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ses âges; les moyens de les soulager doivent changer également. Il y a les malheurs de l'enfance, de l'adolescence, de l'âge mûr, de la vieillesse. Nous avons commencé par nous demander quelles sont les infirmités de l'enfance et de l'adolescence, leurs besoins, les moyens d'y pourvoir, anciennement ou récemment imaginés, et ceux qu'une philanthropie sincère, résolue à aller jusqu'à la dernière limite du possible, sans toutefois la dépasser, pouvait employer. Nous avons recherché pour l'âge mûr, affligé de moins d'infirmités mais non moins travaillé de besoins, quels pouvaient être les moyens ou de soulager ses maladies imprévues, ou de mettre à sa disposition les instruments du travail, et de le tirer de la misère par l'emploi utile de ses forces, en distinguant toujours les moyens anciens, ou nouveaux, et prononçant toujours entre les bons et les mauvais. Enfin, de l'âge mûr passant à la vieillesse, et, après quelques années à peine de validité, retrouvant encore l'homme infirme, nous avons recherché comment on pouvait s'y prendre pour soulager sa dernière débilité, et surtout pour lui assurer, par des réserves faites à propos, le moyen de sustenter sa vieillesse avec les produits de son âge mûr. Ce cercle parcouru, nous nous sommes même occupés de sa mort, et du soin d'assurer les derniers devoirs au pauvre aussi bien qu'au riche, dans ce jour de la véritable et infaillible égalité.

C'est en parcourant avec nous ce triste et laborieux cercle de la vie humaine, que vous pourrez vous faire

une idée de cet immense sujet, être justes envers l'ancienne société, et mesurer avec exactitude ce que la nouvelle doit oser, espérer et tenter.

Nous diviserons donc ce travail en trois parties: 1° L'enfance et l'adolescence;

2° L'âge mûr;

3o La vieillesse.

ENFANCE ET ADOLESCENCE.

Si l'on arrête ses yeux sur l'enfance et qu'on examine ses nombreux besoins, il sera facile de découvrir ce que la bienfaisance privée ou publique peut faire pour elle. La mère qui porte l'enfant dans son sein n'a souvent pas de quoi se nourrir, se vêtir, pendant que, livrée aux douleurs de l'enfantement, elle est dans l'impossibilité de travailler pour gagner sa vie. Quelquefois, pour cacher la faute qui l'a rendue mère, elle abandonne à la charité publique l'enfant qu'elle a mis au jour, et il faut que cette charité le recueille pour qu'il ne périsse pas. Si elle a voulu rester mère de cet enfant, dû à des relations légitimes, elle ne peut ni l'allaiter, ni le soigner, ni le surveiller, toujours condamnée à travailler de ses mains pour sustenter sa vie. L'enfant, ainsi délaissé, exposé à tous les périls, aux sociétés les plus dangereuses, ne reçoit ni les soins physiques ni les soins moraux qui lui seraient nécessaires. D'autres fois des parents avides,

trop pressés de tirer de ses faibles bras quelque bénéfice, l'astreignent à des travaux qui abrutissent son intelligence, et empêchent le développement de son jeune corps. Bientôt arrivé à l'âge d'apprenti il ne sait pas défendre ses intérêts quand il traite avec le maître qui le prend à son service et doit lui donner l'instruction pour prix de son travail. Si enfin, entraîné par l'inexpérience de son âge, sans être né pour le mal il y tombe passagèrement, les prisons de l'État, loin d'être pour lui un lieu de régénération morale, deviennent un lieu de corruption, d'où il ne sort que pour être un scélérat consommé, et l'échafaud ou les galères sont le terme d'une carrière mal commencée, qui aboutit au crime, tandis qu'avec des soins elle aurait pu aboutir à la vertu. Finalement cet enfant privé quelquefois d'un sens, pourrait vivre encore tolérablement, se suffire à lui-même, si on lui apprenait à suppléer aux organes qui lui manquent en développant davantage ceux qui lui restent.

Ainsi, recueillir l'enfant abandonné dont la mère se dérobe, et lui tenir lieu de famille; aider celle qui ne cache pas sa qualité de mère, l'aider pendant qu'elle est en couche, l'aider encore après que son enfant est né, l'allaiter pour elle quand elle ne le peut pas, le surveiller pendant le temps qu'elle est obligée de donner au travail; empêcher qu'on n'abuse des forces naissantes de cet enfant, l'instruire, le conseiller, lorsque, trop jeune pour se défendre, il traite avec le maître qui consent à employer sa jeunesse; veiller sur ses

premiers égarements pour faire de la peine infligée une occasion d'épuration, et non de dépravation irrévocable; enfin, corriger non seulement ses imperfections morales, mais aussi ses imperfections physiques, tels sont les soins que doit, à l'enfance et à l'adolescence, une société charitable et prévoyante.

La vieille société, si calomniée, n'a négligé aucun de ces soins. Les asiles pour les enfants trouvés que leur mère abandonne ou par misère, ou par une honte coupable, sont anciens. La religion et l'humanité avaient depuis longtemps songé à remplir ce devoir envers l'enfant abandonné, et, s'il y a eu récemment des variations dans la manière de le comprendre et de le remplir, si l'on a songé à la suppression des Tours, cela tient plutôt au désir de mieux faire qu'à celui de ne pas faire du tout. Depuis longtemps il existait des sociétés de maternité pour secourir la femme en couche. La reine Marie-Antoinette les avait présidées; l'empereur Napoléon avait mis sa mère à leur tête. Il en existe une fort connue dans la capitale, au secours de laquelle viennent les particuliers et l'État lui-même, et que dirigeait naguère une princesse dont une révolution a renversé le trône, mais n'a pu effacer le souvenir dans le cœur des malheureux qu'elle soulageait. Depuis longtemps la bienfaisance publique et privée s'était mêlée des nourrices, soit pour en procurer aux enfants abandonnés, soit pour en procurer aux enfants que leurs mères ne peuvent allaiter. Dans ces dernières années, une invention des plus ingénieuses et

des plus touchantes, sous le titre de Crèches et de Salles d'asile, a institué des lieux pour y recueillir l'enfance depuis l'àge le plus tendre jusqu'à l'âge de l'école, et suppléer ainsi aux soins de la mère, obligée d'aller travailler loin de son enfant pour gagner la vie de cet enfant et la sienne. C'était la seule institution peut-être que l'humanité et la religion des temps antérieurs n'eussent pas encore songé à créer. Jusquelà l'enfant vivant dans les rues des villages et des villes, quelquefois suspendu dans ses langes au milieu de la ferme abandonnée, était exposé à la corruption, au vagabondage, souvent même aux animaux malfaisants.

L'humanité de notre temps, à peine avertie de cette lacune existante dans nos institutions de bienfaisance, s'est emparée de cette idée, et les Crèches, les Salles d'asile, se sont multipliées dans toute la France, avec une promptitude qui prouve que le cœur de cette société n'est ni barbare ni même froid, et qu'il suffit que le bien soit certain et possible pour qu'elle s'y livre avec ardeur.

La vigilance de l'autorité s'est déjà étendue sur l'enfant exposé à une exploitation trop précoce, et des lois, souvent remaniées, ayant encore besoin de l'être, ont été rendues pour déterminer le régime des enfants dans les manufactures. Des sociétés charitables, mais malheureusement en trop petit nombre, s'occupent, sur certains points du territoire, de patronner le jeune apprenti, et de diriger ses premiers

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