Slike stranica
PDF
ePub

très sérieusement, que tout le monde a pu n'être pas exactement d'accord sur ce qu'on allait faire à Rome; mais tout le monde, ou, du moins, tous ceux qui ont voté, ont été d'accord sur le point essentiel, c'est qu'on allait en armes sur un territoire qu'on dit indépendant et inviolable; c'est le point essentiel.

De quoi accusez-vous les ministres? Est-ce d'être allés sur tel ou tel point plutôt que sur tel autre? Vous les accusez de quoi? D'avoir violé un territoire inviolable, parce qu'il était indépendant. (A gauche : Non! Non!)

M. PASCAL-DUPRAT.

Il y a une question préalable

à vider avant la question de fond.

Voix à gauche. Nous demandons la communication des pièces! La question n'est pas là!

M. THIERS. -La question n'est pas là! Je sais bien qu'il ne s'agit pas de la question de fond, mais attendez. Comme vous demandez des pièces pour vous éclairer, il faut bien que je parcoure toutes les parties de la question pour vous faire voir que les pièces demandées par vous n'ont pas trait à la question même, et, quand je suis obligé de traiter la question de fond, c'est bien malgré moi, car ce n'est pas nous qui demandons la prolongation du débat, ce n'est donc pas mon intérêt qui m'égare; ce que nous demandons, c'est de rassurer le plus tôt possible le pays par une décision positive. (Nouvelle approbation au centre et à droite.)

Vous avez déclaré qu'il y avait violation de la Con

VIII.

47

1

stitution, parce qu'un de ses articles défend d'attenter à la liberté d'aucun peuple, parce que le Gouvernement a agi, dites-vous, contre la volonté de l'Assemblée nationale.

Eh bien, nous disons, nous : Les faits nous sont connus, ce sont des coups de canon tirés contre les murs de Rome, et l'article de la Constitution ne nous paraît pas violé. Quant aux décisions de l'Assemblée nationale, il y en a deux : l'une qui autorisait à toucher le territoire du peuple romain, l'autre qui voulait ramener l'expédition à son véritable esprit, c'est-àdire à plus de conciliation. Eh bien, une négociation a eu lieu, un traité a été fait, et il a été produit. Le gouvernement a pensé qu'il n'était pas honorable pour la France; nous avons pensé comme lui qu'il serait déshonorant de l'accepter. C'est sur ces pièces que nous avons trouvé que le gouvernement avait parfaitement fait d'ordonner la reprise des hostilités; c'est sur ces éléments que vous avez trouvé, vous, qu'il y avait lieu de pousser un cri de guerre. Nous, nous pensons, sur ces éléments, qu'il y a à pousser un cri de sécurité pour que le pays sache deux choses que le gouvernement n'a pas violé le pacte fondamental, et que ce gouvernement, qui saura faire respecter la loi, nous a derrière lui pour l'aider dans sa tâche.

(Ce discours est suivi des bravos et des applaudissements de la majorité.)

M. Ledru-Rollin ayant répliqué que la guerre n'était pas entre l'ordre et la démagogie, mais bien entre les monarchies et les républiques, que M. Thiers n'avait fait que reproduire, à ce sujet, les paroles prononcées récemment par le roi de Prusse et l'empereur de Russie, et qu'en les portant à la tribune il avait ainsi témoigné qu'il était du parti des Cosaques et non de celui de la République, M. Thiers fit la réponse suivante :

M. THIERS.

Je demande la parole! (M. Thiers se

précipite à la tribune.)

M. LE PRÉSIDENT. - Il n'est permis à aucun membre de l'Assemblée d'adresser...

M. THIERS.

Non! Non! Monsieur le président, je vous prie, n'ajoutez rien; je prends ce débat pour moi.

M. PASCAL-DUPRAT. - Quand M. Thiers nous appelle démagogues, vous ne le rappelez pas à l'ordre. Faites votre devoir en défendant la dignité de cette portion de l'Assemblée.

Vous prétendez avoir le monopole de l'ordre.

Au centre. Allons done!

M. THIERS. M. Pascal-Duprat prétend que nous voulons avoir le monopole de l'ordre.

M. PASCAL-DUPRAT. Oui!

M. THIERS.Ne voulez-vous pas avoir le monopole de la liberté et du patriotisme?

M. PASCAL-DUPRAT. - Non!

M. THIERS.

Est-ce que nous n'aurions pas le

droit d'avoir un monopole si vous prétendez en avoir un? (Interruptions diverses à gauche.)

Je supplie mes collègues et M. le président de me laisser vider moi-même ce débat avec M. Ledru-Rollin, et je lui dirai d'abord que les libertés qu'on se donne à l'égard de ses adversaires sont égales à celles qu'on leur donne à eux. Vous vous en êtes donné avec moi; je vais m'en donner avec vous, et vous verrez que les miennes sont parfaitement fondées. (Agitation. - Le citoyen Ledru-Rollin se lère à sa place pour parler.)

Au centre.

Non! Non! Vous ne parlerez pas.

[ocr errors]

M. LEDRU-ROLLIN, de sa place. Voulez-vous me permettre de dire un mot?

M. THIERS. - Je vous en demande pardon, je ne veux pas vous laisser retirer une des paroles que vous m'avez adressées, je m'en empare.

M. LEDRU-ROLLIN. - Je ne veux pas les retirer; je veux vous dire un mot.

[blocks in formation]

M. BAUCHART (du Calvados.) Vous n'aurez la parole que si l'orateur vous l'accorde; s'il ne l'accorde pas, vous ne l'aurez

M. LE PRÉSIDENT.

pas.

La parole est à M. Thiers. M. LEDRU-ROLLIN. - Voulez-vous me permettre de dire un mot?

M. THIERS. Laissez dire...

-

M. LEDRU-ROLLIN. Un seul mot, je ne retire rien, monsieur Thiers. (Bruit au centre.)

Voix nombreuses-au centre. Vous n'avez pas la

parole! Vous ne parlerez pas.

[ocr errors]
[ocr errors]

M. THIERS. Laissez parler; c'est un débat à vider entre M. Ledru-Rollin et moi, en votre présence; permettez-lui de dire un mot, j'y consens.

M. LEDRU-ROLLIN. Je ne veux dire qu'un seul mot, le voici M. Thiers s'empare de mes paroles, c'est parfaitement son droit, je ne les rétracte pas; je lui rappelle que le mot Cosaque est venu en réponse au mot démagogue. (A gauche : Très bien! Très bien!)

M. THIERS. Messieurs, M. Ledru-Rollin cède à un sentiment que j'honore. Il voudrait, ayant employé une expression profondément blessante, se présenter comme ayant été provoqué; mais il ne peut pas s'assurer cet avantage. J'ai parlé de la démagogie en général, et je n'ai appliqué cela à aucune partie de l'Assemblée, quelle que fût mon opinion personnelle. (Réclamations à gauche.)

Vous me dites que je suis du parti des Cosaques. (A gauche: Oui! Oui!) Bien! Le pays jugera. (Mouvement en sens divers.)

Attendez, le pays jugera et décidera si en moi, si en mes amis, à cause des opinions qu'ils soutiennent tous les jours, il y a des amis des Cosaques. Le pays jugera; il jugera si, entre l'homme qui a prononcé les paroles que nous avons entendues hier et les insurgés de juin, il n'y a pas une liaison intime. Le pays jugera. (Vive approbation à droite.)

C'est le pays qui est notre juge à tous, il décidera

« PrethodnaNastavi »