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justice, la probité et les droits du peuple ! Vous frémirez d'horreur quand vous saurez la situation où vous êtes! quand vous saurez que la force armée est confiée à des mains parricides! quand vous saurez que le chef de la garde nationale a été dénoncé au comité de salut public par le tribunal révolutionnaire comme un complice d'Hébert et un conspirateur infàme! Vous frémirez d'horreur quand vous saurez que ceux qui accusent le gouvernement de placer à la tête de la force armée des conspirateurs et des nobles sont ceux qui nous ont forcé la main pour y mettre les seuls nobles qui y existent! et Lavallette, conspirateur à Lille, en est une preuve. Vous frémirez quand vous saurez qu'il est un homme qui, lorsqu'il fut question d'envoyer des représentans du peuple dans les départemens, ne trouva pas sur la liste qui lui fut présentée vingt membres de la Convention qui fussent dignes de cette mission !............. (Mouvement.) Je dirai plus; on s'est plaint que les patriotes étaient opprimés; certes vous aurez une bien étrange idée de la dénonciation quand vous saurez que celui de qui elle part a fait arrêter le meilleur comité révolutionnaire de Paris, celui de la section de l'Indivisibilité, quoiqu'il n'y eût que deux de ses membres qui fussent dénoncés! (Témoignages d'indignation.) Quand Robespierre vous dit qu'il s'est éloigné du comité parce qu'il y était opprimé, il a soin de ne pas vous faire tout connaître ; il ne vous dit pas que c'est parce qu'ayant fait dans le comité sa volonté pendant six mois, il y a trouvé de la résistance au moment où, seul, il a voulu faire rendre le décret du 22 prairial, ce décret qui dans les mains impures qu'il avait choisies pouvait être funeste aux patriotes! (Mouvement.)

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Sachez, citoyens, qu'hier le président du tribunal révolutionnaire a proposé ouvertement aux Jacobins de chasser de la Convention tous les hommes impurs, c'est à dire tous ceux qu'on veut sacrifier! Mais le peuple est là, et les patriotes sauront mourir pour sauver la liberté ! (Oui! Oui! Approbation unanime.)

» Je le répète; nous mourrons tous avec honneur, car je ne crois pas qu'il y ait ici un seul représentant qui voulût exister sous un tyran !... (Toute l'Assemblée : Non! Non!

Périssent les tyrans!) Les hommes qui parlent sans cesse de justice et de vertu à la Convention ou aux Jacobins sont ceux qui les foulent aux pieds quand ils le peuvent; en voici la preuve un secrétaire du comité de salut public avait volé 114,000 livres; j'ai demandé son arrestation, et Robespierre, qui parle sans cesse de justice et de vertu, est le seul qui l'ait empêché d'être arrêté. (Marques d'indignation.)

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Il est, citoyens, mille autres faits que je pourrais citer; et c'est nous qu'il accuse! Quoi! des hommes qui sont isolés, qui ne connaissent personne, qui passent les jours et les nuits au comité de salut public, qui organisent les victoires, ces hommes seraient des conspirateurs! Et ceux qui n'ont abandonné Hébert que quand il ne leur a plus été possible de le favoriser seront des hommes vertueux! La première fois que je dénonçai Danton au comité Robespierre se leva comme un furieux, en disant qu'il voyait mes intentions, que je voulais perdre les meilleurs patriotes... Tout cela m'a fait voir l'abîme creusé sous nos pas. Il ne faut point hésiter à le combler de nos cadavres, ou à triompher des traîtres!

» On voulait détruire, mutiler la Convention, et cette intention était si réelle qu'on avait organisé un espionnage des représentans du peuple qu'on voulait égorger. Il est infâme de parler de justice et de vertu quand on les brave, et quand on ne s'exhale que lorsqu'on est arrêté ou contrarié ! ' »

Robespierre s'élance à la tribune. Un grand nombre de voix A bas le tyran! A bas! A bas!

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Tallien. « Je demandais tout à l'heure qu'on déchirât le voile je viens d'apercevoir avec plaisir qu'il l'est entièrement, que les conspirateurs sont démasqués, qu'ils seront bientôt anéantis, et la liberté triomphera! (Vifs applaudissemens.) Tout annonce que l'ennemi de la représentation nationale va tomber sous ses coups. Nous donnons à notre République naissante une preuve de notre loyauté républicaine. Je me suis imposé jusqu'ici le silence parce que je savais d'un homme qui approchait le tyran de la France qu'il avait formé une liste de proscription; je n'ai pas voulu récriminer; mais j'ai yu hier la séance des jacobins; j'ai frémi pour la patrie ! J'ai

vu se former l'armée du nouveau Cromwel, et je me suis armé d'un poignard pour lui percer le sein si la Convention nationale n'avait pas le courage de le décréter d'accusation.... (Marques d'approbation réitérées. )

» Nous, républicains, accusons-le avec la loyauté du courage, en présence du peuple français! Il est bon d'éclairer les citoyens, et ceux qui fréquentent les tribunes des jacobins ne sont pas plus attachés à Robespierre qu'à aucun autre individu, mais à la liberté! (Applaudissemens.) Ce n'est pas non plus un individu que je viens attaquer; c'est l'attention de la Convention que j'appelle sur cette vaste conspiration. Je ne doute pas qu'elle prenuedes mesures énergiques et promptes, qu'elle ne reste ici en permanence pour sauver le peuple; et quoi qu'en aient dit les partisans de l'homme que je dénonce, il n'y aura pas de 31 mai, il n'y aura pas de proscriptions; la justice nationale seule frappera les scélérats! (Applaudissemens.) Comme il est de la dernière importance que dans les dangers qui environnent la patrie les citoyens ne soient pas égarés, que les chefs de la force armée ne puissent pas faire de mal, je demande l'arrestation d'Hanriot et de son étatmajor. Ensuite nous examinerons le décret qui a été rendu sur la seule proposition de l'homme qui nous occupe. Nous ne sommes pas modérés; mais nous voulons que l'innocence ne soit pas opprimée; nous voulons que le président du tribunal révolutionnaire traite les accusés avec décence et justice. (Applaudissemens.) Voilà la véritable vertu! voilà la véritable probité !

