Slike stranica
PDF
ePub

venu l'honneur d'en poser le couronnement, par une étude sur le SaintSiège et la France pendant les pontificats de Pie IX et de Léon XIII, un chef-d'œuvre de raisonnement et de pathétique. Jamais l'éloquent orateur ne s'est élevé plus haut, n'a trouvé pour sa pensée, à part quelque chose d'un peu tendu et de trop serré au début, de forme plus parfaite. Pour en donner l'idée, mieux vaut en détacher une page que de présenter une froide analyse de l'ensemble. Après avoir mis sous nos yeux les erreurs et les malheurs où nous conduit la politique irréligieuse et sectaire, M. Lamy conclut par cet appel à tous les patriotes de bonne foi et de bonne volonté, qui résume tout l'esprit du livre :¡ « L'avenir de la France est devenu incertain. Depuis un siècle, renommée, influence, population, territoire, toutes nos grandeurs se sont réduites. Pour qui sait contempler d'un oil libre les choses humaines, le divorce perpétué entre la Révolution et l'Église est une cause permanente, active, principale, de notre amoindrissement. L'affaiblissement de la foi a affaibli les mœurs, qui perpétuent les races et préparent dans chaque famille les vertus dont la société entière a besoin. Les contradictions élevées contre l'enseignement de l'Église ont paralysé la seule autorité qui, ne dépendant pas du peuple, lui pût enseigner le respect du pouvoir et une discipline volontaire. Les entraves apportées au développement des ordres religieux et à l'emploi des ressources que la charité chrétienne offre sans cesse aux œuvres de miséricorde, ont diminué le nombre de ceux qui consolent la douleur, soulagent la souffrance, honorent la pauvreté; ont empêché la constitution du patrimoine qui eût rendu la vie des malheureux moins misérable; ont contribué à accroître le péril social. L'esprit d'irréligion n'a pas moins desservi les intérêts de la France au dehors. Nous avions, depuis des siècles, le gouvernement des idées dans le monde.... L'incrédulité agressive de nos « philosophes » a rompu le charme.... A mesure que la France croit moins en Dieu, les peuples croient moins en elle.

« Si la France vieillie veut retrouver ses forces, qu'elle les puise à la même source où les trouva la France naissante. Il y a quatorze siècles, nous n'étions qu'une petite peuplade de Barbares saliens. Elle avait en son courage la même confiance sans bornes qu'hier les philosophes en avaient dans leur raison, car tous nos orgueils se ressemblent et se valent. Tout comme les philosophes, ces barbares ne s'occupaient pas du ciel.... Or, un jour, dans cette première guerre contre les Allemands qui commença nos destinées, le chef des Francs vit plier sa force. Si appesantie que fût son intelligence par des ambitions toutes terrestres, il devina que, pour fonder la grandeur, il la faut fonder sur un principe, et faisant un marché avec l'idéal, il offrit à Dieu son épée pour obtenir la domination sur les hommes.... Aujour

d'hui, ce n'est plus seulement l'intuition hasardeuse de l'avenir, c'est la claire leçon de quatorze siècles qui doit ramener la France à Dieu.... « Mais les temps sont clos où la conversion d'un maître fixait la conscience soumise de la nation.... La restauration de l'édifice chrétien ne commencera pas par les sommets, mais par les profondeurs obscures des fondements.... Il faut des ouvriers. Il est donc temps de se souvenir que l'Église est la société des fidèles et de ne pas laisser aux clercs seuls une tâche qui est devenue aussi celle des laïques. Les soldats de métier ne suffisent plus à nos guerres; chaque nation appelle sous ses drapeaux quiconque lui appartient et est capable de la défendre. Les œuvres de vérité et de paix n'ont pas droit à moins de dévouement que celles de colère, et dans les grandes mêlées où se mesurent aujourd'hui les croyances, tout chrétien doit à Dieu le service personnel.... >>

Il faut finir, avec le regret d'avoir été bien incomplet.

Tel est, dans son admirable variété et dans son unité, le livre destiné à annoncer à la France le quatorzième centenaire du baptême de Clovis, à en justifier la solennité, à en consacrer le souvenir. Car ce n'est pas seulement un livre, c'est un monument, un monument élevé par le talent et la science sous l'inspiration du patriotisme et de la religion. (Euvre d'art, qui honore ceux qui l'ont conçue, dirigée, exécutée, il est mieux encore une belle et bonne action. Cette bonne action restera; elle restera comme une lumière pour dissiper bien des erreurs, des obscurités et des malentendus. Que de catholiques feront bien d'étudier ces pages, pour s'instruire sur des questions très importantes, souvent controversées et défigurées par la passion : l'origine du pouvoir temporel des papes, les caractères du protestantisme en France, le concordat, etc., etc. Et à côté des catholiques, que d'hommes droits, sincères, égarés par les préjugés de ce temps, seront heureux d'y trouver la vérité sereine et impartiale, solidement établie par l'érudition, et présentée avec charité! Ils sont légion ceux-là, et c'est de leur concours ou de leur indifférence que dépend le relèvement ou la ruine totale du pays. Puissent tous les hommes de bonne foi et de bonne volonté entendre cette sonnerie du ralliement qui les convie autour de l'ancien drapeau national et religieux du pays! Puissent-ils, après les leçons du passé, en face d'un avenir inquiétant, entraîner avec eux tous les enfants d'un même sol et d'un même sang, en finir avec les haines politiques et religieuses qui usent dans des luttes stériles et meurtrières les meilleures forces de la patrie!

