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subsiste, les causes qui l'engendraient dans l'antiquité n'ont point sensiblement varié.

M. Léopold Delisle fait ressortir tout l'intérêt d'un manuscrit conservé à la bibliothèque de Besançon sous le numéro 187 et offrant de nombreuses interpolations. Ce sont, pour la plupart, des extraits relatifs à l'histoire mérovingienne et empruntés soit à la Chronique dite de Frédégaire, soit aux Gesta regum Francorum. Le rapprochement que M. Delisle fait entre ce manuscrit bisontin et le texte connu sous le nom de Chronique de Moissac nontre de quelle importance serait l'étude de ce manuscrit pour quiconque voudrait se rendre un compte exact de la composition de cette chronique.

-En retraçant la vie de saint Salomon, roi de Bretagne (819?-874), dom F. Plaine a voulu indiquer les obligations que lui ont la Bretagne, la France et l'Église, et il nous donne une véritable apologie de son règne. Après avoir établi que le successeur d'Erispoë est le premier roi du nom de Salomon qui ait régné en Bretagne, l'auteur étudie successivement sa jeunesse, son arrivée au trône par le meurtre d'Erispoë, ses rapports avec Charles le Chauve et les seigneurs francs, ses victoires sur les Normands et en particulier l'habile stratagème dont il usa au siège d'Angers. La conduite du roi breton à l'égard des évêques déposés par Nominoë et sa munificence envers les églises et les monastères lui valurent l'approbation des papes saint Nicolas Ier et Adrien II, et les circonstances où il trouva une mort sanglante lui méritèrent le titre de martyr et de saint.

- M. A. Giry a détaché du recueil des actes des souverains carolingiens dont il prépare la publication l'étude critique des dates de deux diplômes de Charles le Chauve en faveur de l'abbaye de SaintMaur des Fossés, proposant pour l'un la date du 15 mars 868 et pour l'autre celle du 18 décembre 858-863. Il dégage de ce travail ce principe de diplomatique, que « des contradictions entre les mentions de la teneur d'un texte diplomatique et les éléments chronologiques de sa date peuvent s'expliquer par une altération de ces éléments chronologiques, et ne sauraient suffire à incriminer l'authenticité de l'acte lui-même. »

Les historiens qui, au dernier siècle, se sont occupés des origines du monastère de Saint-Magloire de Paris avaient conclu que la date de la fondation devait être fixée approximativement à 965. Il y a quelques années à peine, le P. De Smedt et M. A. de la Borderie ont cru pouvoir reculer cette date jusque vers 950. Les uns et les autres s'étaient appuyés sur un document connu sous le titre de :

1 Bibliothèque de l'École des chartes, septembre-octobre 1895. Revue historique de l'Ouest, septembre et août 1895.

3 Bibliothèque de l'École des chartes, septembre-octobre 1895.

Translatio sancti Maglorii et aliorum Parisius. Reprenant à son tour la même question, M. René Merlet 1, par un examen minutieux du texte de ce récit, a été amené à prouver qu'il avait existé une relation primitive de la Translatio sancti Maglorii, composée au xe siècle. Au XIIe siècle un religieux du monastère inséra d'importants fragments de ce récit dans la chronique abrégée de Hugues de Fleury. A une époque antérieure à la seconde moitié du XIIIe siècle, les moines de Saint-Magloire, désirant un récit de la fondation de leur monastère, eurent recours à la compilation du xire siècle pour en extraire les passages qui s'y rapportaient, en l'absence du texte primitif alors perdu. C'est donc seulement par les fragments interpolés dans la chronique de Hugues de Fleury que nous connaissons le texte primitif. M. René Merlet conclut ainsi son travail : « Ce fut le 16 octobre 963 que le duc Hugues Capet décida de transporter dans l'église collégiale de Saint-Barthélemy les reliques apportées à Paris par les religieux bretons qui fuyaient l'invasion normande. Vers la fin de 966 il ordonna la restauration de cette église, et vers 970 en fit faire une nouvelle dédicace en l'honneur de saint Magloire. >>

Les Annales de l'Est publient deux nouveaux chapitres des Notes de M. Charles Schmidt sur les seigneurs, les paysans et la propriété rurale en Alsace au moyen âge. Dans l'un il étudie le droit de juridiction du seigneur, inhérent à la propriété, la banlieue, c'est-à-dire le district où ce droit était exercé et sur lequel s'élevaient le village, centre de la banlieue, et le château, centre du village. L'autre, consacré aux paysans, nous indique les obligations restrictives de leur liberté et les charges qui pesaient sur eux: impôts, hébergement et charroi.

