Slike stranica
PDF
ePub
[ocr errors]

et les vers: il entreprit une traduction complète d'Homère dont les discours préliminaires sont écrits avec une clarté élégante, et dont les notes sont instructives sans pédantisme. Quant à la version elle-même, on trouve de la grace, de la facilité, de la sensibilité dans divers morceaux; mais le plus grand nombre manque d'harmonie, de précision, d'énergie; et les grandes images d'Homère y sont trop souvent rendues par des images communes. Cependant comme les efforts de l'auteur étoient louables et quelquefois heureux, le roi lui permit de donner à l'Imprimerie royale une fort belle édition de sa traduction de l'Iliade et de l'Odyssée, en 1781, in-4.o Plein des anciens, Ron chefort composa trois tragédies, Ulysse, Antigone et Electre, où il imita trop la simplicité des tragiques Grecs. Sa comédie des deux Frères donnée au théâtre François, n'y réussit point, parce qu'elle est foible d'intrigue et de caractères. Ses ouvrages en prose eurent un meilleur succès. Nous avons de lui: I. Une Réfutation

du trop fameux Système de la Nature, in-12. II. Histoire crilique des opinions des Anciens sur le Bonheur, 1778, in-8.° III. La Traduction complète du Théâtre de Sophocle, qu'il a rendu avec fidélité, avec élégance, et orné de notes qui respirent le goût et la saine critique. IV. Divers moires dans ceux de l'Académie des Belles-Lettres, où l'on trouve le littérateur instruit et l'écri vain exercé. Cette compagnie le perdit en 1788. Une ame franche, loyale, généreuse, inaccessible à l'envie, jointe à une politesse prévenante, pleine d'attentions et d'égards au desir de

plaire et d'obliger, rendent son souvenir précieux à ses confrères et à ses amis. Il avoit, pour réussir dans la société, ce qui manque à la plupart des savans, l'art d'oublier ses Livres et de s'occuper des autres, sans exiger qu'ils s'occupassent de lui. Il avoit épousé en 1776, une femme aimable dont il eut deux enfans, qu'il perdit presque au berceau.

ROCHEFORT, Voyez I GARLANDE.... Voyez MONTHLERI.... Voyez RIEUX, n.o II.

I. ROCHEFOUCAULD, (François comte de la) d'une maison ancienne connue au xi siècle, qui ne le cède qu'à celle des princes, fut chambellan des rois Charles VIII et Louis XII. Il fit admirer à la cour son caractère bienfaisant, généreux, droit et sincère. Il tint en 1494, François I sur les fonts baptismaux. Ce prince ayant obtenu le sceptre, conserva beaucoup de considération pour son parrain. Il le fit son chambellan ordinaire, il érigea, en 1515, la baronnie de la Rochefoucauld en comté. Ce monarque observe dans les lettres d'érection, que c'étoit en mémoire des grands, vertueux, très-bons et très-recommandables services qu'icelui François, son très-cher et amé cousin et parrain, avoit faits à ses prédéces seurs, à la couronne de France

et à lui. Le comte de la Rochefoucauld mourut en 1517, laissant une mémoire illustre et un nom respecté. C'est depuis lui que tous les aînés de sa famille ont pris le nom de François.

Son fils François II du nom, comte de la Rochefoucauld, soutint dignement la réputation de son père. Il épousa en 1528, Anne de Polignac, veuve du comte de Sancerre tué a la batanie de Pavie en 1525. Cette dame unissoit a toute la simplicité de la vertu, l'éclat de la représentation la plus brillante. Elle recut en 1539, dans son chateau de Verteuil, l'empereur Charles - Quint. Ce prince fut tellement frappé de la dignité de ses manières qu'il dit hautement, suivant un historien François, n'avoir jamais entré en maison qui mieux senilt sa grande vertu, honnêteté et seigneurie que celle-là. François de la RoCHEFOUCAULD Va du nom, né en 1588, mort le 8 février 1650, seigneur distingué par sa valeur et sa probité, obtint de Louis XIII Jes récompenses dues à son mérite. Ce prince le nomma chevalier de ses ordres en 1019, et érigea, en 1522, le comté de la Rochefoucauld en duché-pairie. Il fut père de François VI duc de la Rochefoucauld, dont nous célébrerons dans un article séparé, (n.o III,) l'esprit et les

vertus.