A. CHAUVIN,

Prêtre de l'Oratoire.

COURRIER ANGLAIS

Les divisions adoptées pour grouper les ouvrages d'histoire parus dans le Royaume-Uni depuis deux ans sont les suivantes : I. Publications de textes (gouvernement, sociétés, particuliers); II. Histoire générale du royaume; III. Histoire locale (comtés et villes); IV. Histoire étrangère.

[blocks in formation]

1o Publications du gouvernement. - Elles sont de trois sortes: catalogues de documents des archives nationales ou Record Office («< calendars ») 1; chroniques et mémoires (« chronicles and memorials »), pour la période antérieure à l'avènement de Henri VIII, 1509; rapports de la commission des manuscrits contenant des inventaires d'archives municipales ou privées (« historical muss. commission »). On peut négliger les rapports annuels du garde général des archives (« deputy keeper »), qui, depuis 1890, ne contiennent plus de catalogues d'actes+.

« Calendars. >> Jusqu'à ces dernières années aucun travail d'ensemble n'avait été entrepris pour inventorier les lettres patentes et closes de la chancellerie, dont les rôles remontent à 1201 et à 1204. Dès 1802, cependant, paraît une compilation informe des patentes, de Jean sans Terre à Édouard IV; Th. Duffus-Hardy catalogue les lettres de Jean sans Terre et de Henri III, mais son œuvre reste inachevée et remplit quatorze volumes manuscrits, qui sont aujourd'hui à la disposition des travailleurs au Record Office; seul, Fr.

1 Les calendars ont succédé, en 1856, aux publications de la commission des archives, qui paraissaient depuis 1800.

2 Il a paru cent volumes depuis 1858.

3 Quatorze rapports ont paru depuis 1870. Le 7° (1879) comprend deux parties; le 7° (1881) et le 9° (1883), chacun trois; le 10° (1885) et le 11° (1887), chacun sept; le 12 (1890), dix; le 13 (1892), sept; le 14° (1894), huit.

[ocr errors]

Les vingt-deux premiers rapports sont épuisés (in-fol.). Les tomes XXV-L (1865-89) de la nouvelle série in-8 sont de véritables calendars; les tomes XXIII, XXIV, LI-LV (1862-63, 1890-94) sont de simples procès-verbaux de gestion. Trois volumes de la commission des archives (1833-35); 26 et 27° rapports du garde général (1865-66).

Michel s'occupe du règne de Henri III dans ses Rôles Gascons (1885). D'autre part, Fr. Palgrave, en 1848, et W. Campbell, en 1873-1877, étudient Édouard V, Richard III et Henri VII (1484-1489). Un travail méthodique s'imposait. Le règne de Henri III étant réservé pour l'avenir, c'est par celui d'Edouard Ier que l'on commence : les patentes, 1272-1281, sont inventoriées, dans les rapports du garde général, de 1881 à 1889, puis dans des « calendars » spéciaux. L'intention avouée est de passer en revue les lettres patentes, d'Édouard Ier à Henri VII, et les closes, d'Édouard II à Édouard IV. De 1891 à 1895, quatre volumes de patentes (1281-1292, 1307-1313, 1327-1330, 1330-1334) ont été édités par J. Black, G. Handcock et R. Isaacson, et trois volumes de closes (1307-1323) par W.-H. Stevenson.

Les registres du Conseil privé ne sont régulièrement tenus qu'à dater du 10 août 1540, et J.-R. Dasent en a déjà imprimé dix volumes, 1542-1578, qui font suite aux sept volumes publiés par N. Harris Nicholas (1386-1542). Il y a une lacune de mai 1559 à mai 1562, et les actes sont clairsemés de mai 1562 à mai 1570. Par contre le tome X ne comprend qu'un an et demi; cette série avance lentement, et le détail est peut-être trop grand. Les tomes VII à X sont intéressants pour l'étude de la piraterie et des relations anglo-hollandaises.

Mrs. Everett Green termine les actes du Comité chargé de « composer» avec les royalistes, de 1643 à 16601; on calcule que le comité a fait pour deux millions sterling d'affaires; ses opérations emplissent deux cent soixante-dix in-folio.

