Slike stranica
PDF
ePub

sa composition, depuis le chef et président, héritier du grand chancelier de Bourgogne, un des plus grands personnages de l'Etat, chargé de privilèges et d'honneurs, jusqu'au dernier de ses suppôts. Pour fixer les attributions du conseil privé, l'auteur distingue avec raison deux périodes. De 1591 à 1702, le conseil connaît seulement des matières concernant « la suprême hauteur et souveraine autorité du prince,» ainsi que de la police et de la justice civile et criminelle. Au conseil d'État revient tout ce qui touche à la politique intérieure et extérieure, au gouvernement, à la paix et à la guerre. Après 1725, le conseil privé ajoute à ses anciennes attributions les provisions et collations en matières ecclésiastique, politique et civile. Sauf les finances, c'est à lui qu'appartient désormais le gouvernement et l'administration générale. La variété et la généralité de ses attributions lui ont permis de prendre une place importante dans l'histoire de la nation. Gardons-nous, du reste, d'une erreur facile : le conseil privé ne pouvait disposer que de certaines affaires spéciales; en principe, c'était un corps purement consultatif. Comme le dit M. Alexandre, l'examen, la conduite, la représentation, lui appartenaient de droit; la décision, l'impulsion, la direction, étaient réservées au gouverneur général. La compétence du conseil s'étendait donc à la justice, à la politique, à l'administration. M. Alexandre étudie ces différents points en détail, indiquant leurs transformations successives et les conflits auxquels ils donnaient lieu. Enfin, il termine son ouvrage par la liste des présidents du conseil, depuis sa fondation, avec notice biographique de chacun d'eux, et la liste des personnages qui ont fait partie du conseil, de 1591 à 1794.

-M. Deguise, capitaine commandant de génie et professeur à l'École militaire de Belgique, en a fait l'histoire depuis sa fondation. Il a exposé les principes qui dirigent son enseignement, les méthodes, les programmes, et appuyé sur la biographie des maîtres les plus

illustres de l'école.

HISTOIRE LOCALE : ANVERS.

M. Poffé a déjà publié l'histoire d'Anvers au XVIIIe siècle, après et avant l'invasion française. Son dernier livre est l'histoire de l'enseignement primaire dans la même ville. Les instituteurs d'Anvers étaient organisés en corporation, ils devaient prêter un serment spécial. Leur association avait ses statuts, ses assemblées, sa chapelle, ses cérémonies religieuses, son banquet annuel, une caisse de pensions. En 1564, une caisse de secours fut fondée pour les maîtres malades. Dès 1557, l'enseigne

1 DEGUISE Histoire de l'école militaire de Belgique. Bruxelles, Polleunis, in-4 de 343 p.

2 G. POFFE De Gilde der antwerpsche schoolmeesters. Anvers, Kennes, in-8 de 167 p.

ment payant ou gratuit était organisé. L'instruction était obligatoire sous peine, pour les parents récalcitrants, de perdre les secours qui leur étaient alloués par la chambre des pauvres de leur paroisse. L'auteur montre aussi le respect de la langue maternelle de la population des écoles et les mesures prises pour la soutenir. Il expose les rapports entre la religion et l'enseignement, les mesures contre l'incrédulité et l'hérésie, enfin les difficultés de la gilde avec certaines congrégations enseignantes. Anvers comptait cent écoles au XVIe siècle. Basé sur des documents authentiques, le livre de M. Poffé mérite d'attirer l'attention du lecteur. M. Geudens, dans son histoire de l'orphelinat d'Anvers1, ne s'est pas borné à remonter à la fondation de cette institution au xvIe siècle. Dès le XIVe siècle, Anvers possédait des institutions de bienfaisance; après en avoir dit quelques mots, l'auteur fait l'historique complet de l'orphelinat. En racontant l'établissement des Anversois aux Canaries au xvIe siècle, M. Donnet a refait la généalogie et raconté l'histoire de quelques familles anversoises. A ce point de vue, son ouvrage, basé sur des sources authentiques, mérite l'attention. On y rencontrera parfois un détail sur la vie privée autrefois, ou sur le commerce d'Anvers; mais son livre n'est pas une histoire économique, comme le titre paraît l'énoncer. HAINAUT. M. Bastin-Lefebvre a publié une série de notes et documents relatifs à Jumet, commune de l'arrondissement de Charleroi, et à quelques localités voisines 3. Plusieurs de ces documents étaient inédits et quelques-uns concernent la domination française. LIEGE. M. Halkin a publié l'an dernier une étude sur la culture de la vigne en Belgique. Ce sujet l'a amené à faire l'histoire des métiers des vignerons de Liège et de Namur, étude non entreprise jusqu'ici. L'auteur a réuni tous les documents encore subsistants, et reconstitué l'organisation interne de ces deux corporations. L'une et l'autre comprenaient à la fois les vignerons et les maraîchers. Le règlement de 1712, à Liège, imposait l'obligation de faire partie du métier des vignerons « à tous ceux qui travaillent la terre avec pelle, bêche, houe, etc. (sauf ceux qui sèment l'épeautre, le froment, les pois, etc.), ceux qui soignent les cotillages ou houblonnières d'autrui, ceux qui vendent, cultivent ou plantent pour autrui des haies et des

-

GEUDENS: Het antwerpsch Knechtjeshuis sedert zijn voor historich tydperk tot op onze dagen. Anvers, de la Montagne, in-8 de 416 p.