,

11. ROCHEFOUCAULD (François de la) né en 1558, de Charles de la Rochefoucauld, de la même famille que le précédent, se fit connoître très-avantageusement dès son enfance. Le roi Henri III le nomma en 1585, à l'évêché de Clermont, qu'il gouverna avec beaucoup de sagesse. Le pape Paul V instruit de son zèle pour faire recevoir le concile de Trente en France et pour détruire l'hérésie, lui envoya le chapeau de cardinal en 1607. Louis XIII voulant l'avoir plus près de sa personne, Ini fit quitter l'évêché de Clermont pour celui de Senlis, en

1613. Ce prélat travailla beau coup pour la réforme des ordres de Saint-Augustin et de SaintBenoît et il eut le bonheur d'introduire la réforme dans SO abbaye de Sainte-Geneviève-duMont. Il mourut le 14 février 1645, à 87 ans. Cet homme il lustre avoit des défauts; mais ils ont été réparés par sa piété, par l'innocence de ses mœurs et par de grandes vertus. Les Jansénistes lui ont reproché d'avoir fait de grands biens aux Jésuites, et d'avoir agi avec trop de chaleur dans les querelles excitées par le docteur Richer. Voyez sa VIE, 1646, in-4°, parle P. la Morinière Chanoine régulier.... Il étoit frère d'Alexandre de la Rochefoucauld, (Voyez BROSSIER, et de Jean-Louis de la Rochefoucauld comte de RANDAN tué à Issoire en 1690. Il laissa une fille, Marie-Catherine de la Rochefoucauld comtesse de Randan, dame d'honneur de la reine Anne d'Autriche, et gouvernante de Louis XIV dans son enfance. Cette dame qui avoit toutes les vertus de son sexe et tous les talens de sa place, mourut en 1677, à 89 ans. Elle avoit épousé le marquis de Senecey, dout elle ent une fille mariée au comte de Fleix de la maison de Foix.

111. ROCHEFOUCAULD, (François VI duc de la) prince de Marsillac, fils de François Ier, duc de la Rochefoucauld, naquit en 1603. Sa valeur et son esprit le mirent au premier rang des seigneurs de la cour, qui mêloient les lauriers de Mars à ceux d'Apollon. Il fut lié avec la fameuse duchesse de Longueville; et ce fut en partie par l'instiga

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Pour ce cœur inconstant, qu'enfin je connois mieux,

J'ai fait la guerre aux Rois; j'en ai perdu les yeux.

Après que ces querelles furent assoupies, le duc de la Rochefoucauld ne songea plus qu'à jouir des doux plaisirs de l'amitié et de la littérature. Sa maison étoit le rendez-vous de tout ce que Paris et Versailles avoient d'ingénieux. Les Racine, les Boileau, les Sévigné, les la Fayette, trouvoient dans sa conversation des agrémens qu'ils cherchoient vainement ailleurs. La goutte le tourmenta sur la fin de ses jours. Il supporta les douleurs de cette maladie cruelle avec la constance d'un philosophe. Son courage ne l'abandonnoit que dans la perte des personnes qui lui étoient chères. Un de ses fils fut tué au passage du Rhin, et l'autre y fut blessé. « J'ai vu, dit Mad. de Sévigné, son cœur à découvert dans cette cruelle aventure. Il est au premier rang de ce que je connois de courage, de mérite, de tendresse et de raison. Je compte pour rien son esprit et ses agrémens. » Il mourut à Paris le 17

