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J. J. Ollier, à St-Sulpice, Ad. Bourdoise, à St-Nicolas et à Liancourt, Ch. Démia à Lyon (1636-1689). Mais ces essais ne furent pas très heureux et demeurèrent des tentatives isolées, très courageuses, très utiles, mais sans effets pratiques.

Au contraire, l'oeuvre de l'abbé de La Salle fut couronnée de succès; elle devait, de longues années, représenter un effort profond, consciencieux, lucide, en faveur de l'enseignement populaire et demeurer un exemple de méthode patiente et d'intelligence disciplinée.

L'abbé de La Salle fonda, au début du xvIIIe siècle, l'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes; les statuts en furent adoptés en 1717, et le Pape Benoît XIII consolida cette œuvre en lui donnant son approbation en 1724; des lettres patentes du roi, de 1725, l'autorisèrent dans tout le royaume 1. Cette congrégation donnait un enseignement gratuit, composé des premiers principes de la lecture, de l'écriture, de l'orthographe, de l'arithmétique et de l'instruction religieuse.

Nous pouvons saluer en J. B. de La Salle le fondateur de l'école gratuite, car le principe de la gratuité absolue était inconnu dans la plupart des petites écoles, comme nous le montrerons dans les paragraphes suivants. En 1789 la plupart des écoles

1 En 1778, lors des nouvelles lettres patentes accordées par Louis XVI, la Congrégation comptait : 114 maisons, 760 frères, 30.990 élèves.

2 « Vers 1780, la municipalité de Boulogne voulut faire payer

paroissiales étaient confiées aux frères des Ecoles chrétiennes.

L'instruction des jeunes filles ne fut pas négligée, à partir du xvIIe siècle, dans la plupart des provinces françaises. Les filles de la Congrégation de N.-D. · les Ursulines, les Visitandines ouvrirent des classes gratuites à côté des pensions pour les jeunes filles de la noblesse. Les sœurs de la Visitation (fondées par Jeanne de Chantal), les Filles de la Croix fondées par Vincent de Paul dirigeaient des écoles élémentaires.

Beaucoup de ces communautés étaient séculières et on n'y prêtait pas alors de vœux; elles formaient des professeurs dans leurs noviciats qui ouvraient plus tard des écoles souvent gratuites. Les laïques vouées à l'enseignement étaient très rares dans les villes, alors qu'au contraire ils étaient très nombreux dans les paroisses rurales.

§. 3. Nous avons vu dans le chapitre précédent quelle était au XVIe siècle la situation des petites-écoles en province et à Paris : les documents font défaut, touchant l'état de ces institutions dans les provinces françaises; elles traversèrent une crise terrible à cette

6 livres par an aux enfants non indigents qui allaient chez les frères. Le Général de l'Institut s'opposa à cette décision, comme étant contraire à la gratuité des écoles. » A. Babeau, La Ville sous l'Ancien Régime, citant Archives de Boulogne, no 695.

1 Dans certaines paroisses, qui composent aujourd'hui le département de la Haute-Marne, on interdisait encore au XVIIIe siècle d'enseigner à lire aux filles. Fayet, Recherches sur les communes et écoles de la Haute-Marne, p. 15.

époque troublée, d'où la relevèrent les efforts des protestants et des catholiques qui voulurent, les uns parce que la diffusion de leurs doctrines l'exigeait, les autres parce qu'ils voulaient abolir l'héresie naissante, s'emparer de l'enseignement élémentaire et des petites écoles.

Dans le cours des xvIIe et XVIIe siècles le pouvoir royal devait, à deux reprises, montrer qu'il entendait continuer cette politique de l'Eglise et lui donner son approbation Aussi voyons-nous les évêques fonder dans tous les diocèses de nombreuses écoles. « Nous « exhortons les curés, écrivait en 1690, l'évêque de « Grenoble, de s'appliquer à l'établissement des << petites-écoles dans les paroisses par toutes les voies << que la charité leur inspirera. »

L'évêque de Châlons, vers 1738, en établit dans toutes les paroisses; les statuts de cet évêché et ceux de Toul recommandent aux curés d'employer leurs ressources à fonder ou doter des écoles. Nous retrouvons les mêmes prescriptions dans les mandements des évêques de Saint-Malo, à la fin du xvir siècle, et de Dijon, en 1744.

De nombreuses monographies établissent que dans beaucoup de provinces les écoles étaient nombreuses; mais il n'y avait pas d'unité et dans beaucoup d'autres nous voyons les écoles faire entièrement défaut. En général, les écoles étaient plus nombreuses dans l'Est de la France en Lorraine, en Franche-Comté, en Champagne.

Sur les 446 communes qui forment aujourd'hui le

département de l'Aube, 420 localités possédaient une école.

En Normandie, ces écoles avaient atteint un développement considérable. En 1683, sur 32 paroisses visitées, l'évêque trouva 22 écoles; en 1687, sur 56 paroisses, 42avaient une école. Enfin, de 1710 à 1717, sur 1.159 paroisses l'évêque trouva 1.100 écoles dont 306 de jeunes filles'. Dans le Comté Nantais, sur 81 paroisses citées par M. Léon Maître, 64 étaient pourvues d'écoles 2.

Nous renvoyons pour les détails concernant les différentes provinces aux articles consacrés à chacun des départements dans le très substantiel Dictionnaire de Pédagogie, publié sous la direction de M. F. Buisson.

A côté de ces écoles paroissiales tenues par les curés ou par des magisters, tantôt gratuites, tantôt entretenues par des droits d'écolage, il existaitdes écoles de charité qu'entretenaient ou les fondations pieuses ou les libéralités des particuliers ou les subventions des villes.

Il y eut certainement beaucoup d'écoles au XVIIIe siècle, aussi bien dans les campagnes que dans les villes; mais il ne faut pas imprudemment généraliser: la répartition de ces Petites-Ecoles était des plus inégales, variant de province à province, de ville à ville même. Il convient d'examiner avec prudence les chiffres apportés par les auteurs des monographies

1 Procès-verbaux de visite de l'archevêque de Rouen. * Revue de Bretagne et de Vendée, Mai 1874.

cités dans les premières pages de cette «< Introduction». Tous, sans exception, cherchent à justifier l'Ancien Régime et oublient volontiers que leurs observations, valables pour une période donnée, en une certaine région, très limitée, sont dépourvues de toute valeur scientifique pour les autres provinces françaises.

Nous devons, au contraire, conclure de plusieurs documents, des Lettres à Grégoire notamment, que l'enseignement populaire n'avait guère de racines solides dans l'ancienne France et, là où il existait, irrégulier, insuffisant, il devait donner de bien médiocres résultats. En réalité, ces petites écoles, surtout dans les campagnes ne distribuaien! que de très élémentaires notions et se bornaient la plupart du temps à une répétition du Catéchisme.

Si la situation des petites-écoles dans les provin ces françaises est imparfaitement connue, si nous devons apporter beaucoup de prudence dans l'étude des documents les concernant, nous connaissons en revanche avec assez de précision l'état de l'enseignement populaire à Paris.

A Paris, les écoles élémentaires étaient, comme on l'a vu, placées sous l'autorité du Grand Chantre de Notre-Dame, qui, au cours des xvIIe et XVIIe siècles va lutter pour conserver entre ses mains cet enseignement et s'en réserver le privilège, à l'exclusion de tout particulier et de tout corps, soit civil, soit ecclésiastique.

Cette lutte, fort obscurcie par un grand nombre d'arrêts contradictoires, a été exposée avec clarté

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