Sur la foi de J. du Port, sieur des Rosiers, auteur d'une Vie de Jean d'Orléans, comte d'Angoulême, les historiens ont adopté pendant trois siècles la date du 26 juin 1404 pour la naissance du fils du malheureureux Louis d'Orléans et de Valentine Visconti. Une intéressante dissertation de M. G. Dupont-Ferrier 3 prouve, d'après des documents originaux, que Jean d'Orléans vit le jour cinq ans plus tôt, entre le 1er mai et le 7 août 1399.

— Tandis qu'un mouvement offensif contre les Anglais de toutes les forces demeurées fidèles au roi de France était décidé aux États généraux de Selles, au cœur du pays occupé par l'étranger, une redoutable prise d'armes se préparait en secret. Un hardi coup de main de Géraud de la Pallière avait fait tomber en notre pouvoir la forte

1 Bibliothèque de l'École des chartes, mai-août 1895.

2 Octobre 1895.

3 Bibliothèque de l'École des charles, septembre-octobre 1895.

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resse d'Ivry. Cette place devait servir de base à nos opérations, et c'était à peu de distance de la vallée de l'Eure que devait avoir lieu le choc décisif. A l'instigation de Charles et de Renaud de Longueval, plusieurs capitaines de Picardie, encore dans l'alliance anglaise, s'apprêtaient à venir combattre l'envahisseur avec l'armée nationale. Les outrages et les vexations qu'ils avaient à souffrir de Jean de Luxembourg, lieutenant général du gouvernement anglo-bourguignon, leur inspiraient une même pensée de haine et de vengeance, et dès le printemps de 1424 le plan des conjurés était arrêté. Le désastre de Verneuil empêcha le parti national de profiter sur-le-champ du mouvement populaire qui commençait à se manifester en sa faveur et qui aboutit à une sorte de jacquerie normande, bientôt réprimée. Au dé but de la bataille, en effet, le sort avait favorisé nos armes, et des - fuyards s'étaient répandus par le pays, annonçant la défaite des Anglais. Cette nouvelle mit les armes à la main à des bandes de paysans qui poursuivirent les Anglais et leurs alliés, non seulement dans les environs de Verneuil, de Conches, d'Évreux et de Bernay, mais jusqu'à Pont-Audemer. M. Lefèvre-Pontalis nous raconte 1 ces épisodes si peu connus de l'invasion anglaise, avec une abondance de détails et une sûreté de renseignements qui témoignent de nombreuses recherches. L'on peut dire que cette étude, qui fait suite à un travail déjà signalé ici, ajoute une page nouvelle à l'histoire de notre pays.

La renommée est chose bien éphémère; l'oubli où est tombé Jean Meschinot en apporte une preuve nouvelle. M. Arthur de la Borderie essaie de réparer cette injustice du temps en étudiant à fond la vie et les œuvres du poète nantais dont Clément Marot estimait le talent. Les anciens biographes de Meschinot, Goujet et Levot, pour ne citer que les plus connus, avaient laissé échapper de nombreuses erreurs dans les notes qu'ils lui avaient consacrées. M. de la Borderie les relève avec beaucoup de sagacité et de verve. Il fixe entre 1420 et 1422 la date de la naissance du poète, qui mourut le 12 septembre 1491. S'il servit en qualité de maître d'hôtel, ce ne fut point la carrière de toute sa vie, mais la retraite de ses derniers jours (de 1488 à 1491), sous le règne de la duchesse Anne. Sa véritable profession était celle d'homme d'armes. C'est en qualité d'écuyer qu'il passa près d'un demi-siècle (1442-1488) à la cour de Bretagne, jouissant tour à tour de la confiance et de la faveur de Jean V, de François Ier, de Pierre II, d'Arthur III et de François II. M. de la Borderie montre que si les jeux de rimes où se complaisait sa muse et le titre singulier de Lunettes des princes donné au plus connu de ses poèmes ont pu con

1 Bibliothèque de l'École des chartes, septembre-octobre 1895.
2 Bibliothèque de l'École des chartes, mai-août 1895.

T. LIX. 1er JANVIER 1896.

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tribuer à la vogue dont il jouit auprès de ses contemporains, il y eut dans son œuvre une cause plus décisive de succès: ce fut la mordante satire dirigée contre les grands et en particulier contre Louis XI. M. de la Borderie propose une division nouvelle des œuvres de Meschinot, où il distingue: 1o une autobiographie poétique formant la première partie des Lunettes des princes; 2o les poésies politiques; 3o le poème allégorique appelé les Lunettes des princes; 40 les poésies diverses.

