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il s'élève, comme Condorcet, par la généralité des idées et l'universalité des connaissances, et se rapproche du dernier par l'harmonie, l'élégance et les mouvemens animés du style.

En 1837, l'Académie française voulut acquitter la dette de la littérature envers ce savant illustre ; et, le 17 avril, tous les suffrages le demandèrent à l'Académie des Sciences. La même année, après la mort de Laplace, M. Fourier lui succéda dans le Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique, et, en 1828, après la chute du ministère de Villèle, il fut nommé membre de la Commission chargée d'éclairer le gouvernement sur la distribution des encouragemens accordés aux sciences, aux lettres et aux beaux-arts, et ensuite président de la Commission de statistique, établie au ministère de la marine et des colonies. Il avait refusé du nouveau ministère la place de directeur-général de la librairie, dans laquelle il aurait pu faire tant de bien : c'était la seule raison qui lui faisait regretter que ses occupations et sa santé ne lui eussent pas permis d'accepter.

C'est au milieu de tant de travaux, de méditations et de devoirs remplis avec une rigide exactitude, que M. Fourier trouvait le tems de répondre à tout, de donner des preuves de l'amitié la plus cordiale à ses confrères, d'accueillir et d'encourager toutes les personnes qui lui étaient adressées. Rien n'égalait le charine de sa conversation, à la fois gaie, spirituelle et pleine de grâce. Ces qualités si estimables, et la bonté qu'il apportait dans ses relations sociales, lui attiraient autant d'amis que son génie lui faisait d'admirateurs.

Il était, depuis plusieurs années, atteint d'une angine nerveuse; cette infirmité, aggravée récemment par une chute, l'a enlevé presque subitement, le 16 mai dernier, dans la soixante-troisième année de son âge. Les savans s'empresseront de caractériser ce qu'il a fait pour le progrès des sciences, qui lui doivent des calculs profonds, des théories neuves, des lois démontrées, et des découvertes qui rendront son nom immortel. Ses obsèques ont été célébrées, le 18 mai, dans

l'église de Saint-Jacques-du-Haut-Pas. A cette solennité douloureuse ont assisté de nombreuses députations de l'Institut et de l'École Polytechnique; les membres de sa famille, dont la douleur profonde se faisait remarquer; les amis les plus intimes de M. Fourier, et un grand nombre d'académiciens, de savans, d'hommes de lettres, et de personnes que la reconnaissance ou les regrets avaient réunies, et presque confondues, autour du cercueil de l'illustre académicien, de l'excellent parent, de l'homme de bien, ami des libertés publiques de son pays. Le poêle était tenu par MM. Geoffroy-SaintHilaire et Bontemps Beaupré, de l'Académie des Sciences; Feletz, directeur de l'Académie française, et Sylvestre de Sacy. de l'Académie des inscriptions. Le convoi s'est dirigé sur le cimetière de l'Est. Plusieurs discours ont été prononcés sur la tombe, par M. Sylvestre, par M. Cuvier, et par MM. Feletz, Girard et Jomard. —Voici la liste des principaux écrits de M. Fourier :

1o. Mémoires sur la Statique, contenant la démonstration du principe des vitesses virtuelles et la théorie des momens, imprimé dans le tome 11, du Journal de l'École Polytechnique, 1798.

2o. Mémoire sur la Résolution générale des Équations algébriques; présenté à l'Institut d'Egypte.

3. Discours préliminaire, servant de Préface historique à la Description de l'Égypte. Paris, 1810. 1 vol. gr. in-f.

4. Rapport sur les Établissemens appelés Tontines. Paris, 1821. In-4°.

5o. Theorie analytique de la Chaleur. Paris, 1822. In-4°. 6. Plusieurs Rapports sur les Progrès des Sciences mathématiques. Paris, 1822 à 1829.

7. Éloge historique de sir William Herschel. Paris, 1824. In-4°.

8°. Éloge de Delambre. Paris, 1823. In-4°.

9°. Deux Mémoires sur la Théorie du Mouvement de la Chaleur dans les Corps solides; insérés dans les tomes Iv et v des Mémoires de l'Institut, années 1824 et 26.

10°. Notice historique sur la Vie et les Ouvrages de Bréguel. Paris, 1826. In-4°.

11o. Mémoire sur les Températures du Globe terrestre et des Espaces planétaires. Paris, 1827. In-4°.