»

mars 1680, à 68 ans. Mad. de Sévigné dit en parlant de ses derniers momens : <<< Il est fort bien disposé pour la conscience, mais du reste c'est la maladie et la mort de son voisin dont il est question; il n'est pas effleuré. Ce n'est pas inutilement qu'il a fait des réflexions toute sa vie; il s'est approché de telle sorte aux derniers momens, qu'ils n'ont rien de nouveau nì d'étrange pour lui. >> On trouve à la fin des Lettres de Mad. de Maintenon, un portrait bien peint duduc de la Rochefoucauld. « Il avoit une physionomie heu reuse, l'air grand, beaucoup d'esprit, et peu de savoir. H étoit intrigant, souple, prévoyant; je n'ai pas connu d'ami plus solide, plus ouvert, ni de meilleur conseil. Il aimoit à régner. La bravoure personnelle lui paroissoit une folie, et à peine s'en cachoit-il; il étoit pourtant fort brave. Il conserva jusqu'à la mort la vivacité de son esprit qui étoit toujours fort agréable, quoique naturellement sérieux. Huet nous apprend dans ses mémoires, que le due de la Rochefoucault refusa tojours de prendre place à l'académie Françoise, parce qu'il étoit timide et qu'il craignoit de parler en public. On a de lui: I. Des Mémoires de la régence d'Anne d'Autriche, à Amsterdam, (Trévoux) 1713, 2 VOlumes in-12; écrits avec l'énergie de Tacite. C'est un tableau fidelle de ces temps orageux, peint par un peintre qui avoit été lui-même acteur. II. Des Réflexions et des Maximes, réimprimées plusieurs fois en un petit vol. in-12. Quoiqu'il n'y ait presque qu'une idée dans ce livre, vraie à certains

»

égards et fausse à d'autres, qui est que l'Amour propre est le mobile de tout, cependant cette pensée se présente sous tant d'aspects variès qu'elle est presque toujours piquante. « Ce petit recueil, dit Voltaire, écrit avec cette finesse et cette délicatesse

qui donnent tant de prix au style, accoutuma à penser, et à renfermer ses pensées dans un tour vif et précis. C'étoit un mérite que personne n'avoit eu avant lui en Europe depuis la renaissance des lettres. >>> Les prétendus gens de goût l'accusèrent de donner dans l'affectation et dans une subtilité vicieuse; mais ces gens de goût avoient bien peu d'esprit. Le reproche que lui a fait l'abbé Trublet, de fatiguer par le changement des matières, par le peu d'ordre qui règne dans ses réflexions et par l'uniformité du style, paroit mieux fondé. Mais on a remédié en partie à ces inconvéniens, du moins à celui du défaut de méthode, en rangeant sous certains titres, dans les dernières éditions, les pensées de l'auteur qui ont rapport à un même objet. «Le duc de la Rochefoucauld, dit M. Palissot dans ses Mémoires littéraires, ne reconnoissant d'autre mobile de nos actions que l'amour propre, son livre est moins l'histoire que la satire du genre humain. Mais cette satire plaît parce qu'elle flatte la malignité, et parce qu'elle dispense de l'admiration pour la vertu, en lui donnant avec le vice un principe commun qui la dépouille de l'héroïsme qu'on lui suppose. Elle plaît par le tour vif et précis que l'auteur à su donner à ses pensées, et parce qu'en effet on ne peut se dissimuler que l'homme, observé

dans les grandes villes, ne soit un étre infiniment dépravé. Mais est-ce un effet de sa constitution originelle et primitive, on plutôt celle des conventions sociales ? l'homme est-il né méchant ? nous osons croire que non. L'observateur a très-bien caractérisé

