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présentée au lecteur dans une suite de tableaux saisissants. Quelques récits seraient à remanier au point de vue des récents progrès de la science historique ainsi, après le livre de M. Hagenmayer, ce n'est plus à Pierre l'Ermite, mais à Urbain II que revient l'honneur de l'initiative de la première croisade. Il y aurait aussi, lors d'une nouvelle édition, quelques inadvertances à corriger Otton III a été confondu avec Otton I (p. 96), Alexandre Sévère placé à tort parmi les persécuteurs (p. 331), Pierre le Cruel renvoyé au XIIe siècle (p. 399). Ces menues critiques montrent que j'ai lu attentivement le livre, et, je dois l'avouer, ç'a été pour moi une lecture pleine de charmes.

- Du cours du P. Devivier, je n'ai pas beaucoup à dire, parce que la seconde édition a été l'objet, ici même (t. XLIX, p. 232), d'une appréciation élogieuse que j'aime à ratifier, et que l'espace dont je dispose ne me permettrait pas d'exposer avec détail les perfectionnements dont il a été l'objet. Qu'il me soit seulement permis de signaler, dans la cinquième édition, un plan synoptique du cours entier, placé en tête de l'ouvrage, et qui, comme moyen mnémonique, doit rendre des services dans l'enseignement. Une note à la fin du volume nous apprend d'autre part qu'une série de questions comprenant toute la matière du cours, et destinée à en faciliter l'étude, a été imprimée à part. Voilà d'heureuses innovations. Si le P. Devivier, à l'occasion d'une sixième édition, veut donner ces questions dans le volume lui-même, et s'il ajoute à son livre un chapitre final destiné à orienter ses jeunes lecteurs dans leurs études ultérieures sur l'apologétique, je me déclarerai très satisfait.

Beez est un charmant petit village caché comme une corbeille de fleurs au milieu des sombres rochers de la vallée de la Meuse près de Namur. C'est là qu'est éclos, dans la solitude et dans la méditation, le beau livre de M. l'abbé Guilmot. L'auteur a voulu en faire le résumé de tout ce que les Pères et les saints ont dit sur Notre-Seigneur. Il a lu et annoté les chefs-d'œuvre de la littérature sacrée, et, à la manière des abeilles qui empruntent à toutes les fleurs pour faire leur miel, il a composé de tous ces sucs un livre qui, sans prétendre à l'originalité, en a cependant une très réelle par la fusion parfaite des matériaux et par l'harmonieuse unité du plan. Le style est d'une suavité qui fait souvent penser à Fénelon, et un souffle de poésie circule à travers ces pages qui contribueront certainement à faire mieux connaître et mieux aimer Jésus. GODEFROID KURTH.

La Divinité de Jésus-Christ vengée des attaques du rationalisme contemporain, par le P. Fr.-A.-M. PORTMANS, des Frères-Prêcheurs. Paris, Vve Magnin, 1887, in-8 de XVI-450 p. - Prix : 5 fr.

Le R. P. Portmans a écrit un excellent travail sur la divinité de Jésus-
JUIN 1889.
T. LV. 32.

Christ. Nous ne l'avons pas ouvert, il faut l'avouer, sans quelque méfiance, car on publie sur ce sujet tant d'ouvrages qui ne sont pas à la hauteur de la matière que, ne connaissant pas d'ailleurs l'auteur, nous craignions d'avoir affaire à quelques conférences plus ou moins solides, à une réfutation plus oratoire qu'approfondie de M. Renan. Mais il suffit de lire quelques pages pour reconnaître la valeur de l'œuvre. Elle est divisée en six études, subdivisées elles-mêmes en plusieurs parties: 1o La Naissance de Jésus-Christ est la naissance d'un Dieu; 2° les Débuts de Jésus-Christ sont les débuts d'un Dieu; 3° les Euvres de Jésus-Christ sont les œuvres d'un Dieu; 4o les Affirmations de JésusChrist sont les affirmations d'un Dieu; 5o les Institutions de Jésus-Christ sont les institutions d'un Dieu; 6o enfin la Passion et la mort de JésusChrist sont la Passion et la mort d'un Dieu. L'auteur s'est proposé de fournir, d'une part, aux chrétiens convaincus mais peu au courant de la polémique religieuse, des armes pour repousser les attaques des incrédules, et, d'autre part, de contribuer à rendre la lumière de la vérité à quelques intelligences de bonne foi envahies par le doute. Il connaît très bien son sujet et l'une des parties les plus intéressantes de son travail est celle qui consiste à mettre les incrédules en contradiction les uns avec les autres. Il s'attache surtout à réfuter Strauss, Renan et Littré, et il ne laisse aucune de leurs objections contre le miracle et contre la divinité de Jésus-Christ sans réponse. Sa matière étant bien divisée et bien ordonnée, chaque chose vient naturellement à sa place, et tout est présenté avec autant de lucidité que de méthode. On pourrait faire quelques critiques de détail sur des points secondaires. Ainsi le P. Portmans, page 212, place la scène de la Transfiguration sur le Thabor, contrairement à l'opinion aujourd'hui prédominante parmi les exégètes, qui apportent de bonnes raisons en faveur de leur thèse, etc. Mais quoi qu'il en soit de ce point et de quelques autres sans conséquence pour la question principale, la thèse générale n'en est pas moins solidement établie. L. M.

