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ABRÉGÉE

DES

PRINCIPALES

BIBLIOTHÈQUES

MODERNES,

Pour servir de supplément au Traité des Bibliothèques anciennes, par Juste Lipse.

JUSTE LIPSE n'a parlé que des bibliothèques anciennes; nous avons cru qu'un mot sur les bibliothèques modernes trouverait ici naturellement sa place; nous allons donc extraire et abréger le chapitre consacré à cet objet, dans notre MANUEL DU BIBLIOTHÉCAIRE.

Il est inutile de citer ces bibliothèques, ou plutôt ces petites collections de livres qu'eurent les premiers chrétiens, qui, dans le principe, brûlèrent tous les ouvrages qui n'avaient point de rapport à la religion. Passons à celles que l'on établit quand le christianisme fut affermi sans contradiction.

Celle de Constantin le grand est la première qui mérite attention. Elle fut fondée l'an 336; il n'est pas présumable que l'empereur Julien ait voulu détruire cette bibliothèque (1), qui avait été très-aug

(1) Elle éprouva beaucoup de révolutions et monta jusqu'à cent

mentée, lui qui était philosophe, lui qui connaissait le prix des livres, lui enfin qui a établi deux bibliothèques, l'une à Constantinople où était celle de Constantin, et l'autre à Antioche: ce sont les Iconoclastes qui l'ont détruite.

La fureur des nations barbares qui inondèrent l'Europe se porta principalement sur les bibliothèques et causa la perte d'une infinité de bons ouvrages.

On parle de quelques bibliothèques fondées après ces désastres; une par Cassiodore, ministre et favori de Théodoric, roi des Goths; deux par le pape Hilaire, premier du nom ; une par Charlemagne, à l'isle Barbe, près Lyon; une à Wrissen, près Worms, et une autre à Aix-la-Chapelle : c'est la plus précieuse de ces tems-là.

Les Chinois n'ont pas de bibliothèques publiques bien renommées; cependant on dit qu'il y en a une sur le mont Lingumen, de plus de 30,000 volumes, tous composés par des auteurs chinois, et une autre à-peu-près aussi nombreuse dans le temple de Venchung près l'Ecole royale.

Les Japonais ont, dans la ville de Narad, un temple magnifique, où se trouve un appartement soutenu par vingt-quatre colonnes, que les voyageurs disent être rempli de livres du haut en bas.

Faut-il parler de cette bibliothèque qu'on dit être dans le monastère de Sainte-Croix, sur le mont Aara,

mille volumes. On assure qu'elle renfermait la copie authentique du premier symbole de Nicée, les ouvrages d'Homère écrits en fettres d'or, et une copie des Evangiles reliée en plaques d'or, du poids de quinze livres, et enrichie de pierreries.

en Ethiopie, et qui, divisée en trois parties, contient dix millions cent mille volumes, tous écrits sur parchemin, et gardés dans des étuis de soie? Les fables que l'on débite au sujet de cette bibliothèque auraient dû empêcher le jésuite Kircher d'y ajouter foi (1).

Les arabes n'ont aucune bibliothèque ; cependant il en existe une à Maroc, où ils se vantent d'avoir la première copie du Code de Justinien.

La bibliothèque de Fez est, dit Erpennius, composée de 32,000 volumes.

A Gaza se trouve aussi une superbe bibliothèque de livres anciens, que l'on dit être composée des débris de celle d'Alexandrie.

Damas en possède une, où François Rosa, de Ravennes, trouva la philosophie mystique d'Aristote, en arabe, qu'il publia par la suite.

La bibliothèque du grand Turc est déposée au sérail; elle fut commencée par le sultan Sélim, qui conquit l'Egypte ; elle ne contient que trois ou quatre mille volumes turcs, arabes ou persans; on n'y trouve aucun manuscrit grec.

Les principales bibliothèques qui existent maintenant en Europe sont :

(1) On dit qu'elle doit son origine à la reine de Saba, qui visita Salomon, et en reçut beaucoup de livres, entr'autres ceux d'Enoch sur les élémens et sur d'autres sujets philosophiques; ceux de Noé sur les mathématiques et sur le rit sacré; ceux d'Abraham sur la vallée de Mambré; ceux de Job, ceux d'Esdras, des Sybilles, des Prophêtes, des Grands Prêtres, outre les siens propres, et ceux de son fils Mémilech, qu'on prétend qu'elle eut de Salomon. Il est présumable que le seul ouvrage qu'elle a rapporté de sa visite à Solomon, est ce fils Mémilech.

A Copenhague, celle de l'Université et celle fondée par Henri Rantzau.

A Stokholm, celle fondée par Christine, où se trouve une des premières copies de l'Alcoran. On y voit aussi un livre très-remarquable, appelé, selon les uns, Codex giganteus, à cause de son énorme grandeur, car il a deux aunes de Suède de longueur, et une de largeur; et, selon les autres, la Bible du diable, parce qu'il est terminé par un livre de magie, décoré d'une belle figure du diable. C'est une espèce de bibliothèque historique. M. Dobrowki, savant Hongrois, est allé en 1792 exprès à Stockolm pour examiner ce Codex.

Ne passons pas sous silence un livre très-curieux qui se trouve dans la bibliothèque d'Upsal en Suède; ce sont les Quatre évangiles, traduits en langue des Goths, et en caractères gothiques, dont la traduction est attribuée à Ulphilas, évêque des Goths en Masie, vers 370, que l'on regarde comme l'inventeur des caractères gothiques. Ce livre, précieux par son antiquité, est en letrres d'or et d'argent sur le vélin.

En Pologne, celle de Wilna et de Cracovie.

A Pétersbourg, celle fondée par le Czar premier. A Amsterdam, la bibliothèque publique, qui est très-belle, devrait être arrangée avec plus d'ordre et de méthode.

Dans les Pays-Bas celle de Gand, d'Haderwick, d'Ypres, de Liège, de Louvain.

Leyde en a deux, celle fondée par Antoine Thisius, et l'autre, qui est celle de l'Université, fut donnée par Guillaume premier, prince d'Orange. On y voit des

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