l'espèce qui l'entouroit; mais, placé dans une condition plus commune, plus simple, plus rapprochée de la nature, il eût vu les hommes d'un œil plus indulgent, organisés, noncomme l'enfant robuste imaginé par Hobbes, mais au contraire nés timides et désarmés, plus foibles que méchans, plus dignes enfin de compassion que de haine. >>> Pour connoitre combien valoit le duc de la Rochefoucauld, il n'y a qu'à consulter les Lettres de Mad. de Sévigné. Il eut plusieurs enfans de son mariage avec Andrée de Vivonne, dame de la Chateigneraie, morte en 1670.- Le plus connu est l'ainé, François duc de la ROCHEFOUCAULD, VIo du nom, prince de Marsillac grand veneur France, grand maitre de la garderobe du roi, chevalier de ses ordres, né en 1634 et mort en 1714. Louis XIV aimoit son esprit et estimoit sa probitė. Après la disgrace de Lauzun, ce prince lui offrit le gouvernement de Berri dont ce favori avoit été dépouillé. Marsillac le refusa d'abord, en lui disant: Je n'etois point ami de M. de Lauzun, que Votre Majesté ait la bonté de juger si je dois accepter la grace qu'elle me fait. Le roi insista et le força d'accepter, en lui conservant une pension de 12000 livres qu'il vouloit remettre entre les mains de ce monarque. Louis XIV, touché de son dé

,

de

aintéressement, de sa générosité, se tourna vers ses ministres, et leur dit: J'admire la différence; jamais Lauzun n'avoit daigné me remercier du gouvernement de Berri; et voilà un homme pénétré de reconnoissance. Un jour que Marsillac paroissoit inquiet au sujet de ses dettes, ce prince lui dit: Que n'en parlez-vous à vos amis! Mot qui fut accompagné d'un don de 50,000 écus. Il lui écrivit ce billet, en lui annonçant une grace importante: Je me réjouis, comme votre ami, de la charge de grand maître de la Garde-robe que je vous ai donnée comme votre Roi. Quelques auteurs ont prétendu que Louis XIV ayant montré ce billet au duc de Montausier, ce seigneur le lui fit supprimer, comme trop spirituel; mais d'autres écrivains ont soutenu qu'il avoit été réellement envoyé. Ce prince érigea en duché, l'an 1679, en faveur du fils aîné du duc de la Rochefoucauld, la terre de la RocheGuyon dans le Vexin, qui l'avoit déjà été en 1663 en faveur de Roger du Plessis, seigneur de Liancourt et premier gentilhomme de la chambre, dont François VII avoit épousé la fille unique. Elle s'appelloit Jeanne Charlotte du Plessis Liancourt, et mourut en 1674. C'est à elle que finit l'ancienne famille de Plessis Liancourt, dont la succession passa dans la maison de la Rochefoucauld.

[ocr errors][merged small]

dant de la gendarmerie de France. Un naturel heureux, un caraсtère doux, un esprit conciliant, un grand sens; telles furent les qualités qui distinguèrent de bonne heure l'abbé de la Rochefoucauld, et qui lui méritèrent l'archevêché de Bourges en 1729. Il se montra dans ce poste tel qu'il avoit déjà paru dès sa plus tendre jeunesse, ami de la vertu, de la paix et sur-tout des indi gens. Elu coadjuteur de l'abbaye de Cluni en 173 1738, il en devint abbé titulaire par la mort du cardinal d'Auvergne, arrivée en 1747. Ce fut cette même année qu'il fut honoré de la pourpre Romaine. Il fut envoyé l'année suivante ambassadeur de France à Rome, et il sut à la fois se faire aimer des Italiens, et soutenir la gloire du nom François. De retour à Paris, il y fut accueilli comme il le méritoit. Le roi le nomma à l'abbaye de Saint-Vandrille en 1755, et le chargea en même temps du ministère de la feuille des bénéfices. Le cardinal de la Rochefoucauld habile à connoître les bons sujets, ne le fut pas moins à les placer. Rien n'égala son attention à ne choisir pour les siéges épiscopaux, que des ecclésiastiques éclairés dont l'esprit sage pût modérer le zèle. Si la France est moins déchirée par les guerres du Jansénisme et du Molinisme, c'est à lui en partie qu'elle le doit. Ce fut cet esprit de modération qui fit jeter les yeux sur lui pour présider aux assemblées du clergé de 1750 et 1755. On sait avec quel zèle il se servit de sa droiture et de ses lumières, pour rétablir la paix dans l'Eglise Gallicane. Ce zèle lui mérita de plus en plus la co fiance de Louis XIV, qui le re

« PrethodnaNastavi »