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tin est présenté par le fer qui sert d'armature à l'aimant, par toutes les molécules homogènes des corps, etc.

26. Parmi les faits privilégiés, nous mettrons en cinquième lieu les faits constitutifs ou en faisceau. Ce sont ceux qui constituent une espèce de la nature étudiée, comme forme secondaire. Car, puisque les formes légitimes ou principales (qui sont toujours convertibles avec les natures étudiées) sont profondément cachées et ne se découvrent pas facilement, l'utilité de la science et l'infirmité de l'esprit humain demandent que les formes particulières, qui sont la réunion de certains faisceaux d'expériences (mais non pas de toutes) en une notion commune, ne soient pas négligées, mais qu'on les note avec soin. Tout ce qui met de l'unité dans la nature, quoique d'une façon imparfaite, fraye la route vers la découverte des formes. C'est pourquoi, les faits qui sont utiles à cette fin ne doivent pas être méprisés et méritent de certains priviléges.

Mais, en les employant, on doit prendre garde que l'esprit humain, après avoir découvert plusieurs de ces formes particulières, et tiré de là des divisions de la nature étudiée, ne s'y repose définitivement sans poursuivre la découverte légitime de la forme principale; et, s'imaginant que la nature est divisée et multiple dans ses racines mêmes, ne méprise et ne rejette toute unité profonde de nature comme chose vaine et subtile, et de pure abstraction.

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EXEMPLES 1° Secours de la mémoire : la mémoire est aidée par l'ordre, les lieux choisis artificiellement, les vers, les impressions ortes, etc.; ce sont là des faits constitutifs; 2° Sens du goût : cer

taines perceptions du goût manquent à ceux qui n'ont pas d'odorat, de sorte que le goût est en partie une espèce d'odorat; 3o Communication de qualités la lumière, l'aimantation, avec des caractères différents.

Enfin, les faits constitutifs sont très-privilégiés, parce qu'ils servent beaucoup aux définitions (particulières surtout) et aux divisions ou distributions des natures; et c'est un mot juste que celui de Platon : On devrait regarder comme un dieu celui qui saurait bien définir et diviser.

27. Parmi les faits privilégiés, nous mettrons en sixième lieu les faits conformes ou analogues, que nous appelons aussi parallèles ou similitudes physiques. Ce sont ceux qui montrent les ressemblances et les liaisons des choses, non dans les formes secondaires (ce qui est le propre des faits constitutifs), mais tout à fait dans le concret. Ils sont comme les premiers et les plus bas degrés pour s'élever à l'unité de la nature; ils ne peuvent servir à fonder aucune loi générale dès le principe, mais seulement ils indiquent et font connaître une certaine harmonie des corps. Cependant, quoiqu'ils n'avancent pas beaucoup le travail de la découverte des formes, ils nous font connaître trèsutilement la composition des parties de l'univers, où ils pratiquent comme une certaine anatomie, et quelquefois nous conduisent ainsi comme par la main à des lois très-élevées et très-belles, surtout à celles qui regardent plutôt l'arrangement et l'économie du monde que les natures et les formes simples.

EXEMPLES de faits analogues : L'œil et le miroir, l'organisation de l'oreille et les lieux qui renvoient l'écho, les racines et les bran

ches des arbres, les nageoires des poissons, les pieds des quadrupèdes, les ailes des oiseaux, etc.

Un précepte que l'on doit donner et répéter souvent, c'est qu'il faut désormais que les travaux des hommes, dans la recherche et le recueil de l'histoire naturelle, prennent une direction toute nouvelle, et suivent une route opposée à celle que l'on suit aujourd'hui. Jusqu'ici, l'on s'est beaucoup et curieusement occupé de noter les variétés des choses et d'expliquer avec soin les différences des animaux, des plantes, des fossiles; différences qui le plus souvent sont des jeux de la nature et n'apprennent rien de fort utile aux sciences. De telles connaissances ont certes de l'agrément et servent quelquefois dans la pratique; mais, pour nous faire pénétrer les secrets de la nature, elles n'ont qu'un prix insignifiant ou nul. C'est pourquoi, il faut que l'esprit tourne tous ses soins à découvrir et à remarquer les ressemblances et les analogies des choses, soit dans l'ensemble, soit dans les détails; car ce sont elles qui forment les liens et l'unité dans la nature, et commencent à constituer les sciences.

