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déjà acquis cette maîtrise d'esprit et de langue qui se rattachait à un tempérament de volonté ferme et d'équilibre réfléchi. Tout cela fit de tous ses volumes des modèles d'exposition objective, calme, mesurée, limpide et sagace. Et je ne crois pas que, depuis la Cité antique et la Gaule romaine, nul ne soit allé plus loin que Guiraud dans l'intelligence du monde classique.

Dans les dernières années de sa trop courte vie, une évolution se marquait en lui, où se complétait sa noble intelligence. Les découvertes et les collections archéologiques l'intéressaient chaque jour davantage, et il se rendait compte qu'un bas-relief, par exemple, peut valoir autant qu'un texte. Il s'occupait de plus en plus des faits eux-mêmes, guerres et révolutions, et on en verra la preuve dans la dernière édition de son excellent manuel d'Histoire romaine'. Enfin, il suivait avec passion (et ses conversations de chaque jour le montraient à ses amis) les études de sociologie comparée, il rendait hommage aux résultats nouveaux qu'elles apportent, et quelques-uns des derniers comptes-rendus qu'il donna à la Revue critique attestent l'éveil continu de sa curiosité vers les questions de race, de sol, de milieu, d'organisme social, de tempérament national. Et l'on eût retrouvé l'indice de ses mille recherches dans le livre qu'il préparait sur l'histoire de la propriété romaine 2. Il est mort bien avant d'avoir achevé ce livre. Cette mort a été pour la science une perte infiniment plus grande que la presse ordinaire ne l'a senti. Guiraud disparu, c'est une glorieuse page de l'érudition française qui se ferme, et c'est une force de notre Université qui s'en va. Car il était bien une force pour le haut enseignement du pays, non pas seulement par les leçons que recevaient ses élèves et l'exemple qu'il leur donnait, mais encore par la probité de son travail, la franchise de sa pensée et de sa parole, ses colères contre tout ce qui était flatterie, réclame, bassesse et complaisance. Camille JULLIAN.

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Mme la marquise ARCONATI VISCONTI a donné à l'Université de Paris, en mémoire de son père, Alphonse Peyrat, une rente annuelle de 1,000 francs pour la fondation d'un prix triennal en faveur du meilleur ouvrage en français qui aura été publié dans les trois dernières années sur l'histoire de la France moderne et contemporaine. Ce prix sera décerné par un jury composé de quatre professeurs de l'Université de Paris, d'un délégué de l'École des hautes études et de délégués des Sociétés d'histoire moderne, de l'Histoire de la Révolution et de l'Histoire de la Révolution de 48. Il sera décerné pour la première fois en janvier 1908.

L'Académie des inscriptions et belles-lettres a attribué la plus grosse part du prix Bordin (études grecques et latines) à M. Paul MON

1. Paris, Alcan, 1903, in-12 (édition complètement remaniée).

2. Un très court chapitre en a paru dans la Revue des Études anciennes, 1904, p. 221 et suiv. (la Propriété primitive à Rome).

CEAUX pour son ouvrage l'Afrique romaine. Elle a partagé lé prix Saintour entre MM. Hoмo, Essai sur le règne de l'empereur Aurélien; MERLIN, l'Aventin dans l'antiquité; AUDOLLENT, Defixionum tabellae, et BOURGUET, l'Administration financière du sanctuaire pythique au IVe s. av. J.-C. — Elle a attribué le prix Estrade-Delcros à M. Joseph HALÉVY pour l'ensemble de ses travaux.

