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Paris. Imp. Viéville et Capiomont, rue des Poitevius, 6.

POSTHUMES

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ODILON BARROT

TOME TROISIÈME

PARIS

CHARPENTIER ET C, LIBRAIRES-ÉDITEURS

13, RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, 13

1876

Tous droits réservés.

7/07

Fr 16645,130

847

1876, Nov. 27.

Minot Feind.

DE

ODILON BARROT

ÉLECTION DE LOUIS-NAPOLÉON

A LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE

C'est dans ces conditions qu'allait se faire, en France, un nouvel essai de république ; cet essai devait infailliblement avorter. Il y a des maladies organiques dont on peut retarder le funeste dénouement à force de soins et de bon régime; mais pour la République de 1848, il n'en a pas été ainsi. Aux vices de son organisation sont venues se joindre les imprudences et les inconséquences de conduite. Le dénouement ne pouvait être que fatal.

Nous avons déjà vu comment, après avoir, par une manie insensée d'unité et d'uniformité, concentré tous les pouvoirs dans les mains d'un seul homme, on avait commis la faute énorme de faire de cet homme, au moyen de l'élection directe par le suffrage universel, la personnification des passions de tout un

peuple; comment, en plaçant en face du président une Assemblée unique, on avait organisé un duel dont l'issue ne pouvait être que la mort de l'un des deux combattants et il était facile de prévoir lequel des deux devait succomber. Nous avons aussi fait ressortir comment cette faute s'était aggravée de toutes les tentatives d'ostracisme dirigées contre le candidat redouté, tentatives faites sans ensemble, sans intelligence, sans résolution, et qui ne pouvaient que grandir et fortifier celui contre lequel elles étaient dirigées; nous avons vu, enfin, avec quel étrange aveuglement, Gouvernement et Assemblée, par leur empressement à voter la Constitution et à avancer le jour de l'élection présidentielle, se précipitaient à l'envi au-devant du coup qui devait les frapper: comme s'ils eussent été, eux aussi, impatients d'en finir.

La suite de ce récit n'est que la continuation et l'aggravation de ces fautes. Il semble même que l'aveuglement redouble à mesure que la crise suprême approche, et c'est bien aux hommes d'État de la République qu'on peut appliquer ce vers si souvent cité: « Quos vult perdere Jupiter dementat. »

On ne peut cependant pas dire que le général Cavaignac ait succombé sans lutter; il ne négligea aucun des avantages qu'il pouvait tirer de la possession du pouvoir et de l'action dévouée du monde officiel. Il aurait pu, peut-être, s'en servir avec plus d'habileté; mais on ne peut pas lui reprocher de n'en avoir pas usé.

Ainsi, M. Dufaure, dans une circulaire adressée à tous les préfets, tout en leur recommandant de respecter et de faire respecter la liberté du suffrage, posait ainsi la candidature du général Cavaignac. « La nation, disait-il, devait, dans son choix, se confier à un passé sans reproche, à un patriotisme incontesté, à une ré

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