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isolé ici le tout est lié à la partie, et la partie est liée tout. Si vous n'avez plus de confiance dans le comité de salut public, il ne faut pas hésiter un moment; tout doit aller ensemble. Si la commission que vous avez créée, n'est pas investie de pouvoirs analogues à sa nature, dès lors elle devient illusoire. Si vous croyez qu'il faille tout faire, tout ordonner, tout discuter publiquement, cassez la commission et traitez l'affaire à la tribune. Sans doute tous les actes de législation doivent être publics, et c'est en cela que les états libres diffèrent du despotisme; mais les actes du gouvernement doivent être secrets; autrement vos ennemis agissant dans le secret, auraient tous les avantages qu'ils désirent. Leur politique est un machiavélisme abominable: loin de vous cette affreuse politique! mais tenez comme eux vos opérations secrètes; prenez des moyens de prudence et de précaution, pour que la publicité ne détruise pas l'effet de vos mesures. Je sais bien que vos ennemis veulent vous amener à tout discuter publiquement, afin de prévenir l'opposition aux résistances, et d'étouffer la république au berceau. Vous vous garderez de leur donner ce triomphe.

» Il est bien étonnant que ce soit pour quelques généraux traîtres et ignorants qu'on se soit agité. Rappelez-vous, citoyens, qu'après la victoire de Jemmapes, on voulait décerner une couronne civique à Dumouriez, à ce général perfide qui, pour avoir remporté une victoire, je me trompe, c'étaient les soldats qui avaient vaincu malgré lui, méritait la honte de l'échafaud. C'est ainsi que Houchard a été forcé par ses troupes à être victorieux. Si ses plans eussent été suivis, Dunkerque serait pris, et les Anglais seraient maîtres de nos places du nord, comme de la plus importante place du midi. Cependant quand nous avons destitué Houchard, on nous a demandé les causes de sa destitution. On dit que nous exerçons un pouvoir arbitraire; on nous accuse d'être despoles. Des despotes! ah! sans doute, si c'est le despotisme qui doit faire triompher la liberté, ce despotisme est la génération politique. (On applaudit.)

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Nous avions au comité des pièces qui accusaient Houchard. Hentz arrive et les confirme; il nous dit : « Nous aurions fait arrêter Houchard si nous n'avions pas craint que l'énergie de cette mesure n'excédât nos pouvoirs de représentants du peuple; mais nous venons nous concerter avec le comité. » Devions-nous, nous qui connaissons le patriotisme et la probité de Hentz, devions - nous résister à ces dénonciations ? C'est alors que vous nous auriez dit: « Nous vous avions donné des pouvoirs, vous n'en avez pas fait usage pour sauver la patrie, vous avez trahi notre confiance.» Nous avons donc jugé que pour nous conformer à vos vues, nous devions agir sans vous; car si nous eussions agi avec vous, nous manquions à vous, à vos décrets, à nos serments; nous trahissions la patrie.

>> Maintenant pour détruire votre confiance dans le comité, on s'agite, on reproduit les imputations, les calomnies consignées dans les écrits des contre-révolutionnaires, des fédéralistes. Les traîtres de Toulon nous accusaient aussi d'avoir excédé nos pouvoirs. Au reste si nous avons usé du pouvoir terrible que vous nous avez confié, nous sommes toujours prêts à en répondre. Mais ne détruisez pas, comme vous l'a dit Barrère, l'avant-garde de vos armées.

» Citoyens, ces attaques sont dirigées contre la liberté. Renouvelez le comité s'il le faut; mais conservez cet établissement, auquel vous devez quelques mesures fortes et énergiques et des succès qui rempliront des pages remarquables dans l'histoire.

» Qu'on ne dise pas qu'après avoir détruit une coalition liberticide, une autre s'élève et que la convention se divise. C'est ici l'occasion de vous dire l'une des sources de cette division apparente. Un décret ordonne que nul membre ne restera en commission plus de deux mois. D'après ce décret, nous avons eu des commissaires à rappeler. Eh bien! ils envisagent ce rappel comme un outrage; ils rapportent de petites haines, de petits amours propres ; ils favorisent toutes les attaques contre nous. On nous demande

la destitution des nobles, et par une de ces contradictions inconcevables, on fait ici l'éloge des nobles. Qu'on s'explique en veut-on, n'en veut-on pas? (Toute l'assemblée: Non, non.) Si l'on n'en veut pas, qu'on permette donc au comité d'en débarrasser la république, et dites: la comité a cédé à l'opinion générale, il a fait son devoir; car l'opinion est la reine du monde. Je termine : la convention veut ou doit renouveler son comité de salut public; mais je dis que, quelle que soit sa détermination, elle doit investir ce comité de toute la plénitude de sa confiance et de toute l'autorité nécessaire; autrement il ne pourra jamais faire le bien, car il trouvera toujours un mur d'airain pour l'en empêcher. >>