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- Le 45o Congrès des Sociétés savantes de Paris et des départements s'est tenu à Montpellier du mardi 2 au vendredi 5 avril. On trouvera dans le Journal officiel des 5, 6 et 7 avril un résumé des communications qui y ont été présentées. Les plus importantes, parmi celles qui intéressent les études historiques, sont les suivantes : Section d'histoire : MOREL. Les calendriers perpétuels en usage dans les diocèses de Beauvais, Noyon, Senlis aux xшe-xvi® s. REQUIN. L'emprisonnement de Laugier-Sapor, évêque de Gap, d'après des pièces de procédure inédites (1426). -H. HAUSER. La Cronique du roy François Ier, 1515-1542 (œuvre d'un habitant de Sens, qui écrivait après 1535; sans intérêt pour l'histoire générale). SABARTHES. Les origines de l'abbaye de Saint-Chinian (Hérault). — ARNAUD D'AGNEL. Étude sur les possessions de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille dans le bas Languedoc. - LABANDE. Chartes de fondation du prieuré de l'abbaye de Montmajour à Estoublon (utiles pour l'histoire de Montmajour). L. ANDRÉ. Les mss. de la reine Christine à la bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier (papiers et lettres de Christine). CHAILLAN. Le commerce des draps en Languedoc. R. FAGE. H. de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (bibliophile, père de Turenne). — Ph. QUEYRON. La gavacherie de Monségur. E. CLOUZOT. Utilité des recherches de météréologie rétrospective; méthode à suivre. L. GUIRAUD. Le procès de Guillaume Pellicier, évêque de Montpellier. COQUELLE. Relation inédite de la sédition de Montpellier (29 juin-3 juillet 1645) par l'intendant de Languedoc. P. GACHON. Note sur les modes de représentation et de députation aux États de Languedoc du xvie s. à la fin du XVIIe s. (origine féodale et coutumière du droit de représentation). P. COQUELLE. La mission d'Alquier en Suède (1810-1811; rupture de Napoléon avec la Suède). - J.-B. LAVIALLE. L'épuration de l'armée sous la Restauration, d'après une correspondance inédite.-L. THOMAS. Note sur la population du bas Languedoc à la fin du xe s. et au commencement du xive (d'après les enquêtes et estimations faites en vue d'asseoir » sur les terres du domaine royal les rentes concédées par le roi). BAZEILLE. Les billets de confiance dans le département de l'Orne (1791-93). J. BÉRANGER. La société patriotique de Rouen (1791-93) et les billets de confiance. GRANIER. La société populaire de Marsillargues. G. FLEURY. Les administrations municipales de canton dans l'ancien district de Mamers (jusqu'au 18 brumaire). ES. Cambacérès (biographie complète). · P. D'ARBOIS DE JUBAINregistres des bureaux de contrôle de l'ancien régime, aux de la Meuse. A. VAST. Le voyage de Louis XVI à

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Varennes (dépenses occasionnées par ce voyage). DE L'ESTOILE et E. DESSAT. Les origines des armées révolutionnaires et impériales dans l'Ariège. Section de géographie historique et descriptive: A. PAWLOWSKI. Les transformations du littoral français : le Talmondais vendéen et la Tranche aux Sables-d'Olonne. -J. FOURNIER. Les différends entre le Languedoc et la Provence au sujet de la propriété du cours du Rhône (documents des xire-xvIIIe s. importants pour la géographie historique). H. CORDIER. Le consulat de France à Canton au xvIIIe s. — MALAVIALLE. L'île Otinchia de la carte d'Andrea Bianco et la prétendue découverte de l'Amérique par les Portugais avant Christophe Colomb (l'île Otinchia est une ile fantastique). — MALAVIALLE. Sources de la mappemonde hydrographique de Waldseemüller (1516) en ce qui concerne l'Afrique. - A. CHAUVIGNÉ. Géographie historique et descriptive de la Sologne. Section des sciences économiques et sociales : BLIGNY-BONDURAUD. Les cahiers de la sénéchaussée de Nimes en 1789. - P. MOULIN. La vente des biens nationaux à Aubagne [Bouches-duRhône] (ces biens n'ont guère été morcelés). J. BENZACAR. Enquête sur la Banque royale de Law dans l'élection de Bordeaux. - P. Boyé. Les eaux et forêts en Lorraine au XVIIIe siècle.-E. DEVILLE. La crise monétaire au XVIe s. (projets soumis à l'Assemblée nationale en 17891792 pour remédier à l'insuffisance de la monnaie de billon). — J. CHAVANON. Une grève d'avocats sous Henri IV (1602). J. ADHER. Histoire de l'école centrale de Toulouse de 1796 à l'an XII. F. FRANDON. Le collège d'Uzès (1566-1903). L. BLAZY. Notes sur les collèges de l'ancien archidiocèse d'Arles à la veille de la Révolution.

