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» La Convention nationale décrète Saint-Just, que Couthcn et Lebas, trois de ses membres, seront mis sur le champ en état d'arrestation.

» La Convention nationale décrète que Dumas, président du tribunal révolutionnaire; Hanriot, Boulanger, Lavalette, Dufrèse, chefs de la garde nationale de Paris, ainsi que les adjudans généraux et aides de camp de Hanriot, et d'Aubigny, ci-devant adjoint du ministre de la guerre, et Prosper Sijas, adjoint à la commission du mouvement et de l'organisation de l'armée de terre, seront mis sur le champ en état d'arrestation. »

Collot-d'Herbois, qui a cédé le fauteuil à un ex-président, vient faire à la tribune un récit fort déplacé de sa conduite particulière, des dangers qu'il a courus, des murmures qui l'ont poursuivi la veille aux Jacobins lorsqu'il a voulu parler de la situation de la République; il prétend s'attacher à dévoiler Robespierre, et pour mieux le faire connaître il rappelle des circonstances que tout le monde connaît; il cite des bruits vagues, insignifians, et qui néanmoins arrachent à Robespierre ces mots : il en a menti! A ce cri de conviction l'Assemblée fait éclater une vive indignation; on invoque le décret d'arrestation. Le président déclare qu'il a déjà donné l'ordre de l'exécuter, que les huissiers se sont présentés, mais qu'on a refusé d'obéir. De violens murmures s'élèvent : à la barre ! à la barre ! s'écriet-on. Les députés décrétés d'arrestation descendent à la barre, et l'Assemblée, contemplant leur abaissement, y voit son propre salut, et applaudit à plusieurs reprises. Collotd'Herbois reprend son récit; on l'écoute avec indifférence. La séance est suspendue, et les accusés, livrés à la gendarmerie, sont conduits dans des maisons nationales. Il est cinq heures. A sept la séance est reprise. Bourdon ( de l'Oise) annouce que la commune de Paris s'est unie à la société des Jacobins pour opérer une insurrection. Il pense que la Convention doit se montrer au peuple, fraterniser avec les citoyens, les calmer par sa présence, comme elle l'a fait à l'époque du 31 mai. Du reste il demande que la commune soit appelée sur le champ pour rendre compte de sa conduise.

Merlin (de Thionville) raconte qu'il vient d'échapper à la fureur de quarante forcenés commandés par Hanriot : ils l'avaient arrêté, et conduit au poste du palais Égalité; mais là, soutenant sa qualité de représentant du peuple, il a harangué les citoyens, qui l'ont remis en liberté. Cinq gendarmes se sont aussitôt dévoués pour l'exécution des décrets de la Convention; ils se sont mis à la poursuite de Hanriot, qui dans sa marche furieuse portait le trouble et l'effroi dans différen's quartiers de Paris; ils l'ont atteint, et fait prisonnier avec plusieurs de ses complices. Merlin finit en appuyant la proposition de Bourdon : elle est décrétée; en conséquence la commune et le département sont mandés à la barre.

D'autres orateurs se succèdent à la tribune pour faire connaître à l'Assemblée la marche, les projets, les tentatives des insurgés. Le comité de sûreté générale a été envahi par une foule exaspérée; des représentans du peuple ont été insultés. Hanriot s'est échappé : il rassemble ses complices, il séduit les citoyens; déjà une compagnie de canonniers, en bataille sur la place du palais National, a tourné ses canons contre la Convention. L'administrateur de police de service au Luxembourg a feint de ne pas croire au décret porté contre Robespierre, et il a refusé de voir en lui un prisonnier. Robespierre et les autres députés décrétés d'arrestation ont été enlevés par leurs partisans, et portés en triomphe à la commune : ils y ont été reçus en frères; ils y organisent l'insurrection. Des conspirateurs viennent d'être mis en liberté, la générale est battue, le tocsin sonne, les barrières se ferment, etc. Citoyens, dit le président, voici l'instant de mourir à notre poste! Oui! Oui! Nous y mourrons! répètent tous les membres. Des citoyens des tribunes jurent de défendre la Convention; ils sortent en foule en criant: Aux armes! Allons repousser les scélérats!

Des décrets d'arrestation et de mise hors de la loi sont lancés contre le maire (Fleuriot), l'agent national (Payan), les officiers municipaux, les membres du conseil général de la commune, etc.

Sur la proposition de Vouland, au nom des deux comités de salut public et de sûreté générale, la Convention décrète

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que la force armée sera confiée à un de ses membres : Barras, ajoute Vouland, aura le courage d'accepter... Barras est proclamé commandant général. Il demande et obtient pour adjoints ses collègues Ferraud, Fréron, Rovère, Delmas, Bollet, Léonard Bourdon, Bourdon (de l'Oise), Legendre, Goupillaud (de Fontenay), Beaupré et Huguet.

Le rapporteur des comités vient ensuite confirmer les nouvelles déjà données, et proposer un décret qui est adopté sur le champ.

RAPPORT fait par Barrère au nom des comités de salut public et de sûreté générale.

