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le vaisseau l'Indomptable, remorqué par la frégate le Brutus. M. Lévy-Schneider, d'après la même collection.]

Communiqué par

UN DES REPRÉSENTANTS À L'ARMÉE DE L'OUEST

AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Nantes, 19 prairial an 11-7 juin 1794. (Reçu le 12 juin.)

Citoyens collègues,

Je me suis concerté avec les généraux Vimeux et Beaupuy pour l'exécution des mesures que vous a dictées la nécessité de renforcer les armées du Rhin et de la Moselle. Ils ne mettront pas moins de zèle et d'activité que moi pour accélérer le départ des colonnes que vous vouliez extraire de l'armée de l'Ouest; mais, comme elles ne peuvent partir en totalité le même jour et au même instant, on commencera à mettre en marche pour Châlons-sur-Marne environ douze mille hommes, tandis que le reste sera employé à l'exécution d'un plan arrêté pour la destruction des brigands dans une certaine portion du territoire de la Vendée, dont le nettoiement est nécessaire pour assurer le succès des opérations générales qui doivent entraîner leur anéantissement total.

Je vais dans quelques jours me rendre à Tours, qui sera le point d'où les corps qui doivent composer ces colonnes partiront pour Châlonssur-Marne, afin de régler leur marche et de veiller à leur armement, habillement, équipement, etc. Dans tout ce qui pourra concerner l'extraction de ces forces, je serai secondé par notre collègue Bo, que vous avez envoyé à Nantes pour me remplacer, et avec lequel je me suis concerté pour toutes les mesures que ce travail pourra exiger. Aussitôt que les troupes seront en marche, je vous préviendrai, et je ne partirai moi-même que lorsque j'aurai complété la première colonne de douze mille hommes, à la tête de laquelle je me porterai partout où vous le désirerez. Il serait bien nécessaire, je crois, qu'un autre représentant du peuple fût chargé de la seconde colonne, quand je serai parti, tant pour l'ordre de sa composition et de sa marche, que pour alimenter sans cesse le courage des soldats républicains par l'exemple et les harangues énergiques des représentants du peuple.

Ici je ne dois pas taire au Comité de salut public ce que mon collègue Bo m'a fait connaître de ses dispositions guerrières. Jaloux de

contribuer personnellement à la destruction des tyrans coalisés, il brûle d'aller se mesurer, avec moi, avec les brigands d'outre-Rhin. Ses forces physiques, ses premières connaissances dans l'art de la guerre, comme ancien militaire, sa belliqueuse et patriotique énergie, tout lui persuade qu'une mission près les armées des frontières lui fournirait une occasion de servir la République d'une manière plus étendue. Une conformité de caractère, la similitude de nos principes, de nos opinions, nous ont portés l'un et l'autre à désirer d'être compagnons d'armes, et j'ai trop de confiance dans le Comité de salut public pour ne pas lui exprimer le vœu que nous aurions de diriger ensemble les baïonnettes de vingt-cinq mille républicains contre des esclaves. Notre courage s'enflammerait mutuellement, et il est bien doux pour deux représentants du peuple, qui pensent de même, de courir ensemble la même carrière, rangés sous les mêmes drapeaux. Si le Comité n'y trouvait pas d'inconvénient, Bo marcherait à la tête de la seconde colonne qui, ainsi que la première, partira pour Châlons-sur-Marne. Quelle que soit votre décision à cet égard, citoyens collègues, croyez que nous serons toujours l'un et l'autre empressés à nous y conformer.

Nantes est toujours tranquille. Des subsistances qui viennent d'être envoyées de Brest dans cette commune nous assurent encore plus la durée du calme dont elle jouit. On y fait depuis plusieurs jours de grands préparatifs pour la fête de l'Être suprême. La joie anticipée de chaque citoyen patriote pour l'instant de sa célébration nous garantit que son résultat naturel sera le triomphe le plus complet de la raison, qui va régner sur les débris du fanatisme écroulé.

Salut et fraternité,

BOURBOTTE.

[Ministère de la guerre ; Armée de l'Ouest. De la main de Bourbotte.]

LE REPRÉSENTANT DANS LA SEINE-ET-MARNE ET L'YONNE
AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Auxerre, 19 prairial an 11-7 juin 1794. (Reçu le 11 juin.)

Je vous envoie ci-joint, citoyens collègues, mon arrêté relatif à la conduite qu'a tenue le Comité de surveillance de Mont-Armance (1), qui

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s'est permis des taxes arbitraires. La plupart des membres qui le composent sont des sans-culottes peu instruits, qui ont été dirigés par un nommé Moreau, ci-devant commissaire du roi dans le district de SaintFargeau, homme extrêment suspect; je me promets d'éclairer de près sa conduite à mon prochain voyage dans ce district. J'ai cru devoir suspendre provisoirement les membres de ce Comité et le remplacer par une commission, prise dans la Société populaire, qui est assez bonne. Vous ne pouvez vous figurer, citoyens collègues, combien les Comités des petites communes et les Sociétés populaires qui s'y sont établies depuis peu contrarient les autorités constituées et entravent la marche du gouvernement. Il faut sans cesse redresser leurs torts; beaucoup cependant pèchent par excès de zèle.

[Arch. nat., AF 11, 163.]

LE MÊME AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

MAURE aîné.

Auxerre, 19 prairial an 11-7 juin 1794.