Par arrêté en date du 14 février, M. A. AULARD a été nommé président de la Commission supérieure des Archives nationales, communales et hospitalières, en remplacement de M. Albert Sorel, décédé.

- Sur l'initiative de M. Pichon, ministre des Affaires étrangères, une commission vient d'être instituée pour préparer la publication d'un recueil de documents diplomatiques relatifs à la guerre de 1870. Cette commission, présidée par M. Deluns-Montaud, chef de la division des archives du ministère des Affaires étrangères, est composée de MM. Joseph Reinach, A. Aulard, Émile Bourgeois, L. Farges et

G. Mandel.

Au cours de l'année dernière, il a été institué au ministère de la Guerre un Comité technique des archives, présidé par M. le général Zimmer, sous-chef de l'État-major général de l'armée, qui comprend, outre les représentants des services intéressés, le chef de la section historique, M. le commandant Desbrière, et un délégué du ministre de l'Instruction publique, M. Camille Bloch, inspecteur général des archives. Ce comité vient de proposer au ministre de la Guerre, qui les a approuvées, d'excellentes mesures qui favoriseront le travail des historiens. En voici le résumé d'après la France militaire du 26 février 1907 « Saisi des desiderata de la Commission extraparlementaire des

archives instituée au ministère de l'Instruction publique, le ministre de la Guerre vient de compléter par de nouvelles dispositions les règles concernant la communication aux chercheurs et aux historiens des documents antérieurs à 1848 intéressant l'histoire et déposés dans les diverses archives militaires, soit à Paris, soit en province. A l'administration centrale, un grand nombre de documents du plus haut intérêt, qui étaient jusqu'alors dispersés dans les divers services, vont être versés à la section historique de l'État-major de l'armée, où ils pourront être consultés dans les formes ordinaires. De plus, il a été établi un inventaire des archives des sections techniques de l'artillerie et du génie; les personnes désireuses d'en prendre connaissance et de consulter les archives dont il s'agit y seront admises en faisant passer leur demande d'autorisation par l'intermédiaire du général sous-chef d'État-major de l'armée. La section historique de l'État-major de l'armée mettra également à la disposition des mêmes personnes les inventaires des archives des corps d'armée et gouvernements militaires qui contiennent de nombreux documents de la plus haute valeur. Copie de ces inventaires sera d'ailleurs déposée aux archives départementales, et la communication des pièces sera autorisée par les généraux commandant les corps d'armée. On pourra enfin consulter à la section historique de l'État-major de l'armée les catalogues des affaires de la justice militaire terminées, antérieures à 1814. Certaines de ces affaires présentent un réel intérêt historique, et les généraux commandant les corps d'armée pourront en autoriser la communication, sous réserve des précautions nécessaires pour sauvegarder les intérêts des familles. >>

