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Commençons par remarquer, en passant, que notre attente n'a pas été entièrement remplie à l'égard de ces ouvrages. Ne nous étant pas assez arrêtés au titre de chacun d'eux (que nous avons pris la précaution de transcrire en détail pour éviter que les lecteurs tombent dans la même préoccupation), nous pensions que nous allions être initiés à d'importantes recherches et à de nouvelles lumières dues à l'esprit d'investigation et de critique, et nous n'avons guère trouvé, dans les trois premiers du moins, que des compilations, assez complètes du reste, mais dont les auteurs eux-mêmes, à l'exception des deux derniers, ont négligé de se nommer, faisant assez voir par-là que leur travail était, à leurs propres yeux, plutôt une affaire de circonstance et de spéculation que le résultat d'une détermination éclairée et d'une étude consciencieuse de leur sujet. Non pas que nous voulions blâmer en eux le louable dessein de chercher à servir les intérêts et les exigences du moment par la publication d'ouvrages qui peuvent, jusqu'à un certain point, être regardés comine des guides sûrs et des manuels indispensables à tous ceux qui s'occupent des événemens qui se passent aux lieux dont ces auteurs nous offrent la description; mais nous croyons indispensable, surtout à une époque où les travaux scientifiques et littéraires tendent trop de tous côtés à devenir de pures spéculations, de bien établir la différence qui existe entre de simples compilations et des recherches profondes et consciencieuses, faites pour apporter de nouvelles lumières à la science.

Il semble, en effet, qu'on devrait s'attendre à un travail neuf et original de la part d'écrivains russes sur des contrées que leur position doit les mettre à portée de mieux étudier, et par conséquent de mieux juger que nous; et cependant le premier des quatre ouvrages que nous avons inscrits en tête de cet article n'est, comme son titre l'annonce, qu'une compilation d'un écrivain étranger qui, malgré les services incontestables qu'il a rendus à la science et la juste estime dont jouissent ses travaux en Europe, ne doit pas être cru aveuglément sur parole, surtout quand il s'agit de choses où il a pu être induit lui-même en erreur par l'autorité de ses devanciers, ou qu'il n'a pu voir et par conséquent juger avec ses propres lumières. Or, les reproches qu'on a pu, avec raison, adresser à la Géographie universelle de Malte-Brun pour les parties qui concernent plus spécialement la Russie, étaient un avertissement pour ne pas prendre comme certains et non sujets à contestation des faits et des renseignemens statistiques rapportés sur la foi d'autrui, et pour lesquels peut-être l'autorité T, XEFI. MAI 1850.

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de Hassel et de M. de Hammer, cités aussi dans le livre que nous annonçons, n'est pas non plus entièrement concluante. Tout ce qui paraît appartenir en propre à l'éditeur dans cette publication, c'est l'avertissement de deux pages qui est en tête du volume, et qui témoigne du moins de ses bonnes intentions et de son esprit éclairé. La première phrase surtout, où il parle des succès obtenus par les armes de ses compatriotes dans une cause qu'il regarde comme commune « à tous les fils de l'Église grecque, combattant pour l'affranchissement de la patrie», nous paraît en même tems l'expression du sentiment général que cette cause a su éveiller chez les Russes et un exemple de cette sage tolérance qui tend tous les jours, de plus en plus, à éclairer le gouvernement d'un pays où la manifestation de la vérité cesse à ses yeux d'être dangereuse.

Le second de ces ouvrages, qui comprend deux volumes, est traité on ne peu tplus sévèrement par l'Abeille du Nord (n° 114 de 1828); elle assure qu'il ne répond nullement à son titre, et que c'est une compilation d'anciens et de nouveaux articles de journaux, faite sans choix et sans aucun esprit de critique, où l'on trouve des fables à côté de renseignemens historiques, et de pures niaiseries mêlées à des détails techniques de géographie et de statistique. Le premier document que nous offre cette compilation, et qui a pour titre : Examen chronologique de l'histoire des sultans turcs, est une traduction fort mal faite d'une partie de l'Art de vérifier les dates. Plusieurs auteurs grecs, allemands, français, etc., parmi lesquels figure encore Malte-Brun, ont été mis à contribution par les éditeurs, mais avec si peu de soin et tant de précipitation que leurs jugemens se croisent, se contredisent, sans que l'on ait cru nécessaire seulement de le faire remarquer. En un mot, cet ouvrage n'est, aux yeux des rédacteurs de l'Abeille du Nord, que nous avons trouvés rarement aussi sévères, et dont nous n'avons, d'ailleurs, aucun sujet de suspecter ici la bonne foi, qu'un véritable livre de pacotille, comme on en voit beaucoup trop aujourd'hui dans le commerce de la librairie.