Conférences sur la théologie de saint Thomas d’Aquin, par le R. P. LAVY, des Frères Prêcheurs. Paris, Chapelliez, 1884-88, 3 vol. in-12 de XCVI-290, 442, 606 p. - Prix: 10 fr. 50.

Voici une belle et bonne contribution à la vulgarisation de la philosophie thomiste. Pendant trois années, le R. P. Lavy, de l'ordre de Saint-Dominique, a tenu sous le charme de sa parole un auditoire de choix, réuni dans la crypte de Saint-Augustin, en lui expliquant les grands enseignements de l'Ange de l'école sur la nature et les attributs de Dieu. Ces conférences rédigées et considérablement développées sont devenues trois forts volumes sur la théologie, ou, comme nous dirions aujourd'hui, sur la théodicée de saint Thomas d'Aquin.

L'ouvrage est divisé en trois parties. Dans la première, l'auteur explique la manière dont nous arrivons à la connaissance de Dieu, quelle est sa nature et quels sont ses attributs généraux. Dans la seconde, il étudie la vie intérieure de l'être divin et le mystère de la Sainte Trinité. Dans la troisième, il traite de la création, des natures angéliques et de la nature corporelle.

Les personnes versées dans la philosophie scolastique ne trouveront naturellement rien de bien nouveau dans un ouvrage de cette nature. S'adressant à des gens du monde, l'auteur devait éviter les questions difficiles et controversées. Peut-être même aurait-il pu être un peu plus sévère à cet égard. Ses conférences sur les anges, sur la prescience et sur la prédestination auraient pu, ce semble, être supprimées sans dommage pour un tel public, dont elles risquaient de n'être pas très bien comprises. En général, le P. Lavy s'attache aux grandes lignes de la philosophie de saint Thomas. Il les retrace avec une reinarquable netteté. Son expression est très claire. Son style est imagé et souvent éloquent. Il y a telle conférence, la vingt-cinquième par exemple, sur la personne du Père, où se rencontrent des passages d'une rare élévation. Cet ouvrage sera lu certainement avec plaisir et profit par toute personne qui, sans être versée dans les mystères de la philosophie, aime à se rendre compte de ses croyances.

Nous nous permettons de signaler à l'auteur pour une nouvelle édition, qui sera certainement nécessaire, quelques oublis à corriger. C'est par distraction sans doute qu'il donne les tables de la loi pour le monument écrit le plus ancien. Cela ne peut plus se dire depuis la découverte des monuments égyptiens et assyriens. De tels lapsus ont peu d'importance dans un ouvrage de cet ordre; mais il faut éviter de donner prise aux critiques des incroyants.

La partie la plus délicate de l'œuvre du P. Lavy est celle où il traite de la théorie de l'évolution. L'éloquent religieux condamne le transformisme; il n'admet pas qu'une espèce puisse jamais passer à une autre. Mais il admet l'évolution, en ce sens que Dieu aurait déposé dans la matière une force divine en vertu de laquelle les espèces ont apparu au temps marqué et se sont développées progressivement. Il admettrait ce mode d'évolution même pour le corps de l'homme.

Nous craignons que ces idées ne déplaisent à bon nombre de théologiens. Dépouillées de leur forme oratoire, nécessairement un peu vague, elles se ramèneraient facilement à l'une des opinions en cours, au lieu d'en être la conciliation. Quant à l'homme, il nous paraît bien difficile de le comprendre dans la loi d'évolution, sans lui donner des ancêtres animaux, ce qui répugne au sens obvie de nos livres saints et à la conscience de bien des catholiques. On ne les rassurerait pas en leur disant que ces animaux n'appartenaient à aucune des autres espèces, mais étaient par destination spéciale les précurseurs de l'homme.

Quoi qu'il en soit de cette divergence sur une question très controversée aujourd'hui, nous croyons qu'il est peu d'ouvrages aussi propres que celui du P. Lavy à donner au grand public une idée juste et élevée des grandes et fortes doctrines de la philosophie du moyen âge. D. V.

JURISPRUDENCE

Il non intervento, studio di diritto internazionale universale, par E. CIMBALI. Rome, Bocca, 1889, in-8 de 273 p. — Prix : 5 fr.

