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petites, « venues à l'obéyssance du Roy et de Monseigneur le duc d'Anjou 1. »A cette liste doit s'ajouter celle qui nous montre plusieurs paroisses rurales des environs de Condom faisant appel au roi grâce à l'intervention d'un gentilhomme de leur voisinage, Barthélemy de Pins, seigneur de Verteuil, Calignac, Moncrabeau (Lot-et-Garonne), etc. 2. Quant à la ville de Condom elle-même, fidèle à un passé déjà long, elle se hâta alors aussi de se rallier à la France 3. Parmi celles qui adhérèrent à l'appel,

Arch. nat., J 655, no 18. L'original de ce document des plus curieux pour l'histoire du mouvement national que nous étudions est actuellement égaré. Il n'en existe aux Archives nationales qu'une copie faite par M. Lacabane, qui, le premier, signala cette pièce dans son savant mémoire sur les Deux prétendues délivrances de Condom en 1369 et 1374 (Bibl. de l'École des Chartes, 1851, p. 97-130). M. Molinier et le P. Moisant se sont bornés à répéter ses indications. Les localités mentionnées dans ce document seraient, d'après le chiffre même indiqué dans le texte comme total général, au nombre de 921. Mais, vérification faite, on trouve seulement 888 lieux, dont 743 nommés, et 145 indiqués par divers chiffres globaux. Encore convient-il de déduire près de 80 noms de lieux qui sont répétés indûment, ce qui réduit le total à 800 environ. Mais il faut ajouter que le texte désigne les paroisses de tel ou tel pays, sans les dénombrer exactement, et en les indiquant d'une manière globale. Ainsi sont mentionnés sans chiffres correspondants: « le pays des Affittes (près Miélan, Gers, et Trie (Hautes-Pyrénées), la baronnie de MonléonMagnoac (Hautes-Pyrénées), la baronnie de Montpezat d'Agenais, plusieurs autres petites forteresses en Caercin (Quercy), item en Roergue les lieux propres d'Armagnac, divers châteaux du Limosin et Saintonge, etc., etc. Les lieux si vaguement mentionnés doivent sûrement justifier le total de 921 et peut-être même l'élever. Notons qu'une des rares villes qui résistèrent fut Montauban; il fallut l'emporter par la force des armes au mois d'août 1369 (Hist. gén. de Languedoc, t. IX, p. 809).

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2 Bibl. nat., Collect Doat, t. CXCVI, f° 18. Cette liste comprend dix noms, dont quelques-uns, mal orthographiés par le copiste, résistent à toute identification. Voici ces noms tels que les donne le texte nous y ajoutons entre parenthèses quelques notes rétablissant leur véritable forme quand cela est possible: Canoas (Cannes, village près Condom); Sancto-Antonio de Lialoras (Lialores, village près Condom); Sancta Rufia (Sainte-Rafine, ancienne paroisse détruite et vieux château près Condom); Sancto-Bic de Gaura (....? dans le comté de Gaure, près Condom); Sancto Petro de Bicnau (Vicnau, village près Condom); Canades (?); Lorden (?); Nostra-Domina de Prato (SainteMarie du Pradau, maintenant Saint-Barthélemy, faubourg de Condom); Aursens (probablement Caussens, village près Condom); et etiam Cambas. M. Molinier, Hist. gen. de Languedoc, t. IX, p. 812, parle d'une autre liste de localités ralliées à l'appel pår les comtes d'Armagnac et de Comminges » dans la collect. Doat, t. CCI, fo 212. Mais, vérification faite, le texte dit : « le comte » et non " les comtes. Il s'ensuit que cette liste se rapporte non à l'appel de 1368-1369 sous Jean ler, mais à une époque un peu postérieure, c'est-à-dire à son petit-fils, Jean III, comte d'Armagnac par lui-même et de Comminges par sa femme (1382-1391): d'autres mentions de ce texte imposent la même conclusion.

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3 Mémoire de M. Lacabane, loco citato. Ajoutons que peu de villes ont sans doute conservé autant que Condom le souvenir de leurs bons et loyaux ser

à l'instigation de Jean ler, les documents permettent de citer Figeac, Astaffort, Vic-Fezensac, Fleurance, la Sauvetat, Roquebrune (Gers) 1. Ces adhésions étaient toujours précédées de conventions dans lesquelles le comte d'Armagnac garantissait aux villes la protection du roi et la sienne propre 2.

