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» Une administration simple et active surveillera les travaux : une section distribuera l'ouvrage aux ouvriers; la seconde recevra et paiera tout ce qui dépendra de la fabrication des canons de fusil, et l'autre sera chargée de recevoir et de payer tout ce qui se fabriquera en petites pièces accessoires par les ouvriers du dehors.

» Déjà des ouvriers capables sont rassemblés; déjà des constructeurs et des mécaniciens préparent leurs matériaux, et les chefs de cette administration nous ont dit hier soir qu'ils se sont assurés de tous les moyens d'exé-cution.

>> Cette administration sera sous la direction du ministre de la guerre, et sous la surveillance du comité de salut public.

» Cet établissement ne portera aucune entrave aux autres manufactures nationales, ni aux manufactures particulières; il leur donnera même de l'extension : les arts et les artistes doivent s'aider, et non se détruire.

>> Que ces hommes haineux contre Paris, qui ont voulu tantôt le détruire, et tantôt l'affamer, suspendent un instant cette haine invétérée que la ville révolutionnaire n'a jamais méritée! Paris est la cité commune, Paris est la ville de tous eh bien! Paris a besoin pour l'emploi de sa population d'un établissement de ce genre. La France a besoin, pour la conservation de ses artistes, d'une manufacture nouvelle; la république a besoin qu'on fabrique sur-le-champ un grand nombre d'armes; on ne peut rassembler qu'à Paris cette multitude précieuse d'ouvriers habiles, qui va dans un jour fabriquer jusqu'à mille fusils quand l'établissement sera complet.

» L'objet de la levée actuelle est de tout terminer dans cette campagne; mais le moyen le plus efficace pour y parvenir est de rassembler une immense armée matérielle.

» Qu'on ne croie pas que cette manufacture est toute au bénéfice de Paris : on ne peut que fondre, souder et forer ici les canons; les maquettes seront préparées dans les départements de l'Allier, de la Nièvre, du Cher, du Doubs

et de la Haute-Saône: voilà les départements qui s'enrichiront aussi de la fourniture des fers préparés pour les fusils, ainsi que du charbon considérable nécessaire à cette manufacture. Il n'y a donc ici rien d'exclusif; espérons même que l'exemple de Paris sera imité, et que cette émulation générale nous délivrera des oppresseurs de la liberté.

» Ce serait une bien courte spéculation, celle de fabriquer en un instant et dans un seul lieu les instruments des combats. Le despotisme, toujours craintif, désarmait les campagnes; ses manufactures ne travaillaient que pour ses satellites, pour ses esclaves en uniforme : la liberté au contraire arme toutes les mains, remplit tous les arsenaux, et défie avec une imposante sécurité tous les tyrans.

» Des armes, des manufactures de fusils et de canons, voilà ce qu'il nous faut pendant dix ans ! Que nos arsenaux soient centuplés, que nos magasins soient remplis et que chaque citoyen français ait une arme pour la défense de sa vie, de ses foyers et de ses droits!

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>> Ce sera une belle époque, et elle n'est pas éloignée, celle où la république, après avoir chassé les despotes altérés de sang qui l'assiègent, réduira les places fortes à n'être que des villes militaires, avec les seuls artistes et les ouvriers nécessaires à sa défense; à n'être que des camps fermés de murailles! Ce sera une belle époque, et elle n'est pas éloignée, celle où elle élèvera sur les limites de son territoire des colonnes sur lesquelles seront gravés le décret qui repousse toute idée de conquête, et surtout celui qui a aboli la royauté! Nous y écrirons, comme à Rome, l'inscription de Brutus; et à côté de ces colonnes seront des forteresses inexpugnables, des arsenaux complets, et des hommes libres!

>> Pardonnez cette digression, produite par le sentiment de nos besoins.

» Nous demandons que le comité de salut public soit expressément chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour établir une fabrication et une réparation ex

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traordinaire d'armes de toute espèce, et de requérir dans toute la république les artistes et les ouvriers qui pourraient concourir à leur succès. Une somme de rente millions a paru nécessaire à ces établissements pour Paris et pour les départements, et ce ne seront pas les fonds de la république le plus mal employés : c'est une richesse durable qu'un grand amas d'armes ; c'est un grand trésor pour une nation que le travail assidu des citoyens. Il est encore des départements dans lesquels vous avez établi des manufactures d'armes, et d'autres dans lesquels les établissements anciens sont négligés : vous devez autoriser les représentants du peuple que vous allez envoyer à accélérer cette fabrication, et à prendre, de concert avec le comité et le conseil exécutif, toutes les mesures propres à ranimer et accélérer cette précieuse fabrication.