12°. Mémoires sur la Distinction des Racines imaginaires, et sur l'Application des Théorêmes d'Analyse algébrique aux Équations transcendantes qui dépendent de la Théorie de la Chaleur (tom. vi des Mém. de l'Inst., 1827.)

13. Éloge historique de M. Charles.

14°. Mémoire sur la Théorie analytique de la Chaleur (t. VIII, 1829.)

On attribue encore à M. Fourier des Recherches statistiques sur la Ville de Paris, publiées d'après les ordres de M. de Chabrok, préfet de la Seine. Il a fourni quelques articles de géomètres célèbres à la Biographie universelle; ils sont signés d'un Z.

VIEILA DE BOISJOSLEN

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II. ANALYSES D'OUVRAGES.

SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES.

THÉORIE ANALYTIQUE DU SYSTÈME DU MONDE, par M. G. de PONTÉCOULANT, ancien élève de l'Ecole Polytechnique, Capitaine au corps royal d'état-major (1).

N. B. Une excellente analyse de cet ouvrage a paru dans le recueil trimestriel anglais intitulé: The foreign Quarterly Review. Nous allons reproduire cet article, aussi exactement que peuvent le permettre le plan et le but de notre Revue, et l'étendue qu'il nous est possible de donner à chacune de nos insertions: c'est un hommage que nous nous plaisons à rendre à l'une des Revues anglaises les plus dignes d'estime par le choix des sujets qu'elle traite, par la sagacité des discussions, la justesse et l'impartialité des jugemens.

C'est dans l'histoire des sciences mathématiques que l'on voit le plus clairement combien la marche des connaissances humaines est lente, comment les vérités ne se révèlent que peu à peu, même au génie, et ne brillent de tout leur éclat qu'après un tems plus ou moins long, qu'après une suite de découvertes. Depuis le plus simple théorême de géométrie jusqu'aux plus hautes conceptions de la théorie des forces centrales, on reconnaît presque partout l'empreinte des efforts successifs des inventeurs; on a commencé par entrevoir les lois générales de la nature; peu à peu, les notions vagues et confuses qu'on

(1) Paris, 1829; Bachelier. 2 vol. in-8° de 556-504 pages; prix, 18 fr.

s'en était formées ont acquis plus de précision; mais ce n'est qu'après de longues et pénibles recherches qu'on est parvenu à saisir la forme simple, à constater l'universalité d'application qui caractérise ces lois.

Mais, quelles que soient l'importance et les difficultés des investigations successives par lesquelles une découverte est complétée, la gloire en appartient presque exclusivement à celui qui ouvrit la carrière. Cette disposition de l'esprit humain peut être justifiée; il est bien rare que la première manifestation d'une vérité grande et féconde soit due à une intelligence ordinaire ; au lieu que, pour aller très-loin sur une route ouverte et suffisamment éclairée, les forces du génie ne sont pas indispensables. «Varignon nous généralisera cela», disait l'un des Bernouilli; mot encore plus profond que plaisant et malicieux. En effet, combien d'hommes se montrent capables d'étendre, de simplifier, de perfectionner une découverte qu'ils n'auraient pu faire? On ne refusera pourtant pas une assez haute estime aux savans laborieux qui mettent la science à la portée du plus grand nombre, ou qui la rendent plus usuelle; leur place est marquée parmi les bienfaiteurs de l'humanité; ils éclairent les arts, ils en créent de nouveaux, ils fortifient la raison, extirpent des erreurs, consolident de plus en plus le pouvoir de la vérité. Le génie avait défriché et semé, ils ont soigné les cultures, fourni aux jeunes plantes les sucs nourriciers qui les ont amenées jusqu'à la fructification; un aussi grand service est bien digne de toute notre reconnaissance.

L'astronomie physique ne remonte véritablement que jusqu'au xvir siècle, époque de prodiges en tout ce qui est du ressort de l'intelligence humaine. La découverte de l'attraction universelle conduisit Newton à la connaissance de tous les mouvemens des corps célestes et des lois auxquelles ils sont assujettis. Depuis cette admirable époque, le développement des effets de l'attraction sur les planètes n'a point cessé d'occuper les plus grands géomètres, et les principes de Newton ont formé la base d'un vaste édifice, auquel notre siècle a

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