Ce journal traite un peu mieux (voy. n° 73 de 1828) l'ouvrage de M. Ladijensky, dans lequel il a cru reconnaître, du reste, de nombreux et fréquens emprunts faits à celui du colonel français Denis de Juchereau. Il lui trouve presque toutes les qualités opposées aux défauts qu'il reproche plus tard aux deux volumes dont nous venons d'entretenir nos lecteurs, et rejette le petit nombre de fautes qu'il y a remarquées sur la précipitation avec laquelle l'impression a été faite, pour répondre à l'empressement d'un public avide de renseignemens

sur un peuple pour lequel sa vieille haine s'est ranimée à la flamme de l'insurrection grecque. Le Télégraphe de Moscou (n° 10, mai 1828) ne lui est pas tout-à-fait aussi favorable, et il entre même à son sujet, et en commençant son article, dans des réflexions générales qui se rapprochent de celles que nous avons consignées nous-même en tête de celui-ci, et où il déplore le peu de soin avec lequel sont faits la plupart des ouvrages destinés à répondre à un besoin du moment, et la trop grande créance que leurs auteurs trouvent auprès du public; mais il se hâte cependant d'ajouter que celui de M. Ladijensky, malgré tout ce qu'il laisse à désirer, ne doit pas être confondu avec ces honteuses spéculations pour lesquelles la critique devrait réserver toutes ses rigueurs.

Nous consacrerons un article spécial à l'ouvrage de M. Iacovenka, qui nous a paru plus neuf, plus original que les précédens, et sur lequel nous croyons, par conséquent, nécessaire d'arrêter un peu plus long-tems l'attention de nos lecEdme HEREAU.

teurs.

DANEMARK.

105. A grammar of the Danish, etc. Grammaire de la langue danoise, accompagnée d'un recueil de morceaux de littérature en prose et en vers, à l'usage des Anglais, par M. Erasmus RASK, professeur d'histoire littéraire, et bibliothécaire à l'Université. Copenhague, 1830; Brummer. In-8° de XII-181 pages.

Dans un tems où la civilisation semble rapprocher de plus en plus les nations, comme pour n'en faire qu'une seule et même famille tendant au même but, on applaudit à l'apparition de chaque moyen propre à resserrer les liens littéraires qui doivent les réunir. M. Rask a, sous ce rapport, bien mérité de ses contemporains. Peu de savans ont publié autant de grammaires que lui, peu de grammaires offrent une réunion de qualités aussi estimables que celles dont il a enrichi la littérature danoise. La simplicité dans la méthode, la clarté dans l'exposition, et l'exactitude dans les détails sont en général les traits distinctifs de ses ouvrages. La grammaire que nous annonçons ne le cède en rien à ses publications antérieures ; il y adopte le même système qu'il a suivi dans ses grammaires anglosaxonne et islandaise; comme dans ses autres grammaires, on y trouve aussi un traité fort instructif sur la formation des mots qui, pour l'étude comparative des langues, est d'une si

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grande importance. Dans les détails de cet ouvrage, il y a pourtant quelques endroits où nous ne sommes pas d'accord avec lui. Nous en citerons ici quelques exemples pour faire connaître la prononciation de la voyelle ö il cite les deux mots français cœur et œuf, mais la voyelle de ces deux mots se prononce différemment. En disant, p. 17, que les mots danois terminés en tet qui sont empruntés d'une langue étrangère sont du masculin, il cite comme exception le mot universitet qui est du genre neutre. Il pourrait ajouter ici le mot facultet qui est aussi neutre, mais ce sont de petites taches qui disparaissent au milieu de tout ce qu'il y a d'excellent dans cet ouvrage.

