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<< veiller leurs écoles. Les supérieurs de ces congréga<< tions pourront être membres de l'Université. »

Ce dernier article qui faisait appel au concours des disciples de J.-B. de La Salle, leur remettait l'éducation du peuple : c'était rompre avec la tradition révolutionnaire, rompre avec les principes de laïcité qu'elle avait essayé de poser à la base des institutions politiques. Pendant quarante années et plus, nous assisterons à la lutte de tous les hommes épris de progrès contre cet abandon coupable de l'enseignement public entre les Mains d'une congrégation, très respectable, mais peu dévouée aux principes nou

veaux.

Cette lutte très violente, très ardente, qui s'engagea autour de la question si importante de la laïcité et du personnel enseignant, et de l'enseignement lui-même, forme le fond de l'histoire de notre enseiguement primaire jusqu'à l'avènement de la IIIe République 2.

1 On n'exigeait de l'instituteur aucune garantie de savoir ou de moralité; les instituteurs n'avaient d'ailleurs pas l'honneur d'être membres de l'Université ainsi qu'en témoigne une Ordonnance du 25 juillet 1812; ils ne devaient être considérés que comme ses agents et n'étaient pas justiciables du Conseil de l'Université; ils étaient placés sous la surveillance des Préfets, des Sous-Préfets et des Maires des communes. En revanche, ils restaient sacristains, chantres et sonneurs!

2 Une circulaire du 30 janvier 1809 nous montre les secrètes intentions du gouvernement impérial; on y lit que les maîtres d'école sont destinés à répandre les premiers principes de la religion et les éléments des connaissances humaines. Et le Président de la Commission de l'Instruction écrivait aux

Après ce Décret de 1808, l'Empire devait oublier jusqu'en 1815 les « petites-écoles » qui ne comptaient guère que 737.000 élèves. Carnot avait signalé leur insuffisance à l'Empereur. « L'instruction primaire, << avait-il exposé, est le véritable moyen d'élever suc«< cessivement à la dignité d'hommes tous les indi<< vidus de l'espèce humaine. Elle doit finir par faire << participer tous les individus des classes les moins << fortunées aux bienfaits de l'éducation. » Sur ses instances, un Décret fut promulgué en 1815.

<< Considérant l'importance de l'éducation primaire << pour l'amélioration du sort de lè société ;

<< Considérant que les méthodes jusqu'aujourd'hui «< usitées en France n'ont pas rempli le but qu'il est << possible d'atteindre; désirant porter cette partie « de nos institutions à la hauteur des lumières du « siècle, sur le rapport de notre Ministre de l'Inté«< rieur, nous avons décrété ce qui suit :

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« Art. 1. Notre Ministre de l'Intérieur appellera près de lui les personnes qui méritent d'être con<< sultées sur les meilleures méthodes d'éducation << primaire. Il examinera ces méthodes, décidera et << dirigera l'essai de celles qu'il jugera devoir être << préférées.

<< Art. 2. Il sera ouvert à Paris une école d'essai << d'éducation primaire organisée de manière à pou

recteurs de France, le 15 mars 1808 : « L'objet de l'instruction << primaire est surtout de multiplier, de renforcer en quelque ⚫ sorte l'instruction religieuse. >>

«voir servir de modèle et à devenir école normale

<< pour former des instituteurs primaires.

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<< Art. 3. Après qu'il aura été obtenu des résul<< tats satisfaisants de l'école d'essai, notre Ministre de <«<l'Intérieur nous proposera les mesures propres à << faire promptement jouir tous les départements des << nouvelles méthodes qui auront été adoptées. »

On le voit encore une fois, l'idée que l'enseignement doit être un grand service public avait été abandonnée ; d'ailleurs, les ressources manquant, les institeurs faisant défaut, il fallait bien laisser le soin de donner l'enseignement élémentaire aux Congrégations.

Cependant certains esprits concevaient un autre enseignement c'est l'époque où la Société pour l'Instruction élémentaire se fonde et groupe des hommes comme Lazare Carnot, J.-B. Say, Mérimée, Cuvier, l'abbé Gaultier, La Rochefoucauld-Liancourt, Boulay de la Meurthe. La Société créa de nombreuses écoles où elle introduisit la méthode d'enseignement mutuel, employée avec succès en Angleterre. Peu à peu ces efforts devaient être récompensés et dès la fin de l'Empire, les esprits les plus élevés, et les plus nobles commençaient à sentir l'importance de cette réforme pour le développement des libertés publiques.

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§ 2. Louis XVIII essaya par l'Ordonnance du 29 février 1816, de l'accomplir. L'Ordonnance crée dans chaque canton « un comité gratuit et de charité pour surveiller et encourager l'instruction pri

maire. Le curé du canton en a la présidence, le sous-préfet et le procureur du roi les places d'honneur. Le maire et le curé surveillent l'école et délivrent au candidat instituteur un certificat de bonne conduite qu'il devra présenter au recteur de l'Académie ou à son délégué en subissant un examen; s'il est subi avec succès, le recteur lui délivrera un certificat de capacité. Ces brevets sont de trois degrés 3o, 2o et 1er degré. Pourvu d'un de ces titres, l'instituteur peut s'établir dans une commune avec une autorisation du recteur, agréée par le Préfet ; la commune traite avec lui pour fixer le montant de la rétribution scolaire. Le roi s'engageait à faire annuellement sur le trésor royal « un fond de cinquante mille francs » à titre d'encouragement, soit à la publication de livres élémentaires, soit à la fondation d'écoles modèles.

Enfin, l'ordonnance recommandait à la Commission de l'Instruction Publique de veiller avec soin à ce que l'enseignement soit fondé « sur la religion, le respect pour les lois et l'amour dû au souverain ». Ces recommandations nous montrent la préoccupation secrète du Gouvernement qui voulait imposer la prédominance du clergé et de la Congrégation dans toutes les institutions politiques. Cette ordonnance laisse donc toute liberté aux communes, pourvu que ses prescriptions religieuses

1 Cette Commission remplissait le rôle de Ministère d'Instruction publique.

soient respectées; elle n'organise ni l'obligation ni la gratuité.

Une autre ordonnance du 8 février 1825 a pour but, dans son titre V, de placer les écoles primaires sous une surveillance des évêques, plus étroite et plus rigoureuse, mais M. de Vatimesnil, ministre libéral, en comprit tous les dangers et s'efforça de concilier les intérêts du pouvoir civil et ceux de la religion dans une nouvelle Ordonnance, en date de 1828. Elle donne quelques garanties aux instituteurs qui ne pourront être privés de leur brevet de capacité que par décision du recteur et avec faculté de recourir au Conseil royal de l'Instruction Publique.

C'était enlever aux évêques le pouvoir extraordinaire que leur conférait l'ordonnance de 1824 et rendre à l'autorité civile ses droits légitimes de contrôle impartial: c'était aussi manifester aux instituteurs, pour la première fois, de la bienveillance et de l'intérêt.

Notons en 1829 la fondation d'une Société pour l'encouragement de l'instruction primaire parmi les Protestants de France.

A la fin du règne de Charles X, le parti libéral, l'opinion publique exercent une telle poussée sur le Gouvernement monarchique que celui-ci promulgue le 15 février 1830, une nouvelle Ordonnance. Les Conseils municipaux devaient pourvoir à l'établissement et à l'entretien des écoles primaires, avec faculté de voter une imposition extraordinaire. Ces

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