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département de l'Aube, 420 localités possédaient une école.

En Normandie, ces écoles avaient atteint un développement considérable. En 1683, sur 32 paroisses visitées, l'évêque trouva 22 écoles; en 1687, sur 56 paroisses, 42 avaient une école. Enfin, de 1710 à 1717, sur 1.159 paroisses l'évêque trouva 1.100 écoles dont 306 de jeunes filles. Dans le Comté Nantais, sur 81 paroisses citées par M. Léon Maître, 64 étaient pourvues d'écoles 2.

Nous renvoyons pour les détails concernant les différentes provinces aux articles consacrés à chacun des départements dans le très substantiel Dictionnaire de Pédagogie, publié sous la direction de M. F. Buisson.

A côté de ces écoles paroissiales tenues par les curés ou par des magisters, tantôt gratuites, tantôt entretenues par des droits d'écolage, il existaitdes écoles de charité qu'entretenaient ou les fondations pieuses ou les libéralités des particuliers ou les subventions des villes.

Il y eut certainement beaucoup d'écoles au XVIIIe siècle, aussi bien dans les campagnes que dans les villes; mais il ne faut pas imprudemment généraliser: la répartition de ces Petites-Ecoles était des plus inégales, variant de province à province, de ville à ville même. Il convient d'examiner avec prudence les chiffres apportés par les auteurs des monographies

1 Procès-verbaux de visite de l'archevêque de Rouen. * Revue de Bretagne et de Vendée, Mai 1874.

cités dans les premières pages de cette «< Introduction». Tous, sans exception, cherchent à justifier l'Ancien Régime et oublient volontiers que leurs observations, valables pour une période donnée, en une certaine région, très limitée, sont dépourvues de toute valeur scientifique pour les autres provinces françaises.

Nous devons, au contraire, conclure de plusieurs documents, des Lettres à Grégoire notamment, que l'enseignement populaire n'avait guère de racines solides dans l'ancienne France et, là où il existait, irrégulier, insuffisant, il devait donner de bien médiocres résultats. En réalité, ces petites écoles, surtout dans les campagnes ne distribuaien! que de très élémentaires notions et se bornaient la plupart du temps à une répétition du Catéchisme.

Si la situation des petites-écoles dans les provin ces françaises est imparfaitement connue, si nous devons apporter beaucoup de prudence dans l'étude des documents les concernant, nous connaissons en revanche avec assez de précision l'état de l'enseignement populaire à Paris.

A Paris, les écoles élémentaires étaient, comme on l'a vu, placées sous l'autorité du Grand Chantre de Notre-Dame, qui, au cours des xvIIe et XVIe siècles va lutter pour conserver entre ses mains cet enseignement et s'en réserver le privilège, à l'exclusion de tout particulier et de tout corps, soit civil, soit ecclésiastique.

Cette lutte, fort obscurcie par un grand nombre d'arrêts contradictoires, a été exposée avec clarté

par M. Franklin dans La Vie privée d'autrefois : Ecoles et Collèges 1 1

Pour établir ce privilège, le grand Chantre eut à lutter: 1° contre les écoles clandestines, dites écoles buissonnières. 2o Contre les écoles ouvertes par les religieuses des couvents. 3o Contre les écoles de Charité, créées par chaque curé dans sa paroisse et contre les frères de Saint-Yon. 4° Contre la corporation des écrivains. 5° Contre les écoles autorisées par l'Université.

Avant de brièvement exposer ces luttes, nous indiquerons le régime des Petites-Ecoles qui n'avait guère changé depuis le Moyen-Age.

Les maîtres et les maîtresses étaient nommés par le Chantre; on exigeait d'eux la foi catholique et des mœurs pures. L'investiture leur était donnée pour un an, mais les lettres de maîtrise étaient renouvelables chaque année. Une surveillance étroite était exercée sur tous ces maîtres auxquels étaient prescrites de fréquentes lectures pieuses: la Vie des saints, l'Imitation, l'Introduction à la vie dévote, l'Ecriture sainte, etc...

Ils devaient enseigner aux enfants: la lecture, l'écriture, l'arithmétique, le calcul et la grammaire. C'est dans des livres latins que les élèves des Petites Ecoles apprenaient à lire (au contraire, dans les Ecoles de Charité, l'enseignement était donné à l'aide de livres écrits en français).

1 Plon et Nourrit (1892).

Les maîtres étaient avant tout des guides spirituels; ils devaient faire le catéchisme aux enfants, les préparer à la confession, à la confirmation.

Les leçons duraient de 8 à 11 heures, le matin et de 2 à 5 heures, en été, 4 heures, en hiver. Au commencement et à la fin des classes, les élèves récitaient des prières. Bien entendu, les « mauvais livres » étaient proscrits et était livre mauvais, tout ouvrage « hérétique >> Les enfants de sexes différents ne devaient pas être mélangés dans les mêmes écoles. Martin Sonnet, dans son Commentaire du Réglement de 1659, écrit à ce sujet: «Il n'y a plus <«< d'enfans, il y a peu d'innocence, la malice est «< crue jusques à un tel point que les enfans de cinq, << six à sept ans en sçavent plus à présent qu'autre<«< fois les personnes de trente et quarante ans. »

Le Grand-Chantre jugeait les maîtres et les maîtresses qui ne relevaient d'aucune autre juridiction en raison de leurs fonctions (Arrêt du Parlement du 10 juillet 1632). Les causes les plus importantes appelées devant ce Tribunal étaient celles qui concernaient les écoles buissonnières, et nous voyons, à leur propos, commencer les luttes entreprises par le Grand-Chantre pour assurer son monopole.

1 Sonnet, Règlement de 1659 : « Les premières impressions << que l'on donne aux enfans dès leur tendre jeunesse sont << de la dernière conséquence pour tout le reste de leur vie. << L'esprit des jeunes enfans estant comme un vaisseau neuf. << Lequel garde long temps la première teinture, odeur et << liqueur dont il est une fois imbu. >>

Un arrêt du Parlement du 14 septembre 1552, avait ordonné de poursuivre les instituteurs suspects d'hérésie qui ouvraient des écoles clandestines qu'un arrêt du Parlement du 7 février 1554, confirmant le précédent, nomme pour la première fois écoles buissonnières. En effet, les Huguenots, depuis le xvie siècle, avaient tenté, comme nous l'avons vu dans notre paragraphe concernant le xvie siècle, de fuir l'enseignement catholique des Petites-Ecoles. Un arrêt de 1628 vint confirmer les précédents et fit défense de tenir des écoles particulières sans la permission du Chantre. Les enfants des Protestants furent donc soumis au régime commun et durent apprendre le catéchisme et les prières catholiques.

La juridiction du Chantre s'étendait sur les écoles de Paris et de la Banlieue, à l'exception d'un quartier l'abbé de Saint-Germain-des-Prés relevant directement du Saint-Siège était indépendant de l'évêque de Paris et le Chantre ne pouvait avoir d'autorité sur les écoles de ce territoire; mais en 1669, l'abbé renonça à son privilège au profit du Chantre.

Une longue lutte, comme on l'a vu déjà, s'engagea entre le Chantre et la Corporation des Ecrivains, que soutenait le Prévôt, mais la victoire resta au Grand-Chantre.

Les pédagogues institués par les Universités donnaient les éléments de l'instruction à de tout jeunes enfants. Le Chantre eut l'audace non seulement de garder son monopole de l'enseignement

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