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formé le département du Nord (Paris, 1878), de Ribbe Familles et Sociétés en France avant la Révolution (Paris, 1873. Livre II. Chap. IV).

Presque chaque province a vu naître de semblables travaux minutieux, exacts: M. de Jussieu a étudié la Savoie, M. de Charmasse le diocèse d'Autun; nous trouverons enfin de nombreux détails sur l'enseignement primaire avant la Révolution dans les beaux ouvrages de M. Albert Babeau le Village sous l'Ancien Régime (Didier et Cie 1879), la Ville sous l'Ancien Régime (idem. 1880). Nous trouverons d'excellents aperçus dans le livre de Léopold Delisle la Condition de la Classe agricole et l'état de l'agriculture en Normandie au Moyen-Age (Evreux, 1851), dans Siméon Luce Histoire de Duguesclin (Paris, 1851), dans les Lettres à Grégoire sur les palois de France, publiées par M. Gazier en 1880. L'Abbé Grégoire avait envoyé, dans tous les départements où la langue française n'était pas exclusivement en usage, un questionnaire étendu, portant sur l'état de l'enseignement primaire dans ces provinces. Les réponses qu'il reçut et les Cahiers de 1789, analysés par M. Champion, (Chamerot, éditeur, 1884), peuvent, beaucoup mieux que les plaidoyers passionnés de certains défenseurs de l'Eglise, contribuer à donner une notion exacte de l'état de l'enseignement primaire sous l'Ancien Régime.

On lira avec fruit l'ouvrage, déjà ancien, de M. l'Abbé Allain : l'Instruction primaire en France avant la Révolution. Tel qu'il est, malgré sa haine

de la Réforme, ses préventions contre la Révolution, ce livre demeure encore aujourd'hui un des meilleurs, un des plus complets qui aient été publiés sur l'éducation populaire en France. Nous nous garderons bien d'accepter les conclusions de M. l'Abbé Allain, qui veut prouver que l'éducation primaire était florissante dans toutes les provinces. Conformément à notre méthode nous montrerons quelle diversité de situation il y avait entre les écoles du royaume et nous prouverons que même dans les écoles existantes l'instruction était très médiocre et des plus insuffisantes. On y élevait des croyants sincères, mais on n'y formait pas des esprits cultivés, on n'y éveillait ni les sentiments ni l'esprit.

Nous avons enfin beaucoup emprunté pour notre historique de l'enseignement primaire au savant article de M. Rambaud dans le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaires (au mot France).

A mesure que cette étude s'avancera, nous citerons les divers ouvrages qui nous ont fourni la matière de notre travail.

Dans les temps barbares qui succédèrent à la chute de l'Empire romain, le moine et l'évêque, comme nous l'avons montré, représentèrent l'idéalisme, la douceur consolante et la divine charité indulgente aux crimes de ces rudes époques. Non seulement

l'Eglise ouvrit ses bras aux malheureux, aux criminels, à toutes les victimes de ces âges de lutte et de guerre, mais elle organisa la cité contre les Barbares, puis sut conquérir leurs rois, et lentement, patiemment, les asservir. Mais la société mérovingienne une fois organisée, les Barbares soumis, l'Eglise pensa à renouveler sa force et à assurer sa suprématie en ouvrant ses rangs à tous les hommes de bonne volonté et de foi sincère. Les premiers Conciles qui s'occupèrent de l'enseignement eurent en vue le recrutement du clergé.

Le Concile de Vaison, tenu en 529, ordonne que « les curés des campagnes prendraient dans leurs maisons autant de jeunes lecteurs qu'ils pourraient en rencontrer pour leur apprendre le psautier et le reste de l'Ecriture sainte ».

Un autre Concile, tenu entre les évêques de Bretagne et de Normandie vers l'année 700, nous apprend que tous les enfants seront amenés à l'école de la cité pour y recevoir une instruction élémentaire, excepté ceux que leurs fonctions attachaient au service des prêtres dans les petites villes 1.

Charlemagne, en 789, ordonna aux prêtres de tenir des écoles dans leurs paroisses, et un Concile de Mayence, tenu en 813, leur conseilla d'exhorter vivement le peuple à envoyer les enfants à ces écoles. Les efforts de Charlemagne et d'Alcuin tendaient à

1 Cité par M. Léon Boutry: L'enseignement primaire et la monarchie.

faire de l'école une institution publique et non plus une tâche confiée par les familles à des précepteurs particuliers. Charlemagne avait compris que l'unité d'idées est la condition indispensable de l'unité politique; en appelant dans les écoles et les fils des serfs et les fils des hommes libres, il cherchait à former une société éclairée. On enseignait dans ces écoles la grammaire, l'arithmétique et le chant.

Mais le règne des successeurs de Charlemagne fut troublé et l'œuvre d'enseignement abandonnée; dès 829 le Concile de Paris reprochait aux prêtres de négliger l'enseignement du catéchisme au peuple. A cette époque, un évêque d'Orléans, Théodulphe, engageait les prêtres de son diocèse à établir des écoles dans les villes et dans les bourgs. Il fut l'auteur du premier vœu de gratuité que connaisse l'enseignement populaire. « Que les prêtres, disait-il, n'exigent aucun prix de leurs leçons et qu'ils ne reçoivent rien de leurs élèves, si ce n'est ce que les enfants offriront librement, par esprit de charité. ». Diverses ordonnances prescrivent aux prêtres d'établir des écoles ce sont celles d'Hérard de Tours (856), de Vaultier d'Orléans (860), d'Hincmar de Reims, de Riculphe, évêque de Soissons (889). Ce dernier document recommande aux prêtres de recevoir dans leurs écoles des enfants des deux sexes, en veillant à ce que les filles ne fussent pas instruites avec les garçons; l'Abbé Allain en conclut que ces écoles n'étaient pas uniquement destinées aux clercs. On

peut supposer qu'il y avait à cette époque des écoles établies dans les cathédrales, dans les monastères et auprès de certains curés de village. Mais les documents nous font défaut et il faut admettre que les ordonnances citées plus haut ont reçu plein effet, que le zèle des prêtres s'est maintenu et que les évêques d'autres régions promulguèrent de semblables ordonnances.

Le dixième et le onzième siècles furent des époques de violences et de guerres sans fin, où se manifestaient les instincts farouches, les haines. Mais dès la fin du onzième sièéle des monastères s'élevèrent dans toute la France. L'instruction y était donnée à tous les degrés, afin d'assurer le recrutement des prêtres réguliers; les enfants qui recevaient cette instruction étaient peu nombreux, comme le prouve un texte de Guibert de Nogent, qui, en parlant de l'an 1065, écrivait : « Il y avait un peu avant cette époque et même encore depuis une si grande rareté de maîtres d'école qu'on en voyait pour ainsi dire aucun dans la campagne et qu'à peine on pouvait en trouver dans les grandes villes; encore étaient-ils d'une si faible science qu'on ne pouvait les comparer aux clercs qui sont maintenant dans les campagnes.» Guibert de Nogent écrivait ces mots en 1110, et le même chroniqueur constatait que

1 Vie de G. de Nogent par lui-même. (Guizot. Collection des Mémoires sur l'Histoire de France. Paris. 1825, in-8. T. IX, p. 356-357).

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