en action, et une mafaisant mouvoir une hélice, permettre à la chine à vapeur occupant peu de place dut, en batterie flottante d'aller, chose essentielle, prendre sans aide la place favorable à l'action de ses pièces.

» La batterie flottante a les caractères des grandes inventions praticables et importantes, surtout parce qu'elles arrivent en leur temps. Non-seulement la machine à vapeur à hélice lui donne une faculté sans laquelle elle serait presque annulée, mais les plaques de fer qui la recouvrent n'auraient pu être façonnées et forgées comme il faut, si nos plus grandes usines n'eussent pas été munies de ces énormes marteaux que la vapeur manie aujourd'hui avec une facilité et une précision qu'on ne peut voir sans étonnement. La fabrication de ces plaques et d'autres détails de construction dont il est inutile de parler exigent même une industrie tellement avancée, qu'on peut dire qu'il se passera longtemps avant que la Russie, réduite à ses propres ressources, puisse nous imiter avec succès.

» Aussitôt que les premières épreuves de tir eurent sanctionné les idées sur lesquelles était basée la nouvelle invention, et avant même que le projet fût arrêté, l'Empereur s'empressa de communiquer ses vues à notre

fidèle et grande alliée. Les juges compétents, hommes de savoir et d'expérience, éprouvèrent quelque surprise, car la question était considérée comme insoluble; mais les épreuves de tir, renouvelées en Angleterre, confirmèrent les résultats obtenus en France: Les deux gouvernements convinrent alors de construire chacun un certain nombre de ces batteries flottantes qui viennent de faire leur coup d'essai dans l'attaque de Kinburn. Les projectiles qui les ont frappées n'ont pu, malgré leur gros calibre, ni traverser ni même endommager leurs bordages, et elles ont ouvert dans des murailles en maçonnerie des brèches praticables.

» Ainsi, non-seulement les batteries flot

19¢ Siècle.

Dates.

1855

(29 septemb.)

13-17 oct.)

Événements politiques.

Le soleil levant éclaira l'œuvre de destruction la plus gigantesque que l'imagination puisse rêver. Les bastions, les casernes, les magasins, les édifices pendaient en débris fumants. Les derniers vaisseaux russes étaient coulés; le pont était replie: l'ennemi n'avait conservé que ses vapeurs, qui enlevaient les derniers fugitifs et les incendiaires attardés.

Sébastopol était abandonnée.

Les Russes avaient proclamé si hautement leur ferme résolution de défendre la place maison par maison, pierre par pierre, de transformer chaque obstacle en redove, de faire, en un mot, de Sébastopol une autre et plus terrible Saragosse, que c'est à peine si les alliés purent en croire leurs yeux lorsqu'ils virent s'accomplir cette fuite précipitée.

Le prince Gortschakoff donna, plus tard, cette raison de sa résolution désespéré, que des hauteurs de Malakoff les Français vainqueurs pouvaient détruire le pont qui seul conservait à l'assiégé ses communications avec la Crimée, et qu'il avait voulu garder à la Russie les restes d'une armée qui venait de perdre 30,000 hommes dans les dix-sept derniers jours du siége.

Ce ne fut pas sans une sorte d'admiration, et pour ainsi dire de terreur, que les alliés parcoururent la place abandonnée, fumante encore des explosions récentes, qu'ils visitèrent ces fortifications gigantesques à peine entamées sur quelques points, ce labyrinthe inextricable de remparts, de batteries intérieures, de fossés, de traverses, dont aucune place connue ne saurait donner la plus faible idée. Ils se disalent que, s'il avait fallu disputer à un ennemi résolu à toutes les extrémités ces ouvrages sans nombre, défendus les uns par les autres, on aurait pu user en détai! une armée tout entière.

Les Russes, en se retirant, n'avaient pas eu le temps de détruire tous les forts da côté sud. Le fort Paul n'était plus qu'un amas de décombres, le fort Alexandre ét gravement endommagé, mais le fort de la Quarantaine avait peu souffert et le fort Nicolas était presque intact. Les cinq docks, leurs magnifiques bassins, l'ensemble de leurs machines étaient en parfait état de conservation.

Les ressources de toute espèce qui se trouvaient encore dans la ville et dans les forts du sud, après l'énorme consommation qui en avait été faite pendant le siége, montraient assez toute l'importance de cet immense dépôt militaire qui venait d'échapper à la Russie.

[ocr errors]

COMBAT DE KOUGHIL. La division de cavalerie du général d'Allonville reacontre, près du village Koughil, les uhlans russes du général Korff, et les met e déroute après un combat assez vif.

[ocr errors]

Prise de Kinburn. - Une expédition composée de neuf mille Français et de trois mille Anglais, arrive devant la forteresse de Kinburn, située sur l'extrémité d'une langue de terre, près de l'embouchure du Dniéper. Une partie des troupes débarque et établit des batteries à terre. La forteresse est défendue par un régiment d'infanterie et cent artilleurs, sous les ordres du général Kokonowitch. Vers use heure de l'après-midi, le fort ouvre le feu; les projectiles n'arrivent pas jusqu'à l'escadre, tandis que nos bombes éclatent au milicu des ouvrages russes. Les batteries flottantes, récemment inventées, furent d'un effet terrible à l'attaque de Kinburn.

« PrethodnaNastavi »