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>> Couthon a dit que, lors de la reprise de Toulon, on aurait pu distinguer les complices et les agents de Pitt à leur figures alongées, et moi je dis que je reconnaîtrais les complices de la faction à leurs figures alongées et surtout à leur silence. (Applaudissements. )

>> Si les réflexions que je viens de faire sont suffisantes, et qu'elles aient frappé l'assemblée, je demande qu'elle charge les comités de salut public et de sûreté générale, de porter la lumière sur la conduite de ces hommes qui se faisaient appeler vertueux, et qui, lorsque la vertu triomphe, gardent un coupable silence. »

La proposition de Bourdon est adoptée en ces termes :

«La convention nationale charge ses deux comités de salut public et de sûreté générale, de procéder dans le plus court délai à l'examen de la conduite et à l'épuration des autorités constituées de Paris qui, dans ces circonstances, ont gardé le silence sur les évènements présents, et d'en rendre compte à la convention nationale. >>

SÉANCE DU VINGT-SEPT MARS.

Licenciement de l'armée révolutionnaire.

par

Barrère, au nom du comité de salut public. « Citoyens, c'est au milieu des troubles publics, causés par la turbulente aristocratie, c'est au sein des ambitions ticulières, nourries par un faux patriotisme, que naquit l'armée révolutionnaire. Vous dûtes cette création aux circonstances. Elle fut souvent utile pour apaiser quelques émeutes dans certains départements; elle fut quelquefois contraire au but de son établissement, par les inspirations des chefs; elle protégea long-temps les subsistances; elle a un instant nui à l'approvisionnement de Paris par les mêmes motifs; elle a apaisé quelques troubles par sa fermeté; elle a excité le fanatisme par quelques abus; mais, en masse, cette armée`avait un bon esprit public, et la république était sa bannière. Des abus se sont mêlés à cette

V.

institution; quelle institution en fut jamais exempte? » Ce n'était pas la faute de l'armée, mais le crime du chef; ee n'était pas la mau vaise intention du soldat, mais le projet des ennemis conjurés contre la république.

» Les soldats sont en général jaloux de la liberté de leur patrie; ce sont les chefs qui ont cherché à en corrompre l'esprit et à la détruire.

» Mais le chef a expié son crime : les hommes qui cher chaient à dégoûter le peuple de son pouvoir, à devenir nécessaires par la terreur et la mort, en rendant extrêmes toutes les mesures et en cherchant par des crimes à décrier le gouvernement républicain, ces intrigants ont vécu. La république s'est affermie le jour de leur supplice. Conservons pour elle les bons citoyens qu'ils cherchaient à séduire et à égarer.

>> Je viens vous parler de l'armée révolutionnaire. Le comité avait depuis long-temps médité sur les effets de cette institution militaire, sur ses rapports avec les autres armées, et sur son influence sur la grande police nationale.

» Le moment où l'un des chefs de cette armée a subi la peine infligée à tous les ennemis de la république, à tous les ambitieux qui veulent s'élever au-dessus du pouvoir national, et à tous les scélérats qui abusent des fonctions que le peuple leur a confiées; ce moment est celui que le comité a dû saisir pour communiquer à la convention le résultat de ses pensées.

» En général toute armée révolutionnaire, dans un pays libre, dans un pays où tous les citoyens sont soldats, est une institution anti-démocratique ; elle suppose deux classes de soldats, deux genres de citoyens.

>> C'est un instrument dangereux; car une pareille armée doit être ou l'armée liberticide d'un Cromwell, ou le Ainsi ce sont là ou des moyen usurpateur d'un sénat. soldats de tyran ou des gardes prétoriennes. Le comité l'avait senti depuis plusieurs mois; car il a pris constamment trois mesures efficaces pour neutraliser les dangers de cette institution militaire.

» Dans la première mesure, il vous a proposé le décret du 14 frimaire, qui détruit toutes les armées révolutionnaires dans les départements. Aussitôt disparurent les superfétations militaires créées presqu'à la fois dans plusieurs départements, et rattachées sans doute au système de gouvernement militaire, qui devait tout couvrir de ses usurpations violentes, et renouveler en France le gouvernement des Mameluks pour nous rejeter dans les chaînes du despotisme.

» La seconde mesure employée par ce comité fut de diviser cette armée nouvelle, et de morceler sans cesse les troupes appelées révolutionnaires, en les disséminant au midi, au nord, dans les départements maritimes, et aux environs de Paris.

» La troisième mesure a été de résister aux demandes réitérées et impérieuses du chef de l'armée révolutionnaire, tendantes au même but, laugmentation du pouvoir, de la paie, des fonctions et de l'influence politiques. Un jour il demandait un état-major plus nombreux que celui d'une armée,quoiqu'il n'y eût que six mille hommes dans le titre de son institution, et quatre mille dans la réalité. Tantôt il proposait d'établir à la suite de l'armée révolutionnaire plusieurs commissions militaires et des guillotines ambulantes; enfin la solde à augmenter était. quelquefois l'objet de nouvelles pétitions.

