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« de la patrie et le goût du travail. » On devait y apprendre aux enfants des traits de vertu civique et la Déclaration des Droits de l'Homme. Une commission élue de cinq membres, devait dans chaque district, distribuer les écoles et examiner les candidats munis d'un certificat de civisme. Le traitement des instituteurs était de 120 livres. Les articles 12 et 22 prononçaient des exclusions: les nobles, ministres des cultes, religieuses, chanoinesses et sœurs grises ne pouvaient devenir instituteurs ou institutrices.

Le décret du 29 frimaire de l'an II devait constituer une importante mesure législative 1.

Ce fut Lakanal qui présenta le rapport et Danton intervint dans la discussion; il soutint la nécessité de l'enseignement élémentaire contre un conventionel de son parti, Thibaudeau, et montra que l'école devait être obligatoire.

<< Il est temps de rétablir ce grand principe qu'on « semble trop méconnaître que les enfants appar<< tiennent à la République avant d'appartenir à leurs << parents. Personne plus que moi ne respecte la << nature, mais l'intérêt social exige que là seulement « viennent se réunir toutes les affections. Qui me « répondra que les enfants, travaillés par l'égoïsme « des pères, ne deviennent dangereux pour la Répu«blique ! Nous avons assez fait pour les affections,

1 Voir page 124 la note sur le plan de Michel Lepelletier.

<devons-nous dire aux parents, nous ne vous les << arrachons pas vos enfants; mais vous ne pourrez les << soustraire à l'influence nationale... Et que doit donc << nous importer la raison d'un individu devant la << raison nationale ? Qui de nous ignore les dangers a que peut produire cet isolement perpétuel ? C'est

dans les écoles nationales que l'enfant doit sucer le << lait républicain. La République est une et indivi<«<sible. L'instruction publique doit aussi se rapporter « à ce centre d'unité. A qui d'ailleurs accorderions<< nous cette faculté de s'isoler ? C'est au riche seul. « Et que dira le pauvre contre lequel on élèvera << peut-être des serpents? J'appuie donc l'amendement < proposé 1».

Ce Décret du 29 frimaire de l'an II établissait l'enseignement primaire, gratuit et obligatoire. « L'en«seignement est libre, et il sera fait publiquement. << Les citoyens et les citoyennes voulant ouvrir une « école devront en faire la déclaration à la munici«palité, désigner la science ou l'art qu'ils voudront < enseigner et produire un certificat de civisme et de << mœurs... Point d'autre formalité.

« Le premier degré de l'instruction, c'est-à-dire l'instruction primaire, sera salarié par l'Etat.

<< Les parents qui négligeront d'envoyer leurs en<«<fants aux écoles primaires seront passibles, la pre«mière fois, d'une amende égale au quart de leurs << contributions; en cas de récidive, ils paieront une

1 Moniteur (réimpression). T. XVIII. p. 654.

<< amende double et seront privés pendant dix ans de « leurs droits de citoyens ».

1

'On ne peut négliger de signaler ici l'influence exercée par les idées de Michel Lepelletier qui avait préparé tout un système d'enseignement avant la discussion du Décret de l'An II La mort devait l'empêcher de l'exposer à l'Assenblée et ce fut son frère Félix qui, six mois après l'assassinat, vint lire à la tribune le Plan d'Education Nationale. Le 13 juillet 1793, Robespierre fit une nouvelle lecture du manuscrit. Lepelletier qui reprenait le plan de Condorcet, voulait avant tout organiser d'une manière efficace les écoles primaires. « Avant les degrés supérieurs qui ne peuvent devenir utiles qu'à un petit nombre d'hommes, écrivait-il, je cherche une instruction générale pour tous, convenable aux besoins de tous, qui la dette de la République envers tous; en un mot, une édu cation vraiment et universellement nationale. » Le système proposé par le Comité d'Instruction Publique et qui devait aboutir au Décret de frimaire, lui paraissait sur ce point insuffisant. Nous avons cru qu'il était intéressant de reproduire ici le Plan de Michel Lepelletier :

est

<< Former des hommes, propager les connaissances humaines, << voilà les parties du problème à résoudre.

« La premièrec onstitue l'éducation, la seconde l'instruction. << Celle ci, quoique offerte à tous, devient, par la nature << même des choses, la propriété exclusive d'un petit nom«bre de membres de la société, à raison de la différence << des professions et des talents.