La grammaire est suivie d'un recueil de morceaux de littérature danoise. Quoique ces morceaux ne soient pas sans intérêt, nous aurions voulu en rencontrer quelques autres peutêtre plus dignes de cette distinction; nous regrettons surtout de n'y pas trouver les noms des auteurs danois les plus célèbres; enfin nous ne croyons pas qu'il soit convenable d'offrir aux commençans des morceaux d'un style antique, quel qu'en soit d'ailleurs le mérite. Il ne paraît pas que l'auteur ait voulu, par ce choix, offrir à ses lecteurs un échantillon ou, pour ainsi dire, un avant-goût des beautés de la littérature de son pays toutefois il remédie lui-même à cette omission, en renvoyant au recueil des plus beaux morceaux de cette littérature qu'a publiés M. Rahbek.

Le style anglais de M. Rask, selon l'avis des connaisseurs, mérite des éloges. Il nous prouve de la manière la plus évidente sa capacité pour remplir la tâche qu'il s'est imposée; cette grammaire lui vaut aussi l'honneur d'avoir enrichi la littérature de son pays du premier ouvrage systématique dans ce genre. S. B.

ALLEMAGNE.

106.-*Monumenta Germaniæ historica, Monumens historiques de la Germanie. T. 1. Hanovre, 1830. In-folio de 840 pag. Ce second volume renferme une collection de documens historiques très-précieux. On sait que le premier comprenait les v et vi° siècles; celui-ci va jusqu'au xii. Il donne d'abord une vie de saint Gall, écrite au vur siècle; ce n'est pas celle qui est connue pour être de Wielfried Strabon. Celle-ci est la source de tout ce que l'on a écrit sur saint Gall. Elle est suivie de beaucoup d'autres traités sur ce saint, et d'un cata

logue des abbés du monastère qui commence par saint Otmar, le premier qui se soit attaché à la règle de saint Benoît; ses prédécesseurs suivaient celle de saint Columban. Vers le milieu du ix siècle, un moine de Saint-Gall, appelé Rappert, entreprit d'écrire l'histoire du couvent; on publie ici son travail. Parmi les annales nous citerons celles de saint Amand, d'après un manuscrit de la bibliothèque de Gand, écrit au 1x ou au x° siècle; celles de saint Bavon, imprimées d'après un manuscrit du xiv siècle appartenant à la même bibliothèque; celles de saint Maximin de Trèves; puis la chronique de saiut Martin de Cologne, que l'on découvrit dans un palimpseste de la bibliothèque de Walraff. Viennent ensuite les annales de Xanten, rédigées par un moine de cette ville, et les annales de Fulde. D'autres contiennent encore la curieuse relation d'un tournois qui a en lieu à Mayence, en 1480.

Du reste, ce recueil ne nous intéresse pas moins que les Allemands, parce que M. Perz, qui en est l'éditeur, a revu les annales de Limoges, et les a publiées d'après le manuscrit primitif tracé, à la fin du 1x siècle, dans le monastère de SaintMartial. Le Chronicon Aquitaneum, qui s'étend de 830 à 1025, avait déjà été publié par Labbe et Martene: il a subi une pareille révision. Nous avons encore remarqué un autre titre curieux: Chronica de sex ætatibus Mundi; puis un traité sur les évêques de Metz, par Paul Warnefried. M. Perz a omis, toutefois, le récit des miracles de saint Clément. Il n'y a pas moins de détails sur le monastère de Saint-Vendrille, et ce que d'Achery avait publié se trouve soigneusement corrigé.--Nous citerons aussi les Regum Francorum genealogiæ déjà imprimées par Duchesne et Bouquet, mais revues sur un manuscrit de saint Gall. Ces généalogies nous importent beaucoup, ainsi que le Breviarium regum Francorum. Он а imprimé aussi dans ce volume un poème sur Charlemagne, accompagné d'une dissertation pour prouver qu'il n'est pas d'Al cuin, mais d'Angilbert; puis la vie de cet empereur par Éginhard; enfin la célèbre histoire laissée pas Nithard, qui prit part aux démêlés de Louis-le-Débonnaire avec ses enfans. Nous sommes forcés de nous arrêter, croyant que nos indications suffisent pour faire comprendre de quelle ressource sera ce recueil pour tous ceux qui veulent bien connaître le moyen âge.

107.-*Universal historische Uebersicht der Geschichte der alte n Welt. Coup d'œil général sur l'histoire de l'ancien monde ; par M. Christ. SCHLOSSER. T. II: 1" et 2° partie; t. iv: 1′′ partie. Francfort sur le Mein, 1830. In-8°.

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