A côté de ces volumes qui comprennent uniquement des documents du Record Office, il en est qui y ajoutent ceux tirés des archives et bibliothèques anglaises ou étrangères : ce sont les volumes qui traitent, en tout ou en partie, d'affaires diplomatiques. L'inventaire des documents du règne de Henri VIII, commencé par feu Brewer, en 1862, atteint le mois de juillet 1539. J. Gairdner le continue depuis l'année 1531. Son travail a été un peu plus facile que celui de son prédécesseur, les pièces étant moins dispersées; Robert Cotton a enlevé du Trésor de l'Échiquier, en 1614, toute la correspondance de Wolsey, pour augmenter sa collection, qui est aujourd'hui au Musée Britannique; mais il n'a point emporté la correspondance de Thomas Cromwell, qui avait été saisie (en 1540) par Henri VIII, ainsi que celle de Wolsey. Les préfaces de J. Gairdner, pour être moins étendues que celles de Brewer, n'offrent pas un moindre intérêt historique.

1 Calendar of the proceedings of the committee for compounding, t. IV et V, in-8. p. 2393-3828 (Eyre). T. I, p. 1-828; II, p. 828-1636; III, p. 1637-2392. La table générale commence à la page 3313. Cf. deux vol. publ. pour la « Record Society of Lancashire and Cheshire Yorkshire archæological Society.

[ocr errors]
[ocr errors]

et la

[ocr errors]

par J. Stanning et W. Clay, sous le titre de Royalist ocmposition papers.

Les tomes XIII (2 parties) et XIV sont particulièrement précieux pour la politique religieuse du roi d'Angleterre. Cette même politique forme le fond du tome XVI du « calendar » espagnol publié par P. de Gayangos. Il y a là de curieux marchandages entre Henri VIII, qui veut extrader ses sujets rebelles d'Espagne, et Charles-Quint, qui veut voir abandonner Clèves et Holstein ". Enfin, N.-W. Sainsbury a poussé jusqu'à l'année 1676 le catalogue d'actes concernant les Antilles, avec un supplément pour la période 1571-1675 .

[ocr errors]

« Chronicles and Memorials. >> W.-H. Hart et P.-A. Lyons terminent le cartulaire de Ramsey (avec une bonne table de R. Kirk, p. 329 à 603), dont le tome Ier a paru en 1884 et le tome II en 18864. Le professeur F.-W. Maitland étudie la session du Parlement de 1305; il a identifié 500 pétitions, parmi les 16,000 qui subsistent encore sans date. Il explique à merveille le fonctionnement de ces requêtes et montre que, sous Édouard Ier, apparaît, au-dessus du « Banc du roi » (King's bench), un autre tribunal qui deviendra plus tard la Chambre des Lords. C'est en 1322 que l'on trouve pour la première fois l'expression « pairs du royaume. »

<< Historical mss. commission. >> Parmi les inventaires des treizième et quatorzième rapports, signalons le tome V du marquis de Salisbury (édité par A. Roberts), fort important pour les relations de l'Angleterre avec la France et les Pays-Bas en 1595, et consistant en lettres adressées par Horatio Pallavicino et Thomas Bodley à Robert Cecil, représentant de lord Burghley, ou au comte d'Essex; le tome III du duc de Portland (édité par R. Ward), comprenant des documents sur le capitaine W. Penn, des lettres de Jacques VI d'Écosse, une relation de Turquie (1674), un journal de route dans l'est de l'Angleterre, etc.; le tome III du duc de Rutland (édité par H. Maxwell-Lyte), 1771-1787, qui n'est bon que pour la politique intérieure (sauf deux lettres de Boston et de New-York) et complète la correspondance entre W. Pitt et Charles, duc de Rutland, imprimée en 1842 par lord Mahon; un volume du duc de Roxburghe (édité par W. Fraser), rempli de documents écossais ;- le tome II du comte

1 Letters and papers, foreign and domestic, Henry VIII, 3 vol. in-8, XLVII-589, L-851, LI-611 p. (Eyre). Le catalogue des Paston letters, 1422-1509, de J. Gairdner, vient d'être réimprimé, 3 vol. in-12, 704, 482, 700 p. (Constable). ■ Calendar of state papers relating to the negotiations between England and Spain, t. VI (2° partie), in-8, LI-740 p. (Eyre)..

3 Calendar of state papers, colonial, America and West Indies, in-8, LXI-595 p. (ibid.).

▲ Cartularium monasterii de Rameseia, t. III, in-8, 603 p. (ibid.).

3 Memoranda de Parliamento, Records of the Parliament holden at Westminster, A. D. 1305. in-8, cxx1-373 p. (ibid.).

Duc de Roxburghe (château de Floors); sir H. Campbell (Marchmont); comte de Strathmore (Glannis); comtesse de Seafield.

« PrethodnaNastavi »