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Dans ce bail, passé avec le maître d'école, l'assemblée, outre ces subventions et ces exceptions, déterminait la nature de l'enseignement, le nombre des classes et la durée des vacances.

L'évêque approuvait le choix du nouveau maître, demandait une profession de foi orthodoxe et le faisait interroger par le doyen rural sur les principes de la religion et sur le plain-chant. Le curé de la paroisse devait exercer une surveillance rigoureuse sur le régent et visiter l'école fréquemment.

« Le curé est le maître du gouvernement spirituel << des écoles, lit-on dans le Traité du gouvernement « des Paroisses, et en conséquence, c'est à lui de << veiller sur les instructions qui s'y font et sur les << livres qu'on y voit. Il doit de temps en temps visiter <«< ces écoles et assister aux instructions que font les << maîtres et maîtresses, interroger les enfants, et les << animer par des louanges et des récompenses quand <«< ils le méritent, surtout ceux qui se distinguent par <«< leur piété et leur modestie. »>

C'est qu'en effet le Clergé gardait la direction effective de l'enseignement s'il abandonnait en apparence les classes des villages à des maîtres laïques; ceux-ci ne devaient dépendre, en réalité, que du curé. On l'a vu, le choix des Communautés d'Habitants était soumis à l'approbation de l'évêque et des examens sur l'orthodoxie des candidats et leur piété, à défaut de bons maîtres d'école, devait offrir aux paroisses rurales de fidèles sacristains.

Le Concile de Trente avait imposé aux curés

l'obligation de tenir une école dans leur paroisse ou de la faire tenir par leurs vicaires; mais leurs obligations professionnelles ne leur permirent sans doute pas d'assumer cette charge et ils durent la confier à des laïques. Des Synodes assujettirent les écoles à l'inspection du curé ou de l'évêque qui conservèrent ainsi l'enseignement populaire : les régents furent donc, en réalité, sous les ordres du curé de la paroisse et de l'évêque diocésain.

« Il est mis en principe », lit-on dans le « mandement » publié au Synode général du 24 avril 1686 (art. VIII), « que l'institution ou la destitution des Chantres ou régens d'école des paroisses est de la compétence du Juge ecclésiastique » Un Recueil de Jurisprudence de 1781 expose très clairement la situation des régents et leur caractère. « C'est en exécution des lois canoniques qu'ils sont établis et leurs fonctions ont un rapport immédiat avec la religion. » Et citant le De Vita et honestate cleric, » chap. III, § X, le recueil ajoute : « Ut quisque presbyter qui plebem regit, clericum habeat qui secum cantet et epistolam et lectionem legat et qui possit scholas tenere » Voilà le caractère social du régent, sa mission et son rôle définis : il est avant tout servant fidèle de l'officiant, chantre et lévite zélé; accessoirement, son service pieux achevé, il peut diriger une école.

<<< Il est nécessaire pour s'en bien acquitter, lit-on

'A. Ott. Un mot sur l'Instruction primaire. Nancy, 1880.

dans le Règlement pour les écoles du Diocèse de Toul, du 10 mars 1695, « que les régens sachent la << religion et qu'ils soient d'une conduite sage et exem<< plaire. D'ailleurs, ils doivent savoir les cérémonies <<< et le chant ecclésiastique pour assister les curez et << vicaires dans la célébration du service divin et dans « l'administration des sacrements. C'est pour ces rai<< sons que suivant les Ordonnances de nos Rois, et «<les Arrêts de leur Conseil, les maîtres d'école sont <<< soumis aux évêques en tout ce qui concerne l'ins«<truction et l'éducation des enfants et la célébration << du service divin. >>

Et M. Babeau a pu écrire dans son Village sous « l'Ancien Régime: « Le maître est engagé pour «< chanter à l'église, assister le sieur curé au service «< divin et à l'administration des saints sacrements, « pour l'instruction de la Jeunesse, pour sonner « l'Angelus le soir, le matin et à midi et à tous les << orages qui se feront pendant l'année, puiser l'eau « pour faire bénir tous les dimanches, balayer « l'église tous les samedis, faire la prière tous les << soirs, depuis la Toussaint jusqu'à Pâques. »

Ce résumé des obligations auxquelles sont soumis les maîtres d'école doit être le modèle et le type des baux passés d'ordinaire entre ces maîtres et les communautés, si nous en jugeons par le bail suivant, copié dans les Archives municipales de Saint-Amand, et qui ressemble beaucoup au résumé publié par M. Babeau.

<< Sera ledit Gérardin obligé de décorer l'église,

<< blanchir le linge, sonner le moy de mai soir et << matin et toutes les nuées, et toutes les messes et

vêpres, et chanter tous les dimanches et fêtes, « comme aussi chanter les douze messes du très << saint Sacrement, fondées par les habitants, gratis, <«< comme aussi tenir l'école tout le temps qu'il y <<< aura des écoliers, les enseigner à la foi catholique, apostolique et romaine, les apprendre à lire et à << écrire, le plain-chant et l'arithmétique autant que << faire se pourra etc... » Suit le traitemeut alloué en << sols, bled, orge, etc... »

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Le curé de la paroisse pouvait donc exercer un droit de surveillance sur la conduite, les mœurs, la doctrine et l'enseignement du régent qui était presque un homme d'église et qui servait d'assistant au prêtre dans l'exercice de son ministère. En revanche, les maîtres d'école occupaient le second rang à l'église et l'Assemblée Générale du Clergé de France avait décidé, en 1685, que « revêtus de leurs surplis, ils seraient encensés dans les églises et auraient les honneurs avant les laïques et les seigneurs des paroisses eux-mêmes ».

En dépit de ces précieux avantages, de ces rétributions, de ces exemptions de droits, la situation de maître d'école n'était guère recherchée. On en redoutait l'instabilité, soumis qu'on y était aux caprices et divisions des villageois, la surveillance du curé, les occupations serviles énumérées plus haut et dont bien peu faisaient appel aux connaissances et à l'intelligence du régent.

Si nous en jugeons par les résultats que donna leur enseignement et par leurs propres lettres, très nombreuses dans les Archives révolutionnaires, les maîtres d'école étaient peu instruits, les examens qu'ils passaient ne portant guère que sur leurs connaissances religieuses.

« Avant d'établir une école de citoyens, écrit « Bernardin de Saint-Pierre, dans les Vœux d'un << solitaire (1789), on devrait établir une école « d'instituteurs. J'admire avec étonnement que tous <«<les arts ont parmi nous leur apprentissage, << excepté le plus difficile de tous, celui de former des <« hommes. Il y a plus, l'état d'instituteur est, pour <«<l'ordinaire, la ressource de ceux qui n'ont point « de talent particulier... On s'occupera à réformer « toute notre éducation gothique et barbare du << temps de Charlemagne. »

Cette médiocrité du personnel enseignant résultait en partie du rôle que l'Eglise imposait aux régents, réduits à devenir les dociles serviteurs du curé de la paroisse, dépendant de l'évêque, et pouvant être destitués par lui, soumis aux intrigues villageoises, à la merci d'une haine ou d'une jalousie, ne possédant ni liberté morale ni indépendance matérielle et réduits au rôle de sacristains et de chantres. Aussi, nous verrons les instituteurs de la Bourgogne résumer ainsi leurs doléances aux Etats de 1789: « Plus nous rendons de services à la communauté, plus nous sommes avilis. »

A la veille de la Révolution, les maîtres chargés

« PrethodnaNastavi »