[Deux lettres de Maure: 1° «Il transmet un mémoire que lui a remis le citoyen Merat, contenant des observations importantes sur le salpêtre. Le Comité en fera tel Arch. nat., AF п, 163. Analyse. usage qu'il trouvera convenable.» 1.]

envoie quelques extraits de ses opérations”. Arch. nat., ibid.

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UN DES REPRÉSENTANTS À L'ARMÉE DU RHIN AU COMITÉ DE SALUt public.

Landau, 19 prairial an 11-7 juin 1794. (Reçu le 13 juin.)

Citoyens collègues,

Vous pouvez vous rassurer sur l'état de cette frontière. Tout se met en mouvement; on développe des moyens inconnus. Dans trois jours environ, dix-huit à vingt-mille hommes occuperont les gorges des Vosges en s'emparant de Blieskastel, de Hornbach et de Pirmasens, chacun pour une colonne. Dans une dizaine de jours, l'armée du Rhin, composée de quarante-cinq à cinquante mille hommes, fera un grand mouvement pour tourner Kaiserslautern par Durkheim, pendant que les colonnes des gorges feront un mouvement en avant, et nous espérons l'emporter. Tout s'organise, tout va prendre face.

Michaud est un brave et loyal militaire, mais il est effrayé de sa tâche; il ne voit que des dangers, sans s'apercevoir des moyens et des ressources. Je l'ai trouvé tout découragé; il reprend confiance. Je me mets à la piste des gens à talents, et surtout d'un homme hardi, car il n'y a que cela qui manque. Michaud est un excellent général divi

sionnaire.

Nous avons du monde assez dans les armées du Rhin et de la Moselle, mais il manque de cadres pour incorporer les citoyens de la première réquisition; ainsi, il ne faut envoyer de l'armée de l'Ouest que quelques cadres qui ont besoin de se rétablir; il y en a qui n'ont pas cent cinquante hommes; cela serait excellent ici et n'est pas bien nécessaire à l'Ouest.

Quant à l'armée des Alpes, c'est la même chose: il ne faudrait en extraire que des cadres qu'on compléterait ici.

La Commission des armes vient d'envoyer six mille fusils à l'armée du Rhin; on en vient de trouver neuf mille à Strasbourg. Cela fait quinze mille fusils, qui seront d'un grand secours. On extrait des hôpitaux ce qu'il y a de fusils; on les fait raccommoder.

On manque de chevaux pour l'artillerie; il en manque mille au parc; je prends des mesures extraordinaires. Tout était à l'abandon. Cependant mon collègue Rougemont se donne tous les mouvements, et sa bonne volonté n'est pas infructueuse. Cette armée va être embrigadée et organisée, et tout ira bien en talonnant, ou en en trouvant un bon (sic).

Il faut m'envoyer ici Dusirat, adjudant général ou général de brigade à l'armée de l'Ouest; ce sera ici un excellent général de division.

Je trouve ici des généraux que l'intrigue avait avancés et qu'il faudrait faire redescendre ou envoyer en retraite. Si nos généraux, si nos officiers étaient bons, nous serions invincibles.

Tout le Haut, le Bas-Rhin et les districts de la Moselle qui ne parlent qu'allemand sont plus mauvais que l'ennemi; là il n'y a point de sans-culottes, parce qu'on n'a point instruit le peuple, qui n'a nulle notion vraie de la Révolution, et parce que tous ceux qui sont instruits sont des riches et conséquemment des contre-révolutionnaires. Landau est si mauvais que, s'il était assiégé ou menacé d'un siège, j'en ferais sortir tous les habitants, et je crois que c'est la mesure la plus sûre à prendre. Si la garnison de Landrecies n'avait pas été achetée par les

riches de cette ville, elle n'en aurait pas méprisé la bravoure des sansculottes qui voulaient se défendre. Je vais tout parcourir, et j'imaginerai quelque moyen, non pas de révolutionner tous ces pays, cela est impossible, mais de les soumettre à la République.

On me dit qu'il serait facile d'acheter des chevaux en Suisse; je vous prie d'en ordonner l'achat, car on en manque dans ce pays, et les Prussiens en fuyant, l'année dernière, ont emmené avec eux ce qu'il y avait de meilleur.

Les Prussiens ont beaucoup de cavalerie, et cette arme manque dans l'armée du Rhin. L'armée de l'Ouest en a trop; on redemande ici deux escadrons du 10° de chasseurs, dont la masse du corps est ici, et le 11o de hussards. Cela est à la Vendée. Si on peut s'en passer, il faut l'envoyer. Nous tâcherons d'inspirer à l'infanterie de la confiance dans la baïonnette. Il est inoui combien malheureusement on en perd. Il y a des négligences, a des négligences, mais il y a aussi beaucoup des pertes inévitables.

J'espère que, dans peu, je vous annoncerai des succès. En tout cas, je veillerai bien à ce que les généraux ne laissent jamais l'armée oisive; c'est là ce qui fait notre mal. Ils se mettent en position, et puis ils restent là tranquilles. L'ennemi sait nos positions, ramasse toutes ses forces et vient nous surprendre sur un point, et il nous inquiète, quand nous devrions nous-mêmes l'attaquer.

Salut et fraternité,

HENTZ.

[Ministère de la guerre; Armées du Rhin et de la Moselle. De la main de Hentz.]

COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Séance du 20 prairial an 11-8 juin 1794).

1. Le Comité de salut public arrête : 1° Pichegru, général en chef de l'armée du Nord, dirigera l'ensemble des opérations de toutes les forces dirigées contre la Belgique, depuis la Meuse jusqu'à la mer.

(1) Le registre ne relate, à cette date, aucun arrêté.

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