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Chapelle ou de Westphalie, et au bout de tant de fléaux et de hasards politiques un appel au peuple, une ratification de la paix dans les assemblées primaires, travaillées en guerre par les intrigans gorgés par les guinées des Anglais, les piastres des Espagnols, les crimes de l'Autriche et les artifices de Rome!

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Citoyens, voilà les présens que les prétendus amis de la paix, que ces Grecs modernes nous apportent! Hé quoi! la paix avec des tyrans! la paix avec des gouvernemens sans morale et sans foi publique! la paix avec des traîtres et des émigrés !

» Vous l'auraient-ils donnée cette paix, qu'on ne réclame que depuis qu'ils sont battus et chassés, vous l'auraient-ils donnée alors que Toulon, honteusement vendu, était souillé par leurs troupes déshonorées, que les Pyrénées orientales étaient envahies, que Lyon s'était constitué en contre-révolution permanente, que l'Ardèche et la Lozère étaient en feu? Vous l'auraient-ils offerte cette paix, tant célébrée aujourd'hui par nos philanthropes politiques, vous l'auraient-ils offerte alors que la séditieuse Gironde agitait son fédéralisme, en s'appuyant sur l'Angleterre marchande et la Vendée rebelle? Vous l'auraient-ils demandée cette paix tant désirée alors que la Vendée déployait ses bandes conspiratrices de Grenville à Noirmoutier, et d'une rive de la Loire à l'autre ? Vous parlaient-ils de République et de paix alors qu'ils menaçaient Maubeuge et Dunkerque, Strasbourg et Landau, et que la trahison leur donnait le Quesnoy, Valenciennes, le fort Vauban et Condé?

» Ils parlent de paix parce qu'ils sont vaincus; ils vous parlaient de royauté quand ils étaient vainqueurs. Ils parlent d'une République provisoire parce qu'ils sont complètement battus et déshonorés ; ils vous parlaient de l'inutile duc d'Yorck ou d'un régent émigré, pour un trône élevé sur la corruption des généraux, et sur l'avilissement de quelques cités.

» Ils vous parlent de trève parce qu'ils sont sans impôts et sans soldats; ils vous parlaient d'égorger tous les républicains pour rétablir Louis XVII quand ils déshonoraient le Var et qu'ils corrompaient le Bas-Rhin.

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Représentans des Français, la paix et la République ! la paix et la ruine des tyrans! la paix et le réveil des peuples !

» La liberté écrit ses traités de paix avec du fer sur le rocher; le despotisme écrit ses traités diplomatiques avec de l'or sur le sable.

» Rome ne voulut entendre les propositions de Carthage qu'après que cette République de marchands eût mis bas les armes et désarmé ses vaisseaux. Les républicains français n'ont

ils

pas le droit d'être aussi grands que les aristocrates romains? et le cercle de Popilius ne convient-il pas mieux à la France libre qu'à Rome ambitieuse? Enfin la Convention nationale, c'est à dire la première assemblée de l'univers, ne doit-elle pas conserver au milieu d'une grande nation républicaine l'attitude imposante qu'un des agens ordinaires de la République vient de prendre au milieu des étrangers?

» Le 25 nivose des agens attachés à un des gouvernemens du nord coalisés sondaient en Suisse un des agens de la République. A qui peut-on s'adresser en France, disent-ils, dans le cas où l'on voudrait en venir à des propositions de paix? - Cela n'est pas difficile, répond l'agent français; nous avons cent mille négociateurs à l'armée du Rhin, et cent mille autres à l'armée du Nord, sans compter les négociateurs placés dans les autres ar

mées.

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par

Citoyens, démentirons-nous cette réponse, et le représentant du peuple aura-t-il l'énergie d'un diplomate? et pourra-t-on nous faire illusion la distinction usée des peuples et des gouvernemens? Mais en Angleterre le gouvernement est national; il est constitutionnel; le peuple a une représentation quelconque; il donne les impôts; il vote la paix et la guerre; il la fait, il la soutient; il est le confident des projets de Pitt, et l'instrument de ses perfidies: qu'il montre donc, avec l'énergie des héritiers de Sidnei, que l'esprit républicain ne lui est pas étranger, et que tous les peuples sont frères! On veut sans cesse séparer le gouvernement de la nation; mais l'avez-vous séparé lorsque vous avez proclamé l'acte de navigation, lorsque vous avez prohibé les marchandises anglaises, et proscrit l'industrie britannique? Hé bien, que le peuple anglais se sépare de lui-même son atroce gouvernement! qu'il prouve que son sang et ses tré

sors ne doivent pas être prodigués dans une guerre contre les droits des hommes et la liberté des nations!

» Amis de la paix, les ennemis de la République ont-ils donc posé les armes? ont-ils retiré leurs troupes sanguinaires? ont-ils cessé de maltraiter nos prisonniers, de brûler nos vaisseaux, de corrompre nos généraux? Condé, Valenciennes, le Quesnoy, Collioure et le Port-Vendre sont-ils délivrés de la présence de l'Espagnol et de l'Autrichien ? Les tyrans de Bruxelles ont-ils cessé d'insulter aux représentans du peuple que la trahison leur a livrés, et qu'ils présentent aux injures des nobles et des émigrés ? Les corsaires anglais ont-ils cessé d'intercepter nos subsistances? Le gouvernement britannique a-til cessé d'intriguer dans les cours lointaines, d'accaparer insolemment les gouvernemens faibles, et de faire assassiner les chefs des gouvernemens neutres ?