Il s'employa avec le même zèle à entraîner, dans les rangs féodaux, les indécis ou les hésitants. On le voit alors traiter une adhésion à l'appel avec Jean, seigneur de Lobeson en Rouergue; avec Barthélemy de Pins, seigneur de Verteuil en Périgord; avec Jean de Montaut, seigneur de divers lieux en Bigorre 33. Il sut aussi décider Archambaud, comte de Périgord, frère de sa belle-fille, à suivre le même parti (avril 1369) 4.

Toutefois la guerre ne fut officiellement déclarée que par lettres royales de Charles V, en date des 21 et 25 mai, où sont rappelées les violences commises contre le comte d'Armagnac et ses adhérents, malgré les sauvegardes à eux plusieurs fois accordées, ainsi que la prison où avaient été enfermés les messagers du roi en janvier 1369 5. Peu après, Édouard III faisait aussi publier à Londres la guerre avec la France (19 juin 1369) 6. Du côté de celle-ci tout était prêt. Le duc d'Anjou avait concentré à Toulouse des troupes nombreuses et bien aguerries et en augmentait chaque jour les contingents. Le Midi entier résonnait des pas des gens d'armes marchant à l'ennemi, faisant des montres ou revues, allant d'un endroit à l'autre tenir garnison 7. Les places fortes retrouvaient leurs capitaines ou gou

vices envers la cause nationale. Le cartulaire municipal de Condom, connu sous le nom de Livre Cadenas, contient une foule d'actes royaux louant la fidélité des Condomois durant les x et xive siècles. Le dernier en date est de 1359.

Hist. gen. de Languedoc, t. IX, p. 804; Inventaire de Vic-Fezensac, n° 185, 187.

2 Arch. des Basses-Pyrénées, Inventaire de Vic-Fezensac, nos 185, 187.

3 Id., ibid., nos 117 et 369, et collect. Doat, t. CXCVI, f. 18.

Le Prince Noir en Aquitaine, p. 142.

5 Hist. gén. de Languedoc, t. IX, p. 809. 6 Collection, etc., par J. Delpit, p. 128. 7 Hist gen. de Languedoc, t. IX, p. 803 montres ou revues de Menaud de Barbazan, à Marciac (Gers), le 6 mars 1369; des seigneurs de Lévignac et Montclar en Agenais; de Roger d'Espagne, à Toulouse, le 29 juin; de G. de Montaut, à Toulouse, le 27 juin (Sceaux gascons, p. 408); de G. de Mansencomme, à Vic-Fezensac (Ibid. gén. p. 380); d'Arnaud d'Espagne, à Gaillac (Hist. de Languedoc, t. IX, p. 803); de Jean d'Armagnac, à Toulouse, le 8 décembre 1368; du chevalier d'Orthe, le 8 janvier 1369; de Pierre de Pommière, capitaine, en 1369 (Cf. Hist. de la Gascogne, t. Vl, Pièces justificatives, p. 139-140).

verneurs 1, Et le roi, du fond de son château du Louvre ou de Vincennes, encourageait de son mieux ce mouvement belliqueux, en comblant d'éloges les villes qui avaient secoué le joug anglais et en confirmant ou augmentant leurs privilèges 2. Précédemment, le 3 avril, et en vue de la future déclaration de guerre, il avait publié une ordonnance demandant des prières publiques, faisant défense de jouer aux dés, aux dames, à la paume, aux quilles, au palet, etc., et prescrivant qu'on fit partout, autant que possible, dans les villes et les campagnes, des exercices militaires en fait de trait d'arc ou d'arbalestres 3. >>

Les Anglais, non contents d'opposer les armes aux partisans de Charles V, cherchèrent aussi à les arrêter par l'intrigue et la trahison. Ils trouvèrent dans l'entourage même du duc d'Anjou des capitaines disposés à servir leurs plans. Heureusement, le complot fut découvert, et le prince fit bonne et prompte justice des traîtres (11 mai 1369) 4. L'ennemi ne fut pas plus heureux sur les champs de bataille. Vers la fin de 1369, le comte d'Armagnac l'avait presque partout refoulé jusqu'à Marmande et la Réole. Seule, la Bigorre, que défendait énergiquement Jean de Grailly, captal de Buch, conservait en grande partie la domination anglaise, malgré une première expédition dirigée contre elle, durant l'automne, par Arnaud-Guillem, comte de Pardiac 5.

