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jeté sur des matières inflammables, faisait jaillir tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, des flammes de colère. Enfin, M. de Lamartine a annoncé que le préfet de police voudrait bien, dans le courant de la séance, s'expliquer à la tribune sur les faits allégués. Un vote de confiance a mis fin à cet orage.

La séance a été suspendue; le public des tribunes et un grand nombre de représentants sont sortis pour avoir des nouvelles du dehors. La salle des Pas-Perdus offrait le spectacle le plus animé. La Garde Nationale, sédentaire et mobile s'y tenait auprès de ses faisceaux; des officiers de tous grades et de toutes armes traversaient à chaque instant; des groupes de représentants, de journalistes et de curieux se formaient, donnant et recevant les nouvelles les plus contradictoires. On disait ici que tout était calme dans Paris, et là qu'on se battait sur plusieurs points, que le faubourg Saint-Marceau et le faubourg Saint-Antoine marchaient sur l'Assemblée, que le préfet de police était en insurrection, etc. On s'occupait beaucoup aussi des réticences de M. de Lamartine; on les jugeait en général sévèrement. La présence de M. Caussidière a endormi ces rumeurs, que dominait la grande voix du peuple armé pour la défense de l'ordre, criant sans cesse: Vive l'Assemblée nationale! Il y avait autour du palais plusieurs milliers d'hommes dont l'enthousiasme se manifestait avec une indicible énergie.

A la reprise de la séance, l'Assemblée a entendu le préfet de police de la révolution, dont le nom, si inconnu avant le 15 Février, a si souvent retenti depuis cette époque, et sur le personnage duquel les opinions sont loin encore, en ce moment même, d'être fixées. M. Caussidière est un robuste jeune homme, de haute taille, d'une fi

muse à jouer au plus fin, lui qui n'a qu'à vouloir pour être le plus fort. Quelque caprice de cet esprit si grand, mais si mobile, l'aurait-il pipé de la puérile gloire d'exceller dans la ruse, comme il a excellé dans la poésie, dans l'éloquence et dans le courage? Ce serait un triste aveuglement, et qui nous réduirait bien vite à déplorer la chute d'une popularité dont la France a besoin. Que M. de Lamartine y songe : il ne lui est pas permis de perdre la confiance publique; cependant il est en voie d'arriver là. Nous le disons avec douleur, nous qui avons tant de raisons de ne pas nous abandonner aveuglément à lui.

LE BANNISSEMENT. LE DIVORCE.

26 mai 1848.

Le décret de bannissement contre la famille d'Orléans a passé à une grande majorité, presque sans discussion. Rien ne prouve mieux que ce décret n'était pas nécessaire et qu'on pouvait s'en épargner le poids fâcheux; nous pourrions ajouter que rien ne prouve mieux qu'il serait inutile, si la famille d'Orléans pouvait avoir quelque chance de reconquérir le pouvoir. Ces votes donnés par la prudence ou par la crainte, sans besoin, sans passion, sans combat, sont rarement respectés de ceux qui les ont émis. Une tentative a été faite dans le but de faciliter l'adoption du décret par un certain nombre de membres dont il pouvait gêner la conscience ou la pudeur : quelques amendements proposaient de ne pas donner au bannisse

muse à jouer au plus fin, lui qui n'a qu'à vouloir pour être le plus fort. Quelque caprice de cet esprit si grand, mais si mobile, l'aurait-il pipé de la puérile gloire d'exceller dans la ruse, comme il a excellé dans la poésie, dans l'éloquence et dans le courage? Ce serait un triste aveuglement, et qui nous réduirait bien vite à déplorer la chute d'une popularité dont la France a besoin. Que M. de Lamartine y songe: il ne lui est pas permis de perdre la confiance publique; cependant il est en voie d'arriver là. Nous le disons avec douleur, nous qui avons tant de raisons de ne pas nous abandonner aveuglément à lui.

LE BANNISSEMENT.

LE DIVORCE.

26 mai 1848.

Le décret de bannissement contre la famille d'Orléans a passé à une grande majorité, presque sans discussion. Rien ne prouve mieux que ce décret n'était pas nécessaire et qu'on pouvait s'en épargner le poids fâcheux; nous pourrions ajouter que rien ne prouve mieux qu'il serait inutile, si la famille d'Orléans pouvait avoir quelque chance de reconquérir le pouvoir. Ces votes donnés par la prudence ou par la crainte, sans besoin, sans passion, sans combat, sont rarement respectés de ceux qui les ont émis. Une tentative a été faite dans le but de faciliter l'adoption du décret par un certain nombre de membres dont il pouvait gêner la conscience ou la pudeur : quelques amendements proposaient de ne pas donner au bannisse

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