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ils ont été faits, en vertu de quelles opinions? En vertu des vôtres. Ce sacrifice était impossible à éviter.

Savez-vous, moi qui avais été placé dans les deux commissions pour départager, en quelque sorte, les deux partis qui avaient si longtemps lutté, les partisans de l'Université, les partisans de l'Église, savezvous quel rôle j'ai cherché à remplir dans l'intérêt de la société? Je me suis appliqué à profiter de ces principes mêmes qui rendaient certains sacrifices nécessaires, inévitables, et, vous verrez, peu dangereux, pour faire consacrer en retour l'enseignement de l'État complètement, énergiquement, comme il ne l'avait pas encore été, et vous allez voir que la doctrine de personne n'a à en souffrir, et que cette conciliation, que vous dites si difficile, est certaine si on le veut, si on veut être conséquent aux principes mêmes que vous avez posés.

Pour me faire entendre, j'ai besoin de vous faire connaître, je tâcherai de le faire en termes bien succincts, bien brefs, l'organisation de l'enseignement en France. Vous ne comprendriez pas la loi, ses dispositions essentielles, sans cet exposé, qui sera rapide.

Vous avez aujourd'hui les écoles de l'État appelées lycées, les collèges communaux, les institutions libres ou privées, les petits séminaires, qui appartiennent au clergé. Je commence par les écoles de l'État.

Vous savez que, lorsque Napoléon, avec ces deux conditions du créateur, le génie, son incomparable

génie, et une situation où tout était à faire, car il faut ces deux conditions, le génie et la situation, avec ces deux conditions du créateur, trouva la jeunesse française aux mains de spéculateurs indignes, il ne crut pas pouvoir la leur laisser; il créa, sous le nom de lycées, nom qu'on leur a rendu aujourd'hui, les collèges de l'État, qui sont entretenus aux frais de l'État, et dans lesquels on enseigne, on administre au nom de l'État, par des agents de l'État, par des professeurs de l'État.

Au-dessous de ces grands collèges se trouvent les collèges communaux, qui sont aussi administrés et gouvernés par l'État, mais dont la finance est fournie par les communes; ce qui procure nécessairement, justement, aux communes une certaine influence sur l'administration de ces établissements. Ainsi, dépendants de l'État, les grands collèges et les collèges

communaux.

Lorsque Napoléon eut créé cet ensemble, il se dit, conséquent qu'il était dans toutes ses créations, qu'il fallait un gouvernement à ces établissements; il le chercha, et il imagina l'Université; il créa un corps. On ne croyait pas alors..., Messieurs, ces détails sont indispensables pour faire comprendre... (Parlez! Parlez!), on ne croyait pas alors qu'on pût créer dans ce siècle, où tout était poussière, on ne croyait pas qu'on pût créer un corps : il en a créé un. Il prit tout cet ensemble d'administrateurs et de professeurs, qu'il réunit, et il régla la manière d'y entrer, qui est

encore la même aujourd'hui. On y entre au moyen d'un concours d'agrégation; les élèves des écoles normales en concurrence avec les élèves de toutes provenances font valoir leur mérite; ils sont admis ou ne le sont pas; s'ils sont admis, ils font partie du corps enseignant.

C'est ainsi qu'on entre dans le corps, et, une fois entré, on ne peut plus en être exclu que par un jugement du corps lui-même; et Napoléon, qui savait à quelles conditions on crée une grande institution, la fit complète, il donna au corps une juridiction sur luimême et à lui seul; il lui donna aussi des propriétés que le corps n'a plus ; il lui donna, de plus, l'organisation administrative qui existait dans tout l'État, un gouvernement provincial et un gouvernement central. Le gouvernement provincial, c'est le recteur de l'Académie; le gouvernement central, c'est le grand maître, le ministre aujourd'hui, entouré de ce qu'on appelait naguère le conseil royal, de ce qu'on appelle aujourd'hui le conseil de l'instruction publique. Ainsi, après avoir créé ces écoles, de ces écoles il fit sortir un gouvernement, et ce gouvernement, il le rendit dépositaire des droits de l'État.

C'est ainsi que M. Barthélemy Saint-Hilaire a eu raison de dire que l'Université, en cela, représente l'État, elle est dépositaire des droits de l'État. Quels droits de l'État Napoléon attribua-t-il alors à la société qu'il voulait représenter dans l'Université? Il lui donna d'abord l'autorisation préalable. Écoutez bien

ces dispositions, car l'intelligence en est nécessaire pour comprendre la loi nouvelle. Outre cette juridiction sur elle-même, il donna à l'Université l'autorisation préalable; c'est-à-dire que, dans le régime actuel, aucune école ne peut s'établir en France qu'avec le consentement de l'autorité administrative en matière d'enseignement, c'est-à-dire de l'Université.

Il lui donna, de plus, la faculté de ranger les établissements privés en deux catégories : les uns de plein exercice; les autres qui ne sont pas de plein exercice; c'est-à-dire ceux qui peuvent tout enseigner, ceux qui ne peuvent pas tout enseigner.

Il lui donna ce qu'on appelle, dans le langage technique de l'enseignement, la collation des grades. Vous savez que toute la jeunesse française, pour entrer dans les carrières libérales, est obligée de faire preuve d'un certain savoir qui est constaté par l'examen du baccalauréat ès lettres. C'est l'Université qui examine. C'est ce qu'on appelle la collation des grades. Il lui donna donc, outre l'autorisation préalable, la faculté d'examiner toute la jeunesse française, quand elle veut entrer dans les carrières libérales.

Voilà l'Université, c'est-à-dire le gouvernement qui est sorti des écoles de l'État.

En vertu de cette autorisation préalable, il faut' que vous sachiez qu'il s'est formé un grand nombre d'établissements, qui, à eux tous, contiennent dans leur sein une jeunesse aussi nombreuse que celle qui

est dans les collèges de l'État, dans les collèges communaux. Ces institutions sont la preuve que jusqu'aujourd'hui, s'il n'a pas existé en France une liberté de droit (car il faut reconnaître qu'il n'y a pas de liberté de droit quand il dépend de l'autorité administrative de l'Université de refuser aux établissements nouveaux la faculté de s'établir), s'il n'a pas existé une liberté de droit, il a existé une liberté de fait, et que l'Université, comme on l'a toujours reconnu quand on a discuté sérieusement, avait usé de ce monopole universitaire avec beaucoup de modération.

Il y a à côté des cinquante-six grands collèges de l'État, appelés lycées, et des trois cents collèges communaux, il y a 800 institutions libres, privées, qui distribuent l'enseignement à près de 56,000 élèves; c'est le nombre de tous les élèves contenus dans les collèges de l'État et dans les collèges communaux.

Dans ces institutions libres, il y en a de laïques, il y en a d'ecclésiastiques. Ainsi, à côté des établissements de l'État, le père particulièrement préoccupé de donner à son fils l'éducation religieuse, je ne parle toujours que de la liberté de fait, le peut; car il y a des institutions ecclésiastiques au nombre des institutions privées, placées en dehors des collèges de l'État.

Il y a enfin une dernière catégorie, la plus importante pour l'examen de la loi actuelle: ce sont les petits séminaires. Vous savez que le clergé a obtenu des lois antérieures que chaque évêque eût la faculté

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