» Ne cessons donc pas de former des bataillons, de fabri→ quer des armes, de construire des vaisseaux, de forger des canons, de récolter des salpêtres, et de fabriquer des poudres! C'est de vos arsenaux, c'est de vos ports, c'est de vos fabriques de poudre que sortiront les articles du traité de paix.

» Ainsi deux objets principaux sont le but de ce rapport.

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1°. La fabrication extraordinaire des armes ;

» 2°. La fabrication extraordinaire des poudres.

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Ces deux parties du rapport de Barrère présentaient, l'une, les résultats, les prodiges annoncés dans le rapport fait par Carnot le 13 brumaire sur la manufacture extraordinaire d'armes établie à Paris (voyez le tome précédent); la seconde, le tableau des ressources et des moyens à employer pour recueillir le salpêtre, fabriquer les poudres, préparer les munitions nécessaires aux quinze armées que la France opposait à la coalition.

Toutes les mesures proposées par le comité de salut public furent décrétées par la Convention, et volontairement exécutées par le peuple, dont le zèle se déployait toujours plus admirable à la voix de ses représentans. En peu de jours on vit les citoyens de toutes les professions, inspirés par l'amour de la liberté, manier la pelle et la pioche, porter

les chaudières, se servir des instrumens propres à combiner les élémens de la foudre, à la diriger, enfin se faire physiciens, chimistes, ingénieurs, et présenter à l'envi aux pères de la patrie le tribut de leurs efforts et de leur dévouement. (1)

Tout étant préparé pour soutenir la guerre ou pour commander la paix, le comité de salut public appela l'attention de l'Assemblée sur les moyens de maintenir la concorde entre les citoyens, l'harmonie dans les pouvoirs, et de fonder, de consolider les principes démocratiques.

RAPPORT sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l'administration intérieure de la République, fait par Robespierre au nom du comité de salut public. - Du 17 pluviose an 2. (5 Février 1794.)

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Citoyens représentans du peuple, nous avons exposé il y a quelque temps les principes de notre politique extérieure (2); nous venons développer aujourd'hui les principes de notre politique intérieure.

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Après avoir marché longtemps au hasard, et comme emportés par le mouvement des factions contraires, les représentans du peuple français ont enfin montré un caractère et un gouvernement; un changement subit dans la fortune de la nation annonça à l'Europe la régénération qui s'était opérée dans la représentation nationale. Mais, jusqu'au moment même où je parle, il faut convenir que nous avons été plutôt guidés, dans des circonstances si orageuses, par l'amour du bien et par le sentiment des besoins de la patrie que par une théorie exacte et des règles précises de conduite, que nous n'avions pas même le loisir de tracer.

(1) Deux citoyens de chaque district de la République furent appelés à Paris pour s'instruire dans les arts de raffiner le salpêtre, de fabriquer les poudres, de mouler, fondre et forer les canons, etc. Des cours publics, établis à cet effet, avaient été confiés à Guyton-Mor-veau, Fourcroy, Dufourny, Berthollet, Carny, Pluvinet, Hassenfratz, Monge, Perrier.

(2) Voyez le tome précédent.

» Il est temps de marquer nettement le but de la révolution, et le terme où nous voulons arriver; il est temps de nous rendre compte à nous-mêmes et des obstacles qui nous en éloignent encore, et des moyens que nous devons adopter pour l'atteindre : idée simple et importante, qui semble n'avoir jamais été aperçue. Eh! comment un gouvernement lâche et corrompu aurait-il osé la réaliser? Un roi, un sénat orgueilleux, un César, un Cromwell doivent avant tout couvrir leurs projets d'un voile religieux, transiger avec tous les vices, caresser tous les partis, écraser celui des gens de bien, opprimer ou tromper le peuple pour arriver au but de leur perfide ambition. Si nous n'avions pas eu une plus grande tâche à remplir, s'il ne s'agissait ici que des intérêts d'une faction ou d'une aristocratie nouvelle, nous aurions pu croire, comme certains écrivains plus ignorans encore que pervers, que le plan de la révolution française était écrit en toutes lettres dans les livres de Tacite et de Machiavel, et chercher les devoirs des représentans du peuple dans l'histoire d'Auguste, de Tibère ou de Vespasien, ou même dans celle de certains législateurs français; car, à quelques nuances près de perfidie ou de cruauté, tous les tyrans se ressemblent.

» Pour nous, nous venons aujourd'hui mettre l'univers dans la confidence de vos secrets politiques, afin que tous les amis de la patrie puissent se rallier à la voix de la raison et de l'intérêt public; afin que la nation française et ses représentans soient respectés dans tous les pays de l'univers où la connaissance de leurs véritables principes pourra parvenir; afin que les intrigans, qui cherchent toujours à remplacer d'autres intrigans, soient jugés par l'opinion publique sur des règles sûres et faciles.

» Il faut prendre de loin ses précautions pour remettre les destinées de la liberté dans les mains de la vérité, qui est éternelle, plus que dans celles des hommes, qui passent, de manière que si le gouvernement oublie les intérêts du peuple, ou qu'il retombe entre les mains des hommes corrompus, selon le cours naturel des choses, la lumière des principes reconnus éclaire ses trahisons, et que toute faction nouvelle trouve la mort dans la seule pensée du crime.

» Heureux le peuple qui peut arriver à ce point! car, quel

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