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<«< mêmes et sans violence, si c'étoit avec quelque << bonne raison qu'ils se privoient volontairement << des avantages qui pouvoient leur être communs <«< avec tous mes autres sujets.

« Je résolus aussi d'attirer, même par récompense, «< ceux qui se rendroient dociles; d'animer, autant << que je pourrois, les évêques, afin qu'ils travail<<< lassent à leur instruction; de ne mettre, enfin, dans <<< toutes les places (ecclésiastiques) dont j'ai la nomi<«< nation, que des personnes de piété, d'application, de << savoir, capables de réparer, par une conduite toute <<< contraire, les désordres que celle de leurs prédéces<«<seurs avoit principalement produits dans l'Eglise 1.»

En fait, dès 1665 avaient eu lieu des tentatives de persécution religieuse, mais, grâce à l'intervention de Colbert, le zèle des Parlements et du Clergé fut contenu. (Une Déclaration du 24 octobre 1665 avait autorisé les enfants protestants à se convertir, malgré leurs parents, dès l'âge de douze ans pour les filles, de quatorze ans pour les garçons, et à quitter leurs familles en exigeant d'elles une pension.) Mais, à partir de 1674, les édits d'oppression se succédèrent et les mesures vexatoires, qui supprimaient peu à peu les libertés accordées par l'Edit de Nantes, devaient, en 1685, aboutir à sa révocation. On commença par envoyer des Dragons dans le Béarn, en Guyenne, puis dans le Limousin, la Saintonge et le Poitou, qui, par la terreur et d'atroces forfaits, con

1 Euvres de Louis XIV. Mémoires et Instruct., T. I. p. 84

vertirent les religionnaires. « Dieu se sert de toutes voies », écrivait Madame de Maintenon'. Après les délibérations d'un Conseil de conscience réuni depuis quelques mois par le roi, la Révocation fut signée le 17 octobre 1685, à l'instigation du père La Chaise, de Louvois et de Mme de Maintenon. On sait quelles en furent les conséquences morales et les effets: l'émigration, qui avait commencé dès 1681, prit d'immenses proportions, et les exilés allèrent porter leurs arts et leurs industries à Londres, en Hollande, dans le Brandebourg.

Nous avons tenu à rappeler brièvement les principaux épisodes de la lutte de la Monarchie contre le Protestantisme pour faire comprendre le sens historique du grand Edit de 1698 et de la Déclaration royale de 1724, qui contiennent d'importantes mesures relatives à l'enseignement primaire, mais nous devons remarquer que la lutte contre l'hérésie, au moyen de l'école de village, est bien antérieure à la Révocation. Un édit de 1626, enregistré au Parlement, avait décidé que les maîtres d'école des villes et des villages devaient être approuvés par les curés des paroisses ou << les personnes ecclésiastiques

1 Noailles, Histoire de Madame de Maintenon. T. II, p. 426. Cf. Henri Martin, Histoire de France. T. XIII, chap. 85 et tome XIV, chap. 86.

2 Des Cahiers, aux Etats de 1614, appellent l'attention du pouvoir sur l'enseignement primaire, mais il n'y eut aucune décision du roi.

ayant droit d'y nommer ». Les évêques avaient, dans leur diocèse, un droit étroit de contrôle sur les écoles.

« Une lettre du roi Louis XIII, datée du 15 décem<«<bre 1640, à M. l'évêque de Poitiers, écrit M. Léon << Boutry dans son intéressante brochure L'Enseigne«ment primaire et la Monarchie, défend les écoles << mixtes, ordonne que toutes les écoles de garçons << seront tenues par des hommes qui seront reconnus << capables de capacité et probité requises pour en<< seigner la jeunesse; aucune école ne sera ouverte << sans la permission de l'évêque '. »

Une Déclaration royale (février 1657) dans son Art. 21 prescrit que les régents des collèges et des Petites-Ecoles devront être catholiques, et qu'ils devront être examinés par l'évêque ou les curés et faire leur profession de foi entre leurs mains.