Précisons d'abord le sujet de ce livre : il y a deux sortes d'intervention, suivant qu'elle s'exerce entre deux États pour des faits extérieurs, ou qu'elle a pour objet les affaires intérieures d'un État. Un publiciste connu, Carnazza Amari, a ingénieusement formulé cette distinction par les mots intus ou intra venire. Je proposerais, pour ce dernier cas, le mot immixtion. M. Cimbali s'occupe exclusivement de l'intervention d'un État dans les affaires intérieures d'un autre Etat intus venire. Il est peu de questions plus controversées. Ainsi M. Périn admet, d'après un auteur allemand, que « le principe d'intervention est le principe le plus providentiel du droit des gens. » Il ajoute dans l'Ordre international: « Le droit d'intervention en lui-même est aussi naturel que peut l'être le droit des États à l'indépendance et à l'égalité souveraines. Le but non avoué du principe de non-intervention, c'est de rendre inattaquable la liberté du mal. » Par contre, la plupart des publicistes posent en principe l'indépendance complète de chaque État pour ses actes intérieurs; mais ils admettent des exceptions. Enfin, quelques rares auteurs, notamment Hautefeuille, ne concèdent aucune exception, même dans le cas où les actes intérieurs d'un État causent aux ressortissants d'un autre des dommages indirects. Carnazza Amari et M. Cimbali, son élève, appartiennent à cette école.

L'auteur de Il non intervento formule ainsi son principe : « Chaque peuple a le droit de se gouverner et de s'administrer selon le propre sentiment national. Chaque peuple a droit à sa propre indépendance et non à l'usurpation de l'indépendance des autres (p. 87 et 89). » M. Cimbali examine successivement les exceptions consenties par d'autres auteurs et il les rejette toutes. Par contre, il énonce diverses actions qui ne lui paraissent pas avoir le caractère d'une intervention, ou immixtion illégitime, à savoir la délivrance d'une nation opprimée par un État étranger · une action sollicitée par le consentement unanime des partis la médiation. Il n'admet pas, du reste, et il a bien raison, que l'unité politique puisse être imposée par la force à des groupes de même nationalité, et, à fortiori, de même race (p. 254 à 255). Cette question et celles qui s'y rattachent, ont été abordées dans

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un rapport présenté au Congrès bibliographique de 1888. Enfin, ajoute M. Cimbali, non seulement un État est tenu de respecter l'indépendance intérieure des autres États, mais il a le devoir de la faire respecter, sous peine de devenir complice d'une violation du droit des gens (p. 264).

Dans une dépêche du 19 janvier 1821, lord Castelreagh, parlant de l'immixtion étrangère dans les affaires intérieures d'un État, disait : « Ce droit doit être « une exception » aux principes les plus essentiels; il ne peut être admis que dans des circonstances spéciales. » Dans les questions de droit, il faut, en effet, reconnaitre les exceptions imposées par les principes supérieurs ou par la nature des choses, mais se garder en même temps de prendre l'exception pour la règle.

Le nouveau livre de M. Cimbali, comme celui que nous analysions ici en août 1888, contient des idées et des déductions que nous ne pouvons accepter; mais, sous cette réserve, nous devons reconnaître que l'étude en sera profitable pour deux raisons: 1o Il non intervento formule avec netteté, sans ménagement ni restriction, une opinion très tranchée; 2o M. Cimbali a eu soin de faire connaître les objections de la plupart de ses contradicteurs. Nous lui signalerons, en terminant, un article sur l'intervention, qui a paru dans la Revue catholique des institutions et du droit (juin 1886). A. D'AVRIL.

SCIENCES ET ARTS

Essai d'une théorie rationnelle des sociétés de secours mutuels, par PROSPER DE LAFITTE. Paris, Gauthier-Villars, 1888, gr. in-8 de 157 p. Prix : 5 fr.

Nous sommes un peu en retard pour rendre compte de cet excellent ouvrage; mais il n'a rien perdu de son actualité, car le 20 mars de cette année, le ministre de l'intérieur a institué une commission pour étudier la comptabilité des Sociétés de secours mutuels et le programme qu'il lui a tracé est emprunté presque textuellement aux conclusions de M. Prosper de Lafitte.

Les sociétés de secours mutuels promettent à leurs membres trois sortes de secours : des secours médicaux et des indemnités en cas de maladie, le paiement des frais funéraires, une petite pension de retraite, sans compter divers secours extraordinaires. Elles perçoivent un droit d'entrée invariable et des cotisations mensuelles avec lesquelles elles supportent ces charges. La plupart des sociétés trouvant à la fin de l'année un excédent d'espèces dans leur caisse, s'imaginent être audessus de leurs affaires. Il n'en est rien et la vérité est que la majorité d'entre elles marche inconsciemment vers la faillite. Leur erreur provient: 1o de ce que la plupart de ces sociétés sont encore récentes; une

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