Mentionnons quelques-uns de ces capitaines de 1369: Huguet du Fourc, capit. de Poudenas en Agenais (Sceaux gascons, p. 271); James Ysalguier, capitaine de Gimont (Ibid., p. 305); Bernard de Campanès, capitaine d'Astaffort en Bruilhois (Hist. gén. de Languedoc, t. IX, p. 803); Géraud de Jaulin, capitaine de Mezin en Agenais (Bibl. de l'École des chartes, 1851, p. 97-130).

2 M. Molinier, dans la note 4 de l'Hist. gén. de Languedoc, t. IX, p. 812, cite comme s'étant soumis au roi de France en avril 1369, Astaffort; en mai, Nogaro, Lectoure, Auvillar, Eauze. En réalité, toutes ces villes étaient déjà soumises à ces dates; car elles sont mentionnées dans le document précité du 18 mars 1369. Ces dates, rappelées par M. Molinier, se rapportent, non à leur soumission. comme il l'a cru, mais à la confirmation de leurs privilèges par le roi Charles V. Voir le texte de ces actes dans la série JJ des Archives nationales. His sont tous rédigés d'après la même formule et louent également la vaillance et la fidélité des habitants de ces villes. Un de ces actes de confirmation, celui qui concerne Lectoure, a été publié dans les Archives historiques de la Gascogne, 9 fascicule, p. 85.

3 Ordonnances, t. V, p. 172 et 173.

▲ Thalamus parvus de Montpellier, p. 383-384. Les conjurés avaient fait le projet de se saisir du duc d'Anjou en personne et de le livrer aux Anglais. Le menu fretin d'entre eux fut noyé dans la Garonne. Quant aux chefs du complot, au nombre de trois, ils furent roués et écartelés.

Hist. gén de Languedoc, t. IX, p. 808-812. On voit les habitants de Monfaucon en Bigorre venir à Marciac jurer fidélité à la France, le 28 septembre 1369, entre les mains du comte de Pardiac.

Un autre point d'appui pour les Anglais était la région, agenaise et quercinoise du nord de la Garonne. Le duc d'Anjou en confia la soumission au comte d'Armagnac. Le 4 février 1370, il lui donnait la mission « de se transporter en ou devant la ville d'Agen et par toutes les autres villes, forteresses, chasteaux et lieux qu'il sçaura non estre obéissans à monseigneur et à la couronne de France, » afin de les réduire, « donner patis, treves et sauf-conduiz à tous nobles, consuls et habitans et à chacun d'eulx.... et contraindre les rebelles et désobéissans par force et multitude de gens d'armes, etc., etc. 1. » Jean ler s'y rendit aussitôt et réussit dans son entreprise. Le 25 mars, à Agen, il conclut avec les consuls de Puymirol un accord contenant leur soumission à la France 2. Et le 18 mai, le roi pouvait déclarer l'Agenais irrévocablement uni à la couronne 3.

Ayant ainsi rétabli la domination française sur les rives de la Garonne, Jean le se tourna vers celles de l'Adour, où se maintenaient un certain nombre de garnisons anglaises. Vic-Bigorre et Tarbes lui ouvrirent leurs portes le 13 juillet; Bagnères, le 14 4. Il allait poursuivre le cours de ses succès, lorsque, à l'appel du duc d'Anjou qui entrait en campagne, il dut sur-le-champ revenir vers la Garonne. Le 17 juillet, il pénétrait à Moissac en compagnie du prince, et, le même jour, il traitait avec les consuls et habitants de cette ville, en vue de leur soumission définitive et de la conservation de leurs privilèges 5. Avec lui, l'armée ramena aussi à l'obédience française, durant ces mois de juillet et d'août, Montauban, Lauzerte, Cahors, Sarlat, Montagrier, Tonneins, Aiguillon, le Port-Sainte-Marie 6.