Mais il faut ici prendre un soin exact et sévère de ne recevoir pour faits conformes et analogues que ceux qui expriment, comme nous l'avons déjà dit, des ressemblances physiques, c'est-à-dire réelles et substantielles, et qui ont leurs racines dans la nature, mais non des ressemblances fortuites et seulement apparentes, encore moins de pure curiosité et superstition, telles que les partisans de la magie naturelle (les plus légers des hommes et qu'on doit à peine nommer dans un sujet aussi sérieux que celui-ci ) les présentent

d'ordinaire dans leurs écrits, décrivant avec un soin aussi frivole qu'insensé de vaines ressemblances et sympathies des choses, et quelquefois même les inventant à plaisir.

NOUVEAUX EXEMPLES: L'Afrique et l'Amérique méridionale, le nouveau monde et l'ancien dans leurs configurations, les axiomes des diverses sciences, etc.

28. Parmi les faits privilégiés, nous placerons en septième lieu les faits exceptionnels, que nous appe lons aussi irréguliers ou hétéroclites (en empruntant ce terme aux grammairiens). Ce sont ceux qui montrent des corps concrets dont l'apparence est extraordinaire, phénoménale, et qui semblent ne rien avoir de commun avec les autres êtres du même genre.

Un fait analogue est semblable à un autre fait, un fait exceptionnel ne ressemble qu'à lui-même. L'usage des faits exceptionnels est le même que celui des faits clandestins; ils font pénétrer dans les profondeurs et l'unité de la nature, et servent ainsi à découvrir les genres, c'est-à-dire les natures communes, que limitent ensuite les différences vraies. Il ne faut pas s'arrêter dans cette étude, avant que les propriétés et les qualités découvertes dans ces êtres, qui peuvent passer pour des miracles de la nature, n'aient été ramenées et comprises sous quelque forme et loi certaine; de telle sorte que l'on découvre que toute irrégularité ou singularité dépend de quelque forme commune, que ces miracles consistent seulement dans de certaines différences spéciales, dans dés degrés et un concours unique de propriétés, et non dans l'espèce même et le fond de l'être; tandis que maintenant les hommes,

sans rechercher plus avant, voient tout simplement dans de telles choses des merveilles et des mystères de la nature, dont on ne peut assigner la cause et qui font exception aux règles générales.

EXEMPLES: Le soleil et la lune, l'aimant, le vif-argent, etc.

Il faut faire grand cas de ces sortes de faits, parce qu'il aiguisent et vivifient les recherches, et portent remède à l'intelligence gâtée par la coutume et les faits ordinaires.

29. Parmi les faits privilégiés, nous placerons en huitième lieu les faits de déviation, qui sont les erreurs de la nature, les aberrations et les monstres où la nature s'écarte et dévie de son cours ordinaire. Les erreurs de la nature diffèrent des faits exceptionnels, en ce que les faits exceptionnels sont des espèces miraculeuses, et les erreurs des individus miraculeux; mais ils ont à peu près le même usage, qui est de prémunir l'intelligence contre la force de la coutume, et de manifester les formes communes. Et, dans cet ordre de recherches, il ne faut s'arrêter que lorsqu'on a trouvé la cause d'une telle déviation. Cependant cette cause ne se découvre pas tant dans une certaine forme proprement dite, que dans un progrès latent vers la forme. Celui qui connaît les voies de la nature observe plus facilement les déviations; et, d'un autre côté, celui qui connaît les déviations pénètre mieux dans les voies de la nature.

Les déviations diffèrent encore des faits exceptionnels, en ce qu'elles sont beaucoup plus utiles dans la pratique. Car ce serait une terrible entreprise que de

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