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HISTOIRE PARLEMENTAIRE

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE,

OU

JOURNAL DES ASSEMBLÉES NATIONALES, DEPUIS 1789 JUSQU'EN 1815.

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PRÉFACE.

Il n'est sans doute personne qui, parvenu à l'époque où nous sommes de l'histoire de la révolution, ne jette un coup d'œil en arrière, et ne soit effrayé de la différence qu'il y a entre les espérances des premiers jours, et les résultats qui se produisent sous nos yeux. Il n'est personne qui ne soit saisi d'une amère tristesse à la vue du mélange de biens et de maux que chaque semaine en quelque sorte fait éclore. D'un côté, proclamation des principes de liberté et de fraternité enseignés par l'Evangile; l'indépendance nationale sauvée, de sublimes efforts, un admirable dévouement, des projets magnifiques d'intention et riches de promesses, des institutions pleines de bienfaisance et d'avenir; de l'autre, des prédications infâmes, l'athéisme triomphant, des intrigues sans fin, des massacres, des tueries, le vice, en un mot, et le mal souillant le bien et se maintenant avec impudeur et avec éclat comme pour cacher à jamais ce qu'il y eut de pur, de juste et de bon dans les volontés de ceux qui furent appelés à opérer ce passage violent de l'état passé à l'état futur dans une grande nation. La somme du bien, il est vrai, dépasse de beaucoup la somme du mal. Le bien fut l'effet de l'effort de l'immense majorité, et le bénéfice en revient à nous tous et fut acquis à toujours. Le mal fut le fait de quelques-uns, et ne produisit que des souffrances passagères et individuelles. Mais ce sont précisément ces souffrances que la sympathie de chacun ressent le plus vivement. L'on jouit du bien présent sans penser qu'il ait jamais commencé, sans penser qu'il ait fallu l'acheter, comme on use d'un héritage sans jamais réfléchir au travail qu'il a coûté. Les peines qu'ont éprouvées les masses, leurs douloureux efforts ne sont point au nombre des choses qui touchent la sensibilité individuelle; car elles se produisent sous des formes qui ne ressemblent en rien aux habitudes de la vie particulière. Ainsi, aux yeux de tous ceux qui n'ont que le sens de la sympathie, la narration des misères d'un seul homme pèsera plus, dans

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