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galerie, dont le parallélogramme était coupé de pavillons en saillie. Les dépendances s'élevaient à quelque distance et couvraient presque toute l'étendue du Cours-la-Reine.

Le règlement élaboré par la commission française reproduisit, en les améliorant, les excellentes dispositions prises, en 1851, par la commission britannique. L'expérience de Londres n'avait pas été inutile. De là quelques différences essentielles entre les deux règlements.

Et d'abord, l'art et l'industrie avaient chacun, aux Champs-Élysées, leur département spécial L'utile et le beau ne se confondaient que dans les œuvres où le génie industriel s'épure et se complète par les inspirations du génie artistique.

Cette pensée, vraiment française, d'une exposition des beaux-arts jointe à celle de l'industrie. appartient, assure-t-on, à S. M. l'impératrice Eugénie. Les beaux-arts ne sont-ils pas, en effet. une des gloires les plus sérieuses de la France? Cette exhibition aurait, d'ailleurs, ce mérite particulier que l'art s'y présenterait avec le double attribut de ses ressources actuelles et de ses richesses passées. On pourrait mesurer, pour chaque nation, l'espace parcouru, comparer le présent au passé, et préparer, en commun, l'avenir. Pour la première fois, on allait voir plus de quinze cents ouvrages choisis des écoles d'Angleterre, d'Allemagne et de Belgique, placés à côté des plus remarquables productions de l'école française.

Le classement des produits par classes, sections et jurys, fut fait avec beaucoup de méthode, et la nomenclature de la commission française constitue, à elle seule, une admirable statistique du travail humain.

Un autre progrès consistait dans l'autorisation accordée aux exposants de joindre le prix au produit. Si cette innovation louable eùt rencontré chez les producteurs plus de sincérité, elle eût donné à l'ensemble de cette exhibition un caractère de vérité pratique suffisant pour mettre fin à ces roueries et à ces tours de force inutiles qui n'ont rien de commun avec la consommation usuelle.

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Il faut louer encore une disposition libérale, la gratuité des transports, appliquée, sans distinction, aux produits étrangers comme aux produits nationaux les premiers seraient retournés à la frontière aux frais de l'État, et ne payeraient ni à l'entrée, ni à la sortie, ni pour le parcours. De plus, les articles prohibés par les tarifs français pourraient être vendus, moyennant un droit maximum de 20 pour 100.

Enfin, l'Angleterre s'était adjugé la moitié du nombre total des membres du jury international la France ne se réserva qu'un chiffre de jurés proportionnel au nombre de ses exposants.

Plus large que le règlement de l'Exposition britannique de 1851, celui de l'Exposition française avait seulement posé le principe du concours, ne déterminant pas à l'avance le nombre, la nature ou l'ordre des récompenses, et laissant toute liberté à la munificence du gouver

nement.

On a fait, toutefois, une critique assez vive de l'admission à titre d'égalité des expositions officielles et collectives à côté des expositions individuelles. Partager les récompenses entre des manufacturiers isolés d'un côté, de l'autre des comités, des administrations publiques, des chambres de commerce, c'était sacrifier à l'avance les unités aux groupes. L'industrie libre et l'industrie officielle n'ont ni les mêmes moyens d'exécution ni le même but, ne produisent ni les mêmes prix ni les mêmes qualités.

En revanche, on ne saurait trop louer l'excellente classification due au comité exécutif de la commission française. Dans une circulaire, en date du 15 octobre 1854, le secrétaire général de la commission, M. Arlès Dufour, avait retracé aux juges départementaux l'esprit et les conditions dans lesquels devait être réglée l'admission des produits à exposer. Éliminer sévèrement tout ce qui ne se distinguerait pas par un caractère d'utilité évidente, par une qualité essentielle d'invention ou de perfectionnement; se défendre, avec une scrupuleuse énergie, contre toute

influence de localité; écarter rigoureusement aussi tout ce qui formerait assortiment de même nature d'articles; exclure absolument, en un mot, l'étalage et la pacotille; enfin, réserver au vrai producteur la place que tels commerçants ne sont toujours que trop enclins à revendiquer pour des objets dont ils ne sont que les entrepositaires : telles étaient sommairement les règles propres à faire de cette Exposition une vérité, à la dégager des articles parasites qui menaçaient de l'encombrer.

Une libéralité singulière brilla dans les moindres détails comme dans les dispositions d'ensemble.

Ainsi, un arbre de transmission, mû par trente machines à vapeur, communiqua le mouvement à une multitude de mécanismes divers, fonctionnant chacun en son genre, et fabriquant les produits sous les yeux mêmes du spectateur. A Londres, la vapeur ne prêtait sa force qu'aux machines anglaises; à Paris, on la mit au service de tous les exposants sans distinction de nationalité.

Même libéralité dans les facilités données aux visiteurs de ce concours gigantesque.

L'activité intelligente déployée par le prince Napoléon, président de la commission impériale, l'élan qu'il imprima à une administration découragée par les difficultés de l'installation première, assurèrent le succès de l'entreprise. Son initiative libérale, l'unité d'action que représentait sa haute intervention, aplanirent les difficultés, permirent de constituer régulièrement les services. Son Altesse Impériale se mit en rapport avec les diverses compagnies de chemins de fer, leur persuada d'organiser sur leurs lignes des trains spéciaux à prix réduit pour amener à Paris, de tous les points de la France et de l'Europe, de nombreux visiteurs auxquels l'élévation des prix de transport aurait fermé les portes de l'Exposition universelle. L'armée ne fut pas oubliée. L'Empereur voulut que mille militaires fussent admis chaque jour, gratuitement, à visiter toutes les parties de l'Exposition.