Les règlements élaborés dans la plupart des assemblées ecclésiastiques réglementèrent cette surveillance morale et ce sévère contrôle. Une autre Déclaration royale de mars 1666 (Art. 22) réglementait la nomination et la destitution des régents. Enfin, le 13 décembre 16982, Louis XIV prescrivait par

2 Loc. cit. p., 31.

1 Le Conseil avait, avant de prendre une décision, délibéré longuement sur les affaires des Protestants. Pontchartrain et l'archevêque de Paris, Noailles, consulté sur l'avis du ministre, réclamèrent la tolérance; mais la plupart des évêques se prononcèrent pour la contrainte, le mot est de Fléchier, évêque de Nîmes, qui demanda une contrainte salutaire, GodetDesmarais, évêque de Chartres, directeur de Mme de Main

Edit l'établissement d'écoles dans toutes les paroisses. Les habitants devaient être imposés pour assurer les traitements des maîtres et des maîtresses, fixés pour les premiers à 150 livres, pour les secondes à 100 livres.

« Voulons que l'on établisse autant qu'il sera possi<< ble des maîtres et des maîtresses dans toutes les «< écoles et les paroisses où il n'y en a point, pour << instruire tous les enfants, et nommément ceux dont << les pères et les mères ont fait profession de la reli<< gion prétendue réformée, du catéchisme et des << prières qui sont nécessaires pour les conduire à << la messe tous les jours ouvriers, leur donner l'ins<«<truction dont ils ont besoin sur ce sujet et pour en << avoir soin pendant le temps qu'ils iront aux dites « écoles, qu'ils assistent aux offices divins les diman<«<ches et les fêtes; comme aussi pour apprendre à << lire et même à écrire à ceux qui pourront en avoir << besoin, et que dans tous les lieux où il n'y aura << pas d'autres fonds, il puisse être imposé sur tous <<< les habitants la somme qui manquera pour leur <«< subsistance jusqu'à celle de 150 livres pour les << maîtres et celle de 100 livres pour les maîtresses.

« Enjoignons à tous les pères, mères, tuteurs et

tenon, répondit : « Si l'on n'a pas fait difficulté de recevoir l'abjuration d'un grand nombre de calvinistes dont on pouvait craindre que la conversion ne fût pas sincère, pourquoi se fera-t-on aujourd'hui de la difficulté de les contraindre par les mêmes voies à recevoir les sacrements ? » « Les enfants seront au moins catholiques si les pères sont hypocrites», avait écrit Mme de Maintenon au moment de la Révocation.

<< autres personnes qui sont chargées de l'éduca«<tion des enfants, et nommément de ceux dont les << pères et mères ont fait profession de la religion << prétendue réformée de les envoyer aux dites écoles <«<et au catéchisme jusqu'à l'âge de quatorze ans. <<< Enjoignons aux curés de veiller avec une attention << particulière sur l'instruction desdits enfants dans <«<leurs paroisses 1. »

Une Déclaration royale du 14 mai 1724 confirme les prescriptions de 1698 et charge « les procureurs << fiscaux de se faire remettre tous les mois la liste des <«< enfants qui n'iraient pas aux écoles, afin de faire << poursuivre les pères, mères, tuteurs et curateurs «< chargés de leur éducation. >>>

Ces deux tentatives du pouvoir central pour assurer l'obligation de l'enseignement n'ont pas uniquement pour but généreux sa diffusion L'édit de 1698 a pour titre « sur la Religion », et la Déclaration royale de 1724 est une mesure haineuse du Duc de Bourbon contre les Protestants, prise à l'instigation de Lavergne de Tressan, archevêque de Rouen. La monarchie qui établissait ces prescriptions dans une intention de prosélytisme religieux, n'en manifestait pas moins pour la première fois l'ingérence du pouvoir central dans les écoles populaires, qui, jusqu'alors, étaient uniquement des œuvres paroissiales. Pour la première fois, l'Etat centralisé tente de se substituer à l'initiative duclergé. Les évêques, les curés et les vicaires sont les

1 Anciennes lois françaises. T. XX, p. 314.

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