2 DONNET: Histoire de l'établissement des Anversois aux Canaries au XVI siècle. Anvers, de Backer, in-8 de 219 p.

3 BASTIN-LEFEBVRE: Jumet, Heigne, Roux et Sart-les-Moines. Charleroi, Tourneur, in-8 de 330 p.

4 HALKIN: Le bon métier des vignerons de la cité de Liège et le métier des vignerons et cotteliers de la ville de Namur. Liège, Vaillant-Carmanne, in-8 de 126 p. (Extrait du Bull. de la Soc. liégeoise de litt. wallonne, t. XXII.)

arbres, ceux qui vendent des aulx, des fèves de Rome, du vin du pays, du vinaigre de vin, du verjus, du raisin frais, du romarin, des concombres et toutes espèces de plantes ou de fruits provenant des cotillages ou jardins, ceux qui vendent ou font vendre les vins de leurs jardins, terres et cotillages, ceux qui nourrissent des bêtes à cornes avec les produits de leur cotillage, les revendeurs de lait, les vignerons proprement dits. La composition du métier de Namur n'était pas moins compliquée. M. Halkin croit qu'à Namur, les vignerons et maraîchers, d'abord séparés, se réunirent à la fin du xrve siècle, en vue de leur intérêt commun; pour Liège, M. Halkin est muet sur ce point. Le métier des vignerons de Liège comprenait trois oflices principaux, le gouverneur, les jurés et le rentier ou trésorier; on peut y joindre les députés, le greffier et le valet. Le métier de Namur avait une organisation plus simple, semble-t-il. M. Halkin a dit de ces divers organes tout ce que la sécheresse des documents lui permettait d'affirmer. Il donne en appendice plusieurs documents inédits et, chose précieuse, l'inventaire de tous les documents inédits ou imprimés concernant le métier des vignerons, la culture de la vigne et la vente du vin à Liège. Ce mémoire a été honoré, et à bon droit, de la médaille d'or, par la Société liégeoise de littérature wallonne.

SCIENCES AUXILIAIRES. L'hagiographie s'est enrichie de trois publications nouvelles. M. le chanoine von Spilbeek a écrit la vie de Frédéric de Hallum 1, fondateur au XIe siècle de l'abbaye du Jardin de Marie, qui fit partie de la dotation de l'évêché de Leeuwarden, en Hollande. M. l'abbé Claeys a publié la vie de saint Arnold, de Tieghem, bénédictin de Saint-Médard à Soissons, puis évêque de cette ville, et qui fonda l'abbaye d'Oudenburg près de Bruges, où il mourut en 1087. Idesbald van der Gracht, dont la vie a été écrite par le même auteur, fut le troisième abbé de l'abbaye des Dunes. Fondée en 1122 entre Nieuport et Furnes, cette abbaye fut transportée à Bruges au xvre siècle. M. le comte de Renesse a terminé par un cinquième fascicule le tome II de son Dictionnaire des figures héraldiques. Le tome III est. déjà en cours de publication.

DELESCLUSE.

1 Vie du bienheureux Frédéric de Hallum, fondateur de l'abbaye du Jardin de Marie de l'ordre de Prémontré, par J. vON SPILBEEK. Tamines, Duculot, in-8 de 133 p.

2 CLAEYS (abbé): Het leven van S. Arnold mitsgaders de besschryving van Tieghem Roulers, de Mester, in-8 de 116 p.

3 ID. Het leven van der zaligen Idesbald van der Gracht, derden abt van ter Duinen. Ibid., in-8 de 200 p.

4 DE RENESSE: Dictionnaire des figures héraldiques, t. II. Bruxelles, Société belge de librairie, in-4.

CHRONIQUE

[ocr errors]

SOMMAIRE I. Le jubilé national. Lettre de Sa Sainteté Léon XIII. La part de la science dans l'œuvre de la régénération française. La science et la théologie. Conférences du R. P. de la Barre à l'Institut catholique. Conférences populaires d'histoire. L'assainissement intellectuel. Un bon exemple: Voltaire et le voltairianisme. II. Académie des inscriptions et belles-lettres, Communications de MM. Héron de Villefosse, Maspero, Senart, Barbier de Meynard, Clermont-Ganneau, Ph. Berger, Nicole, Hamy, Foucher, Aristide Marre, Cagnat, Salomon Reinach, Radet, Maxe-Werly, R. P. Delattre, Guimet, Villain, Boucher et Néron, Oppert. — Académie des sciences morales et politiques. Communications de MM. Geffroy, Picayet, Germain Bapst. Élections académiques. · - Concours.- · Périodiques nouveaux. — Publications récentes ou en préparation. - Nécrologie ; S. Ém. le cardinal Meignan.