Cette grande fête du travail universel s'ouvrit sous la présidence de l'Empereur lui-même. L'Impératrice, les membres de la famille impériale assistaient à cette solennité.

S. A. I. le prince Napoléon adressa à l'Empereur, comme président de la commission impériale, un discours remarquable dans lequel étaient exposés le but à atteindre, les moyens employés, les résultats obtenus:

<< Nous avons voulu, dit le prince, que l'Exposition universelle ne fût pas uniquement un concours de curiosité, mais un grand enseignement pour l'agriculture, l'industrie et le commerce, ainsi que pour les arts du monde entier. Ce doit être une vaste enquête pratique, un moyen de mettre les forces industrielles en contact, les matières premières à portée du producteur, les produits à la portée du consommateur; c'est un nouveau pas vers le perfectionnement, cette loi qui vient du Créateur, ce premier besoin de l'humanité et cette indispensable condition de l'organisation sociale.

» Quelques esprits ont pu s'effrayer d'un pareil concours, et ont naguère cherché à le retarder; mais vous avez voulu que les premières années de votre règne fussent illustrées par une exposition du monde entier, suivant en cela les traditions du premier Empereur, car l'idée d'une Exposition est éminemment française; elle a progressé avec le temps, et, de nationale, elle est devenue universelle...

» Deux précédents nous ont naturellement guidés: les Expositions françaises et l'Exposition de 1851. Quelques modifications ont cependant été apportées; elles sont toutes dans un sens de liberté et de progrès.

» Nous avons établi, pour l'Exposition, un tarif douanier exceptionnel d'où le mot de prohibition a été effacé. Tous les produits exposables sont entrés en France avec un droit, ad calorem, de 20 pour 100. Nous avons trouvé le plus utile concours dans la direction des douanes,

et j'espère que nos hôtes étrangers emporteront une bonne impression de leurs relations avec cette administration.

» La même libéralité a été appliquée dans les transports, dont nous avons pris les frais à notre charge depuis la frontière.

» Enfin, par une innovation hardie qui n'avait pas été faite à Londres, les produits exposés peuvent porter l'indication de leur prix, qui devient ainsi un élément sérieux d'appréciation pour les récompenses. Tous ceux qui s'occupent des questions industrielles comprendront combien ce principe est important et quelles peuvent en être les conséquences, malgré certaines difficultés d'application.

» Dans les beaux-arts, deux systèmes se présentaient: fallait-il faire une exposition pour les œuvres, sans se préoccuper de savoir si les artistes étaient morts ou vivants, ou pour les ar< tistes, en n'admettant que les œuvres des vivants?

» La première idée a été soutenue, elle répondait peut-être mieux au programme qui voulait un concours de l'art au dix-neuvième siècle; elle n'a cependant pas été adoptée, à cause des difficultés d'exécution qu'elle soulevait.

>> Nous avons accueilli, sans révision, toutes les œuvres des artistes étrangers admises par leurs comités; nous n'avons été sévères que pour nous-mêmes. La tâche d'un jury d'admission est difficile et ingrate, surtout dans une exposition universelle où les principes des expositions ordinaires n'étaient plus applicables, et où le jury avait à choisir les armes de la France dans cette lutte qui s'agrandissait.

» L'insuffisance du bâtiment nous a suscité des difficultés sérieuses. La construction d'un édifice spécial ayant été écartée, il a fallu nous installer dans le Palais de l'Industrie, dont les inconvénients viennent de ce qu'il n'a pas été établi en vue d'une exposition si vaste.

» Nous tenons à le dire hautement à Votre Majesté et à l'Europe, le concours des exposants a été si grand que la place nous a manqué, malgré les cent dix-sept mille mètres carrés de superficie, sur lesquels cinquante-trois mille mètres carrés de surface exposable.

» Obligés de recommander aux comités d'admission une grande réserve, nous ne pouvions nous en départir qu'à mesure qu'il nous était permis de disposer d'un peu plus d'emplacement. Ce défaut d'ensemble dans le commencement des opérations a nui à la régularité et à la justice des admissions, et a rendu encore plus difficile la tâche des comités locaux, auxquels je me plais à rendre hommage pour le concours qu'ils nous ont prêté.

>> Des retards fâcheux ont eu lieu dans les travaux, malgré l'activité et l'intelligence de la direction; mais on avait vraiment trop présumé de ce qu'il était possible de faire. Ce vaste et splendide palais a été construit en moins de deux ans et n'est pas encore complétement terminé; nous avons pensé que le meilleur moyen d'en presser l'achèvement était d'y installer l'Exposition, dont l'ouverture ne pouvait plus être retardée... »

Et le prince ajoutait en terminant:

<< Dans notre pays, c'est habituellement le gouvernement qui se charge de toutes les grandes entreprises; pour arrêter l'exagération de cette tendance, Votre Majesté a donné un grand essor à l'industrie privée. La Compagnie à laquelle l'exploitation du Palais de l'Industrie a été concédée devait trouver dans le prix d'entrée la rémunération du capital employé à la construction; de là la nécessité d'un prix d'entrée. Nous avons sauvegardé autant que possible les droits du peuple en obtenant que les dimanches l'entrée fût réduite à 20 centimes.

» Nous pouvons dès à présent, grâce au catalogue fait avec une grande activité, indiquer le nombre des exposants. Il ne s'élèvera pas à moins de 20,000, dont 9,500 de l'empire français et 10,500 environ de l'étranger.

>> La puissance que nous combattons, elle-même, n'a pas été exclue. Si les industriels russes s'étaient présentés en se soumettant aux règles établies, nous les aurions admis, afin de bien

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