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Ainsi, de 4828 à 1844, l'augmentation se trouve, pour les hommes qui ont reçu de l'instruction, de 42 pour cent; et celle des accusés illettrés, seulement de 18 pour cent.

Les statistiques du ministre de la justice nous fournissent les proportions suivantes entre les accusés ignorants et les lettrés : De 1828 à 1847 accusés....

149,141

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M. Ch. Giraud s'efforce également de prouver, par d'importantes statistiques, non-seulement que l'instruction n'augmente pas le nombre des crimes et des délits, mais qu'elle développe, au contraire, la moralité des populations.

Assurément, si l'on pouvait prendre à la lettre toutes ces preuves numériques incontestables, il serait impossible de ne pas admettre,

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comme évident, le résultat moralisateur de l'instruction, et le problème se trouverait ainsi jugé d'une manière absolue, tandis qu'il ne peut l'être que d'une façon relative.

Il est, en effet, indispensable, si l'on ne veut pas tomber dans les plus funestes erreurs, de faire en même temps la part de l'éducation, des circonstances qui entourent les sujets dans telle ou telle classe de la société; de ne pas tout mettre à la charge de l'ignorance, non plus qu'à l'avantage de l'instruction: car celle-ci, l'instruction primaire surtout, n'est qu'un instrument qui peut produire le bien ou le mal, suivant ses applications: tout dépend, en effet, à ce point de vue, de la nature des livres que l'on met entre les mains des enfants, d'abord; des adultes, ensuite.

<«En France, malheureusement, dit M. Portalis, lorsque l'instruction s'est répandue parmi le peuple, dans les campagnes et dans les villes, elles étaient inondées d'écrits immoraux, obscènes, impies, anarchiques. L'instruction sécularisée avait perdu tout caractère religieux : l'idée chrétienne en était bannie; le fanatisme révolutionnaire reléguait les doctrines morales au rang des superstitions. >>

Si de l'instruction primaire nous élevions nos regards vers les hautes études, et surtout vers les sciences d'application, nous verrions encore, même de ce côté, que si la culture de l'intelligence offre d'incontestables avantages, elle n'est pas, à ce nouveau point de vue, sans abus possibles, et sans véritables dangers.

<< La grande industrie, dit en effet M. de Rémusat, c'est-à-dire l'application des sciences au travail de la matière, développée sur une grande échelle par les grands capitaux, voilà peut-être la conquête la plus caractéristique des sociétés modernes; mais voilà aussi la caus e qui agit le plus puissamment sur la moralité des masses: voilà, pour tout dire, leur plus grand danger; et si les sociétés actuelles sont destinées à périr, la grande industrie y sera pour quelque chose; ce sont ses effets, non ceux de l'instruction populaire, qui doivent préoccuper le gouvernement.

<<< L'instruction est une puissance morale, et, comme toute puissance humaine, c'est une puissance autant pour le mal que pour le

bien. Elle élève celui qui la possède, elle l'arrache à l'abrutissement; elle en fait donc une créature morale d'un ordre supérieur; elle n'en fait pas une créature plus vertueuse la moralité pratique, la moralité vertu, a besoin de prendre ailleurs ses garanties et ses points d'appui.

<< L'instruction a souvent l'inconvénient de conduire les habitants des campagnes dans les villes, et de les exposer davantage à la misère, aux tentations; ce serait alors indirectement qu'elle favoriserait l'accroissement de la criminalité. »

Aujourd'hui le grand, l'important problème social de la culture morale de l'homme, au point de vue des avantages ou des dangers qu'elle peut offrir, se réduit donc à des termes clairs et précis :

Celle qui porte sur le cœur, sur le développement des qualités morales, de la vertu l'ÉDUCATION, forme la base, la condition indispensable de cette culture: sans elle, toute autre deviendra presque toujours plus nuisible qu'utile.

Celle qui présente pour objet l'esprit, l'agrandissement des facultés intellectuelles, du génie L'INSTRUCTION, offre, lorsqu'elle est : basée sur une bonne éducation, dirigée par la sagesse, sagesse, mesurée sur la condition sociale ou sur les moyens exceptionnels du sujet, le présent le plus utile et le plus précieux que l'on puisse faire à l'homme.