» Hier un membre du tribunal révolutionnaire a voulu exciter des citoyens à insulter un représentant du peuple qui a toujours été sur la brèche de la révolution; il a été outragé dans une société, et la représentation nationale a été avilie dans sa personne. Ceux qui ont combattu Lafayette et toutes les factions qui se sont succédées depuis se réuniront pour sauver la République! Que les écrivains patriotes se réveillent! J'appelle tous les vieux amis de la liberté, tous les anciens jacobins, tous les journalistes patriotes! Qu'ils concourent avec nous à sauver la liberté ! Ils tiendront parole; leur patriotisme m'en est garant. On avait jeté les yeux sur moi; j'aurais

porté ma tête sur l'échafaud avec courage, parce que je me serais dit un jour viendra où ma cendre sera relevée avec les honneurs dus à un patriote persécuté par un tyran! L'homme qui est à la tribune est un nouveau Catilina; ceux dont il s'était entouré étaient de nouveaux Verrès. On ne dira pas que les membres des deux comités sont mes partisans, car je ne les connais pas, et depuis ma mission je n'ai été abreuvé que de dégoûts. Robespierre voulait tour à tour nous attaquer, nous isoler, et enfin il serait resté un jour seul avec les hommes crapuleux et perdus de débauche qui le servent ! Je demande que nous décrétions la permanence de nos séances jusqu'à ce que le glaive de la loi ait assuré la révolution, et que nous ordonnions l'arrestation de ses créatures. >>

Le président met aux voix les propositions de Tallien, et la majorité les adopte par acclamation. Hanriot et sou état major sont en conséquence décrétés d'arrestation, et la séance déclarée permanente. Des cris de vive la République s'élèvent dans une partie de la salle.

Billaud-Varenne. « Les hommes que la Convention vient de frapper ne sont pas ceux qui méritent le plus son indignation. Il est un nommé Boulanger, conspirateur avec Hébert, qui s'est ouvertement prononcé à l'époque de la conspiration de celui-ci aux Cordeliers; cet homme a aussi conspiré avec Dumourier; il était l'ami de Danton, et c'est Dumas qui l'avait jeté hier au milieu des jacobins pour empêcher Collot-d'Herbois de parler. C'est ce Dumas qui, après avoir ameuté des contre-révolutionnaires, voulait faire regarder Collot comme un conspirateur, afin qu'il ne pût déchirer le voile ; ce Dumas dont toute la famille est émigrée, qui est accusé d'avoir soupé avec son frère la veille de son émigration, et contre lequel il y a aux Jacobins des preuves de la perfidie la plus atroce! Je demande donc l'arrestation de Dumas, de Boulanger, de Dufrèse. » (Adopté par acclamation.)

Delmas. « D'après les faits qui viennent d'être dénoncés il est impossible de ne pas croire qu'Hanriot ait eu l'adresse de s'entourer de conspirateurs; ses adjudans et ses aides de

camp doivent être infiniment suspects. J'en demande l'arrestation. » (Adopté par acclamation.)

Robespierre, qui était resté à la tribune, réclame la parole; il veut la prendre; sa voix se perd sous les cris redoublés : A bas le tyran! A bas! A bas! Barrère se présente; on applaudit.

RAPPORT fait par Barrère au nom des comités de salut public et de sûreté générale.

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Citoyens, un de mes collègues, revenant de l'armée du Nord, a rapporté au comité qu'un officier ennemi, fait prisonnier dans la dernière action qui nous a donné la Belgique, lui a dit: Tous vos succès ne sont rien ; nous n'en espérons pas moins traiter de la paix avec un parti, quel qu'il soit, avec une fraction de la Convention, et de changer bientôt de gouvernement.

>> Saint-Just nous a rapporté comme instruction ces nouvelles ne reçoivent-elles pas aujourd'hui leur application?

» Ce moment, prédit par l'officier autrichien, ne serait-il pas venu pour le parti de l'étranger et pour les ennemis de l'intérieur, si vous n'aviez pris des mesures vigoureuses?

» Les deux comités ne peuvent plus se dissimuler cette vérité : le gouvernement est attaqué; plusieurs de ses membres sont couverts d'improbation et d'injures; ses relations sont arrêtées; la confiance publique est suspendue, et l'on a fait le procès à ceux qui font le procès à la tyrannie.

» On parle de la persécution des patriotes... mais les comités n'ont-ils pas aussi à réclamer contre la même oppression ? Et depuis quelques jours on ameute de tous côtés les citoyens; on les égare contre le gouvernement révolutionnaire : les Anglais, les Autrichiens veulent-ils autre chose?

» On cherche à produire des mouvemens dans le peuple ; on cherche à saisir le pouvoir national au milieu d'une crise préparée; et l'on sait que tout état libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage en danger de périr. Il n'y a que vous, citoyens, qui de ces crises mêmes avez su tirer un nouveau moyen de maintenir le gouvernement révolutionnaire la même occasion s'est présentée aujourd'hui à

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