Slike stranica
PDF
ePub
[ocr errors]

INTRODUCTION

Notre but, dans ce travail, a été de présenter une vue d'ensemble de l'enseignement primaire public en France; nous avons essayé d'en préciser les caractères et les tendances, après avoir brièvement étudié l'état des écoles populaires sous l'Ancien Régime. Nous avons laissé de côté l'enseignement primaire privé, où la plus grande liberté de formes peut régner, pour nous attacher à l'enseignement public caractérisé par trois principes la gratuité, l'obligation, la laïcité. Nous montrerons comment l'avènement de la démocratie et la consécration du suffrage universel faisaient de l'établissement de l'enseignement primaire une impérieuse réforme pour les législateurs de la III République. La nécessité de refondre cet enseignement, de l'adapter aux besoins nouveaux et de transformer l'âme de tout un pays par l'éducation et par l'instruction, s'empara de tous les esprits après les défaites

de 1870, mais ce qui fait l'originalité de cette réforme, c'est l'esprit philosophique dont elle

[blocks in formation]

était animée, et qui ne tendait rien moins qu'à émanciper toutes les consciences et à fonder une nation nouvelle, affranchie des dogmes, rationaliste, offrant au monde l'exemple d'un grand peuple philosophe.

Nous n'avons pas voulu donner une étude minutieuse des Lois et des documents administratifs, si nombreux en cette matière, mais raconter un fragment de l'Histoire de l'enseignement en France et des luttes passionnées auxquelles toutes les réformes qui touchent l'école donnèrent lieu.

Des livres excellents rassemblent tous les documents nécessaires à un historien soucieux de connaître les différentes étapes de la réforme scolaire, à un administrateur désireux d'étudier dans ses plus minutieuses prescriptions l'esprit et la lettre des Lois; ils consulteront avec fruit:

La Législation de l'enseignement primaire en France depuis 1789 jusqu'à nos jours, par M.

Gréard.

Le Dictionnaire de Pédagogie et d'Instruction Primaire, par M. Buisson.

M. Gréard a rassemblé tous les textes relatifs à l'enseignement primaire et les a éclairés par le récit des faits qui les ont vu naître et l'énuméra

1 Ch. de Mourgues. Paris, 1874.

2 Hachette, 1882.

tion des résultats auxquels ils ont abouti. M. Buisson a étudié toutes les personnes et toutes les choses qui touchent à l'enseignement primaire, selon un ordre alphabétique; son Dictionnaire est un prodigieux recueil de documents.

M. Brouard a publié un Essai d'Histoire Critique de l'Enseignement primaire1 qui contient la plupart des textes relatifs à l'enseignement; on trouvera ces textes méthodiquement classés dans le Code de l'Instruction primaire par M. Pichard (nouvelle édition revue par M. Wissemans 2) ouvrage très précieux, parce que tous les documents relatifs à l'enseignement y sont recueillis et mis en ordre suivant les matières qu'ils concernent.

Nous renvoyons donc à ces ouvrages très sûrs pour tout ce qui concerne la Législation de l'enseignement primaire que nous avons seulement étudié dans sa genèse historique, dans sa philosophie et dans ses résultats.

Nous avons accordé une grande place à l'exposé historique de l'enseignement populaire sous l'Ancien Régime, parce qu'il nous a semblé qu'un essai sur l'ensemble de cet enseignement, autant qu'on puisse avoir une connaissance d'ensemble quand il s'agit de l'Ancien Régime, était intéres

'Hachette, 1901. Hachette, 1906.

sant et nouveau. Beaucoup de polémiques se sont livrées sur ce terrain ces dernières années.

En réalité, la France ancienne n'était que diversité et, notamment au point de vue de l'enseignement primaire, le nombre des écoles variait ainsi que le caractère de l'enseignement, suivant les villes. La méthode monographique est la seule sérieuse, la seule qui, se gardant des vaines généralisations, puisse aboutir à des résultats scientifiques, exacts. Malheureusement notre travail, trop restreint, ne peut embrasser que de larges périodes et doit aboutir à quelques idées générales, pour être vivant, pour être utile: nous avons exprimé ces idées générales avec beaucoup de prudence et en rappelant toujours que la plus grande variété d'institutions et de coutumes, existant dans l'ancienne France, il fallait toujours corriger ces idées générales par le sentiment très précis qu'elles peuvent ne pas correspondre à la réalité pour telle province, pour telle paroisse. Elles valent pour la plus grande partie du pays.

La Révolution a effacé ces diversités provinciales, ces morcellements administratifs et a tenté d'établir un enseignement national, alors que sous la monarchie, cet enseignement était une œuvre privée, une œuvre charitable, abandonnée à la libre initiative de chacun.

« PrethodnaNastavi »