Mais lorsqu'elle s'opère en dehors des principes vrais de la religion et de la morale; qu'elle dépasse les facultés mentales de l'élève, et surtout ses besoins professionnels; qu'elle ne lui sert qu'à s'initier aux mauvaises doctrines, à la morale dépravée des livres corrompus, à perdre ainsi le sentiment du devoir, le goût du travail, la juste appréciation des droits; à s'égarer, sans retour, dans les funestes voies d'un déclassement pernicieux, etc.: cette prétendue culture intellectuelle devient la plus fatale ennemie de l'homme, sa dotation la plus dangereuse, le plus implacable mobile du désordre individuel et des calamités publiques !...

C'est pourtant au milieu des sinistres conséquences d'une instruction aussi vicieusement dirigée; lorsque la France, dans la stupeur, frémissait de ses désastres; lorsque ses plaies saignaient

encore, que M. Schoelcher disait, que les principaux chefs du gouvernement démocratique répétaient avec emphase : « Le peuple qui sait écrire et lire est moins criminel que celui qui ne le sait pas apprenons donc au peuple à lire et à écrire !... »

Est-il possible d'abuser plus étrangement des choses et des mots; de prendre plus dangereusement la conséquence pour le principe? Ici la confusion n'est-elle pas évidente, puisque les classes qui ne savent ni écrire ni lire sont en même temps les plus misérables; celles dont l'éducation est ordinairement nulle, ou, ce qui devient plus dangereux encore, mauvaise, fausse, ou même corrompue; ce qui nous explique bien mieux leurs vices, leurs méfaits, leurs crimes, que l'absence d'un premier degré d'instruction, qui, dans ce cas, ne servirait presque jamais qu'à les pervertir davantage?

M. Schoelcher, vaincu par la puissance de la vérité, semble, en effet, le reconnaître lui-même, lorsqu'il ajoute : « Répandre les lumières, ce sera poser la base du perfectionnement de la conscience publique. >>

Oui, sans doute mais dans les circonstances que nous venons de préciser; à la condition que les pamphlétaires immoraux et perturbateurs de l'ordre public se trouveront absolument réduits au silence; que le gouvernement permettra la publication seulement des livres qui contiennent de bons et d'utiles enseignements, etc.

L'auteur arrive bien près de cette conclusion, lorsqu'il dit encore: «Que les écoles primaires et supérieures se multiplient; que tous les enfants soient contraints d'y assister; qu'une forte éducation publique et une haute instruction morale soient données gratuitement à tous... L'honneur renaîtra dans le monde, le jour où chaque homme devenu, d'un côté, maître de sa raison par la culture de son intelligence, trouvera de l'autre, dans son travail, les moyens de pourvoir à tous ses besoins.

« Ces deux articles de la constitution de 1791 nous paraissent donc très-sages: Il sera créé et organisé une instruction publique, commune à tous les citoyens; gratuite à l'égard des parties de l'enseignement indispensables pour tous les hommes. »

Si le législateur n'a pas vu, dans le premier de ces articles, com

bien il serait faux et dangereux de donner la même instruction à toutes les conditions, à toutes les intelligences, il a du moins bien compris, dans le second, que jeter tous les enfants, par la facilité d'un enseignement gratuit, dans les parties de cet enseignement qui ne sont pas indispensables à tous les hommes, serait plus qu'une inconséquence, une folie; mais deviendrait une insinuation perfide, une mauvaise action.

Il sera créé, dit la même constitution, un établissement général de secours publics pour élever les enfants abandonnés, soulager les pauvres infirmes, et fournir du travail aux hommes valides qui n'auraient pu s'en procurer. »

Toute l'assistance publique est en principe dans ces divers articles; mais nous verrons également, en traitant des secours charitables, avec quel discernement et quelle prudence les applications de ce dernier paragraphe doivent être définitivement interprétées.

CHAPITRE II.

LIBERTÉ DE L'ENSEIGNEMENT.

L'ENSEIGNEMENT, Sidαoxaλía, de didácxw, j'instruis; documentum, de doceo, j'enseigne; est l'action de communiquer aux autres les connaissances dont l'ensemble forme le domaine des sciences et celui des arts.

Ainsi compris, l'enseignement fut de tous les temps, et dut se modifier dans le passage de l'état de nature à l'état social, par le développement de l'intelligence humaine, des découvertes qu'elle fit, des progrès de la civilisation et des lumières, dont cet enseignement fut toujours le principal moteur et l'un des plus puissants moyens.

D'abord individuel, simple transmission, de l'homme à l'enfant, des quelques notions acquises par l'expérience, et qu'il devait donner,

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