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dataires se décidaient à se mettre en route. Les portes de la patrie se rouvraient sous la seule condition d'une promesse de fidélité; encore n'y tenait-on pas rigoureusement la main. Quant aux émigrés, ils se précipitaient vers la frontière.

L'abbé de Montrichard rentra, lui aussi. Le gouvernement consulaire ne lui sut pas mauvais gré des services qu'il avait rendus hors de France à des ecclésiastiques et même à des émigrés, et lorsque Mgr Moreau, évêque d'Autun, le présenta pour vicaire général et administrateur délégué de la Nièvre, il fut agréé. Pie VII, passant à Cosne, lors du voyage qu'il fit en France pour le sacre, accueillit de la meilleure grâce l'ancien hôtelier de Fribourg. A la Restauration, l'archevêché de Besançon étant devenu vacant, Louis XVIII désigna pour succéder à Le Coz l'abbé de Montrichard; mais la mort, une mort subite, le déroba à cet honneur (22 juillet 1816). En faisant un pareil choix, le roi acquittait une dette de reconnaissance nationale; quant à l'abbé de Montrichard, il n'avait pas besoin de ce surcroit l'œuvre de Fribourg suffisait à conserver son nom 1.

VICTOR PIERRE.

1 Note de M. le baron de Longuerue, op. cit., p. 147.

MÉLANGES

I.

LA DATE DE LA CHUTE DE NINIVE

EN 608 OU EN 607

Dans un précédent travail intitulé: Agonie et fin de l'empire d'Assyrie, nous avons assigné, § IV 1, l'an 608 avant notre ère comme la date réelle de la chute de Ninive et de l'empire assyrien.

Un monument du roi babylonien Nabunáid, découvert récemment, une stèle en diorite mesurant environ 50 centimètres, avec près de 500 lignes d'inscription, mais tronquée malheureusement au sommet, apporte des données nouvelles pour l'éclaircissement du problème.

Le R. P. Scheil, O. P., signala à l'Académie des inscriptions et belles-lettres les passages historiques de l'inscription traduits par lui. Dans sa communication à l'Académie, le savant assyriologue fait précéder la partie du texte afférent à la destruction de l'empire d'Assyrie, dont le commencement est malheureusement perdu, des paroles suivantes : « La deuxième colonne se rapporte au fait mémorable de la fin du royaume d'Assyrie, mentionné pour la première

1 Voir le Muséon de Louvain, cahier de janvier 1895.

2 Voir Comptes rendus, cahier de mai-juin 1895, p. 220 et suivantes. Voici ce que nous dit le P. Scheil au sujet de ce monument : « Pendant l'été dernier, en cherchant d'anciennes briques pour les travaux des digues de l'Euphrate, les entrepreneurs mirent à jour à Mudjellibeh, proche de Hilleh, une stèle en diorite, de forme demi-circulaire, avec près de cinq cents lignes d'inscription archaïques, réparties en sept colonnes sur la partie circulaire, et en quatre colonnes sur la surface plate, où débute d'ailleurs le texte.... A en juger par les lacunes présumées des textes, nous en aurions à peine la moitié. »

Cette stèle est actuellement à Stamboul, où elle fut transférée de Bagdad.

fois dans un texte cunéiforme. » Le même savant nous apprend ensuite qu'il est dit « dans la colonne dixième du texte que les Ummanmanda détruisirent l'Assyrie cinquante-quatre ans avant la reconstruction du temple de Sin à Harran. Or, ajoute-t-il, cette reconstruction eut lieu trois ans après l'avènement de Nabonide (556), d'après V. Rawl., 64, I, 28, ce qui nous donne 553 +54 = 607. »

Il s'ensuit de là, d'après le P. Scheil, que «< cet événement mémorable de la ruine de Ninive eut lieu en 607 avant Jésus-Christ. »>

Le savant assyriologue déduit ce résultat de données tirées de deux inscriptions cunéiformes provenant toutes deux de Nabunáid, roi de Babylone.

Il reste à voir si l'une des données principales, sur lesquelles repose ce résultat, est à prendre dans le sens que lui attribue ce sa

vant.

Dans ce travail, nous examinerons d'abord la teneur du passage de l'inscription, nouvellement découverte, du roi Nabunáid afférent à la destruction de l'empire d'Assyrie, puis nous confronterons avec ce passage l'autre texte cunéiforme, mentionné par le P. Scheil; enfin, pour justifier notre interprétation des données cunéiformes touchant la catastrophe finale de l'empire assyrien, nous descendrons jusqu'à l'époque de la défaite d'Astyage, roi des Mèdes, par Cyrus le Perse, et nous confronterons le récit d'Hérodote concernant cet événement avec le récit de la chronique babylonienne.

I.

Dans sa communication à l'Académie, le P. Scheil fait précéder le passage relatif à la destruction de l'empire d'Assyrie, dont le commencement est malheureusement perdu, des paroles suivantes, déjà citées plus haut :

« La deuxième colonne se rapporte au fait mémorable de la fin du royaume d'Assyrie, mentionné pour la première fois dans un texte cunéiforme. »>

....

Voici maintenant ce texte : il le donna comme allie, il en fit un compagnon; il soumit le roi des Umman-manda, qui n'a pas de rival, à ses ordres, il le fit marcher à son aide. En haut, en bas, à droite, à gauche, comme un ouragan il sévissait et il prenait la revanche de Babylone.

IRIBA-TUKTÉ, roi des Umman-manda, l'intrépide, détruisit dans leur totalité les temples des dieux d'Assyrie et les villes d'Accad, qui étaient ennemies du roi d'Accad et n'avaient pas marché avec lui comme alliées, il détruisit leurs sanctuaires, n'en épargna aucun; il devasta leurs cités.

