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gnement simultané qui permet de multiplier les élèves et d'économiser le personnel enseignant.

On avait pensé dans les communes peu fortunées à faire instruire en commun garçons et filles, malgré les défenses des anciens Conciles. Mais des règlements intervinrent à différentes reprises qui interdirent, sous peine d'excommunication des maîtres et des maîtresses, le mélange des sexes dans une même école. C'est qu'en effet les maîtres avaient charge d'âmes et devaient surveiller les bonnes mœurs des enfants confiés à leur soin. On jugeait que cette surveillance était impossible dans des écoles mixtes.

L'enseignement, en résumé, était très élémentaire; le maître préparait les enfants au catéchisme et s'efforçait à leur donner le respect et le goût des bonnes mœurs, il les corrigeait parfois et exerçait sur eux une tutelle sévère. Quant aux leçons, elles duraient sensiblement le même temps qu'aujourd'hui, cependant que le maître exerçait l'humble métier qui l'aidait à vivre.

Dans quelle mesure ces écoles étaient-elles fréquentées?

Cette fréquentation des écoles différait selon les provinces, et cette diversité résultait du tempérament des habitants et de leurs habitudes. Toutefois,

un fait intéressant a été constaté par M. Maggiolo 1. Si on classe les départements en se fondant sur le nombre des signatures apposées au bas des contrats, on voit que ces départements demeurent à peu près les mêmes à toutes les époques. C'était chez les habitants de telle ou telle province une question de tempérament et d'habitudes. En général, les écoles semblent avoir été peu fréquentées.

La Déclaration de 1724, après l'édit de 1698, avait bien prescrit l'obligation de fréquenter les écoles paroissiales, et les statuts synodaux avaient obligé les curés à recommander à leurs paroissiens d'envoyer leurs enfants dans ces écoles.

D'après la Déclaration de 1724, les Procureurs fiscaux devaient se faire remettre tous les trois mois la liste des enfants qui ne se présenteraient pas à l'école, afin de faire poursuivre les parents, tuteurs ou curateurs 2. Ces mesures, qui n'avaient d'autre but que la persécution contre le protestantisme, ne furent plus appliquées dès que les passions religieuses s'apaisèrent et nous avons vu avec quelle insistance les Assemblées du Clergé en réclamèrent en vain l'observation.

1 Statistique rétrospective dans la Statistique de l'enseignement primaire de 1879.

* En 1756 les amendes prononcées contre les nouveaux convertis dont les enfants n'avaient pas fréquenté l'école, s'éleva dans la généralité de Montpellier à 93.137 livres. Maggiolo, Instr. Pub. dans les Hautes-Cévennes. Mém. acad. Stanislas. 4o sér. XI, 68.

Certaines villes édictèrent de très minutieuses prescriptions à ce sujet ; c'est ainsi qu'à Reims une échelle de pénalités garantissait la fréquentation des écoles. Les parents négligents étaient punis d'abord d'une amende de soixante sols parisis, puis d'une peine d'emprisonnement et, s'ils récidivaient encore, du bannissement.

A Douai, à Cambrai, les parents indigents n'envoyant pas leurs enfants à l'école étaient rayés de la table des pauvres; la municipalité de Maubeuge avait édicté la même peine en fixant à 6 ans l'âge des enfants qui devaient suivre l'école. Nous verrons, en étudiant la gratuité des écoles sous l'Ancien Régime, les rapports étroits existant entre cette gratuité, accordée comme une charité aux enfants pauvres, et la fréquentation des écoles 1.

L'abbé Allain cite l'état florissant des écoles dans quelques grandes villes et en tire parti pour son apologie enthousiaste de l'Ancien Régime. Nous savons, d'après le savant ecclésiastique, qu'à Rouen, à la fin du xvIIe siècle, les Ursulines avaient 400 élèves et que les écoles populaires comptaient 1.800 écoliers; qu'à Douai, en 1615, 6 maîtresses instruisaient 500 à 600 élèves, etc.....

Malgré les mesures prises par certaines municipalités, malgré l'excellent état des écoles parisiennes,

1 Dans beaucoup de villes, les « Compagnies de Charité >> qui administraient les biens des pauvres faisaient de la fréquentation des écoles la condition de la continuation des

secours.

on ne peut avoir une notion bien exacte de la fréquentation scolaire, qui, à part quelques grandes villes, paraît des plus restreintes. Aussitôt que l'Edit de 1698 et la Déclaration de 1724, mesures prises contre les Protestants eurent porté leur fruit et qu'il n'y eut plus à craindre pour l'orthodoxie, le pouvoir royal se désintéressa du peuple de France, assujetti à une seule règle morale, à une seule croyance, et on ne trouva plus désormais que de généreuses tentatives de curés clairvoyants ou de municipalités réformatrices, tentatives isolées, qui ne rencontrèrent souvent que l'indifférence.

D'ailleurs, certaines causes expliquent cette fréquentation restreinte des écoles, et surtout des écoles rurales la situation agricole était mauvaise, les impôts très lourds, les parents avaient besoin de leurs enfants pour les travaux des champs, ils ne comprenaient pas la nécessité de se priver de cette aide, qui économisait des gages de valets, pour un but imprécis, lointain. Enfin, n'est-il pas d'observation constante que les périodes de détresse et de misère ne sont guère favorables à l'instruction et que les esprits découragés, accablés des malheur et d'angoisses, ne comprennent plus l'intérêt de l'étude même élémentaire ? A cette misère des hommes, s'ajoutait encore ce fait essentiel : l'école n'était presque jamais gratuite.

On peut citer des cas de gratuité dans les campagnes, mais cette gratuité n'était jamais que «relative; dans les villes, au contraire, la gratuité était absolue

grâce à l'initiative généreuse de J. B. de La Salle et de quelques prêtres charitables.

Des fondations pieuses, des dons privés permettaient à l'école d'être gratuite « relativement »> en ce sens que seuls pouvaient fréquenter l'école, sans verser de rétribution scolaire, d' « écolage », les enfants des indigents. Ces fondations se multiplièrent dans les années qui suivirent la Déclaration de 1724; leurs auteurs prétendaient ainsi réduire l'hérésie dans les villes et les campagnes; ils servaient les intérêts de la religion avant ceux de l'enseignement populaire, mais leurs fondations n'en eurent pas moins de très heureux effets, limitės malheureusement.

Dans beaucoup de villages, les Bureaux de bienfaisance se chargeaient de l'instruction des enfants pauvres, et, qu'à l'occasion, ils faisaient même de la fréquentation scolaire une stricte obligation, refusant tout secours aux parents négligents. Certains statuts synodaux obligeaient les maîtres d'école à instruire les enfants nécessiteux, et une clause spéciale était alors insérée dans les baux passés entre les paroisses et les régents.

Ceux-ci étaient en général hostiles à la gratuité : ces maîtres d'école, souvent ignorants et grossiers, n'étaient guère des idéalistes. Ils s'opposèrent maintes fois au progrès de la gratuité scolaire, qui ne représentait, à leurs yeux, qu'une diminution de revenus et un travail supplémentaire. Dans les villes, groupés en corporations, ils défendirent leurs privilèges

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