« Celle là doit-être commune à tous et universellement « bien faisante... Tous les enfants seront élevés aux dépens << de la République, depuis l'âge de cinq ans jusqu'à douze << pour les garçons et jusqu'à onze pour les filles.

« L'éducation nationale sera la même pour tous. Dette de < la patrie envers tous, tous y ont droit, et nul n'en peut << refuser la jouissance à ses enfants...

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«< L'éducation commune est bonne, tant qu'il s'agit de << former, non des laboureurs, non des artisans, non des << savants, mais des hommes.

Un décret en date du 27 brumaire an III (17 novembre 1794) rédigé par Lakanal, modifia le décret du 29 frimaire an II. Il établissait une école pri

.....

«< L'objet de l'éducation nationale sera de fortifier le « corps des enfants, de le développer par des exercices de << gymnastique de les accoutumer au travail des mains, « de les endurcir à la fatigue, de leur élever le cœur et « d'orner leur esprit des connaissances nécessaires à tout a citoyen, quelle que soit sa profession.

<< Lorsque les enfants seront parvenus au terme de l'édu<<< cation nationale, ils seront remis entre les mains de leurs << parents ou tuteurs et rendus aux divers travaux de l'agri«< culture et de l'industrie.

« Les connaissances humaines et les beaux-arts seront <<< enseignés publiquement et gratuitement par des maîtres <<< qui recevront de la nation leur salaire.

<< Les cours où les enfants ne seront admis qu'après << avoir reçu l'éducation nationale, seront partagés en trois de<< grés d'instruction : les écoles publiques, les instituts, les << lycées.

« Pour l'étude des belles-lettres, des sciences et des arts, «ilsera choisi un enfant sur cinquante, parmi ceux qui <<< auront annoncé des aptitudes particulières ou des talents << supérieurs. Les enfants choisis seront entretenus aux frais << de la République, auprès des écoles publiques, pendant le « cours d'études qui sera de quatre ans.

<< Parmi ces derniers, ceux dont les talents se seront déve<< loppés davantage, seront également entretenus, aux frais « de la République, auprès des Instituts, pendant les cinq << ans quedurera ce second cours d'études.

<«< Enfin, la moitié des pensionnaires qui auront parcouru << avec le plus de distinction la carrière des Instituts, seront << choisis pour être entretenus auprès du lycée et y suivre << le cours d'études pendant quatre années.

<< Lorsqu'une femme conduira un enfant âgé de cinq ans à « l'établissement de l'éducation nationale, elle recevra de la « République, pour chacun des quatre premiers enfants qu'elle

maire par 1.00 habitants; les instituteurs étaient nommés par le peuple mais ils subissaient un examen devant un jury d'Instruction composé de trois

<< aura élevés jusqu'à cet âge, la somme de 100 livres, le dou<< ble pour chaque enfant qui excédera le nombre de quatre << jusqu'à huit, et ponr chaque enfant au delà 300 livres. Aucune << mère ne pourra refuser l'honneur de cette récompense; elle << n'y aura droits qu'autant qu'elle justifiera par une attesta <<< tion de la municipalité qu'elle a allaité son enfant.

<< Durant le cours de l'éducation nationale, le temps des << enfants sera partagé entre l'étude, la gymnastique et le tra«< vail des mains. Le dixième du produit de leur travail leur << sera remis ; les neuf dixièmes seront appliqués aux dépen<< ses de la maison.

« Aucun domestique ne sera employé dans les maisons << d'éducation nationale. Les enfants les plus âgés, chacun à << son tour rempliront les diverses fonctions du service jour<< nalier de la maison.

<< Les enfants recevront une nourriture saine, mais frugale, << un habillement commode, mais grossier; ils seront couchés << sans mollesse ; de telle sorte que, quelque profession qs'ils << embrassent et dans quelques circonstances qu'ils se << trouvent plus tard, ils puissent se passer des superfluités << et mépriser les besoins factices.

«< La surveillance de chaque établissement d'éducation natio «nale sera confiée à un conseil de pères de famille.

Michel Lepelletier exposait par ailleurs comment il comptait couvrir l'énorme dépense.

«... La mesure la plus douce comme la plus efficace de << corriger la bizarre disparité que le hasard de la propriété << jette entre les citoyens, se trouve dans le mode de répartir << les charges publiques. La théorie est simple: elle consiste à << épargner le pauvre et à faire contribuer le riche. Eh bien << que dans chaque canton l'entretien des enfants soit payé << par les habitants du canton, au prorata de la contribution « directe de chacun d'eux, de telle sorte que l'homme aux

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