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moi non, je me trompe, ce n'était pas moi; c'était le fantôme imposteur que l'on présentait à ma place à une partie de nos collègues égarés, à la France, à l'univers !

» Si j'ai le droit de tenir ce langage à la Convention en général, je crois avoir aussi celui de l'adresser à cette montague célèbre, à qui je ne suis pas sans doute étranger. Je crois que cet hommage, parti de mon cœur, vaut bien celui qui sort de la bouche d'un autre.

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Oui, montagnards, vous serez toujours le boulevart de la liberté publique! Mais vous n'avez rien de commun avec les intrigans et les pervers, quels qu'ils soient; s'ils s'efforcent de vous tromper, s'ils prétendent s'identifier avec vous, ils n'en sont pas moins étrangers à vos principes, La montagne n'est autre chose que les hauteurs du patriotisme; un montagnard n'est autre chose qu'un patriote pur, raisonnable et sublime. Ce serait outrager la patrie, ce serait assassiner le peuple que de souffrir que quelques intrigans, plus méprisables que les autres parce qu'ils sont plus hypocrites, s'efforçassent d'entraîner une portion de cette montagne, et de s'y faire les chefs d'un parti!»

Bourdon (de l'Oise). « Jamais il n'est entré dans mes intentions de me faire chef d'un parti.

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Robespierre. « Ce serait l'excès de l'opprobre que quelques uns de nos collègues, égarés par la calomnie sur nos intentions et sur le but de nos travaux.....

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Bourdon. « Je demande qu'on prouve ce qu'on avance: on vient de dire assez clairement que j'étais un scélérat!

Robespierre « Je demande, au nom de la patrie, que la parole me soit conservée! Je n'ai pas nommé Bourdon; malheur à qui se nomme lui-même ! »

Bourdon. « Je défie Robespierre de prouver..... »

Robespierre. « Mais s'il veut se reconnaître au portrait général que mon devoir m'a forcé de tracer, il n'est pas en mon pouvoir de l'en empêcher. Oui, la montagne est pure, elle est sublime, et les intrigans ne sont pas de la montagne !

(Une voix; Nommez-les!) Je les nommerai quand il le faudra. A chaque instant du jour, à chaque instant de la nuit même il est des intrigans qui s'appliquent à insinuer dans l'esprit des hommes de bonne foi qui siégent sur la montagne les idées les plus fausses, les calomnies les plus atroces; il est des membres purs et respectables auprès desquels des intrigans épuisent à chaque instant les mêmes artifices par lesquels les Brissot, les Chabot, les Danton et tous les autres chefs adroits de la faction de l'étranger voulaient enlacer la Convention nationale tout entière.

» Par exemple, lorsqu'il arrive des départemens des représentans du peuple qui étaient en mission, et dont le rappel a été déterminé par des vues générales d'ordre public qui n'avaient rien d'injurieux pour eux, on s'en empare, on verse à longs traits dans leur cœur le poison de la calomnie, on excite leur amour propre ; et s'il s'en trouve de faibles, d'accessibles à quelqu'un des moyens qui sont mis en usage, on les transforme en ennemis du gouvernement créé par la Convention nationale: s'il en était quelques uns qui se ressouvinssent encore des anciennes mesures prises contrè la liberté, qui tinssent à quelque parti abattu, ce serait ceux-là qu'on chercherait surtout à accaparer. Le parti une fois formé, vous verriez s'y réunir infailliblement tous les intrigans de la République, tout ce qu'il y a de fripons et d'hommes perdus; car, il faut vous le dire encore, il suffirait qu'un seul homme manifestât des principes opposés à ceux de la Convention pour que tous les ennemis de la liberté se ralliassent à lui.

» Au reste ces intrigans cherchent à dissimuler leurs projets; ils se rétractent quand leurs tentatives n'ont pas réussi, et cherchent à couvrir leurs démarches par des protestations hypocrites d'estime et de dévouement pour la Convention nationale et pour le comité de salut public: aussitôt après ils suivent constamment leur plan, et n'en cherchent pas moins à grossir la boule de neige qu'ils forment, et qui, si elle descendait du sommet de la montagne, n'en grossirait que plus rapidement encore.

» Il faut rapporter ici un trait qui prouve que tout ce que nous avons dit n'est point chimérique et imaginaire. Avani

hier, après que vous eûtes porté la loi que l'on avait eu soin de rendre suspecte à quelques membres, et contre laquelle voulaient conspirer ceux qui s'opposent à tout ce qui affermit la liberté, il en est qui ne purent dissimuler leur méconten.ement; on voulait faire un esclandre, exciter un mouvement, pour briser les ressorts du gouvernement en lui ôtant la confiance publique. Au sortir de cette enceinte on rencontra des patriotes parmi lesquels étaient deux courriers du gouvernement; on crut que l'occasion était favorable; on les insulta. Que faites-vous là, coquins? leur dit-on. Représentans, je ne vous insulte pas; je suis patriote. Tu es un coquin, un espion des comités de salut public et de sûreté générale ; ils en ont vingt mille à leurs ordres autour de nous. Représentans, je ne puis employer la défenșe contre vous, mais je suis patriote autant que vous. On répondit par des coups; trois cents témoins en peuvent rendre témoignage.

