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privée ou religieuse, ils deviennent, après avoir été fondés, le domaine des communes, qui, soit avec des dons pieux, soit avec leurs propres revenus, sont chargées d'y pourvoir. L'État ici ne peut rien, puisque des principes d'administration, dès longtemps incontestés, ont rangé dans les attributions des communes la charge méritoire autant qu'onéreuse de ces établissements. Toutes font, pour y suffire, les plus louables efforts, et il est impossible d'augmenter à volonté leurs ressources. Il faut attendre du développement de la richesse publique, qui élève le revenu des communes comme celui de l'État, par les mêmes causes et dans la même proportion, il faut attendre, disonsnous, l'accroissement des ressources consacrées aux hospices. En dehors de ce moyen d'accroître la dotation du pauvre, il ne reste que la bienfaisance individuelle excitée par la religion, ressource qui, grâce à Dieu, n'est pas près de tarir en France, car, au contraire, elle s'accroît sans cesse. Mais à cela on ne peut rien, ni par la voie de la législation, ni par les mains de l'État.

Toutefois il y aurait peut-être une modification à apporter au régime actuel des hospices, qu'il était du devoir de votre Commission de signaler. L'hospice, sous le nom d'hôpital, inspire au peuple une sorte d'aversion. Bien avant que de dangereux excitateurs eussent cherché à soulever son orgueil contre la bienfaisance des âmes charitables qui s'occupent de le soulager, le peuple avait pour ce qu'on appelle l'hô

pita une double répugnance : il s'y sentait humilié, et il s'y trouvait mal. Beaucoup de malheureux attendent en effet pour s'y rendre d'être réduits à la dernière extrémité; et, quand ils s'y décident enfin, la séparation de la famille, laissée souvent dans le dénuement, est une douleur de plus ajoutée à la maladie ou à la vieillesse. Des hommes éclairés ont pensé que, sans chercher à réduire les hospices existants, qui sont loin d'excéder le besoin, on pourrait, au lieu de les étendre dans l'avenir, employer les nouvelles ressources dont on disposerait à des secours distribués à domicile, quand il s'agirait d'infirmités temporaires, ou à de petites pensions de plus longue durée, quand il s'agirait d'infirmités incurables. Il se pourrait, dans ce cas, qu'un faible secours en argent fût plus utile à l'individu secouru et à la famille qu'un lit dans l'hôpital le mieux administré. Mais il serait possible aussi que, dans beaucoup de cas, la même somme dépensée dans un établissement commun produisit une plus grande étendue de bien. Ce résultat doit varier suivant les circonstances, les lieux, les temps, et il est difficile qu'une solution définitive soit donnée, à cet égard, avant beaucoup de discussions et d'expériences. Votre Commission a délégué à la sous-commission de la vieillesse l'examen de cette grave question. Il est quelques autres questions encore, moins importantes sans doute, mais intéressantes aussi, telles que celles qui concernent les bureaux de bienfaisance, les médecins gratuits, les eaux médicinales, les se

cours pour frais de funérailles, lesquelles sont en ce moment soumises aux diverses sous-commissions, et dont il vous sera prochainement rendu compte.

CONCLUSIONS.

Nous venons d'embrasser la vie entière de l'homme, et de parcourir le cercle de ses misères depuis sa naissance jusqu'à sa mort, triste cercle où la puissance du soulagement est malheureusement bien inférieure, de quelque manière qu'on s'y prenne, à l'étendue de la souffrance. Nous avons essayé d'énumérer les questions que soulève cette matière, si vaste et si variée, et de tracer partout, autant que nous l'avons pu, la limite entre le vrai et le faux, le possible et l'impossible. Résumons les faits et les principes.

Pour le premier âge il faut, avons-nous dit, recueillir et allaiter l'enfant que la mère délaisse par honte ou insensibilité, aider la mère qui a le courage de ne pas abandonner son enfant, veiller dans les crèches ou les salles d'asile sur celui qu'elle est obligée de négliger pour aller gagner sa vie, empêcher qu'on n'abuse des forces de l'enfant trop jeune, tâcher, s'il tombe en faute, que la correction ne soit pas l'occasion d'une corruption plus grande, le patronner enfin quand il entre dans la carrière du travail. Tous ces soins, nous en reconnaissons la nécessité, le devoir, l'urgence. Mais la société, avons-nous dit aussi, avant d'être sol

licitée par une révolution, n'avait manqué à aucun de ces soins. Les tours, les bureaux de nourrices, les sociétés de maternité, datent de temps fort anciens. L'ingénieuse et touchante invention des crèches et des salles d'asile, la vigilance de la loi étendue sur les enfants travaillant dans les manufactures, ou tombés trop jeunes sous les coups de la justice, datent des dernières années de la monarchie. Le cœur de cette société n'était donc pas demeuré froid et insensible devant les misères de l'enfance. Mais rien n'est jamais achevé en ce monde, et tout ce qui avait été imaginé en ce genre reste à compléter ou à perfectionner. Dans une bonne intention on avait voulu supprimer les tours il faudra probablement les rétablir. Il y a quelques améliorations à apporter aux salles d'asile on vous les proposera. Il faut faire exécuter la loi qui défend d'abuser des forces des enfants dans les manufactures; il faut réformer en entier le système de l'emprisonnement pour les jeunes détenus: il faut enfin s'occuper de l'apprentissage; trois lois sont nécessaires sur ce sujet ; elles sont déjà prêtes, et déposées ou près de l'être.

Pour l'âge mûr, avons-nous dit encore, il faut s'en rapporter davantage à l'homme, qui, ayant l'usage de ses forces, n'a pas besoin que la société s'occupe autant de lui, et qui doit plutôt lui rendre des services qu'en attendre d'elle. Néanmoins on a prétendu de notre temps que l'État pouvait, par des établissements de crédit, mettre les capitaux à la portée de tous les

ouvriers des villes comme des campagnes, travaillant individuellement ou collectivement. Votre Commission ne croit point à ce système exagéré de banque; elle croit peu au crédit foncier, tel qu'on voudrait l'établir à l'imitation de l'Allemagne, et condamne absolument celui qui tendrait à l'introduction du papier-monnaie. Elle repousse formellement les associations qui ne se fonderaient qu'avec un capital fourni par l'État, et elle espère peu des autres, parce qu'elles ne présentent pas un principe d'action suffisant.

On a prétendu que l'État était obligé de fournir du travail à qui lui en demanderait. Votre Commission, s'appuyant sur le bon sens et sur la Constitution, repousse l'idée d'une obligation pareille. Mais elle croit qu'il serait sage de distribuer autrement les travaux de l'État, de les ralentir pendant que l'industrie prospère, pour les développer quand elle chôme. Si l'examen la confirme dans son opinion, elle vous proposera, à cet égard, une institution nouvelle qui atteindrait le but désiré. Après les travaux de l'État mieux répartis, il reste la colonisation, à laquelle votre Commission croit qu'on peut recourir quelquefois, et dont l'Afrique fournirait une utile application. Ce sujet soulève des discussions, qui sont déjà entamées, non terminées, dans le sein de votre Commission. Les dépôts de mendicité complètent la série des secours que la société peut offrir à l'homme privé de travail. Votre Commission, fidèle au principe que chaque homme valide doit se suffire à lui-même, à moins de maladies ou d'acci

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