» Le comité crut suivre votre pensée en résistant avec fermeté à toutes les demandes extraordinaires.

» Aujourd'hui les intentions du chef de cette armée ne sont plus un problème dans la république. La procédure a constaté son ambition criminelle et ses projets hostiles contre la liberté publique. La procédure vous a sur tout montré le projet secret de porter cette armée à cent mille hommes. Ainsi donc la république déchirée aurait présenté le spectacle hideux de quatorze armées, toutes républicaines, toutes fidèles, combattant au dehors les rois et leurs esclaves; tandis qu'un autre régime militaire, une autre institution créée pour la défense de nos droits et pour la tranquillité de Paris, l'armement de l'intérieur,

aurait servi une ambition particulière et ressuscité dans l'intérieur le royalisine et l'aristocratie au milieu des troubles et des calamités publiques.

» Soldats républicains de l'armée révolutionnaire, à quel point l'on voulait abuser de votre courage! Et quel prix honteux votre chef voulait retirer de votre dévouement généreux! En apprenant que la loi a frappé de mort ce coupable, vous avez été sans doute les premiers à demander que le nom de cette institution militaire disparût. Le comité a pressenti l'indignation que cette conspiration nouvelle a excitée dans vos âmes, et propose de vous incorporer avec les autres défenseurs de la patrie, qui vous ressemblent par la pureté de leurs principes, par leur dévouement à la défense des droits du peuple.

N'était-ce pas en effet une injure faite aux travaux héroïques des quatorze armées de la république, de donner à une armée nouvelle le titre exclusif d'armée révolutionnaire, comme si la révolution ne s'affermissait pas aussi fortement par la victoire sur la coalition extérieure des rois, que par des succès contre les mouvements intérieurs de l'aristocratie; comme si une armée pouvait être privilégiée dans un pays sans priviléges; comme si la solde et les récompenses nationales devaient être distribués inégalement dans la patrie de l'égalité.

» Citoyens, nous devons de grands éloges à tous les citoyens français qui, dans les armées, ont si bien défendu la république contre les puissances coalisées. Toutes nos armées ont bien mérité de la patrie, et c'est parcequ'elles se sont toutes également montrées pour la liberté, que le législateur doit les maintenir par des lois égales et uniformes.

» Ainsi l'institution de l'armée révolutionnaire est vicieuse sous le rapport de l'égalité, base de toutes nos institutions, soit par la solde, soit par la destination, soit par les priviléges.

>> Elle est dangereuse sous le rapport d'une armée attachée à un chef ou à une assemblée.

» Elle est incohérente avec nos principes, puisqu'elle

:

établit deux espèces de soldats et deux classes de citoyens. Ne cessons de le répéter aux armées comme aux départements l'amour de la république n'est pas l'attachement à tel ou tel service, l'ambition de telle ou telle faction, la proclamation de tel ou tel principe, la dénonciation de tel ou tel abus. Je ne vois là que le jeu des passions individuelles, qui appartiennent à tous les hommes, à tous les temps, à tous les gouvernements; mais l'amour de la république consiste dans le sacrifice de ses passions, de ses goûts, à la passion grande et généreuse de son pays. L'amour de la république est l'amour de la démocratie, et l'amour de la démocratie celui de l'égalité. Ce mot est la racine de toutes les vertus républicaines: ceux qui n'aiment que les fonctions, le pouvoir, les places et les émoluments, ne sont que des égoïstes ou des ambitieux, des intrigants ou des fripons.

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Cependant, en vous proposant aujourd'hui de licencier l'armée révolutionnaire, d'en encadrer les bons citoyens qui la composent dans les diverses armées, à leur choix, le comité a distingué parmi les officiers quelques citoyens qui méritent de continuer un service auquel leurs talents et leur patriotisme éprouvé les appellent d'une manière particulière. Le comité les emploiera dans les armées; et c'est lorsque le législateur punit les chefs coupables, qu'il doit donner des récompenses aux soldats républicains et aux officiers fidèles.

» Il y a dans l'armée révolutionnaire un esprit vraiment populaire, et l'amour très prononcé de la république ; il y a dans les différentes divisions un grand nombre de pères de famille dont la vie passée est la caution civique.

» Quoiqu'en France tout citoyen soit soldat, le grand nombre de ses défenseurs nous met à même d'offrir aux soldats de l'armée révolutionnaire le choix de rentrer dans leurs foyers ou de s'incorporer dans les bataillons qui composent les armées de la république.

» Geux-là remettront les armes, les chevaux, et les effets d'équipement militaire qui leur ont été fournis. Des feuilles

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