- M. A. Spont publie des documents considérables qu'il a utilisés pour sa thèse sur Semblançay, la bourgeoisie financière au début du XVIe siècle : 10 un projet d'interrogatoire préparé en 1505 par l'amiral de Graville pour être fait au célèbre financier en la Chambre des comptes; 2o les fragments de l'enquête judiciaire qui aboutit à sa condamnation; 3° la réponse de Semblançay à l'acte d'accusation porté contre lui; 4° les lettres de rémission accordées à son fils Guillaume de Beaune et à ses serviteurs, coupables d'avoir donné la sépulture au malheureux financier.

M. Félix de Rocca nous donne une étude assez développée sur les Assemblées politiques dans la Russie ancienne, dont il a puisé les éléments dans quelques ouvrages russes peu accessibles à la majorité des lecteurs français. La vêtche ou assemblée populaire, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, a exercé d'abord un pouvoir politique considérable. Origine et composition des vêtches tant provinciales que générales; questions relatives à la votation, à la périodicité, à la convocation, à la tenue et aux attributions de ces assemblées; causes de leur transformation et de leur décadence; lutte entre l'ancien régime, celui des libertés politiques, représenté par Novgorod et Pskof, et le nouveau régime, celui de l'autocratie princière, représenté par Moscou, forment l'objet de cet intéressant article.

- M. Jacques Saunier entreprend l'étude de l'établissement et des progrès de la réforme dans le Vermandois. Dans un premier chapitre, il recherche quelles furent les origines du protestantisme autour de Saint-Quentin et conclut que la religion réformée se répandit dans ce pays aux environs de l'année 1561, puisqu'à cette date nous voyons le chapitre de Saint-Quentin condamner des hérétiques.

- Après la révocation de l'édit de Nantes, les protestants convertis qui refusaient à leurs derniers moments de recevoir les sacrements étaient-ils en réalité traînés sur la claie après leur mort? Telle est

1 Bibliothèque de l'École des chartes, mai-août 1895.

2 Revue historique, novembre-décembre 1895.

3 Société de l'histoire du protestantisme français. Bulletin historique et littéraire, 15 novembre 1895.

la question qu'examine M. N. Weiss et qu'il résout en se prononçant pour l'affirmative et en ajoutant de nouveaux témoignages à ceux qu'avait produits Élie Benoît dans son Histoire de l'édit de

Nantes.

-L'enseignement par les voyages faisait partie du plan d'éducation de Mme de Genlis. Afin de fixer davantage dans l'esprit de ses élèves le souvenir de ce qu'ils avaient vu, elle exigeait d'eux qu'ils tinssent un journal de route. C'est un de ces travaux d'écolier, découvert dans les papiers laissés par M. Barrière, que publie Mme Clarisse Bader. L'auteur, le duc de Montpensier, alors âgé de treize ans, nous raconte, avec une grâce enfantine charmante, ses impressions au cours d'un voyage à la Grande Trappe en juin 1788. Le récit du jeune prince se trouve encadré et expliqué par les notes de l'éditeur.

Avant de se révéler orateur, Mirabeau avait exercé la carrière des armes. Une courte notice de M. A. Brette 3 nous fournit les renseignements les plus précis sur ses états de service, d'après des documents conservés aux Archives de la guerre. Les lettres du marquis de Mirabeau, provenant de la même source et publiées par M. Brette, apportent des détails intéressants sur la jeunesse du futur tribun.

L'émigration est un des faits les plus importants et tout ensemble les plus discutés de l'histoire révolutionnaire. Un nouvel élément d'appréciation nous est fourni par les notes du comte d'Espinchal, que M. Frédéric Masson publie dans la Revue de Paris . A en juger par le premier fragment, relatif aux événements du mois de juillet 1789 depuis le renvoi de Necker, ce document apporte plus d'un détail nouveau sur la vie des émigrés à l'étranger, sur leurs sentiments, leurs projets, leurs moyens d'action et leurs espérances. Écrites au jour le jour par un homme connaissant à fond la société du dernier siècle, fort répandu dans les mondes les plus divers, possédé de la passion de tout connaître et sachant regarder et écouter à propos, ces notes ne manquent point de valeur pour l'historien.

L'Assemblée nationale avait proclamé les Droits de l'homme et du citoyen, mais elle n'entendait point appeler les gens de couleur libres à l'exercice de ces droits. C'est la conclusion d'un consciencieux travail de M. A. Brette 5, qui en a recueilli les éléments dans les procès-verbaux des séances du comité colonial de la Constituante, conservés aux archives coloniales et dans des pièces des Archives

1 Société de l'histoire du protestantisme français. Bulletin historique et littéraire, 15 octobre 1895.

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5 La Révolution française, 14 octobre et 14 novembre 1895.

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