Billaud-Varennes. « Aux explications qui ont été données, je vais en ajouter de nouvelles : apprenez donc, citoyens, que si nous avons éprouvé quelques échecs, de grandes mesures ont été prises par le comité de salut pu blic pour les réparer. Apprenez que des armées disséminées, va s'en former une formidable, qui sera placée entre nous et nos ennemis. Apprenez qu'une flotte nombreuse porte peut-être en ce moment des coups terribles à vos ennemis, que Rome sera bientôt attaquée dans Rome, et que cent mille hommes sont prêts à descendre en Angleterre, faire essayer aux Anglais le courage des Français. (Vifs applaudissements. ) C'est à la convention à se maintenir à la hauteur à laquelle l'a placée le comité de salut public, c'est à elle à se montrer grande. C'est à la convention à diriger les dix-huit cent mille hommes qui se sont levés, et nos ennemis disparaîtront. Le comité vous proposera les moyens d'exécution pour ce grand mouvement: par votre approbation vous en assurerez le succès. Un trop grand nombre de commissaires sont auprès des armées; il vous proposera d'en rappeler plusieurs dans votre sein, et de faire revivre dans les autres le caractère d'énergie, de dignité et de dévouement qui doit faire distinguer un représentant du peuple.

» Quant à moi, qui suis entré depuis peu de temps dans

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votre comité, je dois vous déclarer que je suis peiné de voir qu'il a des fonds à sa disposition; je vous déclare que je suis disposé à donner ma démission, si vous ne créez une commission chargée de disposer de ces fonds. (Une voix unanime: Non, non.)

» Quant à notre situation, elle est loin d'être désespérée, n'écoutez pas les hommes dont le talent est de tout paralyser en semant des craintes. Le conseil exécutif qui marche, mais qui n'a pas toute l'égalité qu'il devrait avoir, est travaillé par des ambitieux qui voudraient se substituer à la place de ceux qui le composent. N'oubliez pas que des renforts immenses grossissent nos armées; que les étatsmajors sont presque tous renouvelés; que l'Anglais qui infeste notre territoire va être attaqué dans ses propres foyers; qu'enfin vous avez dix-huit cent mille défenseurs. (Applaudissements.) J'insiste sur le rapport du décret qui met des fonds à la disposition du comité. »

Duroy. « Hier j'ai parlé sur les nominations faites par le ministre de la guerre, mais non contre le comité. Au reste, je déclare que je dirai toujours ma façon de penser sur les opérations de ce comité, parcequ'il doit être libre à chaque membre de la convention de faire connaître ce qu'il croit utile à son pays. On a parlé de commissaires; et moi aussi, j'ai été commissaire, et j'ai remercié le comité de m'avoir rappelé. >>>

On demande l'ordre du jour.

Bazire. « Je m'oppose à l'ordre du jour. La convention doit faire connaître son opinion sur le comité de salut public. »

Robespierre. « Passer à l'ordre du jour, c'est ouvrir la porte à tous les inconvénients que j'ai développés. La convention ne peut pas se taire sur ce qui tend à paralyser le gouvernement. Les explications qui ont été données sont insuffisantes; il en résulte seulement que les membres du comité de salut public qui ont parlé ont eu l'air de défendre leur cause, et vous n'avez rien prononcé. C'est donner l'avantage aux hommes qui l'ont calomnié, non pas

toujours ici, mais secrètement, mais d'une manière d'autant plus perfide, qu'ils semblent l'applaudir devant vous quand il fait ses rapports; car, je le déclare, le plus pénible sentiment que j'aie éprouvé pendant cette discussion, c'est d'avoir vu applaudir Barrère par ceux-là qui n'ont cessé de calomnier indistinctement tous les membres du comité, par ceux-là même qui voudraient peut-être nous voir un poignard dans le sein. (Applaudissements. )

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» Un membre a dit que chacun devait pouvoir émettre son opinion sur les opérations du comité de salut public. Je n'en disconviens pas. Les fonctions du comité de salut public sont pénibles, et c'est à cause de cela qu'il ne pourrait point sauver la patrie sans la convention. Pour sauver la patrie, il faut un grand caractère, de grandes vertus; il faut des hommes qui aient le courage de proposer des mesures fortes, qui osent même attaquer l'amour-propre des individus. (On applaudit.) Sans doute chacun est libre de dire sa façon de penser sur le comité; mais cette liberté ne doit pas aller au point qu'un député qui est rappelé au fond d'un département, parcequ'il juge qu'il a cessé de bien servir le peuple, prenne le devant, et accuse le comité. (Applaudissements.)

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Citoyens, je vous ai promis la vérité tout entière, je vais la dire. Dans cette discussion, la convention n'a pas montré toute l'énergie qu'elle aurait dû. On vous a fait un rapport sur Valenciennes, dont le but apparent était de vous instruire de toutes les, circonstances de la reddition de cette place, mais dont l'objet réel était d'inculper le comité de salut public. Pour prix de son accusation vague, l'auteur de ce rapport est adjoint au comité qu'il dénonce. Eh bien! je vous le déclare, celui qui était à Valenciennes lorsque l'ennemi y est entré n'est pas fait pour être membre du comité de salut public. (Vifs applaudissements.) Ce membre ne répondra jamais à cette question: Êtes-vous mort? Si j'avais été à Valenciennes dans cette circonstance, je n'aurais jamais été dans le cas de vous faire un rapport sur les évènements du siége;

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