I.

Le jubilé national pour le quatorzième centenaire du baptême de Clovis, qui fut celui de la France, a été annoncé par une lettre admirable de Sa Sainteté Léon XIII à S. Ém. le cardinal Langénieux, archevêque de Reims. C'est avec joie que, parmi les obscurités douloureuses de notre époque, on voit l'espoir et la confiance dominer toujours, dans la pensée et dans la parole du vicaire de Jésus-Christ, quand il s'adresse à notre pays, et, malgré les difficultés du présent, son esprit et son cœur se diriger, pour ainsi dire, de droit vol du glorieux passé de la nation française à un glorieux avenir. Cette nation est toujours pour lui la fille aînée de l'Eglise, à qui sa mère tend les bras. « Comment, s'écrie Léon XIII, pourrions-nous demeurer étranger aux fêtes que vous allez célébrer à Reims, autour du tombeau du saint archevêque Remi, votre insigne prédécesseur, nous qui n'avons cessé de donner à la France des témoignages réitérés, persévérants de notre affection paternelle; comment ne serions-nous pas touché, en songeant aux desseins adorables de la bonté et de la providence de Dieu sur une nation tant de fois choisie comme un puissant instrument pour la défense de l'Église et la dilatation du règne de JésusChrist? Ces desseins, dont nous voyons clairement les premiers actes et la première réalisation dans la conversion prodigieuse de Clovis, doivent aussi faire tressaillir toute l'Église de France, pendant les solennités qui se préparent et auxquelles votre zèle éclairé saura donner un lustre digne des faits qu'elles rappelleront, digne

[ocr errors]

aussi de la cité qui en fut le principal théâtre, et qui vit, dans sa magnifique cathédrale, tant de princes implorant, pour bien gouverner, les bénédictions d'en haut. Mais, afin que de telles solennités apportent à votre noble nation ces fruits de salut que nous lui souhaitons vivement, il est absolument nécessaire qu'elle comprenne et apprécie le bienfait dont elle célèbre le souvenir, c'est-à-dire sa régénération dans le Christ, sa naissance à la foi. Un tel bienfait, incomparable en lui-même comme principe de vie et de fécondité dans l'ordre de la grâce, est mémorable aussi, nul ne peut le méconnaître, par les résultats précieux de grandeur morale, de prospérité civile, d'entreprises glorieuses, qui toujours en découlèrent pour la France; on en retrouve le témoignage dans les temps mêmes où la nation vit surgir pour la religion des jours d'adversité et de deuil. Car, si elle céda parfois à de déplorables entraînements, toujours, après avoir souffert, elle sut réagir contre le mal et puiser dans sa foi de nouvelles énergies pour se relever de ses épreuves et reprendre la mission apostolique qui lui a été confiée par la Providence.... Nous prions le Dieu tout-puissant et miséricordieux, dans toute la véhémence de notre tendresse paternelle, qu'il donne à la France d'être une nation sainte, immuablement fidèle à son génie, à ses chrétiennes destinées; que la foi de ses aïeux une foi pleine, active, militante grandisse dans ce noble peuple; qu'elle reconquière les masses qui s'agitent aujourd'hui dans les ténèbres de l'incrédulité et qui, déçues, découragées par mille erreurs, s'affaissent dans l'ombre de la mort. Levezvous et le Christ vous illuminera. Que tous les fils de la patrie française, de plus en plus dociles à écouter nos conseils, s'unissent dans la vérité, dans la justice, dans le respect mutuel et dans la charité fraternelle, comme les enfants d'un même Père; qu'ils se persuadent que l'oubli des principes qui ont fait leur grandeur les conduirait infailliblement à la décadence, et que l'abandon d'une religion qui est leur force les laisserait sans défense contre les ennemis de la propriété, de la famille, de la société ; qu'ils se rallient donc pour lutter ensemble contre les périls qui les menacent, et que le cri de la loi salique s'échappe de leur poitrine, plus puissant que jamais: Vive le Christ qui aime les Francs! »

[ocr errors]

Il n'est pas douteux que telle soit pour la France la voie du salut, de la régénération nationale. Une grande part dans l'œuvre à accomplir pour ce noble objet revient au labeur intellectuel qui, dignement mis en usage, dissipera les erreurs qui offusquent tant d'esprits et fera luire pour eux les vérités qui délivrent. Aussi, dès la première heure, la science a-t-elle été conviée aux fêtes de Reims. La Revue a fait connaître à ses lecteurs le beau témoignage rendu à l'Église et à la patrie par le monument collectif élevé sous ce titre : La France

« PrethodnaNastavi »