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DE FÉNÉLON,

COMPOSÉE

SUR LES MANUSCRITS ORIGINAUX.

PAR M. L-F'. DE BAUSSET,

ANCIEN ÉVÊQUE D'ALAIS, MEMBRE DU CHAPITRE IMPÉRIAL

DE SAINT-DENIS.

TOME TROISIÈME.

A PARIS,

CHEZ GIGUET ET MICHAUD, IMP.-LIBRAIRES,
RUE DES BONS-ENFANTS, No. 34;

A LA HAYE, CHEZ VAN CLEEF FRÈRES, LIBRAIRES
DE LA COUR ET DE LA BIBLIOTHÈQUE ROYALE;

A LEIPSICK, CHEZ P. J. BESSON, LIBRAIRE,

M. DCCC, VIII.

ཏཾའཅེས

HISTOIRE

DE FÉNÉLON.

LIVRE SIXIÈME.

Suite de l'affaire du Jansenisme.

DANS U

Instruction

Fénélon, en

logues.

ANS un temps où les controverses théologi- pastorale de ques occupaient tous les esprits, Fénélon, tou- forme de diajours fidèle à sa maxime, que la religion conservait ou recouvrait bien plus sûrement ses droits par l'instruction que par la force, imagina de réduire toutes ces questions subtiles et abstraites à quelques notions si simples et si claires qu'elles pussent convaincre tous les hommes raisonnables dans les classes mêmes les plus étrangères à ce genre de discussions. C'est ce qui lui fit naître l'idée de renfermer dans un certain nombre de dialogues, écrits dans un style simple et familier, toutes les controverses agitées en France depuis soixante-dix ans, sur les matières de la grâce. Il avait observé que les pères de l'église, les

plus recommandables par leurs lumières et leurs vertus, avaient employé avec succès. cette méthode contre les hérétiques de leur temps. C'est ainsi que S. Justin martyr, S. Athanase, S. Basile, S. Grégoire de Nasianze, Sévère Sulpice, S. Cyrille d'Alexandrie, Théodore et S. Chrysostôme, S. Jérôme, Cassien, S. Grégoire le Grand, S. Maxime et S. Anselme n'avaient pas cru déroger à la dignité de leur ministère et à la hauteur sublime de leurs talents, en descendant jusqu'aux dernières classes du peuple, pour l'instruire des mystères mêmes de la religion dans un langage et dans une forme appropriés à son ignorance et à sa simplicité. C'était par cette méthode aussi paternelle qu'apostolique que le christianisme avait fait des progrès rapides parmi les nations les plus étrangères à la culture des sciences et des arts; c'est ainsi qu'on était parvenu à former des chrétiens toujours prêts à sceller de leur sang une doctrine dont ces utiles instructions avaient gravé la conviction dans leur esprit, et fait goûter la sainteté à leur cœur.

Ce fut, en se conformant à ces exemples autorisés dans l'église, que Fénélon publia une instruction pastorale divisée en trois parties, et composée sous la forme de dialogues. Le succès les premiers dialogues l'encouragea à les étene au-delà des bornes qu'il s'était d'abord pres

crites, et il était encore occupé de ce travail lorsqu'il fut surpris par la mort. Il venait alors d'achever le dialogue sur la volonté de Dieu de sauver tous les hommes par une grâce générale et suffisante.

Deux jours avant sa mort, il chargea son secrétaire de l'insérer dans la nouvelle édition qu'il s'était proposé de publier, et lui indiqua même la place qu'il devait occuper dans ce recueil. Il fut en effet imprimé la même année 1715; on prit seulement la précaution de le diviser en deux, pour se conformer à l'intention générale de l'ouvrage, et éviter de fatiguer l'attention des lecteurs. Ces deux dialogues forment le douzième et le treizième de l'édition de 1715.

On pourra juger quel fut le succès de ces dialogues par le témoignage d'un homme de lettres célèbre. On aura peut-être aujourd'hui de la peine à comprendre comment Lamotte (1) a pu s'occuper avec tant d'intérêt de ces questions, que beaucoup d'écrivains affectent de mépriser, sans avoir assurément son esprit, ses talents et sa célébrité. C'est dans une lettre qu'il écrit à Fénélon, qu'on observe l'impresque firent sur Lamotte les dialogues théologiques dont nous venons de parler.

sion

(1) Antoine Houdard de Lamotte, né à Paris le 17 janvier 1672, mort le 26 décembre 1731, âgé de 59 ans.

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