Le roi de Babylone, comme un ouragan, accomplit amplement l'œuvre des malédictions expiatrices de Marduk. Il n'usurpa sur les prescriptions d'aucun dieu, il les sauvegarda, il ne reposa point (?) et....

Le P. Scheil fait suivre ce passage des remarques suivantes : « Voilà certes la description d'une immense dévastation de l'Assyrie. C'est la revanche, dit le texte, de Babylone détruite par Sennachérib. Ce n'est pas sous Assurbanipal qu'un tel événement eût pu se passer. Il reste donc à l'identifier avec le désastre suprême.

<<< Notre texte se concilie d'ailleurs parfaitement avec les auteurs classiques dans ce qu'ils disent de la ruine de Ninive. De plus, il les concilie entre eux dans leurs contradictions apparentes. Hérodote dit que les Mèdes seuls anéantirent Ninive. Abydenus dit que Nabopalassar avait fait alliance avec les Mèdes contre l'Assyrie et même qu'il avait fait épouser la fille d'Astyage à son fils Nabuchodonosor. « D'après notre texte, Nabopalassar, en effet, se fait des alliés; il subjugue le roi des Umman-manda... Après les avoir soumis, Nabopalassar leur impose son alliance et les fait marcher à son service.... En fait, c'est IRIBA-TUKTÉ, le roi des Umman-manda, qui est dit détruire l'Assyrie, venger Babylone et ravager les villes d'Accad qui avaient résisté au roi d'Accad et n'avaient pas voulu entrer dans son alliance. Mais ce que fait l'un des alliés, l'autre aussi est estimé l'accomplir. >>

A mon avis, il résulte du contexte du passage cité, que le début, malheureusement perdu, de ce passage mettait en scène le dieu Marduk et son protégé Nabupalassar, roi de Babylone, et qu'il attribuait à Marduk le fait d'avoir décidé le roi des Umman-manda ou des Mèdes de se déclarer l'allié de Nabupalassar et son compagnon en vue de l'expédition à inaugurer contre l'Assyrie. Il nous semble dès lors que Nabupalassar n'a pas eu besoin de s'assujettir préalablement le roi des Mèdes par la force des armes.

Quant au fait d'avoir sévi comme un ouragan contre l'Assyrie et d'avoir pris ainsi la revanche de Babylone, dévastée jadis par les Assyriens, c'est, non pas au roi des Mèdes, mais au roi de Babylone qu'il faut l'attribuer. Cela résulte du contexte général du passage et notamment du paragraphe final, où il est dit du dernier qu'« il accomplit amplement l'oeuvre des malédictions expiatrices de Marduk. » Dans cette œuvre de destruction, il fut aidé par le roi des Mèdes, à qui Marduk avait inspiré de se mettre aux ordres du roi de Babylone.

La phrase finale, mutilée et peu claire, me paraît insinuer que Nabupalassar s'abstint, en ce qui concerne sa personne, de commettre des actes de violence contre les dieux d'Assyrie et d'Accad, et contre

leurs sanctuaires; ce fut là le fait du roi des Mèdes, et c'est ce que d'ailleurs le texte lui-même met en relief.

En homme politique avisé, Nabupalassar abandonna encore à ce dernier la besogne de châtier les villes d'Accad qui lui étaient restées hostiles et en dehors de la ligue pendant l'expédition contre l'Assyrie, sans doute dans la prévision que, après qu'elles auraient été contraintes de se soumettre à son autorité, elles lui garderaient moins de rancune à cause des désastres soufferts de la part des Mèdes, que si lui-même les leur eût infligés, loisible qu'il lui était de désavouer plus tard les violences excessives de ces étrangers.

Au sujet de ces villes du pays d'Accad, signalées par le texte comme hostiles au roi d'Accad ou de Babylone, le P. Scheil fait les justes remarques suivantes : « Il y eut donc des villes en Accad qui demeurèrent fidèles à l'Assyrie jusqu'à la fin, et ainsi s'explique la découverte, en plein pays d'Accad, de tablettes datées du règne de SIN-SARISKUN, par exemple, alors que la puisssance assyrienne touchait au déclin dans son centre même et que la babylonienne atteignait à l'apogée.

« Ces cas de fidélité sont d'ailleurs étranges. Si Nabupalassar n'avait été qu'un chef de patriotes, il aurait rallié tout le monde. Peut-être, comme le dit Abydenus, était-il réellement un général du roi d'Assyrie, traître à son seigneur! On comprendrait mieux alors l'hésitation de certaines villes à le suivre et leur défiance à son endroit. >>

Il nous paraît plausible d'admettre que les villes d'Accad en question, dites hostiles à Nabupalassar, s'étaient vu imposer des garnisons assyriennes après la première expédition médo-babylonienne contre l'Assyrie, au moment où, par suite de l'invasion des Scythes en Médie, le roi de Babylone, réduit à ses seules forces, se sentit incapable de poursuivre la lutte et jugea opportun de faire la paix avec Assur-etil-ilâni, roi d'Assyrie 1. Ce monarque consentit à ratifier le titre de roi de Babylone usurpé par Nabupalassar, sans doute sous condition qu'il reconnût sa suzeraineté et d'admettre des garnisons assyriennes dans quelques villes du pays d'Accad, entre autres à Nipur et à Sippara, où on a découvert des documents datés du règne de ce monarque et de celui de Sinsariskun, son successeur.

II.

Maintenant que nous voilà fixés sur la teneur réelle du passage afférent à la destruction du royaume d'Assyrie tiré de la nouvelle inscription de Nabunáid, il nous reste à examiner si le second document,

1 Voir notre travail sur l'Agonie et la fin de l'empire d'Assyrie, S II.

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