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sion qui l'a examiné; ce n'est donc pas une opinion personnelle que je viens défendre ici.

Je dis que, si l'administration des finances est conduite avec la fermeté que je lui souhaite; que, si elle marche d'accord, en des vues de sage économie, avec le comité des finances, j'espère que le déficit pourra se reufermer peut-être dans une somme de 240 à 250 millions. Il est, du reste, impossible de le dire aujourd'hui; mais j'espère que ce déficit ne s'élèvera pas à 300 millions, à condition toutefois de beaucoup d'ordre et de sagesse dans l'administration de l'État. Je mets hors de compte, bien entendu, l'emploi possible de nos forces au dehors. Avec la paix, avec une bonne administration, je compte que le déficit pourra se renfermer entre 230, 240 ou 250 millions; on ne peut, à 20 millions près, le préciser. Je crois que M. le ministre s'abonnerait à l'instant même à ce que le déficit se renfermât dans le chiffre de 250 millions.

Eh bien, Messieurs, avec quoi avez-vous voulu y pourvoir? Ce n'est pas avec les impôts. Vous ne pouvez pas en avoir la prétention; on ne peut pas créer dans un an 250 millions d'impôts nouveaux. Avec quoi donc avez-vous voulu y pourvoir? Avec le crédit. Vous avez demandé 150 millions à la Banque: elle vous les a très patriotiquement accordés. Vous avez demandé 150, 175, 200 millions peut-être à l'emprunt. J'espère que nos capitalistes français se hâteront de vous donner ces 175 millions.

J'espère que ces deux sommes se réaliseront ; j'en suis certain, en ce qui concerne la Banque; je l'espère fortement, en ce qui concerne l'emprunt; mais cependant cela dépend du crédit.

Dans les 150 millions que vous demandez à la Banque, il y a 75 millions assurés pour cette année, et 75 millions qui ne doivent être versés que l'année prochaine. Eh bien, vous pourriez les avoir même cette année, si le crédit se rétablissait.

Quant à l'emprunt, je ne doute pas qu'il ne se fasse tout entier; mais chaque mois vous avez besoin d'un succès nouveau de crédit; car, sauf les sommes que l'on a escomptées, il faut que les porteurs de nouveaux certificats versent tous les mois 10, 15, 18 millions. Ainsi il vous faut un succès de crédit tous les mois.

A quoi tient donc votre situation? Elle tient au crédit; elle ne tient pas à un expédient de 20 millions demandés à un impôt de six mois, création étrange, sans pareille dans l'histoire financière, car on n'avait jamais vu un impôt créé pour six mois. Votre situation tient au crédit; c'est de là qu'elle dépend.

Que le gouvernement soit ferme, que les théories financières soient justes, qu'elles répondent au besoin de sécurité de tous les capitalistes, et alors vous aurez ce succès mensuel que j'espère et que je désire, et duquel dépendent vos finances; car ce n'est pas de votre expédient qu'elles dépendent, c'est du maintien, c'est du rétablissement du crédit qui vous donnera

les 150 millions de la Banque et les 175 millions de l'emprunt.

Eh bien, venir nous parler d'équilibre à propos des 20 millions sur les prêts hypothécaires, j'en demande pardon à ceux qui font valoir cette raison, cela n'est pas sérieux.

Je dis done, quant à l'impôt, qu'il est injuste, car il frappe sur une seule classe de capitalistes, et sur les capitalistes les plus pauvres; qu'il les frappe dans des proportions exagérées; qu'il n'a rien de commun avec l'income-tax, qui embrasse tous les revenus; qu'il en est la négation, et que, comme expédient, ne devant exister que six mois, il n'est pas une ressource sérieuse dans l'état de nos finances.

Maintenant que je vous ai présenté aussi brièvement qu'il m'a été possible les considérations qu'on peut faire valoir relativement à l'impôt lui-même, je demanderai à dire quelques paroles très courtes aussi, et que je tacherai de rendre parfaitement nettes, sur la manière dont on qualifie quelquefois à cette tribune le comité des finances et ses tendances, et surtout sur la manière dont M. le ministre a qualifié hier ces mêmes tendances. Je répète encore que je ne représente pas ici le comité des finances, que je n'ai aucune mission, que je ne représente que moi-même et peut-être une minorité fortement attachée à certaines doctrines financières, je le reconnais; mais ce n'est pas même au nom de cette minorité que je parlerai. Je tiens à bien éclaircir les relations qui se sont établies entre M. le ministre et le comité.

VIII.

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De quoi l'accuse-t-on, ce comité des finances? Serait-ce de n'avoir pas le goût de l'économie?

Oh! je dois vous rassurer à cet égard. Il est plus porté à l'économie que l'Assemblée. Je puis vous en fournir une preuve qui, de sa nature, n'est pas bien sérieuse, mais qui est convaincante au dernier point. Nous avions cru, nous qui n'étions pas ministres, qu'il ne fallait pas réduire outre mesure les appointements des ministres, par exemple les fixer à 36,000 francs. Eh bien, le comité des finances est si peu enclin à la prodigalité, qu'il a adopté le chiffre de 36,000 francs que vous avez porté, vous, à 48,000. (Rumeurs.) Le comité n'est donc pas ennemi de l'économie.

Maintenant aurait-il des théories financières qui pourraient contrarier, blesser l'esprit novateur, esprit qui, j'en conviens (car il faut se donner pour ce qu'on est), n'est pas le mien, ne l'a jamais été, dans aucun temps, mais que cependant j'admets dans une certaine mesure? Le comité, la majorité du comité aurait-elle montré des dispositions qui pourraient vous alarmer quant aux nouvelles théories financières ?

Sans doute, je crois que certains projets, auxquels ici des hommes très honorables et très éclairés ont grande confiance, pourraient être mal accueillis dans le comité des finances; je le crois; mais enfin les théories du comité sont-elles bien différentes de celles du ministre des finances? J'ai eu le bonheur de l'y rencontrer pendant près d'un mois; il me semble que

je l'ai trouvé d'accord avec nous sur la plupart des points essentiels.

Ainsi, par exemple, j'ai été, moi... Vous allez voir que je ne cherche pas la popularité. (Bruit sur quelques bancs.) Je me rends justice, vous n'avez pas besoin de me la rendre vous-mêmes. (Rires approbatifs.)

Vous allez voir, dis-je, que je ne recherche pas la popularité, et que, s'il y a impopularité à soutenir les bonnes théories financières, je suis prêt à la partager avec M. le ministre des finances. J'ai été des premiers à soutenir, dans le comité des finances, qu'il était impossible d'établir un budget qui inspirât quelque confiance à ceux dont vous demandez les capitaux, si les impôts qu'on a réussi à rendre odieux, j'en conviens, les impôts sur les boissons et sur le sel, n'étaient pas, au moins provisoirement, maintenus. Je l'avoue, je m'en accuse. Mais M. le ministre des finances a été de cet avis apparemment ; il m'a, du moins, toujours témoigné dans le comité des finances qu'il en était, et sa conduite même le démontre; car, dans l'exposé des motifs sur le projet d'emprunt, il a dit que provisoirement il fallait maintenir l'impôt sur le sel et l'impôt sur les boissons. Nous voilà d'accord sur une bien mauvaise tendance. (On rit.)

Voyons les autres. Je suis quant à moi, je le déclare encore, je suis prêt à me rendre impopulaire auprès de gens bien intentionnés, mais abusés, qui veulent le papier-monnaie; je suis l'adversaire déclaré du papier-monnaie, je le combattrai sous toutes ses

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