» Ce n'est pas assez d'avoir des hommes et des armes ; il faut aussi des subsistances: c'est la base de toutes les opérations de la guerre. Les représentants ont déjà une loi qui force la battaison des grains; des fonds vont être mis à la disposition des administrations chargées des subsistances, et tout sera disposé de manière à ne pas faire coïncider les approvisionnements des armées et des escadres avec ceux des troupes de réquisition nouvelle. S'il n'y avait pas des malveillants et des conspirateurs, les' riches récoltes dont la nature a fait présent cette année à la liberté nous présenteraient même du superflu.

» Mais comme il s'agit ici de besoins extraordinaires, il faut des moyens qui leur ressemblent; il faut que les fermiers et les régisseurs des biens nationaux versent dans le cheflieu des districts respectifs en nature de grains le produit de ces biens; il faut obliger les citoyens débiteurs d'impôts arriérés, même des deux tiers de l'année 1793, de les payer au taux du maximum du mois actuel, et les contributions seront payées sur les rôles qui ont servi à effectuer les derniers recouvrements.

» Comment trouverait-on ces mesures fortes? Elles sont iustes; elles sont nécessaires. La première dette est pour

la patrie; la société a droit de commander le sacrifice même de la propriété quand son besoin est impérieux : que doit-ce être quand il ne s'agit que des fruits? Espérons même que les bons citoyens s'empresseront dans la crise actuelle d'offrir aux besoins des armées républicaines une partie de leurs récoltes en nature, que la nation leur paiera comme dans les marchés. Et s'il fallait rappeler un trait de l'histoire des Américains, chaque possesseur de grains apprendrait ce qu'il doit faire pour la liberté. Washington avait son armée, pressée par le besoin, entre la Nouvelle-Jersey et la Pensylvanie; il demande des secours en grains aux habitants de ces belles contrées : des lenteurs, plutôt que des résistances, se manifestaient déjà, lorsque le général des Américains requiert au nom de la patrie que les habitants et cultivateurs fournissent une quantité déterminée de grains à son armée. Donnez-les sur la réquisition de l'armée de la liberté, disait Washington, et le congrès vous les fera payer le prix légitime: si vous les refusez, l'armée prendra les subsistances; elle combat pour vous, et vous n'en recevrez pas le prix. L'armée de Washington fut approvisionnée. Leçon utile aux fermiers avides, aux propriétaires aristocrates, feuillants, modérés ou avares!

» Après avoir prévu les besoins des armes et des vivres, revenons à ce qui touche de plus près les citoyens, à la manière dont la réquisition sera exercée pour la défense nouvelle de la république.

» Je reviens au plan qui vous est proposé; il est bon que les aristocrates l'entendent.

Tous les citoyens sont requis, mais tous ne peuvent pas servir; tous les âges, depuis dix-huit ans jusqu'à cinquante, peuvent fournir une bonne carrière militaire, mais tous ne peuvent pas se mettre en mouvement à la fois. Qui aura le premier l'honneur de voler aux frontières? Qui concourra le premier à la conquête de la liberté? Une voix impérieuse, la voix de la nature et de la société, répond:

«La jeunesse partira la première ! C'est pour elle que » des représentants du peuple ont péri; c'est pour elle que

» la liberté est fondée; c'est elle qui doit recueillir les fruits » de la révolution; c'est elle qui a moins de besoins et plus » de force; c'est elle qui a plus de dévouement et moins de >> liens. La jeunesse française partira la première !

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» Le célibataire et le jeune homme ne sont pas évidemment aussi nécessaires à l'état social que les citoyens mariés qui ont donné des enfants à la patrie: le premier âge doit donc remplir la première réquisition.

> Ainsi, depuis dix-huit ans jusqu'à vingt-cinq, tous les citoyens français sont appelés à la défense commune. Cet âge présente aux espérances de la patrie le plus grand nombre de défenseurs vigoureux et dégagés de liens. On croit que cet âge peut comprendre plus de cinq cent mille citoyens, et nous n'avons pas besoin d'un aussi grand nombre; mais s'il en fallait encore, si cette première colonne était impuissante ou malheureuse, le second âge sera requis depuis vingt-cinq jusqu'à trente, et ainsi de suite de cinq en cinq années, jusqu'à cinquante.

» Mais ce n'est là que dénombrer les immenses ressources de la liberté; nous n'en aurons pas besoin : occuponsnous de leur rassemblement.

>> La première idée du comité était de faire auprès de chaque armée et de chaque noyaù de guerre civile, une réunion de citoyens armés, appelés de plusieurs départe

ments.

» Cette idée avait de grands inconvénients :

» 1o Des rassemblements trop nombreux; » 2o Des rassemblements trop éloignés;

» 3o Des diversions trop fortes des points attaqués ou des points à renforcer ;

» 4o Des approvisionnements trop grands à faire dans un chef-lieu de plusieurs départements;

» 5o Des voyages aussi pénibles qu'inutiles pour un trop grand nombre de citoyens.

» Il a donc fallu chercher un autre mode de réunion. » Rassembler au chef-lieu de département, c'est fédéraliser, c'est rassembler des lignes de démarcation qu'il

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