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1311. Milan seulement, mais la moindre des villes lombardes seroit en état de se

avec lui.

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mesurer

Les fils des deux chefs de parti, Galeazzo Visconti et Francesco della Torre, eurent une entrevue hors de la porte Ticinese, ensuite de laquelle plusieurs cavaliers parcoururent les rues de Milan, en criant: « Mort aux » Allemands! le seigneur Visconti a fait la paix >> avec le seigneur della Torre! » Aussitôt le peuple prit les armes, et se rassembla dans divers quartiers, mais surtout près de la porte neuve, autour des maisons des Torriani. Henri, sans perdre de temps, envoya toutes ses troupes attaquer ces maisons, avant qu'on eut le temps de les fortifier. Cependant son inquiétude étoit extrême; car, avec sa poignée de chevaliers allemands, il n'auroit pu résister au milieu d'une ville ennemie, si les Visconti s'étoient en effet unis aux Torriani, et la noblesse au peuple. Mais il y a lieu de croire que Matteo Visconti avoit ourdi une double trahison, et qu'après avoir engagé Guido della Torre à prendre les armes, il n'avoit lui-même rassemblé ses anciens partisans que pour être prêt à fondre sur son ancien ennemi. Galeazzo, son fils, commandoit une troupe considérable de Gibelins, qui, après être restée quelque temps indécise, sans doute pour mieux prévoir l'issue

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du combat, vint se joindre aux Allemands. 1311. Les nobles et les Gibelins, qui se trouvoient mêlés avec les Torriani, ne voyant aucun de leurs chefs à leur tête, se retirèrent du combat. Bientôt les barricades furent enfoncées, les maisons des Torriani pillées et incendiées, et Guido, avec son fils, forcés de s'enfuir (1). Cette sédition de Milan fut comme signal donné à toutes les villes guelfes de Lombardie, pour se révolter et chasser leurs vicaires impériaux, avec les émigrés que Henri avoit fait rentrer. Crème, Crémone, Brescia, Lodi et Como se révoltèrent presqu'en même-temps, et se fortifièrent de l'alliance de Guido della Torre, et des Milanois fugitifs. Mais ces villes n'avoient point assez bien pris leurs mesures pour être en état de faire une longue résistance leurs greniers étoient vuides, leurs trésors épuisés, et le sort des Torriani leur inspiroit plus de terreur que de désir de vengeance; en sorte que, peu après cette levée de boucliers, les villes les plus foibles implorèrent la clémence de Henri, lorsqu'il s'approcha d'elles pour les soumettre. Lodi et Crème lui ouvrirent leurs portes, et obtinrent

(1) Henrici VII Iter Italicum. T. IX, p. 897.-Albertini Mussati Hist. Aug. L. II, R. 1 T. X, p. 342. — Ferretus Vicentinus, L. IV, p. 1060. Tristani Calchi Hist. Patriæ, L. XX, p. 426.

1311. leur pardon, qui ne les mit pas à l'abri de beaucoup de vexations particulières. Les chefs des Guelfes de Crémone s'évadèrent, et les Gibelins, ayant rendu la ville, furent cruellement punis par l'empereur d'une faute à laquelle ils n'avoient point eu de part. Deux cents des principaux citoyens, qui étoient venus se jeter aux pieds de Henri, pour demander grâce, furent envoyés dans d'affreuses prisons; les murailles et les fortifications de Crémone furent rasées; la communauté fut taxée à une amende de cent mille florins; enfin, les propriétés et les personnes des citoyens furent abandonnées à la licence et aux vexations des Allemands vainqueurs.

La ville de Brescia restoit seule à soumettre; mais celle-ci, qui avoit accueilli les fugitifs de Lodi, de Crème et de Crémone, se confirma dans la résolution de se défendre, lorsqu'elle vit combien les autres avoient eu à se repentir de leur soumission. Henri, le 19 mai 1311, vint, avec toute son armée, mettre le siége devant Brescia. Dans cette ville, Thebaldo Brusati, le chef du parti guelfe, fut chargé par ses concitoyens de pourvoir à la défense de la patrie, et il fut revêtu pour cela du titre et de l'autorité de seigneur et de prince (1).

(1) Jacobi Malvecii Chronicon Brixianum. Distinctio IX, c. 4, T. XIV, p. 967.- Ferreti Vicentini, L. IV, p. 1071,

La ville fut défendue par ses soins, et par le 1311, courage des habitans, pendant l'été tout entier, Les Bressans remportèrent plusieurs avantages sur les Impéraux; et quoique, dans une de leurs sorties, Thebaldo Brusati fût fait prisonnier, ils ne voulurent point racheter sa vie au prix de leur soumission. Ce chef généreux les exhorta, de sa prison, à combattre encore ; Henri, pour le punir de ses conseils, le fit livrer à un horrible supplice; mais, par de terribles représailles, les Bressans firent pendre aux créneaux de leurs murs soixante prisonniers allemands. Peu après, Walerano, comte de Luxembourg, l'un des frères de Henri, fut tué dans une escarmouche; et le monarque, qui languissoit de recevoir à Rome la couronne impériale, et qui, cependant, croyoit son honneur intéressé à venger les affronts qu'il avoit reçus devant Brescia, se trouvoit réduit à une très-fâcheuse situation, d'autant plus que les maladies s'étoient introduites dans son camp, et y faisoient de grands ravages.

Henri crut devoir recourir aux armes spirituelles de l'église. Il étoit accompagné par trois cardinaux-légats, chargés de le couronner à Rome au nom du pape ; il pria l'un d'eux de frapper les Bressans d'une excommunication, pour hâter leur soumission; mais celui-ci lui répondit, que, quoiqu'il eût reçu du du pape le

1311. pouvoir de lier et de délier en son nom, il ne vouloit pas compromettre l'autorité de l'église dans une occasion où elle ne seroit d'aucun avantage. « Car, ajouta-t-il, les Italiens >> se soucient bien peu des excommunications: » les Florentins n'ont tenu aucun compte de >> celles du cardinal-évêque d'Ostie, les Bo» lonois de celles du cardinal Napoléon des >> Orsini, les Milanois de celles du cardinal de Pelagrue. Si un glaive matériel ne les ra» mène pas par la crainte à l'obéissance, le » glaive spirituel n'y réussira jamais » (1).

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Ces mêmes cardinaux, au lieu de recourir aux foudres de l'église, essayèrent donc ce que pourroient faire leur crédit personnel et leur persuasion. Ils entrèrent dans la ville, et par leur entremise, surtout par celle de Lucas de Fiesque, le premier d'entr'eux, une capitulation honorable, mais ensuite mal observée, fut accordée, au commencement d'octobre, aux Bressans, qui commençoient à manquer de vivres. L'empereur entra dans la ville par la brêche; soixante mille florins furent payés à son trésor; et Henri, prenant sa route par Crémone, Plaisance, Pavie et Tortone, se rendit à Gênes, où il arriva le 21 octobre (2).

(1) Henrici VII Iter Italicum. T. IX, p. 903.

(2) Jacobi Malvecii Chronicon Brixianum. Distinct. IX,

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