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Citoyens, elle a donc éclaté cette horrible conjuration tramée sous le manteau du patriotisme, et par des usurpateurs de l'opinion publique! Elle tenait à des ramifications nombreuses, et qui se sont découvertes dans cette soirée avec une rapidité effroyable; car les événemens de la moitié de cette journée doivent dessiller les yeux aux citoyens les plus incrédules. Tous les préparatifs de cette contre-révolution étaient faits, toutes les dispositions prêtes, et il ne peut y avoir dans ceux qui y coopèrent que des complices. Pendant que vous rendiez des décrets salutaires Hanriot répandait dans les rues de Paris le bruit qu'on venait d'assassiner Robes pierre; les nouvelles les plus infâmes étaient publiées contre vous; des cartouches étaient distribuées aux gendarmes pour frapper les représentans du peuple, et les soldats fidèles viennent de déposer sur le bureau du comité des cartouches distribuées par le crime.

» Pendant ce temps l'administration de police, d'après un mandat du maire, l'agent national de la commune de Paris, et l'un de ses substituts, décernaient un mandat de liberté pour les citoyens Lavalette et Boulanger, officiers de la force armée parisienne, et pour Villatte, juré du tribunal révolutionnaire. Ainsi l'administration de police, le maire et l'agent national se constituaient les supérieurs du comité de sûreté générale, qui avait fait arrêter Villatte, et usurpaient effrontément l'autorité nationale, confiée à la Convention.

» Au même instant Hanriot faisait traduire à la Force

un gendarme porteur d'un décret de la Convention, jusqu'à ce que les magistrats du peuple, disait-il, en eussent ordonné autrement.

» Tandis que Hanriot créait des magistratures, il insultait à votre autorité, arrêtait le sergent de la Convention; il faisait battre le rappel dans une section, la générale dans l'autre, et le tocsin dans les sections qui environnent la commune. Le maire de Paris envoyait à toutes les barrières des ordres pour leur fermeture. Nous vous demandons un décret pour faire de nouvelles défenses de fermer les barrières, et de réputer ennemis du peuple ceux qui désobéiraient à ce décret.

» Boulanger s'était réfugié au camp de Paris. Hanriot traversait les rues à cheval en criant: on assassine les patriotes! aux armes contre la Convention! et il excitait le peuple, qui, calme, ne répondait point à ces agressions insolentes.

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Payan déclamait à la commune contre la représentation nationale, et la commune se constituait en insurrection ouverte contre la Convention.

» Le comité révolutionnaire du Temple nous apprend que la commune de Paris vient de fermer les barrières, et de convoquer sur le champ les sections pour délibérer sur les dangers de la patrie.

» A la municipalité il y a un ordre de ne laisser entrer aucun envoyé de la Convention; cependant l'huissier a été admis. Un municipal, au décret qui appelle la municipalité à la barre, a répondu : oui, nous irons, mais avec le peuple!

» Il a ajouté à cette réponse un geste que le peuple n'aurait pas avoué, parce que le peuple s'honore lui-même en honorant ses représentans.

>> Vous voyez ici la conspiration la plus atroce, une conspiration militaire, une conspiration ourdie avec une latitude, avec un art et un sang-froid que n'eurent jamais ni les Pisistrate, ni les Catilina.

» Une partie des sections s'est déjà prononcée pour la représentation du peuple; une autre partie accourt au secours de la loi. Si quelques unes sont égarées ou gagnées par des intrigues communales, ne croyez pas que le prestige puisse durer.

» En attendant, déclarez hors de la loi tous ceux qui donneraient des ordres pour faire avancer la force armée contre la Convention nationale, ou pour l'inexécution de ses décrets. Il faut aussi mettre hors de la loi les individus qui, frappés de décret d'arrestation ou d'accusation, n'auront pas déféré à la loi, ou qui s'y seraient soustraits.

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» Le courage doit accompagner la vertu publique, et la vertu doit caractériser les représentans du peuple avec du courage et le peuple vous vaincrez.

>>

L'objet de l'attente des comités est que les citoyens de Paris se souviendront de la République, à laquelle ils appartiennent; qu'ils n'iront pas jurer fidélité à une commune infidèle à son devoir, et complice de la conspiration la plus horrible. Quelques-uns de ceux que la Convention a frappés se sont évadés, et ont cherché un asile dans le sein de cette commune. Comment ont-ils consenti à souiller ainsi la maison des citoyens de Paris, et peuvent-ils compter sur une longue impunité s'ils croient être au milieu de Français, au milieu de républicains? La patrie observe Paris, et la Convention nationale saura juger les bons citoyens.

» Les sections s'assemblent ; c'est à elles que nous devons nous adresser.

DÉCRET.

« La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de ses comités de salut public et de sûreté générale, défend de fermer les barrières, ni de convoquer les sections sans une autorisation des comités de salut public et de sûreté générale.

» Elle met hors de la loi tous les fonctionnaires publics qui donneraient les ordres pour faire avancer la force armée contre la Convention nationale, ou pour l'inexécution des décrets qu'elle a rendus.

» Elle met aussi hors de la loi les individus qui, frappés de décret d'arrestation ou d'accusation, n'auraient pas déféré à la loi, ou qui s'y seraient soustraits.

» La Convention nationale compte sur le zèle, le patriotisme et la fidélité des sections de Paris envers la République indivi

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