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up cette comparaison, mais permettez-moi de la suivre encore en quelques points, afin de vous faire toucher la chose du doigt. En

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Il serait fort inutile de produire d'autres arguments; mais, cependant, comme il n'y a pas qu'un seul côté à convaincre, et qu'il faut les convaincre tous, permettez-moi de donner, en bien peu de mots, les raisons pour lesquelles il faut des écoles de l'État.

Chaque société a sa physionomie, son caractère. En Angleterre, je comprends très bien que l'État n'ait pas d'écoles; ce n'est pas nécessaire. Allez au beau collège d'Eton, près de Windsor, où l'on élève la plus grande partie de la jeunesse de l'aristocratie anglaise; il y a là les premiers professeurs de l'Angleterre, des professeurs égaux aux premiers professeurs de l'Europe. Eh bien, comment se fait-il que là l'État n'ait pas besoin de s'en mêler? Par une raison toute simple c'est que les pères de ces jeunes gens consentent à payer des pensions qui seraient exorbitantes pour nous, et que les plus grands professeurs, ceux qui désirent la situation la plus avantageuse, trouvent là, dans la richesse même de la jeunesse qu'ils élèvent, de quoi être appointés suffisamment.

Mais en France, est-ce qu'il y a une seule institution particulière capable d'avoir les grands professeurs que l'État lui-même pourrait seul payer? Non!

Ce n'est pas seulement en cela que la société anglaise est toute différente de la société française. Par exemple, pour la science, pour les arts... ; je n'allongerai pas beaucoup cette comparaison, mais permettez-moi de la suivre encore en quelques points, afin de vous faire toucher la chose du doigt. En

France, pour la science, vous avez fait le Jardin des Plantes. Pourquoi? Parce qu'il n'y avait pas de particulier assez riche en France pour réunir les magnifiques collections dont la science avait besoin. Eh bien, en Angleterre, ce sont des associations particulières, ce sont des individus, souvent, qui ont réuni toutes ces collections. Ils l'ont fait avec une certaine grandeur et un certain éclat; ils l'ont fait isolément, tandis qu'en France c'est la royauté qui s'en est chargée; c'est la royauté qui a réuni dans un ensemble magnifique la nature tout entière. En opposant tous ses règnes les uns aux autres, il en est résulté pour la science de magnifiques résultats.

Pour les arts, je poursuis encore, en France, pour avoir des tableaux et des statues, il a fallu que la royauté, pendant plusieurs siècles, composât des musées où sont contenues les plus belles œuvres de l'art. En Angleterre, l'État ne s'est pas occupé de ce soin. C'est l'aristocratie qui a composé les belles collections; il a fallu que lord Elgin allât acheter les marbres du Parthénon pour qu'on eût en Angleterre un musée de sculpture. Et pourquoi? C'est que les grandes familles d'Angleterre avaient autant de tableaux que la royauté eût pu en réunir dans un

musée.

Ainsi, en Angleterre, c'est l'aristocratie qui supplée le gouvernement en tout; en France, il faut que le gouvernement, autrefois la royauté, fassc

ce que la société ne fait pas. C'est pourquoi il faut qu'il y ait des écoles de l'État, et des professeurs rétribués par l'État, plus appointés qu'ils ne le seraient par l'industrie privée; et ce sont ces motifs qui font que je n'ai jamais hésité sur cette question.

Et ne voyez-vous pas que, quand vous avez accordé que l'État aura des écoles, il est impossible, quelle que soit l'organisation que vous adoptiez, que l'Université soit détruite? Je vous dis qu'il est impossible qu'elle soit détruite, car, enfin, comment constituer le gouvernement de l'enseignement? Il faut le constituer en prenant les meilleurs professeurs et administrateurs de ces établissements, et, quand l'État a des collèges qui contiennent les meilleurs professeurs, parce que c'est l'État qui les traite le mieux, évidemment il a les meilleurs, les plus habiles, les plus redoutables des concurrents, quand il s'agit de composer le gouvernement de l'Université; dès que vous avez les écoles de l'État, vous êtes sûrs que les hommes sortis de ces écoles, qui les administrent, qui y enseignent, seront, quand on créera le gouvernement de l'Université, les plus redoutables des concurrents. Les membres de l'enseignement libre nous disaient : Votre loi consacre l'Université; car, dans les grands établissements, le conseil général, les conseils académiques, qui dominera? Les membres des écoles de l'État, les hommes sortis de ces écoles. Ils avaient eu raison : c'était une nécessité. Dès que vous acceptez les écoles de l'État, à l'instant même vous leur assurez

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