Slike stranica
PDF
ePub

s'appliquant aux petits séminaires pour l'inspection, pour la charge, ils doivent aussi s'y appliquer pour l'avantage (rire approbatif à droite), et, en donnant l'inspection ils donnaient la liberté, cela est évident. (Très bien!)

M. PASCAL DUPRAT. Ce n'est pas la question.

M. THIERS. Comment! Ce n'est pas la question! (Rires et exclamations à droite.) Comment! Messieurs, ce n'est pas pour me plaindre, mais de grâce, comment, vous dites que je ne suis pas à la question!... M. PASCAL DUPRAT. Ce n'est pas dans ce sens-là.

[ocr errors]

Si M. Thiers veut bien me permettre un mot...

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

indiqué par M. Thiers que se sont placés les adver

saires de la loi.

M. LE PRÉSIDENT.

Précisément, il vous reproche de ne vous être pas placés sur le vrai terrain de la loi. (Rires approbatifs à droite.)

M. THIERS. En vérité, voilà un étrange reproche! M. Pascal Duprat me dit : Les adversaires de la loi ne se sont pas placés sur ce terrain. Je le sais bien. Mais cependant c'est le terrain vrai, et je les y ramène; c'est mon devoir et mon droit... (Rires et approbations à droite.)

M. PASCAL DUprat. Je demande la parole.

[ocr errors]

M. THIERS. Il vous est bien commode de vous donner l'honneur de toutes les libertés, et de nous laisser, à nous, l'odieux du contraire; et puis, quand

ces libertés produisent des résultats fâcheux, vous répudiez ces résultats et venez dire: Ils sont à vous, les résultats! Vous proclamez la liberté d'enseignement; elle est applicable au clergé comme à d'autres. Eh bien, quand le clergé profite des avantages de cette liberté, vous nous dites que nous livrons la jeunesse au parti clérical. (Rire approbatif sur les bancs de la majorité.)

Comptez sur moi, comptez sur cette habitude, quelquefois fatigante pour une assemblée, que j'ai prise de parcourir toujours un sujet du commencement à la fin, et de n'en négliger aucune partie; je vais examiner tout à l'heure si la liberté n'est pas dans le projet.

Oh! je sais bien qu'on trouve toujours qu'il y en a trop pour ses adversaires et pas assez pour soi. (Rires d'adhésion à droite.)

Je ne me suis pas plaint, j'ai écouté à mon banc mes adversaires autant qu'il dépendait de moi; j'ai cherché à les faire écouter même quand ils parlaient de l'histoire d'Espagne et d'Italie, et de la première révolution et de la deuxième révolution. Je ne parle pas de toutes ces révolutions; je parle de la loi et de la Constitution; pourquoi interrompre? (Rire général d'approbation.)

Je tiens pour incontestablement établi, et, quoique très privé de forces, je l'établirai contre tous ceux qui voudront le contester, ce point irréfragable que, pour quiconque connaît la matière, le grand avantage

[merged small][ocr errors][ocr errors]

accordé à l'Église, c'est la faculté d'enseigner donnée aux petits séminaires.

M. DUMAS, ministre de l'agriculture et du commerce.

C'est là le point important!

M. THIERS. C'est là ce qui rend la conciliation sérieuse. Je ne le regrette pas. Je l'aurais regretté il y a trois ans; je ne le regrette plus aujourd'hui. Je vais vous en dire la raison avec une audacieuse franchise.

(Écoutez! Écoutez!)

Eh bien, oui, c'est vrai, aujourd'hui je n'ai pas, à l'égard du clergé, les jalousies, les ombrages que j'avais il y a deux ans; c'est vrai, et je vais vous en dire les motifs.

J'étais très sensible, il y a deux ans, à des différences comme celle-ci, très sensible, et je le disais, non pas dans mon rapport, mais dans les bureaux. On a cité des discours que j'y avais prononcés, dont la pensée est à moi, le langage pas toujours. Je parlais vivement, comme il est dans ma nature de dire les choses. Je craignais certaines doctrines, j'étais très sensible à ces différences. Ainsi des prêtres, des docteurs de l'Église, croyaient que l'Église française devait dépendre complètement de l'Église romaine. Ces docteurs-là me plaisaient moins que Bossuet, qui voulait que l'Église française fût soumise, mais indépendante. Il y avait, outre son génie sublime, il y avait dans cette fière indépendance de Bossuet, dans cette soumission mêlée de tant de fierté, quelque chose qui me charmait; et les quatre pro

positions de Bossuet, en me plaçant dans cet ancien monde détruit, les quatre propositions de Bossuet me semblaient une partie de la gloire française. (Très bien!)

J'avais d'autres jalousies, je l'avoue. J'étais très dévoué à la dernière dynastie ; j'ai combattu ce que je croyais être ses erreurs; elle n'a pas voulu me croire, mais je lui étais tout dévoué. Eh bien, je n'étais pas convaincu que les sentiments que j'avais pour elle fussent généraux dans le clergé. Mais, franchement, après l'abîme dans lequel nous avons été plongés, croyez-vous, en présence de ce qui nous menace, que je sois encore sensible à ces quelques différences sur la manière d'entendre les relations de l'Église française et de l'Église romaine? Quand toutes les dynasties ont été emportées, vous dites, vous, la gauche, pour jamais...

A gauche.
M. THIERS.

Oui! Oui! Pour jamais!

Croyez-vous que je sois sensible encore, au milieu même de ce que M. de Montalembert a appelé le naufrage, à ces jalousies de dynastie à dynastie? Je le dis très franchement, les partisans de l'Église, les partisans de l'État, savez-vous ce qu'ils sont aujourd'hui pour moi? Ils sont les défenseurs de la société, de la société que je crois en péril; et je leur ai tendu la main. (Vive approbation à droite.) J'ai tendu la main à M. de Montalembert; je la lui tends encore, et j'espère que, malgré la différence de nos points de vue, de nos origines... (Interruptions à gauche.)

[ocr errors]
[blocks in formation]

Il a été écouté avec la plus

M. THIERS. Oui, en présence des dangers qui menacent la société, j'ai tendu la main à ceux qui m'avaient combattu, que j'avais combattus; ma main est dans la leur; elle y restera, j'espère, pour la défense commune de cette société qui peut bien vous être indifférente, mais qui nous touche profondément. (Vive et longue approbation à droite. Rumeurs à gauche.)

[ocr errors]

Une voix à gauche. Dites la défense d'une coterie!

M. THIERS.

Vous dites une coterie! La société,

une coterie, ai-je entendu! Est-ce que c'est une coterie qui nous a choisis et mis en majorité contre vous? Cette coterie, c'est la France..

A droite. Très bien! Très bien!

Voix à gauche.

cher.

[ocr errors]
[blocks in formation]

M. THIERS. Ce n'est pas par apostasie de mes doctrines, par abandon de ce que j'ai cru, c'est par l'attachement profond que j'ai pour tout ce que j'ai cru toute ma vie, en matière de gouvernement et de société; c'est pour le salut de ces doctrines sacrées que vous, quand vous êtes au pouvoir, pendant quelques jours, par hasard, vous êtes obligés de pratiquer

« PrethodnaNastavi »