Pendant ce temps-là, en Bigorre, la lutte devenait plus vive; la cause nationale, par suite de ces divisions ardentes, gagnait du terrain d'un côté el en perdait de l'autre. Plusieurs gentilshommes dans les montagnes, sous la conduite de RaymondGarsie, sire de Lavedan, et de Renaud de Barèges, revenaient à la France et promettaient au comte d'Armagnac, « tant pour

1 Arch. des Basses-Pyrénées, E 242,

2 Arch. des Basses-Pyrénées, Inventaire de Vic-Fezensac, no 190.

3 Hist. gén. de Languedoc, t. IX, p. 816.

4 Arch. nat., JJ 103, no 29 et 30, et 156, no 260.

Arch. des Basses-Pyrénées, Inventaire de Vic-Fezensac, no 191. La date indiquée dans le manuscrit est juin. Mais il faut lire juillet (Cf. Hist. gén. de Languedoc, t. IX, p. 818).

26 Hst. gen. de Languedoc, t. IX, p. 819.

eulx que pour les gardes et communes de la conté de Bigorre, d'estre bons et loyaulx au roy » (5 septembre 1370) 1. Mais la plaine s'agitait pour l'Angleterre. Bernard de Jussan, seigneur de Cardaillac par sa femme Sibille, demeurait fidèle au serment qu'il avait prêté au Prince Noir le 8 janvier 1363 à Agen, tenait les champs pour l'Anglais et reprenait Tarbes. Jean Ier dut se diriger de nouveau vers ces parages.

Le 1er septembre, il entrait à Rabastens et confirmait les privilèges de la ville au nom du roi et du duc d'Anjou 2. Peu après, il mettait le siège devant Tarbes et s'emparait de la ville, à l'exception de la partie centrale comprenant l'évêché, la cathédrale et le château, où Bernard de Jussan et les siens s'enfermèrent. Ils s'y défendirent vaillamment. Mais enfin, il fallut se rendre. Leur capitulation, d'ailleurs très honorable, est du 12 octobre 1370 3. Elle fut le coup de grâce pour la domination anglaise en Bigorre.

L'année 1371 s'ouvrait donc sous les plus heureux auspices. Bien que de loin en loin l'Anglais cherchât à reprendre l'offensive, tous ses efforts ne parvenaient pas à entamer sérieusement les résultats acquis. Et puis, le terrible chef, qui si fréquemment l'avait conduit à la victoire, n'était plus là. Une dernière fois,

1 Arch. des Basses-Pyrénées, Inventaire de Vic-Fezensac, n° 192; Collection...., par M. J. Delpit, p. 116.

2 Arch. des Basses-Pyrénées, Inventaire de Vic-Fezensac, n° 193, et Arch. nat, JJ 103, no 31.

3 Bibl. nat., Coll. Doat, t. CXCVII, p. 140. Le quartier où s'était retiré Jussan appartenait au siège épiscopal de Tarbes et avait pris de là le nom de Sède qu'il porte encore. Voici les articles de cette curieuse capitulation. 1° Jussan s'engage à remettre à l'évêque de Tarbes « lo loc e fortalessa de la Seda de Tarba et au commandeur des Hospitaliers de Meilhan le château et lieu de Bordères près Tarbes, d'ici au vendredi avant la Toussaint, « e asso per rayson de yssir dels excumenges, grèugs c pertes en que el e sos companhos son per causa de la occupation deusdits locs 2° I promet et jure sur l'Évangile et la vraie croix de servir désormais fidèlement le roi de France. 3° En retour, au nom du roi et du duc d'Anjou, Jean Ier lui alloue 6,000 fr. d'or, dont 4,000 payables à la Saint-Vincent (22 janvier). 4° Il lui promet d'obtenir du roi des lettres de rémission pour ses crimes passés, ainsi que l'abolition des excommunications lancées contre lui par les évêques de Tarbes, Lombez et Comminges, et même, si besoin est, l'absolution desdites peines par le pape 5o Il lui est permis de rebâtir son château de Cordailhac et sont confirmés les privilèges dudit lieu et de Thése qui lui appartiennent. 6o Enfin, il lui assure une rente annuelle de 600 livres et les gages de cinquante hommes d'armes, pourvu qu'il fasse vérifier le nombre desdits hommes d'armes dans les montres et revues. La capitulation fut approuvée par le roi le 8 août 1371. Un des témoins fut Maurin de Biran, bourgeois d'Auch, cité précédemment.

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