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examen les questions générales. Les solutions qu'elle vous propose, quoique adoptées à la presque unanimité, ont toutefois été contredites par une minorité. Quelque peu nombreuse que fût cette minorité, il est néanmoins de notre devoir de vous déclarer qu'elle a existé, et qu'elle a opiné contre plusieurs des conclusions de ce rapport. Vous prononcerez, Messieurs, entre elle et nous, avec la sagesse et la fermeté qui n'ont cessé de vous distinguer depuis le commencement de vos travaux.

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Dans le cours de la deuxième délibération sur ce projet de loi, M. Wallon proposa de substituer à l'art. 7 présenté par le gouvernement et portant qu'il serait établi une académie par département, une nouvelle rédaction ainsi conçue : « Il y aura une académie par ressort de cour d'appel, un recteur et un conseil académique au chef-lieu de chaque cour, et un conseil spécial d'instruction primaire dans chaque chef-lieu d'arrondissement. » A l'appui de cet amendement. son auteur fit observer que non seulement la création d'une académie par département entraînerait une augmentation considérable de dépense, mais qu'elle désorganiserait un cadre éprouvé par quarante années d'expérience et aurait pour résultat inévitable l'affaiblissement du niveau des études. M. de Montalembert répondit que l'institution des académies départementales était une des dispositions fondamentales de la nouvelle loi, qu'en adhérant à cette institution, la commission avait voulu placer au centre même du département le

VIII.

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foyer de l'enseignement national en y faisant intervenir trois forces qu'on n'aurait pu réunir dans des conditions normales au chef-lieu de chaque cour d'appel, à savoir, l'église, l'administration et le suffrage universel. En effet, à quel titre à ce chef-lieu aurait-on pu faire entrer dans le conseil le préfet, l'évêque, le représentant du conseil général du département, lorsqu'on en aurait exclu leurs collègues des autres départements du ressort? C'était donc au chef-lieu de chaque département qu'un conseil académique devait être établi, et M. de Montalembert n'hésitait pas à reconnaître que c'était en vue d'y introduire l'évêque, et avec lui l'influence du clergé et de la religion, que le système proposé avait obtenu la préférence. Cette influence, en effet, était indispensable pour rétablir dans l'enseignement la morale. qui chaque jour s'en éloignait davantage, et l'orateur avait la confiance que l'instruction n'aurait pas à en souffrir.

M. Barthélemy Saint-Hilaire prit ensuite la parole pour défendre l'Université contre les attaques injustes dont elle était l'objet, pour démontrer que c'était en vue d'un intérêt politique surtout que l'organisation proposée avait été imaginée, qu'on espérait en effet, par un nouveau système d'éducation s'emparer de l'esprit de la jeunesse, modifier ses tendances ramener la société à des idées contraires aux grandes innovations opérées en 1789, et qu'une pareille tentative était grosse de périls.

M. Thiers monta de nouveau à la tribune pour défendre et l'art. 7 du projet de loi et l'ensemble du système de ce projet.

Messieurs,

J'espérais, je souhaitais n'être pas ramené à cette tribune pour y discuter encore la loi soumise à vos délibérations; j'y aurais gagné d'épargner votre temps et d'épargner mes forces. Cependant la discussion à laquelle j'ai assisté hier m'a fait éprouver le besoin de reparaître encore une fois à cette tribune à l'occasion de ce grand sujet; non pas que je croie l'article que nous discutons en péril; assurément non; car la commission l'a adopté presque à l'unanimité, le gouvernement l'adopte, et M. Barthélemy SaintHilaire l'a voté, et déclare encore, je crois, qu'il le vote.

Hier, à la fin de sa chaleureuse allocution, je lui avais demandé, comme une bien légère satisfaction, de déclarer qu'il voulait encore l'article 7, qui institue quatre-vingt-six académies. Il ne m'a pas accordé cette satisfaction; je ne m'en plains pas; mais enfin je constate que la commission, le gouvernement et M. Barthélemy Saint-Hilaire, qui s'est porté ici le défenseur de l'Université, et qui avait titre pour cela, que tous veulent l'institution des quatre-vingt-six académies.

Qu'est-ce qui m'amène donc à la tribune? C'est, si je puis me permettre de m'exprimer ainsi, l'intérêt de mettre les choses au vrai, de bien fixer dans chaque opinion ce qu'il y a de vrai et de faux, de donner en

quelque sorte aux idées la plus grande netteté possible, afin que l'Assemblée, en votant, sache bien ce qu'elle vote, voie bien le but vers lequel elle marche. Il ne suffit pas de voter, il faut voter avec satisfaction d'esprit et de conscience, en se disant bien qu'il n'y a rien d'obscur dans ce qu'on fait, Voilà le motif qui, malgré les inconvénients qu'il y a pour moi à monter à cette tribune, m'y amène; c'est de rendre la question bien claire, c'est de mettre l'Assemblée dans l'état d'esprit où elle doit être en votant cette grande et décisive loi, décisive pour l'avenir du pays.

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Messieurs, vous savez ce que fait l'article en discussion il ne modifie pas seulement, et d'une manière considérable, la composition des conseils académiques, mais encore il institue quatre-vingt-six académies.

A ce sujet on a discuté, on a recherché quel était l'état de l'enseignement en France.

Cela nous conduit à discuter la loi d'un point de vue nouveau, et je viens essayer, avec toute l'impartialité dont je suis capable, de vous dire quel est, suivant moi, l'état de l'enseignement en France, quelle est la manière d'être des diverses écoles, l'influence qu'elles ont pu exercer, les modifications que nous y apporterons par la loi actuelle. C'est un point de vue nouveau de la question, que je vous demande la permission de vous soumettre. Et M. SaintHilaire n'avait pas besoin, vraiment, de faire appel à mon impartialité. Je suis très impartial, croyez-le,

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