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fléchi; mais nous n'avons voulu faire ni une loi malveillante, nous l'avons prouvé en posant les premiers le principe d'un minimum de traitement de 600 francs pour les instituteurs primaires, ni une loi étroite, en voulant réduire le domaine des sciences et en voulant rétrécir pour la jeunesse française le domaine du savoir. Nous n'avons pas méconnu, et c'est ici la question du programme, que l'enseignement philosophique devait être donné à la jeunesse avec prudence et discrétion, que toutes les questions les plus compliquées, les plus difficiles, devaient être réservées pour l'enseignement spécial, mais nous avons pensé qu'on devait donner à la jeunesse les choses non contestées, les grandes croyances du genre humain, celles sans lesquelles l'esprit humain serait incomplet. Ce sont les croyances qui sont contenues dans quelques livres immortels que le monde admire, approuve, que les esprits les plus sages ne redoutent pas. C'est cette science qui doit composer l'instruction philosophique dans les collèges; et, s'il faut y apporter des limites, et il en faut naturellement, c'est au conseil supérieur qu'il appartiendra de la limiter sagement, en traçant le programme d'accord avec le gouverne

ment.

Et, si cette science si grande, si belle, car c'est la science des choses profondes, des choses morales, par sa grandeur, par sa liberté, peut s'égarer, et cela est vrai, c'est au gouvernement, avec le concours de toutes les autorités dont on l'a entouré pour diriger

VIII.

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moralement, patriotiquement, l'enseignement, c'est au gouvernement à y veiller. (Légères rumeurs à gauche.) Oui, à y veiller.

Il faut que l'enseignement soit libre, mais à la condition, comme je vous le disais l'autre jour, de respecter la jeunesse et de ne pas faire approcher de son esprit des doctrines détestables.

Quant à nous, qui désirons le maintien de l'enseignement philosophique, nous approuvons aussi le gouvernement lorsqu'il frappe les imprudents qui viennent, sans respect pour la jeunesse, lui apporter des doctrines déplorables, que l'humanité n'admet pas. (Marques très vives d'approbation sur les bancs de la majorité. -Rumeurs à gauche.)

Oui, l'enseignement philosophique, à la condition de cette double prudence: de le proportionner à l'état de l'enfant auquel on le donne dans l'enseignement secondaire, et à la condition de le sauvegarder, en ne lui laissant méconnaître aucune des erreurs de l'esprit humain, de le sauvegarder contre certains enseignements impies, immoraux, funestes, que le genre humain en majorité a repoussés depuis des siècles! (Marques d'approbation.)

Nous respectons la liberté de l'esprit humain (rires ironiques à gauche); oui, nous la respectons. Assurément ç'a été un puissant et déplorable génie que Spinosa. S'il existait aujourd'hui, nous ne voudrions pas, par respect pour la liberté de l'esprit humain, lui interdire le droit de faire un livre; mais nous n'en fe

rions pas un professeur, et nous approuverions le ministre qui l'aurait destitué. (Murmures à gauche. Approbation marquée à droite.)

Oui, la commission croit que nous ne devons pas nous prêter à restreindre l'enseignement; mais elle croit qu'il doit être renfermé dans les limites que le programme, qui est réservé à l'autorité du conseil supérieur, doit tracer, et que le gouvernement doit ensuite apporter une surveillance sévère, surveillance qui est dans la Constitution, pour qu'on n'enseigne que les doctrines que le genre humain admet, et qui sont nécessaires à tous les pays civilisés.

(Très bien! Très bien!)

La proposition Lasteyrie fut rejetée.

CLXIII

DISCOURS

DANS LA DISCUSSION DU PROJET DE LOI

SUR

L'INSTRUCTION PUBLIQUE

(CONGREGATIONS RELIGIEUSES NON AUTORISÉES)
PRONONCÉ LE 23 FÉVRIER 1850

A L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

L'art. 65 du projet de loi portait que tout Français, âgé de 25 ans au moins et n'ayant encouru aucune des incapacités comprises dans l'art. 24 du même projet, pourrait former un établissement d'instruction secondaire, à la condition de déposer dans les mains du recteur de l'académie où il avait l'intention de s'établir les pièces dont on lui remettrait le récépissé. Suivait l'énumération de ces pièces. A cet article, M. Savatier-Laroche et trois de ses collègues proposaient d'ajouter la disposition suivante: «Nul ne pourra tenir une école publique ou libre, primaire ou secondaire, laïque ou ecclésiastique, ni même y être employé, s'il fait partie d'une congrégation religieuse non reconnue par l'État. >>

D'après la déclaration de ses auteurs eux-mêmes, ce paragraphe visait surtout les congrégations de jésuites, dont l'évêque de Langres, Mgr Parisis, s'empressa de prendre la défense. Tout en reconnaissant les erreurs de quelques-uns de ses membres, ce prélat affirma qu'elle n'enseignait que

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