La Direction des Archives a entrepris un État sommaire des papiers de la période révolutionnaire conservés dans les archives départementales. D'après le cadre de classement de 1874, ces papiers sont distribués dans la série L (administrations du département, des districts et des cantons) et dans la série Q (domaines nationaux). C'est de la série L seulement que s'occupe le présent État. On y trouvera deux choses : d'abord les registres dans lesquels ont été consignés les procès-verbaux des diverses assemblées administratives qui se succédèrent à la tête des départements, des districts et des cantons de la France; ensuite, une masse plus ou moins considérable de dossiers contenant, par exemple, les arrêtés des représentants du peuple en mission, les papiers relatifs aux élections, aux émigrés, aux subsistances, aux levées de troupes, à l'exercice du culte, etc.; d'un côté ce qu'on a dit, de l'autre ce qu'on a fait. Ce ne fut pas un mince travail que de coordonner les informations fournies par l'archiviste de chacun de nos quatre-vingtsix départements; si résumé qu'il soit, cet État sera un précieux guide pour les historiens de la Révolution en province. Il sera complet en deux volumes. Le tome I contient l'état des départements de Ain à Loire-Inférieure; une table générale se trouvera à la fin du tome II.

- M. Henri OMONT a fait tirer à part son article sur les Nouvelles acquisitions du département des manuscrits [à la Bibliothèque nationale], pendant les années 1905-1906 (Leroux, 1907, 80 pages); cet inventaire sommaire est extrait de la Bibliothèque de l'École des charles, année 1907, p. 5-74; mais l'auteur y a joint une liste des catalogues du département des manuscrits à la Bibliothèque nationale.

- M. Charles SEIGNOBOS, qui a pris une part des plus actives à la réforme récente des programmes historiques de notre enseignement secondaire, expose ses idées à cet égard dans une très intéressante brochure intitulée l'Histoire dans l'enseignement secondaire, qui sert d'introduction à son Cours d'histoire (Paris, A. Colin, 1906, in-16, 55 p., non mis dans le commerce). Il insiste avec raison sur l'utilité de l'histoire pour la formation intellectuelle de l'enfant : l'histoire peut et doit devenir un des meilleurs moyens de développer chez l'enfant les facultés d'analyse et de comparaison, en même temps qu'elle éveillera en lui les idées d'enchainement et d'évolution. M. S. donne d'excellentes indications sur le choix des devoirs d'histoire. L. H.

- L'édition que M. Ph. LAUER a donnée des Annales de Flodoard dans la Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire (fasc. 39. Paris, A. Picard et fils, 1906, in-8°, LXVIII-307 p.) mérite mieux que la simple mention qui en a été faite dans le dernier bulletin des publications relatives au moyen âge français (t. XCIII, p. 94). On ne possédait jusqu'ici de ce texte essentiel que des éditions vieillies et pour lesquelles une partie seulement des manuscrits avait été utilisée : la dernière en date, celle de Pertz, était depuis longtemps reconnue insuffisante. Celle de M. Lauer, qui repose sur un classement judicieux des sept manuscrits connus, accompagnée de notes historiques abondantes et d'un index très développé, comble donc une lacune importante. Elle est précédée d'une introduction où la biographie de Flodoard est retracée avec précision. On y trouvera, en outre, d'intéressantes considérations sur les manuscrits des Annales, transportés successivement de Reims à Dijon, puis en Normandie. M. Lauer, qui a repris, il y a quelques années, à son compte l'hypothèse suivant laquelle les Annales nous seraient parvenues incomplètes du début et auraient primitivement débuté en 893, maintient ici sa théorie, tout en reconnaissant par ailleurs, non sans se contredire quelque peu, que la numérotation grecque, qui était le seul argument nouveau qu'il eût versé au débat, ne pouvait rien prouver. Nous craignons aussi qu'il n'ait mal saisi (p. LIX) la portée d'une note de notre Recueil d'annales angevines et vendőmoises où nous disions que les Annales dites de Renaud et les Annales de Vendôme, qui indiquent sous l'année 917, d'après une source commune perdue, le début de l'œuvre de Flodoard, ne pouvaient être invoquées à l'appui d'une théorie qui suppose des Annales débutant en 893. Les courtes annales rédigées dans les églises et les monastères de l'Anjou et du Vendômois étant d'ordinaire datées seulement au moyen 14

REV. HISTOR. XCIV. 1er FASC.

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