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» Il est donc prouvé que l'on cherche encore à avilir la Convention nationale, qu'on veut à quelque prix que ce soit la troubler! Si les patriotes attaqués s'étaient défendus, vous sentez bien qu'on n'aurait pas manqué d'envenimer cette affaire; on serait venu vous dire le lendemain que des représentans du peuple avaient été insultés par des hommes attachés au comité de salut public, et peut-être ces inculpations appuyées par des clameurs, n'auraient-elles pas laissé les moyens de se faire entendre. Voilà ce qui s'est passé; et vous n'en serez pas étonnés si vous vous rappelez ces étranges discours tenus par quelques membres qui au sortir de cette enceinte annonçaient publiquement, à l'exemple de Lacroix, lapeur que leur inspirait la seule idée de la justice nationale.

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Qui donc a dit à ceux que je désigne que le comité de salut public avait intention de les attaquer? Qui leur a dit qu'il existait des preuves contre eux? Le comité les a-t-il seulement irenacés?

» A-t-il manqué d'égards, dans aucune circonstance envers le membres de la Convention nationale? Si vous connaissiez tout, citoyens, vous sauriez qu'on aurait plutôt le droit de Kous accuser de faiblesse ! Quand les mœurs seront plus pures, l'amour de la patrie plus ardent, des accusateurs généreux

s'éleveront contre nous, et nous reprocheront de n'avoir pas montré assez de fermeté contre les ennemis de la patrie.

» C'est à vous de soutenir notre courage, et d'animer notre zèle par votre énergie. Ceux qui cherchent à nous distraire de nos pénibles travaux par des trames continuelles, dirigées contre le gouvernement même, font une diversion utile aux tyrans ligués contre nous.

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Quant au système de calomnie qu'on a dirigé contre tout ce qui est patriote de bonne foi, il tombera bientôt, car c'est une propriété inséparable du temps que de découvrir toujours la vérité ; et si quelques membres purs, dupes du patriotisme hypocrite de quelques gens que je vous ai désignés, avaient pu se livrer aux idées sinistres qu'on leur a suggérées, ils seront bientôt éclairés, et il en sera d'eux comme des hommes purs qui avaient été égarés par les scélérats que la justice nationale a frappés.

» La patrie ne court qu'un seul danger, et c'est à vous de l'en garantir; seulement ne souffrez pas que des intrigues ténébreuses troublent la tranquillité publique et la vôtre par quelque explosion subite. S'il n'y a pas eu de mouvement en effet, ce n'est pas qu'on ne l'ait tenté; mais le peuple, invariablement attaché à la cause de la liberté, a été sourd aux instigations de ses ennemis; il a su les juger: aussi leur désespoir est-il porté à son comble; ils paraissent déterminés à tout hasarder.

» A l'égard des dangers qui ne regardent que nous, reposez-vous sur nous du soin de les braver; mais veillez sur la patrie, et ne souffrez pas qu'on porte atteinte à vos principes. Quand la confiance que vous avez mise en nous sera altérée, évitez à la patrie des déchiremens; il vaudrait mieux peut-être encore que les ennemis de la patrie, que les amis de d'Orléans siégeassent momentanément au timon des affaires publiques, que de voir la Convention avilie et divisée !

» Si les vérités que je viens de proférer ont été entendues, nous continuerons nos travaux avec courage. Observez toutefois que nous avons besoin d'encouragement, qu'on a tout fait pour rendre notre carrière pénible; c'est assez d'avoir à lutter contre les rois conjurés et contre tous les monstres de

la terre sans trouver à nos côtés des ennemis. Venez donc à notre secours; ne permettez pas qu'on nous sépare de vous, puisque nous ne sommes qu'une partie de vous-mêmes, et que nous ne sommes rien sans vous; donnez-nous la force de porter le fardeau immense et presque au dessus des efforts humains que vous nous avez imposé. Soyons toujours justes et unis en dépit de nos ennemis communs, et nous sauverons la République! » (Vifs applaudissemens; de toute part: Aux voix la proposition de Couthon!)

Lacroix-Constant. « C'est moi qui ai demandé l'interprétation de ces paroles : dépraver les mœurs ; mais d'après les explications données par le comité j'appuie moi-même l'ordre du jour, et je supplie la Convention de se bien persuader qu'il n'a pas été dans mon esprit de suspecter les intentions du comité. >>

Couthon. « Le comité de salut public est loin de l'avoir pensé; il a su rendre justice à Lacroix. »

Merlin (de Douai). « Comme c'est moi qui par hasard ai été le rédacteur du considérant, je crois devoir rappeler comment cela s'est passé. Avant-hier, lorsque le comité de salut public présenta le décret sur le tribunal révolutionnaire, plusieurs de mes collègues qui étaient autour de moi me conseillèrent de demander par amendement que les députés ne pussent être traduits au tribunal révolutionnaire que par un décret de la Convention. Je répondis que ce serait faire injure à la Convention, (plusieurs voix : C'est vrai!) parce que j'étais persuadé qu'elle n'avait pas entendu se dépouiller de ce droit. Hier la même proposition fut faite à la Convention. Pour terminer la discussion d'une manière honorable je proposai la question préalable, motivée comme l'aurait fait tout esprit judicieux. Au surplus, citoyens, si mon esprit a erré, il n'en a pas été de même de mon cœur. »

Robespierre. « Il est bon de dire que les observations que j'ai présentées sont des observations générales, et non pas des réflexions individuelles ; elles ne peuvent regarder Merlin, dont la motion ne tendait qu'à atténuer et à combattre celle de Bourdon. Ceux que cela regarde se nommeront eux-mêmes.

XIV.

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